Chapitre 38 : L'explication

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Eliam ne put que soupirer en observant les deux jeunes hommes qui se tenaient dans son atelier. L'atmosphère était lourde, pesante, et il détestait ça. Il avait l'impression que toutes ces énergies négatives allaient déteindre sur ses œuvres et sa créativité.

Il comprit tout de suite qui était cet étranger venant frapper à sa porte si tard dans la nuit. Les thériantropes se reconnaissaient entre eux, c'était un fait. Il avait senti sa présence, tout comme le jeune homme avait du être attiré par la sienne.

Cependant, il ne comprenait pas bien pourquoi il ne ressentait pas d'animosité envers Irokaï, il aurait du après tout. Ce dernier était responsable de l'état d'Amanaël, il l'avait blessé, humilié, réduit à un moins que rien et pourtant, il affirmait qu'il n'avait pas fait cela de gaieté de cœur.

Afin de briser un tant soit peu le silence ambiant qui régnait, il proposa des boissons chaudes à tout le monde.

Une fois que chacun fut assis, Amanaël se tenant bien loin de son frère et près de lui, il reprit la parole.

- J'imagine que les présentations sont sans doute nécessaires. Je m'appelle Eliam, fit-il en tendant la main.

- Irokaï, répondit le plus jeune en serrant sa main en retour. Je suis désolé de vous imposer ma présence.

- Oh arrête un peu avec tes bonnes manières, j'ai déjà vu que c'était qu'une façade !

Irokaï se renferma dans l'instant telle une huître. Eliam sentit qu'il fallait d'abord qu'il parle avec son jeune amant ou la situation allait dégénérer de nouveau.

- Tu nous excuses un instant, dit-il à l'attention d'Irokaï qui acquiesça, tout en buvant une gorgée de son café.

Il attira Amanaël dans l'arrière-boutique et soupira, tout en se frottant les yeux. Il était à la fois fatigué et exaspéré de l'attitude de son manager.

- Chaton, il va falloir te calmer et le laisser s'expliquer.

- Tu rigoles j'espère, fit le félin, la voix grondante.

- Amanaël, je t'aime plus que tout, je sais que tu as envie de laisser ta colère sortir mais écoutons-le d'abord. Si son récit ne tient pas la route ou qu'il essaie de nous faire du mal, on avisera à ce moment-là d'accord ? Fais-moi confiance.

- J'ai confiance en toi mais pas en lui, rétorqua-t-il.

- Laisse-lui une chance de s'expliquer.

Amanaël grommela mais se détendit légèrement face à la bouille d'ange du sculpteur. Il savait que ce dernier avait raison, même si ça lui coûtait de le reconnaître.

- Ok je vais le laisser parler mais au moindre geste suspect...

- Je ne doute pas que tu sauras me protéger, chaton. Un baiser pour le courage ? fit-il en rigolant.

Son amant ne se fit pas prier et déposa ses lèvres sur les siennes. Ce simple baiser lui fit un bien fou. Eliam était fier de lui.

- Vous en avez mis du temps, signala Irokaï.

- Remercie plutôt Eliam, sans lui tu serais déjà dehors.

- Et bien merci Eliam dans ce cas, dit-il dans un calme olympien.

Ce dernier lui fit signe de la main que cela n'était pas utile.

- On t'écoute, dis-nous pourquoi tu es là, dit Eliam.

- Je ne sais pas par où commencer mais j'imagine que le plus simple est de commencer par mon enfance. Depuis que je suis petit, je sais que notre père est redouté et haï par beaucoup de thériantropes. A cause de cela, ma mère vivait sans arrêt dans la crainte de ses excès de rage.

Elle m'a expliqué qu'il n'était pas comme ça avant, car elle avait rencontré ta mère en secret Amanaël. Elle ne te l'a sans doute jamais dit mais ils se sont séparés quand il a commencé à perdre le contrôle. Ma mère m'a parlé d'une dégénérescence très rare qui arrive des fois à certains mâles alphas et c'est incurable à l'heure actuelle.

Pour te protéger ta mère s'est enfuie à Ahandel, avec toi. Tu avais trois ou quatre ans je crois et elle n'était pas au courant de la maladie à cette époque, elle a d'abord pensé à ta sécurité. Peu de temps après, notre père s'est choisi une nouvelle femelle, ma mère, Naïma. Il fallait qu'il garde le contrôle et donc, fasse un nouvel héritier. Ma naissance n'avait pour but que de maintenir sa puissance.

