Chapitre 3 : Appréhension

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Avant de partir, il restait encore un dernier, un ultime détail à régler.

Zoro devait faire ses adieux à ses parents.
Après leur avoir annoncé qu'il partait pour Paris.

Le jeune homme appréhendait beaucoup cet instant. Il ne reverrait plus jamais son père ni sa mère.
Intérieurement, cette décision —celle de les quitter pour toujours— lui déchirait le cœur. Car il les aimait. Et eux, malgré les apparences, l'aimaient aussi.
Bien sûr, Zoro leur en voulait énormément, mais il restait après tout leur enfant. Et un enfant sain d'esprit aime ses parents. Normalement.

Ce nouveau tournant que s'apprêtait à prendre sa vie, malgré tous les espoirs d'un rêve réalisable qu'il offrait, portait également le lourd poids d'une séparation. Et même si Zoro avait un mental d'acier, une volonté inébranlable et de forts ressentiments envers ses parents, il savait que cette dernière étape pèserait encore longtemps sur sa conscience.
C'était le prix à payer.

Zoro ouvrit lentement son œil droit, et profita de la douce lumière matinale de ce matin de novembre. Également son dernier matin dans cette chambre. Le jeune homme éprouva un étrange mélange de sentiments à cette pensée. Il posa la main sur son ventre, où un gros noeud semblait tordre ses entrailles.
De l'excitation ? Ou de l'appréhension ?
Les deux, sûrement.
Quoiqu'il en soit, cette matinée qui paraissait de premier abord des plus banales allait clairement être plus mouvementée que cela. Aussi bien mentalement que physiquement.

Zoro se redressa et se traîna jusqu'à sa salle de bain.
Il observa quelques instant son reflet. Ses cheveux étaient en batailles, et ses yeux alourdis par de grosses cernes. Il n'avait pas beaucoup dormi...
Il haussa les épaules avec défaitisme.
Puis il se prépara pour le déjeuner.
Tout paraissait si normal; sa routine était encore la même. Il avait l'impression que rien n'allait changer, et l'idée que dans quelques heures il soit à Paris lui semblait irréelle. C'était vraiment étrange.

Comme d'habitude, peut-être en ralentissant juste un peu le rythme, il s'habilla sobrement. T-shirt blanc, pantalon noir.
C'était une tenue passe-partout, et Zoro n'était pas du genre à réfléchir pendant de longues minutes à ses vêtements.

Quelques minutes plus tard, il était assis à table avec ses parents.
D'un œil discret, il détailla pendant longtemps le visage de son père, puis celui de sa mère. Le jeune homme s'imprégnait de leurs traits; bientôt, il ne les verrait plus. Ces deux yeux gris et froids qu'avait son père ne croiseraient plus ceux de son fils. Ces lèvres si douces qui appartenaient à sa mère ne se poseraient plus sur le front de Zoro. Le teint hâlée de cette femme ne sera plus comparé à celui de son enfant et la mâchoire carrée de cet homme ne deviendra qu'un point commun futile et vague qu'il partageait avec son garçon. De ce couple, Zoro ne gardera que souvenirs lointains et refoulés. Ils deviendront de pâles images dans la mémoire d'un jeune homme qui fut autrefois leur unique fils. Une simple esquisse, floue et insignifiante.
Voilà ce qu'ils seraient.

Zoro fut alors coupé de ses réflexions.

« Tu ne manges rien ? »

La voix qui prononçait ces mots avait un timbre étrangement grave, mais c'était définitivement celle d'une femme.
Zoro fixa sa mère quelques instants, détourna le regard, et haussa les épaules. Non, il ne mangeait rien. Il avait bien tenté, mais sa gorge était trop nouée. De toute façon, il n'avait pas vraiment faim.
Sa mère reporta son attention sur ses œufs brouillés.
L'adolescent soupira, lassé de ces repas toujours si silencieux. Il n'était pas particulièrement bavard, et appréciait le calme. Mais avec ses parents, c'était différent. L'ambiance était froide, comme figée par la glace. On se sentait tendu, et l'on mangeait avec le seul désir de terminer au plus vite son repas. Ce n'était ni un silence reposant ni un silence méditatif, c'était un silence hostile.
Zoro décida alors de mettre un terme à cet instant désagréable.
Peut-être était-ce temps de faire ses adieu ?
Sûrement. Le jeune homme ne voyait pas de moment plus approprié.

