Chapitre 31 : La résurrection

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Mes paupières étaient lourdes, mon corps engourdi et ma bouche pâteuse. Je bougeais un peu, minimement, sentant le frottement des draps contre mon corps et le moelleux du lit sur lequel je me reposais. Je gardais les yeux fermés. Mon corps n'avait jamais ressentit un tel épuisement. Au milieu de ce brouillard, j'entendis des voix s'agiter autour de moi.

- Un bilan catastrophique...

- Commotion cérébrale, multiples fractures des doigts de la main, ongles de pieds arrachés, tibia gauche en bouillie, métaux insérés entre la rotule et le fémur, plaies nombreuses, tendons sectionnés...

- Comment a-t-elle fait pour tenir debout...

Je les entendais, sans pour autant discerner les grandes lignes de leur discussion. L'écho de leurs voix faisaient vriller douloureusement mes tympans. Mais plus que de la douleur, le cocon de confort dans lequel j'étais et l'immense fatigue que je ressentais m'attirèrent à nouveau dans les méandres profondes du sommeil.

C'était un sommeil sans rêve. J'étais totalement absente de mon corps et de ma conscience. Une entité sans nom ni visage, perdue dans le noir sans retrouver mon chemin.

J'errais longtemps dans les ténèbres. Ici, je ne ressentais ni haine ni chagrin, ni joie ni bonheur.

Une parfaite coquille vide.

Je savais qu'il fallait que j'en profite, que je profite de cet état de léthargie totale car le monde extérieur n'était pas aussi paisible. Je savais que quelque chose allait me tomber dessus prochainement sans réellement savoir ce que c'était.

Tout doucement, quelque chose me tira à nouveau de cet état d'inconscience, me ramenant à la surface, à la vie réelle. Alors, mes paupières trouvèrent enfin la force de s'ouvrir. La lumière fut d'abord si aveuglante que je les refermais péniblement. Puis, lentement, je clignais des yeux plusieurs fois pour m'y habituer.

Mes sens revinrent progressivement. D'abord la vue, j'étais dans un hôpital ou une infirmerie. Les murs étaient blancs crème et la couverture qui me recouvrait était bleu pâle.

Ensuite le toucher, cette même couverture était étonnamment rugueuse. Mon corps entier était recouvert de bandages jusqu'au bout des doigts et un masque à oxygène m'aidait à respirer correctement.

Puis le goût et l'ouïe, ma bouche était désagréablement pâteuse et j'entendis le raclement d'une chaise à ma droite. Ma nuque étant complètement ankyloser, je ne pus que diriger mon regard sur la petite silhouette qui prit place à mes côtés.

Un petit être à mi-chemin entre un ours et une souris, le pelage blanc et habillé d'une chemise me regardait. Une large cicatrice barrait son œil mais il n'était pas du tout effrayant.

- Bonjour Yumeko, l'entendis-je dire. Je suis Nezu, tu te souviens de moi ?

Ah oui, le principal.

Je voulus lui répondre, mais seul un râle rauque s'échappa de mes lèvres, aussitôt étouffé par le masque en plastique.

- Ne te force pas voyons, dit-il en accompagnant ses paroles de petits gestes.

Il est vraiment petit quand même...

- Je vais essayer de répondre aux questions que tu dois sûrement te poser. Tu es de retour à Yuei et tu te reposes actuellement à l'infirmerie. Tu as d'abord fais un tour à l'hôpital mais au vu de tes nombreuses blessures, nous avons demandé à te reprendre en charge pour que Recovery Girl te soigne sans causer trop de séquelles.

Il est minuscule quand on le regarde comme ça...

- Tu as vécu des choses difficiles, mais maintenant tu es en sécurité ici. Alors prend le temps qu'il te faut pour guérir et récupérer toutes tes forces.

Si petit...

Je ne l'écoutais déjà plus et mes paupières commencèrent à se refermer toutes seules. Je l'entendis se lever de sa chaise et la porte claqua lorsqu'il sortit de la pièce. Aussitôt après, le bruit de la porte qui s'ouvre résonna à nouveau dans l'infirmerie, m'indiquant qu'une personne était à nouveau entrée.

Le rideau blanc qui m'empêchait de voir le reste de la pièce glissa doucement sur la tringle et je discernais tout de suite la grande personne à mes côtés. Des yeux turquoises emplis d'inquiétude me dévisageaient, prêts à éclater en sanglots à tout moment.

- N-Nemuri...

Mes cordes vocales me brûlaient, c'était tellement douloureux.

Sa douce main vint se poser sur la mienne, me laissant sentir son contact chaud à travers les multiples bandages.

- C'est finit maintenant, tout va bien alors reposes-toi, me murmura-t-elle.

Je ne sais pas pourquoi mais lorsqu'elle prononça ces quelques mots de sa voix mélodieuse, de fines larmes débordèrent de mes yeux et glissèrent doucement contre mes tempes. J'avais l'impression que j'étais libérée d'un poids mais que d'un autre côté, quelque chose me taillait le cœur.

