Chapitre 41 : Les Contemplations

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- Bienvenue au Temple des Contemplations, mes chers élèves.

La vieille dame recula dans l'ombre, avant de disparaître... Tel un véritable fantôme. Elle nous flanquait une sacrée frousse quand même. Autant le paysage et l'environnement étaient tout simplement somptueux, autant la maîtresse des lieux nous laissait une curieuse impression. Tout d'abord, il s'agissait d'une héroïne si vieille qu'on ne l'aurait pas cru si Aizawa ne nous l'avait pas dit. 

De plus, elle avait appelé cet endroit le Temple des Contemplations et tout cela semblait très étrange à mes yeux. Pour commencer, nous avions affaire à une héroïne seule, vivant dans les montagnes, au beau milieu d'un mystérieux champ de glycines et dont même Midoriya n'avait jamais entendu parler.

Et pour qu'un héros soit inconnu aux yeux de Deku, il fallait le faire. Il était le plus calé en figures et histoires héroïques de toute la classe. Ce n'était un secret pour personne, il répertoriait toutes ses connaissances dans des carnets depuis qu'il avait l'âge d'écrire. Une habitude qui horripilait toujours autant Bakugo, au grand dam de Midoriya.

C'est pour cela que le vert avait déjà sortit un bloc-notes de son sac et griffonnait frénétiquement dessus tout en murmurant dieu savait quoi.

De toute évidence, malgré les problèmes qu'avait déjà rencontré la classe A avec toute sorte de vilains, nous pouvions au moins faire confiance à Nezu. Notre principal protégeait ses élèves comme ses propres enfants et tous les moyens étaient bons pour permettre leur sécurité. De ce fait, nous n'avions certainement pas à nous inquiéter de l'endroit où nous avions atterris malgré cette atmosphère tendue qui planait depuis quelques minutes.

- Les gamins, nous interpella Aizawa une fois que la vieille dame eut disparut, on ne dirait pas comme ça, mais c'est une des plus grandes héroïnes que le monde ait jamais connu. Alors ne la sous-estimez surtout pas. Restez sur vos gardes en permanence, car maintenant que vous avez mis un pied ici...

Il nous sonda tous, un air plus que sérieux peint sur le visage.

- Vous ne savez absolument pas à quoi vous vous attendez.

Une pierre tomba au fond de mon estomac. Alors si d'habitude notre professeur était le plus mou et flegmatique de tous le corps enseignant du lycée, il était à présent bien plus effrayant que la dame âgée de tout à l'heure.

- Ça fout les chocottes... Frissonna Mineta.

- Ne t'inquiètes pas, je brille !

Tel l'égocentrique narcissique qu'était Aoyama, celui-ci fit un clin d'œil au petit garçon des grappes. Confiant et toujours assuré qu'il était, le garçon lumineux effectua quelques pas étranges pour accompagner ses dires avant de passer en premier le perron gigantesque et ornementé du temple. Notre professeur s'agaça, déconcerté par les fortes têtes du groupe d'élèves dont il avait la charge. Si il prenait le temps de les mettre en garde, ce n'était clairement pas pour rien.

- Bon, de toute manière, on n'a pas d'autre choix que d'entrer ! Et puis, ça ne peut pas être si horrible que ça !

Je pouvais sentir les coups de nerfs qui me contractait l'estomac d'appréhension. Les élèves prirent alors leur courage en main et entrèrent tour à tour dans le grand édifice. Je pris soin d'attendre que ce soit le cas des derniers pour fermer la marche.

- Yumeko, m'interpella la voix morne d'Eraser Head, ce camp sera difficile pour toi.

Un frisson désagréable escalada mon échine et mes poils se hérissèrent sur mes bras. Est-ce qu'on entrait vraiment dans l'antre d'un démon ? Cette petite dame ne pouvait pas être si effrayante que ça tout de même. J'acquiesçais silencieusement à l'avertissement du professeur avant d'attraper bien plus faiblement que je ne l'imaginais la poignée de ma valise.

L'intérieur était tout aussi magnifique que l'extérieur. Bien que très simple également, tout était si élégamment conservé qu'on ne croirait pas que les âges avait traversé ce bâtiment. Il ne semblait avoir subit aucune rénovation mais chaque petite parcelle de mur, de sol, de décoration, avait été brillamment entretenue. La boiserie cirée du parquet crissa sous mes pieds lorsque je me déchaussais et je m'informais mentalement de faire attention au moindre élément de ce temple pour ne pas l'abîmer durant la semaine à venir.

