Chapitre 22 : Irokaï

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Le lendemain, Amanaël insista pour qu'ils prennent leur petit-déjeuner tous ensemble. Clément comprit tout de suite qu'il voulait leur parler sérieusement. Ils espéraient tous les trois en savoir plus sur la présence du jeune félin ici.

- Bon et bien... comme vous vous en doutez sûrement, j'aimerais vous raconter ce qu'il s'est passé dans mon clan avant que j'arrive ici. J'ai tardé à vous en parler, pas parce que j'avais pas confiance hein ! Mais parce que c'était trop douloureux jusqu'à maintenant.

- Ne t'en fais pas, on comprend tout à fait, dit Nör.

- Ca a commencé juste après le nouvel an...

Ahandel, 4 janvier.

- Amanaël, la cheffe veut te voir.

- Rah mais c'pas vrai ! Elle peut pas me lâcher la grappe un peu !

- Oh pauvre chou, c'est pas facile d'être le fils de la cheffe hein ?

- Nin, arrête de te moquer, t'es lourd ! Bon ! Je vais aller la voir, sauvegarde ma partie, ok ? Jahan, amène-moi à ma mère.

- Bien, jeune maître.

Le jeune félin suivit son subordonné pendant une bonne dizaine de minutes. Il salua les siens lorsqu'il les croisait, ne manquait pas une petite tape amicale sur l'épaule, histoire de les rassurer sur l'avenir incertain qui planait sur eux.

- Jahan ?

- Oui, sire ?

- Tu crois que ma mère est vraiment devenue folle ?

- Jeune maître, si je puis me permettre... Je connais votre mère depuis plus de trente ans et elle a toujours été une alpha remarquable.

- Ca ne répond pas à ma question. Les gens changent.

- Effectivement. Mais j'ai foi en mon alpha. Vous deviez avoir deux fois plus de raisons de le faire.

- Mouais...

Les deux hommes arrivèrent enfin devant une grande salle marquée d'une phrase latine signifiant « l'union fait la force » en descua, la langue native des thérianthropes félins.

- Après vous, jeune maître.

- Mère, me voici.

Le félin s'inclina et attendit. Une grande voix s'éleva enfin.

- Jahan, tu peux nous laisser. Merci.

- Bien, alpha.

Amanaël regarda s'en aller son seul soutien potentiel de la salle. Il n'aimait pas être seul avec elle...

- Amanaël, approche-toi.

- Que voulez-vous Mère ?

- Te parler.

- Nous l'avons déjà fait, Mère. La situation n'a pas bougé depuis.

- Je sais bien, Fils, mais je dois te faire part d'une affaire urgente. La voilà qui arrive d'ailleurs.

Amanaël resta interrogatif et suivit le regard de sa mère en direction de l'alcôve. Une ombre se tenait là, debout et semblait les écoutait depuis longtemps.

- Approche-toi.

L'ombre s'exécuta et laissa entrevoir un autre jeune homme, à peine plus âgé qu'Amanaël.

- Amanaël, je te présente Irokaï, ton demi-frère.

- Mon demi-quoi ????

- Je sais que cela doit être difficile pour toi et un peu abrupt. Mais juste après ta naissance, ton père a eu une aventure qui a donné naissance à cet enfant. Il a trois ans de moins que toi mais il est extrêmement mature et je souhaite faire de lui le futur chef de notre clan.

- Pardon ???? Mais enfin qu'est-ce que j'ai fait de mal, Mère ? Dites-moi ! Que je n'ai au moins pas l'impression d'avoir gâché toutes ces années à essayer de vous plaire !

La colère du félin était palpable dans toute la pièce. Irokaï restait quant à lui silencieux.

- Mon cher fils, notre clan se meurt et tu n'as toujours pas d'héritier ni même de compagne. Irokaï a déjà deux jumeaux et une meute plus conséquente que la nôtre. Il m'a écouté et accepte de prendre les nôtres comme les siens.

- Mais enfin vous cédez nos amis, notre peuple comme si c'étaient des marchandises ! Laissez-moi encore un peu de temps, Mère ! J'arriverai à nous sauver, je vous le jure !