- Tu veux dire que... ? fit Eliam hésitant.

- Mon existence ne signifie rien pour lui. Je suis là uniquement pour perpétuer son œuvre. Je ne me souviens même pas qu'il m'ait déjà appelé par mon prénom.

- C'est horrible... admit le serpent.

Amanaël restait silencieux mais écoutait très attentivement les paroles de son demi-frère. Plus son récit avançait et plus il commençait à y croire. A croire que la réalité était toute autre.

- Dès mes dix ans il a commencé à me « former » au combat et à l'art de la manipulation. Il n'avait pas encore mentionné l'existence de son ancienne femme et de son premier fils. Mais j'ai vite compris que si je ne lui obéissais pas, il ferait un carnage dans mon clan. Alors j'ai tout fait pour qu'il soit satisfait et n'ait jamais à s'énerver. Puis à mes dix huit ans il a décidé qu'il fallait vous attaquer et s'emparer de votre clan. La suite tu la connais... Mais pour ta mère...

- Qu'est-ce qu'il s'est vraiment passé ? finit par demander Amanaël, la gorge nouée.

- Elle a essayé de nous protéger tous les deux, en s'attaquant à notre père mais... un de ses sbires l'a stoppé avant... Je suis désolé, si j'avais été là à ce moment-là...

- J'aurais perdu ma mère et un frère alors ne t'excuse pas pour ça.

Irokaï leva les yeux vers l'autre félin et le remercia d'un signe de tête. Il n'espérait pas son pardon, mais cette simple phrase lui mit un peu de baume au cœur.

- Comment savais-tu que j'allais survivre, ça m'intrigue du coup ?

- Je ne t'ai pas envoyé ici par hasard. Je connais la vieille sorcière de cette ville par sa réputation et j'espérais secrètement qu'elle saurait te guérir. Si cela n'avait pas été le cas, et bien j'aurais trouvé un autre plan et sans doute eu des regrets pour le restant de mes jours. Mais il faut que tu reviennes avec moi maintenant, on a assez perdu de temps.

- Comment ça revenir avec toi ?

Irokaï souffla et prit une grande inspiration. Il n'y alla pas par quatre chemins.

- Nin est en danger.

- Quoi ? hurla l'autre félin.

- Pour que je puisse venir ici, il s'est fait passer pour moi mais à l'heure qu'il est, notre subterfuge a du être découvert.

Amanaël n'en revenait pas de ce que ces deux idiots avaient fait !

- On devrait aller se coucher et partir dès demain, annonça Eliam.

- Attends Eliam il n'est pas question que tu viennes, c'est trop dangereux !

Cette fois ci Eliam se planta devant lui, passablement énervé, et se retint de lui en foutre une.

- Tu m'as déjà écarté de ta vie une fois, il est hors de question que cela arrive de nouveau. Tu es mon compagnon, là où tu iras, j'irai, point barre.

Et sur ces paroles, il débarrassa les tasses dans l'arrière-boutique et invita Irokaï à passer la nuit chez lui.

- Il a un sacré caractère dis donc, fit Irokaï, amusé. Tu l'as bien choisi.

- Je sais, fit-il tout fier. Ca ne te gêne pas que j'aie un compagnon mâle d'une autre espèce ?

- Je m'en fous comme de l'an 40. Les sentiments ça ne se contrôle pas.

Amanaël décela une pointe de tristesse dans sa voix. Irokaï semblait avoir ses petits secrets lui aussi mais il décida de ne pas l'embêter avec ça. C'était trop délicat pour l'instant.

- Je suis désolé pour tout à l'heure, je me suis emporté pour rien.

- J'aurai fait pareil, tu avais le droit de m'en vouloir et de te méfier. Je crois qu'on devrait repartir sur de bonnes bases, toi et moi.

- Tu te sens prêt à être appelé « petit frère » ? demanda-t-il, taquin.

- N'abuse pas trop quand même mais tu sais... Je suis content que tu sois là.

- Moi aussi. Ensemble on va sauver nos clans je te le promets.

Irokaï l'en remercia de la tête mais visiblement son grand frère était plus tactile que lui, et il ne sut comment réagir quand ce dernier le prit dans ses bras, en une accolade étrangement douce et douloureuse à la fois.

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