Les fines cloisons décorées çà et là de tapisseries traditionnelles, probablement confectionnées à la main, ne donnaient pas l'impression de pouvoir soutenir le poids conséquent des étages au-dessus. L'architecture était si impressionnante que je n'osais vraiment toucher à rien. Toutefois, une grande broderie rectangulaire suspendue sur le mur attira mon attention.

Sur celle-ci, deux principales teintures dominaient le chef-d'œuvre. Tout d'abord, le noir de l'obsidienne, une pierre précieuse que Teruko avait longtemps mentionné et que Nemuri m'avait fait découvrir il y a quelques temps. Je m'étais toujours demandé comment ces enfants pouvaient être aussi intelligents et pleins de ressources sur ce que nous appelions l'Extérieur, que nous n'avions pourtant jamais connu. Les pigments nuancés à divers endroits esquissaient des motifs concentriques tourbillonnant dans une danse sombre, épousant parfaitement la deuxième teinture de la draperie. En effet, de longs fils d'ors étaient venus illuminer la sublime tapisserie de leur éclat flamboyant.

Je pouvais parfaitement distingué le mariage brasillant du tissu ébène avec l'étincelle enflammée de l'ambre.

- Elle te ressemble, articula une voix que je reconnaîtrais entre milles.

En une fraction de secondes, le sang pulsa dans mes veines, les gonflant au maximum pour irriguer massivement mon cœur et mon cerveau. Cette voix ! Je me tournais subitement sur moi-même, comme si mon corps avait ordonné lui-même ce mouvement, et ne croisais aucune pupille émeraude. Rien. Pas de vert éclatant ou de brin de malice. Encore moins de touffe cuivrée encadrant un visage jeune et malingre.

Rien, rien ni personne.

Le couloir était vide et j'entendais les jacassements de mes camarades dans la pièce d'à côté. Je n'avais pourtant pas halluciné. J'avais entendu une voix s'adresser à moi, et qui plus est, sa voix à lui.

Toujours empreinte à l'élan d'adrénaline qui avait traversé mon corps entier à peine quelques instants avant, je remarquais que ma respiration était saccadée et qu'une fine pellicule de sueur recouvrait tant bien mon front que mon cou et ma nuque.

Que venait-il de se passer ?

J'avalais ma salive, nerveuse, et ce fut tremblante et angoissée que je décidais de rejoindre mes camarades. Je ne pouvais me dépeindre de cette peur et de cette boule d'agitation qui me tordait les entrailles depuis notre arrivée ici. Pourquoi avais-je entendu la voix d'Hisobe ? Est-ce que j'étais en train de devenir folle ? Tous les efforts de ces derniers mois n'avaient donc servit à rien ?

Ce fut la voix excitée de Mina qui me sortit de ma torpeur alors que je déambulais lentement dans les couloirs.

- Yumeko, viens, notre chambre est juste ici ! En plus, on dort ensemble, c'est vraiment super cool ! Ils n'ont séparés que les filles des garçons ! Au moins on sera tranquilles sans eux ! Dis, tu m'écoutes ?

Elle claqua des doigts devant mes yeux, m'obligeant à reculer.

- Qu'est-ce que t'as ?

Je secouais doucement la tête.

- Rien, rien. Et donc, où est cette fameuse chambre ? Souriais-je.

Elle m'attrapa par le bras et m'entraîna avec elle d'un pas pressant jusqu'à la dite pièce. Je ne pouvais pas lui dire que j'avais halluciné comme une folle dingue devant une tapisserie, dans un couloir sombre et vide qui plus est. J'aurais juste l'air d'une abrutie et susciterais les moqueries -d'à peu près- tout le monde.

L'adolescente à la peau rosée fit coulisser une large porte en bois, dévoilant une pièce où toutes les autres filles étaient rassemblées. Elles étaient toutes affairées à installer leurs affaires pour une semaine de séjour.