Il leva la tête, et regarda ses parents. Cet instant lui faisait ironiquement penser à sa discussion avec eux, deux mois plus tôt. C'était ce jour-là qu'on lui avait ordonné de faire un choix, et c'était aujourd'hui qu'il avait pris sa décision.

« J'ai choisi », dit-il à ses parents.

Finalement, le silence parut encore plus glacial. Sa mère fronça légèrement les sourcils, sous l'effet de l'incompréhension. Son père, lui, se contenta de prendre un air interrogateur.

« Je pars à Paris. Aujourd'hui », s'expliqua leur fils.

Il fallu quelques secondes à ses parents pour assimiler l'information. Leurs yeux s'écarquillèrent, et leur bouche s'entrouvrît.

« Pa... pardon ?! » balbutia sa mère.

Elle avait pourtant très bien compris.
Zoro lui adressa un sourire. Ce n'était un sourire narquois ou condescendant, c'était un sourire sincère, presque désolé, qu'il adressait une ultime fois à cette femme qui lui avait donné vie. Il crut même apercevoir une lueur de détresse, dans ses yeux d'ordinaire si neutres.
Des larmes.
Il n'y avait rien de pire, pour une mère, de perdre son enfant. Et la douleur était encore pire lorsqu'il partait par sa faute.
Zoro se leva, les mains tremblantes. C'était dur. Dur de se résoudre à les laisser derrière lui. Dur de soutenir le regard torturé d'une femme qui va, à jamais, se séparer de son enfant. Mais il tenait bon.

« Alors comme ça, tu nous délaisse... pour ton rêve. »

Ces paroles avaient été soufflées par son père. Il regardait par la fenêtre, immobile.
Sa mâchoire était crispée, ses sourcils froncés. Puis il se tourna vers Zoro, le regard haineux, déçu, sans réussir à dissimuler l'éclat de désespoir qui voilait ses yeux.

« Alors, qu'est-ce que tu fais encore ici ? »

Le jeune homme ne répondit rien.
Mais son regard en disait long.
Il sortit de la cuisine, s'empara de ses affaires, et sans un regard vers sa chambre vide, il se dirigea vers la porte d'entrée. Il entendait les sanglots de sa mère, qu'il surprenait à pleurer pour la première fois, et ignora ses murmures déchirants, qui le suppliaient de revenir.
Zoro passa devant son père, sans croiser son regard. L'homme serrait si fort son verre que ses jointures en blanchirent.
Mais malgré ce qu'il laissait croire, il ne voulait pas laisser son fils partir. À présent, il aurait même put briser sa parole, et annoncer à son enfant que finalement, il l'autoriserait à revenir les voir, de temps en temps. Mais il avait trop de fierté pour revenir sur ses décisions.
Jamais il n'aurait crut que Zoro les sacrifierait, sa femme et lui, pour poursuivre un rêve. Un simple rêve.
Si deux mois plus tôt, il lui avait proféré toutes ces menaces, c'était bien pour le dissuader de partir. Il n'avait pas réalisé à quel point sa passion lui tenait à cœur.
Quelle lourde erreur.

La porte d'entrée claqua.

Il était partit.

• • •

Zoro s'affala sur un des bancs qui trainaient sur le quai de la gare.
Il se mordit les lèvres, dans une tentative désespérée de retenir ses larmes. Le ciel, bleu et ensoleillé, semblait narguer sa déplorable situation. Normalement, il aurait dû pleuvoir. Du moins, c'était ce qui arrivait dans les films, à ce genre de moments.
De son unique œil, il observa les alentours, cherchant parmi les voyageurs pressés qui allaient et venaient les silhouettes familières d'Ace et Kuina. Ses amis séchaient les cours pour lui dire au revoir.
Et après ce qu'il venait de vivre, l'adolescent avait grandement besoin de réconfort.

Quelques minutes plus tard, son visage s'illumina, et une vague de soulagement le submergea.
Kuina lui faisait signe de la main, assise dans son fauteuil roulant, que Ace s'occupait de faire avancer. Les deux souriaient. Zoro se leva et marcha à leur encontre.

« Alors ? fit Ace.

— Alors quoi ? s'enquit Zoro.

— Alors, comment ça s'est passé, avec tes parents ? »

Le sourire du jeune homme s'affaissa un instant. Kuina fusilla Ace du regard.