J'appelais une nouvelle fois son nom. Ses doigts fins se perdirent d'abord dans ma frange puis ils essuyèrent la traînée de larmes sur mon visage. Elle resta longtemps debout, à mon chevet, me laissant pleurer doucement pour une raison qui m'étais inconnue.

- Ma belle, tout autant que je mourrais d'envie de te revoir, il y a quelqu'un qui se fait un sang d'encre pour toi.

Je haussais les sourcils, dubitative à propos de ce qu'elle venait de me dire mais ne répondis rien. Elle caressa tendrement ma joue là où la présence du masque ne l'empêchait pas de le faire puis déposa un tendre baiser sur mon front.

- Je dois aller au commissariat, on se revoit vite.

Elle tourna les talons et quitta l'infirmerie pour laisser place à cette personne. Trois petits coups résonnèrent contre la porte et celle-ci s'ouvrit une fois de plus. Son grincement aiguë était toujours insupportable pour mes oreilles fragiles et je grinçais des dents. Incapable d'esquisser le moindre mouvement, je ne pouvais pas voir qui était à l'entrée de l'infirmerie. Heureusement, cette personne ne me fit pas attendre longtemps et je vis du coin de l'œil une touffe de cheveux rouge et blanche.

- Todoroki ? L'appelais-je.

Il s'approcha suffisamment du lit où je me reposais pour que je puisse attrapé son regard bleu et gris. Une vive douleur me compressa la poitrine et j'étouffais soudainement, éclatant doucement en sanglots en voyant l'adolescent.

- Todoroki... l'appelais-je à nouveau.

Il prit place sur la chaise et attrapa ma main.

- Je suis là, prononça-t-il de son habituelle voix calme.

Et c'est là que les récents événements éclatèrent dans ma mémoire comme des dizaines de souvenirs désaccordés. Assaillants, douloureux, terribles. Je n'étais pas capable de les relier entre eux mais je me souvenais des jours passés en prison. Mes pleurs redoublèrent.

Je l'avais abandonné.

Ma confiance en lui avait été bafouée et j'avais cru qu'il me laisserait pourrir dans cette cage.

Mais il était la personne à qui j'avais le plus pensé. Je m'étais imaginé de nombreuses fois à ses côtés, seule dans ma cellule, et son visage et son calme m'avait terriblement manqué.

Il m'avait manqué.

- Todoroki, répétais-je, comme si ce simple nom était le seul que je connaissais.

J'avais l'impression de plonger dans ma mémoire et les images les plus horribles apparurent dans mon esprit. J'avais été torturé au point d'en devenir complètement folle. J'avais abandonné l'idée de vivre et mon corps avait été brisé en milles morceaux.

Mais ce n'était rien comparé au vide.

Au trou béant que cette personne avait creusé en disparaissant. C'était désormais une pellicule cinématographique blanche, effacée, sans rien pour la comblée. 

Et ce n'était plus de la souffrance, c'était désormais une cavité dans le cœur que rien ne pourrait plus animer.

Cependant, mon camarade exerça une petite pression sur ma main, ramenant en même temps mon attention sur lui et non sur ce qui s'était passé. Je me noyais immédiatement dans ses prunelles hétérochromes, me raccrochant à ce regard comme à une bouée dans une mer d'émotions déchaînées.

Je pouvais y voir toute la culpabilité du monde et cela me fit de la peine. Il s'en voulait pour ce qu'il s'était passé, mais il ne devait pas. Ce poids sur ses épaules n'avait pas lieu d'être et je n'acceptais pas son malaise. Il n'était pas le responsable de tout ça, loin de là, il avait été celui à m'en sortir.

Dans un effort difficile, j'ignorais la fatigue de mon corps et levais la main pour enlever le masque à oxygène. Todoroki s'agita, paniquant en me voyant faire.

- Attend, tu es sûre que tu peux l'enlever ?

Je hochais la tête et il entreprit de m'aider. Il se pencha au-dessus de moi et passa ses deux mains derrière ma tête pour retirer les élastiques du masque. Je frissonnais au contact froid de ses mains contre ma nuque et le laissais retirer l'appareil. Or, contre toute attente, il resta au-dessus de moi comme figé dans la pierre. Il ne prononça pas un mot et doucement, il essuya mes larmes comme Nemuri l'avait fait.

- Ce n'est pas ta faute, réussis-je à prononcer d'une voix enrouée.

Il se mordit aussitôt la lèvre inférieure et je ne pouvais que le regarder s'en vouloir intérieurement. Il gardait tous ses maux pour lui. Il se rassit sur la chaise et, comme nous l'avions toujours fais depuis notre rencontre, on resta ainsi, ensemble et en le silence. Ce silence agréable que je ne pouvais avoir qu'avec Todoroki.

Ça aussi, ça m'avait horriblement manqué.