- Oh tiens, m'interpella Tsuyu, ton futon est juste dans le placard là-bas. Installe-le aussi et ce sera bientôt terminé. Le professeur nous a dit qu'on avait quartier-libre pour visiter le temple puisqu'il préparait le repas de ce soir.

- On va encore devoir préparer nos propres repas ?! Rala Toru.

- Encore ? M'enquérais-je, curieuse. 

Kyoka s'approcha et un fin sourire retroussa la commissure de ses lèvres.

- On devait préparer notre dîner durant le camp d'été, m'éclaira-t-elle.

J'acquiesçais simplement et laissais mon bagage dans un coin tout près de la porte.

Bizarrement, je sentis un petit poids heurter la coque en métal, m'alertant sur la présence d'un corps étranger à l'entrée de la pièce. Je la reculais, intriguée. Mais je sentis immédiatement les traits de mon visage s'affaisser dans une expression froide et sinistre en remarquant le sommet d'une tête à grappes qui dépassait de l'encadrement de la porte, allongée à même le sol. Ma valise rencontra malencontreusement le visage de l'objet non identifié qui lorgnait déjà sur les filles de la classe. Discret mais pas très malin, Minoru Mineta étouffa un cri de surprise et de douleur à la fois, attirant au même instant l'attention des «jeunes filles» de la classe, qui pouvaient également être très effrayantes.

- Quoi ?! Non mais sérieusement Mineta, ça fait même pas une heure qu'on est sortit du bus et tu prépare déjà tes mauvais coups ?! Tu vas voir de quel bois je me chauffe ! S'énerva l'invisible, agacée par les bêtises à répétition du garçon.

Kyoka attrapa l'épaule de son amie et la força doucement à reculer, l'air sombre. Kyoka Jiro était une jeune fille plutôt réservée et dont les gens pouvait se méprendre à la croire dédaigneuse et froide. Ce n'était pas du tout le cas, elle était timide mais tout de même très sociable. Taquine à ses heures perdues ou quand la situation s'y prêtait, elle était aussi une de mes précieuses amies. Mais autant pouvait-elle être très gentille et adorable, autant elle était pratiquement toujours celle qui s'occupait du cas de l'adolescent pervers.

Elle s'avança lentement vers celui-ci alors que nous lui prohibions toute fuite irrationnelle. Et d'un seul coup, sans prévenir, les lobes-jacks de la jeune fille s'élancèrent sur Mineta pour le punir. Il lâcha un deuxième cri de douleur, les yeux remplis de grosses larmes avant de se carapater fissa, les jambes à son cou.

Un soupir collectif s'éleva dans la pièce.

- Il a toujours été comme ça, je suppose ? Demandais-je.

- Il n'a pas changé d'une semelle depuis la seconde, tu ne peux pas t'imaginer, s'exaspéra Kyoka en se pinçant l'arête du nez. Bref, en tout cas, ça vous dit qu'on explore les lieux pour se familiariser ?

L'agacement général fut très vite effacé et les filles retrouvèrent leur humeur joviale et enthousiaste. Elles se mirent toutes d'accord sur la proposition de Kyoka et je décidais de suivre le mouvement silencieusement. On se sépara en deux groupes, chacun pour une aile du bâtiment. Le temple n'était clairement pas en reste au niveau de la place pour une vingtaine d'étudiants surexcités et il était bien nécessaire de faire une visite séparée.

C'est ainsi que je m'engageais dans le dédale de galeries de la construction en compagnie d'Ochaco, Mina, et Toru.

Et nous l'avons amèrement regretté.

Ce fut un véritable cauchemar. Il se passait dans le Temple des Contemplations des choses bien au-delà de l'«étrange». Ce n'était même pas qualifiable.

Tout d'abord, notre aventure commença parfaitement bien. Les pièces étaient belles et il y avait tout le nécessaire. Nous n'allions manqué de rien pour les six prochains jours. Cependant, alors que nous tournions à l'angle d'un couloir, un courant chaud souffla sur nos jambes, à peine quelques centimètres au-dessus du sol. Nous n'y avions tout d'abord pas accordé la moindre importance.

Jusqu'à ce qu'on aperçoit un vase léviter dans le renfoncement d'un mur.