« Un peu comme je m'y attendais... C'était pas la joie, mais je m'y suis préparé... Bref. On peut parler d'autre chose ?

— Oui, bien sûr, répondit Ace avec un sourire désolé. Le train arrive dans une demi-heure, je vais nous chercher à manger ! »

Sur ces mots, le joyeux jeune homme marcha avec enthousiasme vers le MacDo' du coin. Kuina le regarda partir, légèrement exaspérée.
Puis elle se tourna vers Zoro, et posa une main réconfortante sur son épaule. Leurs yeux se croisèrent un instant, puis se détournèrent.

« Tu viendras souvent nous rendre visite, hein ? » le questionna Kuina.

Un chagrin non dissimulé ébranlait sa voix. Elle semblait presque suppliante.
Ses doigts se resserrèrent sur l'épaule de son meilleur ami. Elle s'agrippait inconsciemment à lui, comme pour l'empêcher de partir.
Il avait toujours était là. Et bientôt, il serait bien trop loin.
Zoro était le frère qu'elle n'avait jamais eut. Il faisait presque partie de sa famille, et son départ était un déchirement.
Pourtant, même si elle aurait voulut l'avoir toujours à ses côté, elle se réjouissait pour lui.
Il allait enfin pouvoir faire quelque chose de sérieux avec son talent. Il méritait vraiment cette opportunité.

Alors pourquoi ressentait-elle ce pincement au cœur ? Pourquoi avait-elle ce goût amer dans la bouche ?
C'était une douleur différente de celle de la séparation.
C'était de la jalousie. Elle tentait de refouler ce sentiment, en vain.
C'est injuste, pensait-elle. Pourquoi lui, il pouvait partir à Paris et pas elle ? Pourquoi devait-elle continuer à sourire, à dire qu'elle était contente pour lui, alors qu'elle était victime d'une telle injustice ?
Parce qu'elle ne pouvait plus marcher. À cause d'un escalier.
Elle rit intérieurement à cette pensée. Ce n'était pas drôle, pourtant.
Elle n'en voulait pas à Zoro, elle en voulait à ce monde. Elle s'en voulait à elle-même, de ne pas avoir fait assez attention, elle en voulait aux médecins de ne pas avoir pû la sauver, elle en voulait aux autres, elle en voulait à cet univers.

Les larmes lui montèrent involontairement aux yeux.

La jeune fille espéra que Zoro interprète ses pleurs comme la réaction à cette douloureuse séparation. Ce qui était d'ailleurs le cas. Du moins, en partie.

L'adolescent la serra dans ses bras, et lui tapota gentiment le dos; le seul geste de réconfort qui lui vint à l'esprit. Il s'était toujours senti désarmé face la peine d'un autre.
Il continua donc à l'enlasser, sans trop savoir quoi dire pour l'apaiser. Peut-être que, finalement, c'était mieux de se taire.
Il y avait toujours des moments où les mots étaient en trop. Parfois, il suffisait simplement d'un regard, ou d'un geste.

Ils restèrent ainsi un long moment, sous les regard attendris, intrigués ou curieux des passants. Jusqu'à ce que Ace revienne.
Le brun agita gaiement les cartons MacDo' sous les yeux de ses amis, cherchant à leur remonter un peu le moral. Il parvint miraculeusement à leur arracher un petit sourire. Sa bonne humeur éternelle était contagieuse.
Les trois adolescents s'emparèrent alors de leurs hamburgers, et les mangèrent avidement, en attendant le train.

Le temps passa trop vite.
Zoro se dirigea d'un pas lourd vers le bord du quai. Il salua Kuina d'un petit câlin, avec la promesse de venir lui rendre visite le plus tôt possible. La jeune fille ne pleurait plus, mais ses yeux reflétaient tout son chagrin.
Puis il fit ses au revoir à Ace de la même manière, en lui demandant de prendre bien soin de Kuina.
Après un dernier signe de la main, ainsi qu'un petit sourire, il monta dans son train.
Par la fenêtre de son compartiment, il regarda ses deux amis s'éloigner de lui, tandis qu'il quittait la gare.

Ça y est.
Il était en route vers Paris.

