Chapitre 4 : Retrouvailles

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Les gares de Paris étaient toujours bondées.
Aujourd'hui ne faisait pas exception à cette règle.
En effet, une masse impressionnante d'humains se mouvait sur les quais. Les langues se mélangeaient, formant un flot de mots et de sons qui sonnaient en bruit de fond éternel. Les pas des voyageurs martelaient le sol, dans un rythme désordonné et frénétique, accompagné du grondement des valises qui roulaient sur le béton, suivants fidèlement leur propriétaire.

Parmi tout ces gens, aux innombrables visages, aux ethnies diverses, aux expressions différentes, deux personnes en particulier se démarquaient. Le contraste entre ces deux individus était frappant.

Le premier était un homme d'une quarantaine d'années. Il dépassait d'une bonne tête la majorité des voyageurs. Il avait un visage aux traits longs, fins et marqués. Son expression était neutre, quoiqu'un peu sombre. De ses yeux perçants, il semblait sonder la foule. Les gens qui croisaient son regard s'éloignaient rapidement, impressionnés par l'aura austère qu'il dégageait. Il était connu sous le nom de Dracule Mihawk.

Il écoutait d'une oreille ennuyée le véritable moulin à parole qu'était sa fille, Perona, l'autre individu en question. Celle-ci, déjà pas très grande comparée à la moyenne, semblait littéralement minuscule à côté de son géniteur. Elle avait un visage rond, une petite bouche et de gros yeux noirs. Deux volumineuses couettes roses encadraient sa tête aux traits poupins.
Mais malgré ses airs de fillette, elle était entièrement vêtue de noir, dans un style gothique percutant.
Elle faisait l'objet de beaucoup de regards, car en plus d'avoir un style peu commun, elle n'était pas discrète pour un sous. Son cerveau avait un mécanisme très simple : elle pensait ; elle disait. Il n'y avait visiblement aucun filtre entre ses réflexions et sa parole. Elle proférait toutes sortes de remarques d'une voix forte et aiguë, avec un peu trop de franchise au goût de la plupart des gens.
Mais lorsque quelqu'un s'apprêtait à lui transmettre son avis sur son comportement impoli, il était vite dissuadé par un regard effrayant de la part du père de la jeune fille.
Et ce fut ainsi pendant 10 bonnes minutes. Une dame eut le droit à un commentaire sur la couleur de son chapeau, « vert caca d'oie », selon Perona. Une maman apprit, grâce à elle, que son bébé était « moche, rouge, et fripé », tandis qu'un quinquagénaire l'entendit dire que son écharpe ressemblait à une taupe morte. Une vieille dame fut ravie de savoir que ses cheveux avaient la consistance d'une haie de jardin.

Perona était en train de comparer un gros bonhomme à ronflex, en lui assurant que c'était un compliment, lorsqu'elle sentit la main de Mihawk se poser sur son épaule. Elle leva ses énormes yeux sur son père, qui lui désigna une direction du menton.

Elle scruta avec attention l'endroit concerné et poussa un petit couinement, en signe de victoire ; un jeune homme avançait vers elle, un air un peu perdu au visage. Il s'agissait de Zoro.
Bien qu'elle ne l'avait jamais rencontré, Perona sut immédiatement qu'il s'agissait de son cousin. Mihawk lui avait décrit un adolescent borgne aux cheveux verts. Difficile de le confondre avec un autre.

La petite gothique se jeta théâtralement dans les bras du nouveau venu, et lui promit qu'ils deviendraient rapidement les meilleurs amis au monde et qu'elle l'aimait déjà. Zoro jeta un regard effrayé à Mihawk, par dessus l'épaule de Perona.
Il ne s'attendait pas à un tel déferlement de tendresse.
Lorsque enfin, sa cousine daigna le lâcher, Mihawk s'avança à son tour, et lui serra brièvement la main.
La commissure droite de ses lèvres se souleva imperceptiblement vers le haut ; il souriait. Comme la plupart des membres de la famille, il n'était pas très démonstratif. Perona devait être la seule qui faisait exception à cette règle.