À partir de là, la situation dégénéra complètement. Des manifestations similaires se succédèrent toutes à une vitesse effrayante. Malheureusement, je n'étais pas la plus courageuse de la bande et n'étais pas accompagnée d'insensibles non plus. Non, loin de là même. Leur frayeur était plus que contagieuse et je me laissais aller dans leur panique, des sueurs froides me dévalant la nuque jusqu'à s'écraser sur les cicatrices de mon dos.

Et manifestement, nous n'étions pas les seules confrontées à de mystérieuses péripéties dans l'enceinte de la bâtisse. Nous avions plusieurs fois entendu des cris de surprise ou d'effroi à travers la demeure, mais nous étions déjà trop préoccupées par ce qu'il nous arrivait que par ce qu'il se passait plus loin.

- L-Les filles, faut que je fasse une pause, suppliais-je en voyant la porte des toilettes.

- D'accord, déglutit Ochaco.

J'entrais dans la petite pièce et dus faire un effort monstre pour déplacer mes jambes en coton jusqu'au premier cabinet. Je me dépêchais de faire mon affaire et sortis me laver les mains. Je n'étais pas du tout rassurée de rester seule dans un tel endroit. Seulement, lorsque je rinçais mes poignets savonneux sous le jet d'eau glacial, quelque chose attira mon attention dans le reflet du miroir. Un petit mouvement furtif, rapide, et presque imperceptible.

Mais je l'avais aperçu quand même.

Et c'est à ce moment-là que je le vis.

Une silhouette rachitique et maigrichonne, enveloppée dans une vieille loque marron faisant office de manteau. Le corps recouvert de bandage de la tête au pied mais le visage suffisamment abaissé pour ne pas me laisser entrevoir son regard.

Il était nonchalamment appuyé contre le battant d'une porte, capuche vissée sur la tête. Je ventilais plus que je ne respirais, comme un poisson en dehors de son bassin. J'avais l'impression qu'on coulait du béton dans mon poitrail. Cependant, ce qui m'alarma bien plus que son image en face de moi fut la voix déraillé avec laquelle il m'adressa la parole.

- Grande sœur...

Je l'observais à travers le miroir, une tornade d'émotions et de sentiments contradictoires s'affrontant en moi.

- Hisobe...

Je vis son épaule glisser contre la paroi et me retournais vivement pour le rattraper dans sa chute. C'était un instinct protecteur irrationnel et incontrôlé. Mais celle-ci ne vint jamais. Il tituba, les bras ballants le long du corps, comme un pantin dénué de volonté propre.

- Grande... Soeur...

Je voulus m'approcher mais m'arrêtais tout aussi rapidement. Tout à coup, mes jambes cédèrent sous mon poids, tremblantes comme une feuille lorsqu'il releva enfin la tête. Ce n'étaient pas ces magnifiques joyaux que je croisais dans son regard. Non. C'était un cauchemar à l'état pur. Une vision d'horreur.

Hisobe n'avait plus d'yeux et seuls deux trous béants dégoulinants de noir me fixaient atrocement en quête du moindre mouvement de ma part.

- Gr...ande...

Un hurlement sortant du fond de mes entrailles me déchira la gorge de peur et d'effroi. Dans un réflexe de survie, incontrôlé une fois de plus, mes jambes relevèrent d'un seul coup tout le poids de mon corps pour s'échapper de ce monstre qui n'était pas mon frère. Je titubais, mal assurée, mais réussis tout de même à ouvrir la porte des toilettes à la volée, le cœur battant et les cheveux en bataille.

Je me retournais pour voir Hisobe se précipiter du mieux qu'il le pouvait pour m'attraper. Il heurta néanmoins les murs et la porte dans sa course. Il n'y avait aucune trace des filles, j'étais seule avec cette chose à l'apparence du garçon derrière moi.

La cuisine !

Je ne sais pas avec quelle force mes jambes me portèrent jusqu'à la salle que je souhaitais rejoindre. Heureusement, l'affreuse chose ne sembla pas me poursuivre et disparut mystérieusement. La respiration saccadée et le corps entier secoué de frissons, j'ouvris la porte de la grande pièce, attirant dans le même coup l'attention de tout le monde sur moi.

- C'est... C'est quoi ce bordel ? Demandais-je d'une voix chevrotante.

- Un cauchemar, trembla Kaminari.