Todoroki resta à mes côtés durant de longues heures, ne parlant que de rares fois, mais restant toujours attentif quand j'essayais de prononcer quelques phrases malgré la difficulté. Jamais il ne lâcha ma main, pas un seul instant. Son contact et sa présence me rassuraient toujours. Je crois même que j'avais finis par m'endormir à un moment, mais mon camarade était resté à mon chevet jusqu'à mon réveil en fin de journée. J'admirais actuellement la lumière du crépuscule reflétant sur sa chevelure rouge, lui donnant de magnifiques reflets écarlates.

Lorsque le soleil commença à se coucher, Recovery Girl entra dans l'infirmerie et me gratifia d'un de ses chaleureux sourires. Elle s'approcha de nous et posa une main sur ma jambe à travers la couverture.

- Et bien jeune fille, on peut dire que tu m'as fais une grosse frayeur. Je t'ai soigné en urgence, c'est pour ça que tu es si épuisée. J'ai malheureusement dû puiser dans tes dernières ressources d'énergie. La plupart de tes blessures sont guéries mais certaines te laisseront peut-être des cicatrices, je suis désolée.

- Ne vous en faites pas, lui répondis-je. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi.

Elle pouffa doucement et se retourna pour prendre quelque chose dans une de ses étagères. Elle en sortit un petit sachet dont elle versa la mystérieuse poudre dans un verre avant de la diluer dans l'eau.

- Todoroki mon garçon, tu peux l'aider à prendre ça ? Lui demanda la vieille dame en lui donnant le médicament.

Il hocha la tête avant de prendre le verre et de se tourner vers moi. Timidement, il passa une main sous ma nuque et releva ma tête doucement. Il porta le mélange à mes lèvres gercées et je le bus difficilement. Lorsque j'eus tout avalé, mon camarade reposa délicatement ma tête contre l'oreiller. Je le remerciais d'un hochement de tête et il alla déposer le verre dans l'évier de l'infirmerie.

- Recovery Girl ? Interpellais-je la vieille dame, soulagée de pouvoir enfin parler.

- Oui ?

- Est-ce que je peux rentrer à l'internat pour la nuit, s'il-vous-plait ?

Elle fronça les sourcils, d'abord déconcertée par ma demande. Après tout, j'étais encore dans un très mauvais état et sa réaction était tout à fait légitime. Mais d'un autre côté, je mourrais d'envie de sortir de ce lit trop étroit et de rentrer. Il y avait quelque chose que je voulais absolument faire.

Revoir mes camarades.

Je ne pensais plus qu'à ça depuis l'après-midi et je savais que les revoir réchaufferait mon cœur meurtri.

- S'il-vous-plait, continuais-je. Mes blessures sont guéries pour la plupart alors je devrais pouvoir rentrer, non ?

La vieille dame soupira avant de faire rouler la chaise de son bureau.

- Soit, je peux t'accorder ça. Mais tu ne reprendras pas les cours tout de suite, tu devras revenir ici dès demain. Je n'ai pas finis de te soigner.

Je la remerciais et tentais de me redresser sur mon lit, mais mon corps ne fut absolument pas d'accord. Je sentis tous mes os craquer à la mort comme si j'avais été immobilisée pendant des mois. Un petit gémissement s'échappa de mes lèvres et cela inquiéta encore plus l'héroïne.

- Todoroki, est-ce que je peux te la confier ? Lui demanda-t-elle en se pinçant l'arête du nez.

- Bien sûr, répondit-il.

- Alors tu trouveras un fauteuil roulant dans la pièce d'à côté, tu pourras la ramener avec ça. Jeune fille, s'adressa-t-elle à moi cette fois-ci, ne te surmènes pas, c'est tout ce que j'ai à te dire.

J'acquiesçais et mon camarade revint immédiatement après avec un siège. Je grimaçais à l'idée d'être assistée à ce point mais me laissais faire lorsqu'il passa un bras sous mes épaules pour m'aider. Il m'installa sur le fauteuil sans broncher et Recovery Girl retira la perfusion. Cependant, elle m'installa un petit tuyau d'assistance respiratoire au niveau du nez et Todoroki accrocha la lourde bouteille d'oxygène au fauteuil.

- Bien, tu peux y aller, dit-elle en souriant.

- Merci madame, la remerciais-je à nouveau.

Todoroki saisit les poignées du fauteuil et, sans un mot, me conduit à travers les couloirs de Yuei afin de rejoindre notre internat.

J'étais impatiente de tous les revoir.

Car pour le moment... Je voulais tout oublier.


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Bonjour tout le monde ! 

Et voici ma petite surprise pour aujourd'hui, le véritable chapitre 30 ! Qui est donc le 31 maintenant... Enfin un peu de calme et de repos, j'espère que je vous ai pas perdu ces derniers chapitres et bravo à celle.eux qui se sont accroché.e.s😂

Bisousღ 

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