Tu été assise sur ce banc. Et j'ai su. Su que tu étais celle que j'avais toujours attendue. Tu étais ce morceau manquant de mon coeur, et je t'avais enfin trouvée. Toi. La jolie fille plongée dans son livre, coinçant une mèche rebelle derrière son oreille, un sourire si pur et si sincère sur les lèvres. Cette fille dans un autre univers.

Je ne croyais pas au coup de foudre avant ce jour. Mais tu as remis en cause toutes mes certitudes. En l'espace d'une seconde tu m'avais transformé. Tu m'avais fait connaître l'amour. Et c'était merveilleux. C'est comme si il n'y avait plus que toi et moi. Comme si le reste du monde n'existait plus.

Je me suis assis à côté de toi. Tu n'as pas relevé la tête. Alors j'ai murmuré doucement, pour ne pas te perturber :
"Qu'est-ce que tu lis ?"

Et cette phrase fut le début de la plus belle des histoires. Je revenais te voir tous les jours, on s'asseyait sur le banc, dans ce coin tranquille du parc, et je te regardais lire pendant des heures.

Quand le soir tombait, tu refermais ton livre et tu me souriais. Alors c'était à mon tour de te fasciner. Je te montrais les étoiles, je te racontais leur histoire. Je te faisait découvrir notre univers, si différent de celui de tes romans.

Et un soir, une étoile filante traversa ce ciel scintillant. Et comme cette étoile qui venait de s'éteindre, une page de notre histoire venait d'être tournée.

Mon amour pour toi n'avais cessé de grandir, et avait réussi à se glisser dans ton coeur. Ce soir là, nous ne faisions plus qu'un.

Les mois passèrent, et j'allais de merveille en merveille, à tes côtés. Nous nous sommes unis pour toujours un samedi de mai, sous le soleil timide du printemps.

Tu étais magnifique dans ta robe de dentelle blanche, et tes yeux dorés pétillaient plus que jamais.

Ce jour là, je me suis fait la réflexion que tu ressemblais à une étoile, brillant chaque nuit dans l'immensité du ciel, inlassablement, si belle et si lumineuse.
Et tu étais mon étoile.

Nous eûmes deux beaux enfants, et malgré quelques problèmes d'entente par moments, nous en étions très fiers.
Nous étions une famille. Nous étions amoureux. Nous étions heureux, tout simplement.

Et puis vint la nouvelle. Ce fut très dur pour moi mais je m'y attendais. Pas toi. Je devais partir.

La guerre faisait rage à nos frontières, et tous les hommes été appelés en renfort. Tu étais dévastée. Je t'ai rassurée comme j'ai pu, je t'ai dis combien je t'aimais et je suis parti.

Nous nous écrivions souvent, mais les combats devenaient de plus en plus durs à mesure que nous avancions. Je savais que je ne reviendrai pas. C'était impossible. Alors je t'ai écris une dernière lettre. J'espère que tu l'as reçue.

Le jour suivant je suis mort. Un coup de fusil en plein coeur. Je n'ai pas souffert. Mon seul regret est de ne pas avoir pu te serrer dans mes bras une dernière fois.

Je me suis envolé vers le ciel, vers les étoiles qui me tendaient les bras. Et depuis ce jour je veille sur toi. Ma petite étoile dans un monde si sombre.

Je sais que je te manque, je le lis dans tes yeux, mais je sais que tu n'as pas baissé les bras. Et j'attends avec impatience le jour où on se reverra, toi et moi, dans cette immensité brillante et mystérieuse.