Au milieu de la nuit, le félin n'arrivait toujours pas à trouver le sommeil. Trop de pensées se bousculaient dans sa tête et son corps gigotait dans tous les sens.

Sans le vouloir, il finit par également sortir son amant de son profond sommeil.

- Qu'est-ce qui t'arrive chaton ? demanda la voix pâteuse du sculpteur.

- J'aimerais dormir mais je crois que mon corps n'est pas d'accord avec le concept.

Le serpent se tourna et se colla contre lui. Ils étaient tous les deux nus et Amanaël soupira de bien-être en sentant le corps de son aimé près de lui.

Les magnifiques yeux verts et brillants d'Eliam étaient rivés aux siens. Il posa sa main sur son torse, qui se soulevait au rythme de sa respiration. Le serpent le toucha à son tour, ses doigts dérivant naturellement vers son ancienne blessure dont il ne restait maintenant qu'une jolie et petite cicatrice. Eliam lui avait dit que tout cela faisait partie de lui et qu'il aimait ça. Il se sentait tellement beau à travers les yeux de son compagnon.

- J'ai de la chance de t'avoir Eliam.

- J'ai la même chance incroyable, renchérit-il.

Quelque chose explosa soudainement à l'intérieur de lui. Une sorte de frisson puissant et bouillant, inattendu, picotant mais pourtant tellement agréable. Il prit peur car sans savoir exactement quel était cette sensation, son instinct lui soufflait la réponse.

Son lynx voulait marquer Eliam.

Le marquer de façon indélébile, en tant que compagnon, aux yeux du monde entier.

- Chaton...

La voix d'Eliam le sortit de sa torpeur. Ce dernier le regardait comme s'il était un alien.

- Tes yeux ils ont... changé et tu as des... hum.. oreilles sur la tête. Si je n'étais pas moi aussi un thériantrope je crois que je me serais déjà enfui, rigola-t-il.

- Désolé Eliam je sais pas pourquoi ça se manifeste comme ça, maintenant, tenta d'expliquer le jeune homme.

- Il n'y a aucun mal à être excité chaton. Si tu as envie de moi, je trouve ça plutôt flatteur alors qu'est-ce qui te gêne à ce point, dis-moi ?

Devait-il révéler à son amant que le fameux moment dont ils avaient parlé était arrivé ? Et si Eliam refaisait marche arrière ?

- Bon je vais pas y aller par quatre chemins... fit-il en inspirant un grand coup. Mon lynx veut te marquer. Là, tout de suite.

Il ferma les yeux, redoutant le pire de la part du serpent mais au lieu de cela, ce dernier prit ses mains dans les siennes. Son regard était empli de sincérité et d'une certaine sérénité.

- J'y ai pensé également de mon côté tu sais. Et je le redirai autant de fois qu'il le faudra mais tu es mon âme sœur, Amanaël, de cela j'en suis absolument convaincu.

Le félin resta bouche bée lorsque le physique de son amant se mit également à changer. C'était la première fois qu'il entrevoyait sa forme animale et il était tout simplement divin. Ses yeux dorés brillaient comme des étoiles en pleine nuit, sa longue chevelure argentée tombait dans son dos, mais le plus beau à ses yeux restait les petites écailles bleutées qui parsemaient le contour de son visage et le début de ses épaules.

- Eliam... Je n'avais jamais vu ta forme animale avant. Tu es tellement beau, je suis à court de mots, dit-il totalement fasciné par ce qui se passait sous ses yeux.

- Alors ne dis rien, répondit son compagnon en l'embrassant tendrement.

Eliam fit lentement descendre ses mains sur les hanches de son jeune amant qui frissonna à ce simple contact. Son corps bloquait le sien en une friction terriblement agréable. Le félin ne put retenir un léger gémissement lorsqu' souffle chaud se perdit dans son cou puis dans le creux de son oreille.

Transporté par l'instant, Eliam aventura l'une de ses mains contre le torse ferme et musclé de son aimé. Il commençait déjà à sentir cette délicieuse palpitation au creux de son bas ventre. Il n'aurait pas cru que son corps serait aussi impatient. Il était quasiment sûr que, comme pour Amanaël, c'était l'animal en lui qui voulait répondre à l'Appel.

- Eliam... soupira le félin contre son oreille.

Le souffle du félin était si chaud, presque brûlant contre sa peau si fraîche. Le cœur du sculpteur loupa un battement quand les lèvres d'Amanaël effleurèrent son épaule en une caresse si frêle qu'on aurait pu douter de son existence.

Sans le prévenir d'avantage, Amanaël se jeta sur lui tel un félin sauvage. Ses lèvres se posèrent à nouveau sur celles de son compagnon et son corps s'embrasa dans l'instant. Eliam ne se laissa pas démonter et répondit avec ferveur au baiser. En cet instant, aucun de deux ne ressemblait à un amant timide, leurs gestes étaient certes possessifs et brusques mais maîtrisés, comme s'ils avaient fait ça toute leur vie.

Le besoin de s'unir devenait aussi vital que respirer. Chacun le ressentait jusqu'au fin fond de ses entrailles.

Plus rien d'autre n'importait en cet instant que de répondre au Lien.

Ne faire qu'un avec l'être aimé.

Ce sentiment leur donnait une assurance indescriptible, imperturbable, qui leur criait de prendre possession l'un de l'autre, même s'ils s'appartenaient déjà, d'une certaine façon.

Le Lien était au-delà du compréhensible.

Les sensations dévalaient en eux à une vitesse folle. D'un seul regard, ils communiquaient, se rassuraient. Amanaël commençait à ronronner de plaisir et de bien-être, ce qui fit sourire Eliam. Ce dernier se calla finalement contre la tête de lit et installa délicatement Amanaël sur ses genoux.

Il fallait que les marques du Lien soient sur des côtés opposées, c'était la tradition chez les thériantropes.

Une douce chaleur se répandit en eux, leur signalant que c'était le bon moment. Amanaël était sûr de se souvenir de cette impression pour le reste de ses jours. Il agrippa les cheveux argentés, fit un léger signe de la tête à son amant et gémit lorsque ce dernier mordit son épaule droite, à la base de la nuque. La douleur était palpable mais ne dura qu'un instant, avant de laisser place à une sensation bien plus plaisante. Avec une extrême douceur, le sculpteur lécha la petite goutte de sang qui s'écoulait sur la peau hâlée du félin.

L'instant était magique. Amanaël était sur un petit nuage et enchaîna directement. Il embrassa une nouvelle fois son compagnon et lui demanda cette fois de se tenir sur ses genoux, face à lui.

Cette solennité si éphémère le fit presque trembler. Il allait marquer Eliam, en tant que mâle alpha, le revendiquer comme sien, même si leurs espèces différaient. Il se sentait fier et terriblement heureux.

Eliam ferma les yeux et pencha la tête pour lui offrir son cou. Sans attendre une seconde de plus, il le mordit à son tour l'épaule gauche de son aimé. Le serpent émit un petit cri quand les dents se refermèrent sur sa chair mais comme pour Amanaël, la douleur fut vite remplacée par un sentiment de béatitude.

Il déposa un baiser sur la marque violacée et posa son front contre celui de son homme. Ils l'avaient fait, ils s'étaient connectés au Lien.

Un nouvel horizon s'ouvrait devant eux et ils s'endormirent dans les bras l'un de l'autre.