- Tu es immature Amanaël. Et tu n'es certainement pas prêt à diriger un clan. J'ai beaucoup trop d'affection pour toi pour te laisser un tel fardeau.

- Tout le monde vous prend déjà pour une dingue, Mère ! Et vous allez confirmer cela ! Et que diront les nôtres quand ils verront ce type débarquer pour les emmener on ne sait où, hein ?

- Je ne te demande pas ton avis, Fils. Et je me fiche de ce qu'on pensera de moi. Ma décision est irrévocable. Maintenant, va installer ton frère dans ses quartiers.

- Ce type n'est pas mon « frère » et cette discussion n'est pas finie.

Le félin tourna les talons, furieux. Il laissa sa mère derrière lui tandis qu'Irokaï le suivait.

- Amanaël ? Amanaël, réponds-moi !

- J'ai rien à te dire à toi ! Tes quartiers sont au fond à gauche alors disparais de ma vue.

- J'aimerais te parler, s'il te plaît.

- T'es casse-couille comme mec alors je vais pas me répéter : je ne veux pas de toi ici, ni dans ma vie, ni dans celle de MON clan.

Le visage d'Irokaï changea soudain du tout au tout, ce qui fit tressaillir Amanaël.

- Erreur, cher frère. Bientôt, ce sera le mien. Je suis là pour vous sauver.

- Permets-moi d'en douter. Il y a toujours un motif derrière chaque action.

- C'est désolant de voir ça. Je me demande vraiment ce qu'on a en commun, à part un géniteur... Si tu ne veux pas discuter alors tant pis pour toi.

Irokaï se détourna d'Amanaël mais ce dernier était en proie au doute. Pouvait-il vraiment faire confiance à ce demi-frère sortit de l'ombre ? Que comptait vraiment faire sa Mère ?

- Hey Ama, t'es de retour ? Comment ça s'est passé ? demanda Nin.

- Mal... comme toujours.

- Oh... tu veux en parler ?

- Non, pas besoin. Vous serez tous bientôt au courant de toute manière. Nin...

- Quoi ? Râle pas, j'ai sauvegardé ta partie mec !

- Je vais partir.

- Hein ?? Comment ça partir ?

- Je vais me tirer, Nin. Ce soir. Je peux pas tout t'expliquer en détail mais... Je ne fais pas ça pour vous abandonner, au contraire.

- Ama, on se connaît depuis qu'on est sortis du ventre de nos mères alors parle-moi. Explique-moi.

- ... Ma mère m'a présenté un demi-frère tout à l'heure et c'est lui qui va vous diriger en vous intégrant à sa meute.

- C'est pas vrai ?? Mais pourquoi ?

- Mère ne tient plus le coup et elle veut m'éloigner de toute cette merde... Et elle me pense inapte à diriger.

- Ben... Elle a pas tort, tu sais. Il te manque encore pas mal d'expérience et de force, Ama. Ne le prends pas mal, ce n'est pas une tare. T'es jeune, personne peut te reprocher ça.

- Je le sais, bordel... mais l'idée de vous laisser avec ce type... Et puis tu sais ce qui se passe souvent dans ces cas-là...

- Il pourrait essayer de te tuer...

- Exact. Je veux pas prendre de risques alors attends-moi. Je vais aller m'entraîner dans les montagnes et quand je serais devenu plus fort, je reviendrai vous chercher et on sera de nouveau une meute prospère, ok ?

- Ama... T'es vraiment le plus con des potes tu sais ça ?

- Moi aussi je t'adore, Nin.

Les deux félins se serrèrent dans leurs bras puis Amanaël fit ses bagages, prêt à partir loin de sa famille, des siens, de tous ses souvenirs, pour le bien de ses compagnons.

Lorsque le jeune homme arriva aux portes de sa ville, il jeta un regard mélancolique aux lumières des maisons. Cette cité allait vraiment lui manquer. Il n'avait dit au revoir à personne, mis à part Nin. Sa mère comprendrait, du moins il l'espérait.

- Et bien alors, cher frère ? On nous quitte déjà ?

- Que... ?

Irokaï se tenait contre l'une des portes et semblait l'avoir suivi depuis chez lui. Sa longue chevelure noire et ses yeux perçants semblaient mettre son âme à nue. Immédiatement, Amanaël se mit en garde. L'aura qui se dégageait de son demi-frère était tout sauf amicale.