• • •

Zoro s'installa plus confortablement sur la banquette, et posa le menton sur son poing. Le regard rivé vers la vitre, il regardait le paysage défiler, alors que les grandes constructions urbaines laissaient place à des champs et des petits villages ruraux.
Dans le même compartiment, il y avait une petite dame au visage ridé qui admirait également la vue, une moue satisfaite sur son visage bienveillant. Elle dévia lentement son regard vers le jeune passager en face d'elle, et une lueur anima ses yeux noisettes. Jeannette, car tel était son prénom, était une personne très curieuse. Gentille aussi, mais surtout très curieuse. Rien ne l'intéressait plus que la vie d'autrui, et malgré ses questions parfois maladroites, elle était pleine de bonnes attentions. Pour elle, chaque individu était une source inépuisable d'histoires et d'anecdotes dont elle rêvait d'entendre chaque détail. Ce n'était donc pas rare qu'elle entame une conversation avec n'importe quel individu, cherchant à attiser sa curiosité permanente.
Cependant, il y'avait à son envie de communication une raison plus importante, plus triste, également. La solitude. En effet, Jeanette était très seule. Et cela depuis le décès de son époux, un an plus tôt. Tout ses enfants et petits-enfants vivaient loins d'elle et les visites étaient rares. Elle n'avait donc personne, et cherchait à combler ce manque auprès des autres, auprès des étrangers qu'elle croisait dans un café, dans la file d'attente des magasins ou encore, sur les banquettes dans les trains.
Aujourd'hui, elle tenterait d'épancher sa douleur auprès de ce jeune homme, juste en face d'elle, qui semblait profondément plongé dans ses pensées.
La vieille dame s'éclaircit la gorge, puis, sa voix douce et chevrotante s'éleva dans le compartiment.

« Je m'appelle Jeanette. Et toi ? »

Zoro se tourna vers elle, l'air légèrement surpris. Il hésita un instant avant de répondre :

« Moi, c'est Zoro.

— C'est peu commun ! Mais j'aime bien... mon mari, lui, s'appelait Richard. C'est assez banal, comme prénom. Mais ça lui allait bien. Il était grand et fort, si tu savais ! Quand il était jeune, il allait dans la forêt chercher du bois. Puis il portait tout ce qu'il avait coupé sur ses épaules ! Et c'était lourd, crois-moi ! Mais Richard, il était brave ! C'est vrai qu'il ronchonnait un peu, des fois, mais c'était seulement parce qu'il aimait râler. Il me faisait beaucoup penser à mon père. Ils se ressemblaient beaucoup... Et toi, mon garçon, comment il est, ton père ? »

Zoro sentit son visage se crisper. Il détourna le regard vers la fenêtre. Sa voix s'éleva, à peine audible, mais assez forte pour que Jeanette entende toute l'amertume qu'il y avait dans ses mots.

« Je n'ai plus vraiment de père. »

La vieille dame se sentit mal. Encore une fois, elle avait posé la mauvaise question, et c'était ce jeune homme qui en payait les frais.

« Je sais ce que ça fait, de perdre quelqu'un qui nous est cher. J'ai moi-même perdu mon Richard, il y a 13 mois... Toute mes condoléances. »

L'expression tantôt renfermée de Zoro devint plus chaleureuse, et de la compassion brillait dans son iris couleur acier.

« Je suis désolé pour votre mari, Jeanette... et vous vous êtes trompé; mon père n'est pas décédé.

— Oh ! Alors, est-ce que je peux savoir ce qui s'est passé ?

— Il m'a renié parce que je veux réaliser mon rêve. Tout simplement. »

Jeanette lui lança un regard triste. Elle lâcha un petit « oh », et se tut quelques instants. Puis, lorsque le silence devint trop pesant, elle lui posa une autre question.

« Et quel ce rêve, pour lequel il t'as délaissé ? »

— Je veux devenir l'un des meilleurs danseurs de hip-hop que la Terre ai jamais portée ! »

Son regard scintillait, et Jeanette se sentit émue, face à la détermination du jeune homme. Les rides aux coins de ses yeux se multiplièrent; elle souriait. Elle voulait témoigner à Zoro tout son soutient. Elle le connaissait à peine, mais croyait déjà fermement en lui.

« Je suis sûre que tu réussiras. »





















Je vous promets, je parlerai un peu plus de Sanji au prochain chapitre !
Sinon, vous avez aimé ?
Bon, comme j'ai rien d'autre à dire, passez un excellent week-end et à bientôt ^^

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