Amanaël avait demandé à passer les prochaines nuits chez Eliam et ce dernier accepta. Il savait que le jour fatidique de la tentative de Baba et Mimoï pour le soigner serait bientôt là. Eliam voyait bien que, malgré son air détaché, le jeune félin était tétanisé ; il le sentait à son odeur. Clément pensait également qu'Eliam était le mieux placé pour apaiser ses craintes et les séparations furent difficiles pour Amanaël et lui.

Eliam avait également pris conscience que ses sentiments pour le jeune homme étaient réels et intenses. Au-delà d'une attraction physique, il se sentait lié à Amanaël et le peu de temps qu'ils avaient passé ensemble avaient été comme un trou comblé dans son cœur. Devait-il lui parler de ses sentiments maintenant ? Le troubler encore plus ? Il ne savait plus quoi penser mais décida de tenter le tout pour le tout.

De son côté, Amanaël pratiquait du taïchi dans le salon. Sa respiration devenait plus contrôlée et tous ses sens étaient maitrisés. Il voulait ardemment se transformer mais il ne força pas. Il espérait y arriver bientôt et secrètement voir aussi la forme d'Eliam.

Amanaël était tellement perdu dans ses pensées qu'il n'entendit pas Eliam arriver derrière lui et eut un reflexe assez inattendu. Il avait failli mettre un coup de poing à son ami !

- Hey ! On se calme ! plaisanta Eliam. J'ignorais que tu étais doté de tels reflexes.

- J'étais un sacré branleur pour être un chef mais j'ai toujours adoré le combat ! J'avais peur d'avoir tout perdu mais non en fait, dit-il en rigolant. Désolé si j'ai été un peu... brusque.

Le jeune félin prit le temps d'observer le sculpteur. Eliam se tenait devant lui, torse nu et vêtu d'un simple pantalon en lin de couleur beige. Ses longs cheveux cascadaient dans son dos. Il était magnifique, terriblement beau... un vrai dieu. Il essaya tant bien que mal de cacher sa gêne et la chaleur qui l'envahit.

- Heu tu... tu voulais quelque chose ? demanda-t-il en détournant la tête pour cacher son trouble.

- Et bien je... oui je voulais te parler. Sérieusement.

- Hey, on a déjà dit que demain ça irait, si tu flanches on est mal ! s'exclama Amanaël en se frottant la tête.

- Ce n'est pas à propos de demain.

Amanaël vit effectivement que le serpent avait un air on ne peut plus sérieux sur le visage.

- Viens t'asseoir avec moi, dit-il en prenant sa main.

Il sembla réfléchir quelques instants avant de se lancer.

- Tu sais, quand on s'est croisés la première fois, j'ai vraiment eu une attirance pour toi et je sais que ça te fait peur encore aujourd'hui. J'ai beaucoup réfléchi de mon côté, notamment en discutant avec les garçons et... Amanaël, je suis certain d'avoir des sentiments pour toi. Je ne sais pas si c'est juste, approprié, qu'importe. Les faits sont là. J'ai envie de t'embrasser et d'être avec toi constamment, pas seulement au travail. Je t'aime en tant qu'homme, Amanaël.

Le félin ne sut que dire face à cette déclaration si sincère.

- Pourquoi ? souffla-t-il.

- Je te désire comme compagnon, tout simplement. Et je sens que la réciproque est vrai, n'est-ce pas ? osa suggérer Eliam en espérant ne pas se tromper sur ce point.

Le jeune homme rougit instantanément devant ces paroles mais Eliam continua de plus belle.

- Ne nie pas, chaton. Nos animaux s'expriment, je sais que le tien a des doutes, qu'il a peur de ne pas être à la hauteur mais je te rassure que moi aussi j'ai hésité. Je ne suis pas infaillible. Nous sommes tous deux des hommes, tu es plus jeune et nous sommes d'espèces différentes mais je sais que rien n'est insurmontable si on aime vraiment.

- Je...

- Amanaël, tu as simplement besoin de suivre ce que te dit ton cœur. Que te dit-il quand tu me regardes ?

Bon dieu.... son odeur, son regard, ses mots.... Il y a peu de temps ça ne lui aurait rien fait mais maintenant... le félin se serait probablement damné pour les avoir.

- Tu as raison j'ai peur... Enfin j'avais peur. Tu t'es toujours montré si confiant, si sûr de toi, si... charmeur. Je pensais être une distraction pour toi mais tu m'as prouvé le contraire. Je te fais confiance et mon lynx aussi. J'aimerais vraiment être ton compagnon, Eliam.

Eliam sourit et se pencha doucement vers Amanaël, guettant son approbation. Ce fut le félin qui franchit la limite pour déposer un tendre baiser sur ses lèvres.

Leurs lèvres étaient chaudes, soyeuses, leur langues se rencontrèrent, d'abord timidement puis plus expressément. Amanaël sentit son lynx s'éveiller, ce dernier avait envie de sortir et de s'exprimer pleinement.

- Je rêve ou tu ronronnes ?

- Tais-toi et continue, ordonna le félin dans un râle profond alors qu'il penchait la tête en arrière afin de laisser les lèvres du serpent courir le long de sa peau. Les mains, brûlantes, parcouraient avidement le creux de ses reins et de son dos. Un doux mais terrifiant frisson lui secoua le bas ventre. Il en voulait plus et son nouveau compagnon semblait sur la même longueur d'onde.

Mais Eliam fut le premier à se stopper, ils n'étaient pas encore prêts pour aller plus loin.

- J'en conclus donc que maintenant je suis le compagnon d'un alpha d'une autre race ? dit Eliam dans un rire délicieux.

- « Futur » alpha mais ... oui. Je tiens à toi, Eliam. Beaucoup, répondit Amanaël en le regardant dans les yeux.

- J'ai été patient et tu en vaux le coup, chaton. J'ai hâte de continuer cette route avec toi, souffla Eliam près de son oreille.

- Je ne sais pas si je suis prêt à répondre à toutes tes attentes, mais je sais que si je dois aller plus loin, ce sera avec toi. Je veux que tu m'apprennes comment t'aimer.

- L'amour ça ne s'apprend pas, Amanaël, ça se vit chaque jour, un peu plus intensément. Et on vient tout juste de commencer, dit Eliam en reprenant les lèvres du plus jeune.