Alors que tout le monde s'affairait à s'installer à table, je remarquais que l'atmosphère était effroyablement tendue. Les regards étaient sombres, perdus dans le vide, effarés. Et heureusement, Ochaco, Mina et Toru, avaient retrouvé leur chemin jusqu'ici.

- Viens t'asseoir, m'invita Todoroki, blanc comme un linge.

Sans réfléchir, je m'avançais et m'avachis à ses côtés sur un fauteuil sans pieds, le cœur battant encore à tout rompre. Les autres firent de même, tous attablés à une longue table basse. Todoroki avait le regard dans le vide, les baguettes en suspens. Je me penchais alors légèrement vers lui et posais une main sur son épaule.

- Ça va ?

Ma réflexion eut le don de le sortir de sa transe et il secoua doucement la tête pour reprendre ses esprits. L'éclat de vie revint illuminer ses beaux yeux et ses traits se radoucirent. Il hocha la tête et, sans un mot, me tendit un bol de riz et un poisson frit. Je le remerciais et pris ma portion de repas, encore secouée par ce que je venais de vivre.

Un silence tendu et inhabituel pesait sur nos épaules. Toutefois, seulement jusqu'à ce que Mineta ne le rompe en pleurant toutes les larmes de son corps. Il s'affala sur la table, secouant tous nos couverts au passage.

- Monsieur ! Est-ce qu'on peut rentrer au lycée ?! Il se passe des trucs pas nets ici, on a atterrit dans une maison hantée ! Il y a des femmes toutes ratatinées et visqueuses qui traînent dans les couloirs !

Le regard cerné de notre professeur nous sonda tour à tour, un par un, et un rictus cynique fendit son visage.

- Elle vous a confronté à vos peurs et phobies dès le premier jour, hein ? Je vous plains, ce n'est jamais une mince affaire d'être ici.

- Nos peurs et nos phobies ? S'enquit Momo d'un ton curieux.

- Vous avez vu des phénomènes étranges, n'est-ce pas ? Je comprend pourquoi elle m'a demandé de vous laisser en quartier-libre alors. Écoutez-moi tous, tout ce que vous avez vu est l'œuvre de Psychic. Si je ne vous ai pas parlé d'elle avant de venir ici, c'est parce que son alter est toujours tenu secret aux élèves dont elle prend la charge.

Je déglutis difficilement la bouchée de riz collant et trop sec qu'on nous avait servit. Mon appétit se trouva aussi vite coupé qu'il n'était venu. Cette révélation me tordait plus l'estomac qu'autre chose. Mes yeux se portèrent sur mes mains frémissantes qui ne s'arrêtaient d'entrechoquer les baguettes en bois.

Alors, ce n'était pas vraiment Hisobe ?

Je n'appréciais pas que l'alter d'une vieille dame que je ne connaissais absolument pas fouine je ne savais où pour connaître mes peurs et mes souffrances. Je n'acceptais pas non plus qu'elle ait joué intentionnellement avec l'image de ma famille, quitte à la rendre monstrueuse et effrayante.

Je n'écoutais déjà plus la conversation.

Une colère sourde était en train de naître en moi et une bile acide était dégueulassement remontée dans ma gorge.

La main glacée de Todoroki attrapa la mienne, m'arrachant subitement de mes pensées. Il les glissa rapidement sous la couverture de la table traditionnelle, dissimulées du regard de tous. Je sentis une petite pression rassurante dans le creux de ma paume, et cette fois-ci, ce ne fut pas de peur ou de rage dont mon cœur s'emballa.

- Je t'ai entendu crier tout à l'heure, est-ce que ça ira pour toi ? Murmura le garçon.

Il n'avait pas levé le regard sur moi. Il continuait de manger comme si de rien n'était, une nonchalance et une indifférence totales collées sur le visage.

Je ne devais pas laisser paraître mes émotions non plus. Discrètement, je récupérerais mes baguettes de l'autre main et continuais de me repaître de maquereau grassement frit dans l'huile et de riz sec dans une vaine tentative de cacher mon embarras.

- Ho-Honnêtement, je ne sais pas.

Alors il ne lâcha pas ma main. Il continua de la cajoler dans la sienne, silencieusement, les réchauffant toutes les deux dans le moelleux et la douceur de la couverture chaude.