- Moi qui aurait tant voulu qu'on fasse connaissance... Tu as aimé mon petit numéro du fils irréprochable ?

- Je suis pas dupe, Irokaï.

- Oh ça non. Tu as beaucoup de défauts, Amanaël. Mais pas celui d'être un idiot. En revanche, ça me gêne tu vois. J'ai vécu dans ton ombre pendant tout ce temps et je n'attendais que cet appel de ta chère mère pour venir ici. Mon père avait planifié la descente aux enfers de ton clan ou... plutôt... Il l'a provoqué en soudoyant chaque membre de ton clan un à un. Déclencher des conflits n'était qu'un jeu d'enfant après cela.

- Espèce de... !

- Oh, du calme. Tu ne voudrais quand même pas alerter tout le monde, si ?

- Si tu fais du mal aux miens, sale ...

-Tu feras quoi, hein ? J'ai été entrainé au combat depuis plus longtemps que toi et juste à juger du regard, tu ne fais pas le poids. Alors je te donne une chance, Amanaël. Une chance de te sauver la mise et celle de ta famille.

- Ha oui ? Ca m'étonnerait que ce soit honnête !

- J'accepte de protéger vraiment ton peuple au lieu de les tuer si tu disparais à tout jamais du paysage. Il y a une charmante cité pas loin. Ivory. Tu connais ?

- Où tu veux en venir ? grogna Amanaël d'un ton menaçant.

- Je te propose un deal. Je te fais passer pour un meurtrier, pour être exact le meurtrier de ta mère et en échange je m'engage à intégrer les tiens à ma meute.

- OU EST MA MERE ??? hurla Amanaël.

- Haha ! Tu es adorable ! Ta mère nous a quittés dans son sommeil, juste après notre petit... heu... « entretien ». J'ai caché le corps mais il sera bientôt découvert. Oh, et son fils qui disparaît dans la nature... comme c'est étrange...

- Connard ! Je vais te tuer !!!

- N'oublie pas, tu as encore un moyen d'agir en alpha pour la seule et unique fois de ta vie.

- Qu'est-ce qui me garantit que tu honoreras ta parole, hein ?

- Rien du tout. Mais tu as tout à y perdre si tu n'essaies pas, non ?

- ....

Amanaël réfléchit tout en ayant ses mains tremblantes...

Sa mère, Nin, Jahan, les enfants... Il devait les protéger. C'était son rôle. Qu'importe ce qui lui arriverait à lui.

Il devait accepter.

- Très bien, j'accepte.

- Ohoh parfait, PARFAIT ! Je savais que tu prendrais la bonne décision, cher frère.

- Je suis donc un criminel maintenant ? Quand pourrai-je sortir de cette cité ?

- Oh j'ai peut-être oublié de te préciser... tu ne partiras jamais d'Ivory.

- Quoi ???

- Tss tss mais pour en être sûr... Cher frère...

Irokaï se rapprocha dangereusement d'Amanaël et planta ses iris jaunes dans les siens.

- Je vais m'assurer une garantie supplémentaire. Désolé. Ça n'a rien de personnel.

Amanaël sentit soudain du liquide chaud se répandre dans ses vêtements. Pris de panique, il baissa les yeux et vit une lame enfoncée dans son flanc. Il crispa les dents de douleur et la dernière chose qu'il vit fut le sourire malveillant d'Irokaï....

- Voilà, vous savez tout.

- Tu veux dire que... ton demi-frère t'a blessé à mort après t'avoir laissé agoniser ici ? Pour le meurtre de ta mère ?

- Je sais, ça paraît irréel hein... Il avait planifié ça depuis des années... Je peux pas lui en vouloir d'avoir voulu se venger. Et il s'est assuré que je ne reviendrai jamais sur ses plates bandes.

- C'est ignoble, soupira Nör.

- Mais il ne s'attendait sûrement pas à ce que je survive et je compte bien reprendre ce qui m'appartient de droit : mes terres et mon clan. Vous êtes avec moi ?

Et les quatre hommes posèrent leurs mains les unes sur les autres, plus soudés que jamais.

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