Une fois ces retrouvailles émouvantes terminées, le petit trio décida de ne plus s'attarder à la gare.


° ° °


À des kilomètres de cela, dans un tout autre quartier de Paris, une musique tumultueuse aux notes rapides et saccadées résonnait dans l'une des nombreuses salles de l'institut de danse. Dans celle-ci, deux personnes.
La première était une grande femme au regard strict, dont les lunettes carrées intensifiaient la sévérité de son expression. Ses longs cheveux blonds étaient coiffés en un chignon serré. Les bras croisés sur sa poitrine imposante, elle fixait son élève.
Il s'agissait de Sanji.
Le jeune homme, vêtu d'un legging et d'un ample T-shirt blanc, exécutait les dernières figures de son enchaînement. Enfin, les dernières notes retentirent, et la célèbre musique classique s'arrêta. Le danseur posa ses mains sur ses genoux, essoufflé et tremblant de fatigue, avant de lancer un regard anxieux vers Kalifa, son entraîneuse.
Cette dernière crispa ses lèvres pour former une « bouche en cul de poule », manie qu'elle avait à chaque fois qu'elle réfléchissait intensément.

« C'était bien. Mais tu aurais pu faire mieux, lâcha-t-elle d'une voix cassante. Au début, tout est parfait. Je n'ai rien à redire; tu maîtrises totalement. Mais vers la fin, tu commences à fatiguer, et tu termines ton enchaînement de façon totalement désynchronisée avec la musique. On dirait que tu danses avec le désir d'en terminer au plus vite, donc tu accélères, tu t'essouffles inutilement et tu perds le rythme. On retravaillera sur ça, la prochaine fois. ( elle jeta un coup d'œil à sa montre ) C'est l'heure. Au revoir, Sanji.

— Au revoir, Madame Kalifa... »

Sur ces mots, l'entraîneuse quitta la salle à grands pas, ses talons claquant avec force sur le parquet. Sanji soupira, tandis qu'une expression lasse imprégnait ses traits. Il aimait beaucoup la danse classique, mais ses cours avec Kalifa étaient éreintants. Les épaules basses, il se dirigea vers les vestiaires. Une fois propre et habillé, il quitta l'institut avec une certaine hâte. Cependant, une voix le coupa dans son élan.

« Hey, Sanji ! Ça va ? »

Sanji se retourna, et un sourire illumina son visage. Viola, admirable danseuse de flamenco, se tenait derrière lui. Elle avait la peau basanée du peuple espagnol et un éclat espiègle dans son regard profond. Ses abondants cheveux sombres tombaient en cascade sur ses épaules, et contrastaient avec la clarté de ses yeux couleur miel. Ses lèvres pulpeuses étaient étirées en un sourire malicieux.

« Salut Viola ! Je vais bien, merci ! Tu es resplendissante, aujourd'hui. Enfin, tu l'es tout le temps, mais là, c'est plus flagrant. »

Il ponctua son compliment d'un sourire charmeur, et Viola le remercia avec indifférence. Sanji aimait flirter avec n'importe quelle fille, mais cela était plus à prendre comme un jeu. Surtout entre elle et lui.

« Robin et moi, on va aller boire un verre, dans le café d'en face. Tu veux te joindre à nous ? »

Il hésita quelques secondes, mais fut rapidement convaincu par la moue suppliante et tout simplement irrésistible de Viola.
Quelques instants plus tard, il sirotait un capuccino en charmante compagnie. Robin faisait également du flamenco, et formait avec Viola un duo des plus ravissants. Sa peau diaphane contrastait avec le teint hâlé de son amie, et ses yeux bleus, semblables à deux lacs aux eaux limpides et froides, lui donnaient cette expression si mystérieuse qui lui était propre. Si Viola incarnait la chaleur et le feu, Robin était alors le froid et la glace. Le paradoxe qu'était leur duo contribuait à leur charme et ne les rendait que plus appréciées. Elles se donnaient régulièrement en spectacle, et faisaient partie, comme Sanji, des meilleures danseurs(ses) de l'institut.
Mais ces deux jeunes femmes étaient bien plus qu'un simple duo. Toute l'harmonie et la beauté de leur art résidait dans les sentiments sincères qu'elles éprouvaient l'une envers l'autre.