Le repas se termina rapidement et Aizawa nous ordonna de nous coucher sans plus tarder. Les entraînements débuteraient dès le lendemain et il ne tolérerai aucun relâchement de notre part. Bien que les congés d'hiver pointaient bientôt le bout de leur nez, nous étions en camp pour travailler nos alters et le professeur en attendait encore beaucoup de nous.

Dans notre chambre, les futons furent tous rassemblés et accolés. Les filles avaient prétexté le froid mordant de l'hiver qui allait sans doute traverser les murs durant la nuit. Mais nous étions pour la plupart toutes en état de choc. Nous n'avions vraisemblablement pas apprécié du tout ce début de «camp de ressourcement» aux allures bien trop cauchemardesques pour le moment.

Dans la pénombre de la nuit, les respirations endormies des adolescentes était le seul son que je pouvais entendre. Malheureusement, mon corps et mon esprit refusaient de s'endormir tranquillement après tout ce que j'avais vu aujourd'hui. Tout d'abord, les manifestations surnaturelles dont l'origine était les peurs de certains d'entre nous, puis ma rencontre avec Hisobe dans les toilettes dont les yeux avaient été atrocement crevés.

Et enfin, la chaleur de la main de Todoroki dans la mienne.

À cette pensée, les battements dans ma poitrine s'emballèrent de plus belle et je grommelais silencieusement de mécontentement en me roulant sur le côté... Pour tomber nez à nez avec les yeux grands ouverts de Momo.

Je sursautais de frayeur mais elle posa immédiatement un doigt sur mes lèvres tandis qu'un autre se fraya un chemin sur les siennes, m'intimant de ne pas faire de bruit. Nous ne devions pas réveiller les autres. Elles dormaient paisiblement après cette journée lourde en émotions, je devais donc les laisser se reposer pour la suite.

- Tout va bien ? Me chuchota-t-elle.

J'opinais doucement du chef et elle retira sa main en soupirant discrètement.

- Quelle journée atroce.

- Oui, cela annonce les terribles jours qui nous attendent, répondis-je.

Cette fois-ci, ce fut elle qui hocha la tête. Néanmoins, je croisais son regard sérieux et perçant. Une désagréable sensation d'être mise à nue devant la jeune fille me traversa amèrement. Elle avait manifestement quelque chose à dire et je savais dores et déjà que cela n'allait pas être plaisant.

Et j'eus raison lorsqu'elle prononça le peu de paroles qui écrasèrent mon cœur.

- Yumeko, on doit parler de Todoroki.

Je tirais immédiatement la couverture jusqu'à mon menton et fermais fortement les yeux, les lèvres tremblantes et les mâchoires serrées. J'étais effrayée. Je ne voulais pas en parler. Je ne voulais pas décevoir Momo.

Alors, avec le peu de courage qu'il me restait de cette journée abominable, je réussis à lui murmurer ma détresse.

- Pardon Momo... Je suis tellement désolée, pardonne-moi... Vraiment, tu es ma précieuse amie et je ne veux pas te perdre, c'est la dernière chose que je souhaite. Et pourtant, tu m'as fais part de tes sentiments pour lui... Et... Et je n'arrive pas à refréner tout ça, je ne peux pas démentir ce que tu as supposé la dernière fois et ça fait tellement mal...

Le cœur battant et le sang sifflant dans les oreilles, je me tournais dos à la jeune fille et me couvrais entièrement dans le futon.

Que quelqu'un m'aide...

_____________

Bonjour tout le monde ! 

Je ne savais pas si je devais mettre un disclaimer en début de chapitre pour prévenir que c'était un peu glauque, mais après je me suis dis que ça allait quand même😅

Alors, pour celles.eux que ça intéresse, ce chapitre est inspiré du recueil de poème de Victor Hugo, dont le nom est Les Contemplations hein, je cherche jamais bien loin pour mes titres.😂 Enfin bref, je l'ai étudié en cours à un moment et je me suis souvenu de l'un d'entre eux qui m'avait laissé une vague impression de glauque malgré le courant romantique de l'auteur. Je ne sais plus lequel malheureusement. Mais voilà, j'aime bien vous tenir informé de mes petites sources d'inspirations❤️

Bisous ღ

Edit : Vous avez explosé mon tableau de notifications cette semaine, merci pour toutes vos réactions 😂❤️

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