9. Nouilles

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«Et là, je lui ai dit "non Gérald, tu ne m'auras pas" puis je suis reparti en le plantant là. Depuis je n'ai pas eu de nouvelles donc je pense qu'il a définitivement arrêté ses activités, conclut Antonio.»

Debout sur une chaise, il contait ses mensonges de manière si convaincue et convaincante que les autres avaient fini par l'écouter. Assis en tailleur autour de lui - à l'exception d'Eleonore qui n'aurait quitté la chaise de Mireille pour rien au monde, tous levaient la tête vers lui et ne l'interrompaient presque pas (presque parce que Farouk avait quand même très souvent envie d'aller aux toilettes).

Mais, malgré son talent indéniable pour raconter des histoires, il y avait quelque chose qu'Antonio ne pouvait pas faire, même avec toute la bonne volonté du monde : calmer leur faim.

Il faut savoir (enfin pas vraiment mais c'est une information du contexte spatio-temporel et il paraît que c'est important) que la nuit était à présent tombée. Les vingt heures avaient sonné et c'était le moment où le reste de la ville s'empiffrait de foie gras, apéricubes et autres apéritifs.

Alors forcément, nos protagonistes avaient faim. Même Eleonore devait le reconnaître.

«Hé Mademoiselle ! s'écria Farouk. Vous avez à manger ?

- Pas pour vous.

- Allez fais pas ta bourge ! s'écria Miranda. C'te farine...

Puis, en soupirant, elle sortit un billet de dix euros de son soutien gorge et le donna à Eleonore.

- S'il vous plaît, gémit Antonio. Je n'ai jamais eu aussi faim depuis mon séjour en Lituanie quand j'ai dû arrêter le criminel qui avait tué Minnie...

- Minnie ? Donc ta mère est morte ?

- Non.

Ils attendirent tous. Mais Antonio ne développa pas. Comme à chaque fois qu'il ne savait comment faire pour justifier son mensonge, il gardait le silence ou bien...

- Oh regardez un alpaga géant !

... faisait quelque chose de stupide.

- Bon, soupira Eleonore. Calmez-vous parce que sinon on...

- Faim ! coupa Teteola.

- Règle numéro deux ! hurla la jeune femme.

- Pardon.

Soudain, leurs cinq ventres gargouillèrent à l'unisson. Ils se regardèrent tous avec malaise. Antonio sourit, Farouk aussi.

- J'ai très faim, déclara celui-ci.

- Pouce bleu ! hurla Teteola.

- S'il vous plaît. On peut même manger ensemble si vous voulez : faire un repas de Noël ! Comme ça vous remplacerez ma famille ! s'écria Antonio.

Son sourire était si béat qu'Eleonore n'osa pas le rembarrer.

- Bon. Je vais voir ce que je peux trouver, capitula la blonde.»

En réalité, elle savait déjà ce qu'elle allait faire.

*

On avait vu mieux comme repas pour le réveillon. Mais Eleonore se dit qu'il y avait sans doute pire (elle avait raison).

Sur le bureau de Mireille, débarrassé de son contenu (de toute façon elle ne s'en servait pas), elle avait étalé toute la nourriture qu'elle avait pu trouver.

Tout d'abord, paquet de biscottes entamé avait été récupéré chez Géraldine de l'accueil. Deux boîtes de sardines à l'huile d'olive (subtilisées à Jean-Michel) les accompagnaient, en guise d'apéritif.
Pour le plat principal, elle avait déniché - ô miracle - cinq portions de nouilles chinoises, mais oui, celles où il faut rajouter de l'eau bouillante.
Et en guise de dessert, ils se contenteraient des chocolats et du champagne d'Antonio.

Assiettes en carton, une poignée de couverts à partager, et des verres en plastiques, on ne pouvait pas dire que c'était très luxueux.

Mais c'était suffisant.

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