En effet, elles étaient ensembles.

Ensembles, répéta silencieusement Sanji. Cela remontait tout juste à quelques mois qu'on les avait qualifiés, son ex et lui-même, par ce mot. Le jeune homme se mordit la lèvre et baissa les yeux, alors que les souvenirs lui revinrent, avec la véhémence d'une tempête. Sans qu'il ne s'en rende compte, ses doigts se reserrèrent sur son pantalon, et ses traits se durcirent, ce qui n'échappa pas à l'œil attentif de Robin.
Inquiète, elle se détacha de Viola.

« Sanji ? Tout va bien ? »

Cette question eut pour effet de le sortir de sa torpeur. Il cligna des yeux, l'air confus, et arbora un sourire désolé.

« Pardon, Robin. Je m'étais perdu dans mes pensées. »

La jeune femme hocha doucement la tête, et but une gorgée de son café, pensive. Le comportement de son ami ne lui ressemblait pas. Sanji était toujours présent, animant la discussion avec dynamisme et légèreté. Il était à l'écoute des autres, intéressé, et n'hésitait à partager son avis sur tel ou tel sujet. Ses moments d'absences étaient rares, voire quasi inexistants. Quelque chose l'avait perturbé. Peut-être s'était-il rappelé quelque mauvais souvenir ? Robin ne savait pas. Du moins, elle n'était sûre de rien. Mais elle avait sa petite idée...

Il y avait de cela un an, Sanji rencontrait Gin. C'était un grand gaillard à la peau mâte, plus âgé que le blond de quelques années. Il était un ouvrier, et passait la journée à suer sur les chantiers. Tous les soirs, il prenait le métro pour rentrer chez lui. Et tous les soirs, Gin regardait, du coin de l'œil, le magnifique blondinet à sa droite, qui était un passager habituel de cette ligne. Il lui fallu deux semaines avant qu'il ne se décide à lui demander son numéro. Le lendemain, ils dînèrent ensemble, et la nuit qui suivit, ils étaient ce qu'on pouvait qualifier d'un couple. C'était le début d'une relation longue et chaotique.
Robin avait toujours vu cette union d'un mauvais œil.
À première vue, Gin était quelqu'un de drôle et de très sociable. Mais après l'avoir fréquenté plusieurs fois, la jolie brune lui avait trouvé un côté plus sombre. Le jeune homme semblait toujours préoccupé, et il s'énervait facilement. Une fois, la jeune femme l'avait vu piquer une crise de rage impressionnante, pour la simple raison qu'ils ne s'étaient pas rendus à son restaurant préféré lors d'une sortie entre amis. Il avait alors commencé à hurler, déblatérant toutes sortes d'injures et de plaintes sans queues ni têtes. Les passants s'étaient vites écartés, alors qu'ils fixaient Gin d'un air tantôt craintif, tantôt choqué. Robin s'était sentie extrêmement gênée. Et puis après le malaise lui était venu un sentiment d'inquiétude. Était-il pareil chez lui ? Sanji devait-il endurer cela tous les jours ? Est-ce que Gin avait déjà été violent ?
Elle avait tenté d'en parlé avec le danseur, mais celui-ci s'était refermé comme une huître, et devint sourd à toute question.

Un jour, Sanji lui avait envoyé un message. Gin et lui, c'était terminé. Le jeune blondinet ajouta qu'il était parti se vider la tête en montagne. Une semaine plus tard, il était de retour. Il était toujours le même Sanji; souriant et bavard. Et puis quelques fois, il détournait les yeux, et son esprits semblait vagabonder dans ses souvenirs.
Robin ne sut jamais comment sa relation avait pris fin. Mais elle était certaine d'une chose; la séparation ne s'était certainement pas terminée dans de bonnes circonstances.
























Et voilà pour aujourd'hui ! Cette fois-ci, on a vu l'histoire du côté de Sanji, et on apprend quelque chose sur son passé...
J'espère que ça vous a plu !
Rendez-vous au prochain chapitre ^^

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