Chapitre 10

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13 septembre 2020
12 jours

Deux jours s'étaient écoulés depuis cette fameuse soirée. En quarante-huit heures, beaucoup de choses pouvaient changer, mais ce n'était pas le cas. Monsieur Jeon restait fidèle à cette froideur qu'il avait lorsqu'il me parlait ou parlait à quelqu'un d'autre. Il m'ignorait de plus en plus et me repoussait dès que j'essayais le moindre rapprochement avec lui. Moi qui pensais que lorsqu'il m'avait demandé de l'observer durant ses ébats, il allait très rapidement avoir des rapports avec moi, je m'étais trompée.

Un mur s'était dressé entre lui et moi, infranchissable et indestructible.

Qui l'avait construit ? Monsieur Jeon.

Qui n'avait pas l'intention de nous laisser nous rapprocher ? Monsieur Jeon.

Je ne savais plus quoi faire et à chaque fois que j'essuyais une défaite, je revoyais encore et encore la rue des damnées et finissais par m'imaginer aux côtés de toutes ces misérables âmes. Puis, comme un coup de boost, je me remettais à l'attaque et repartais voir mon Maître.

Deux jours qu'il m'évitait presque comme la peste, me rejetait comme un tee-shirt sale et que moi je le suivais toujours en espérant qu'il cède et me laisse m'occuper de lui, comme une Doll devrait faire. Pour moi, aujourd'hui était le bon jour. Après avoir pris mon cachet et réfléchi à ce que je devais faire, tout en patientant que le noiraud se réveille, assise sur un tabouret de la cuisine, j'avais pris la décision de réussir à briser ce mur de glace entre nous. J'entendis ses pas descendre les escaliers et je me levai d'un bond de mon siège pour venir lui faire face. Alors que j'ouvrais la bouche dans l'intention de lui souhaiter une bonne matinée, il passa à côté de moi sans me prêter la moindre attention, pour aller prendre un verre d'eau. Je passai outre ce premier échec de la journée en pivotant vivement sur mes talons, bras croisés dans mon dos et observant en silence le dos de mon propriétaire qui se trouvait devant l'évier.
« Arrête de me fixer comme ça, tu me déranges, grogna-t-il de bon matin.
- Avez-vous bien dormi Monsieur Jeon ? Demandai-je poliment.
- Non. »

Froid. Court. Sec. Du Jeon tout craché. Mais je pris rapidement en note qu'il n'avait pas bien dormi et continuai la discussion en essayant de voir si cela soulagerait le brun qui était de mauvaise humeur.
« Puis-je faire quelque chose pour vous aider ? Continuai-je simplement.
- Ferme juste ta gueule, lâcha-t-il glacialement. »

Mes lèvres se pincèrent d'elles-mêmes pour ne laisser sortir aucun son de ma bouche, alors que je le regardais toujours me tourner le dos. Ses muscles dorsaux étaient tendus et ses bras, dénudés de la manche de sa chemise, laissaient apparaître parfaitement ses veines. Une mauvaise humeur tôt le matin, une contraction soudaine de ses muscles et cette façon de se tenir au plan de travail comme s'il avait peur de tomber... Cela ne voulait dire qu'une seule chose. Sans que je ne puisse les retenir, les mots se formèrent pour résonner dans la cuisine.
« Est-ce que vous vous droguez Monsieur Jeon ? L'interrogeai-je calmement. »

Ce fut la phrase de trop de ma part. Il se retourna d'un coup vers moi, relâchant brutalement son verre sur le plan de travail en granite avant de s'avancer vivement vers moi.

Il m'attrapa par la gorge et me plaqua durement contre le mur, ce qui m'arracha un gémissement de douleur. Il serra mon cou dans sa grande main, ses yeux aussi froids qu'un glacier, tout en étant aussi sombre qu'une nuit sans lune ni étoile.

Il était hors de lui.
« Quand je te dis de la fermer, tu la fermes ! Compris ?! S'énerva-t-il en appliquant une pression plus suffocante sur ma trachée. »

N'ayant pas la possibilité de bouger ou bien d'acquiescer avec des mots, je le regardais simplement dans ses prunelles ténébreuses en espérant qu'il comprenne que je respecterai ses choix. Je n'avais pas peur. Il pouvait bien me tuer là, maintenant, je n'allais rien faire pour l'en empêcher, comme je lui avais dit plusieurs fois avant. Sa respiration était forte et rapide, elle s'échouait sur mon visage alors que je le voyais passer sa langue à l'intérieur de sa joue, avant de soudainement me jeter contre le plan de travail. Je n'eus pas le temps de mettre correctement les mains pour me protéger de cette chute et mon front frappa fortement contre le meuble, avant que je ne tombe au sol.

Je restai sonnée par terre, sans pouvoir bouger, pendant quelques secondes. Le sang battait fortement et douloureusement dans ma tête alors que je peinais à soulever mes paupières. Ma vue était trouble, je discernais difficilement la silhouette de mon Maître, debout à côté de mon corps, bras croisés sur son torse. Je ne pouvais voir l'expression de son visage et donc savoir ce qu'il ressentait maintenant. Je toussai légèrement en me forçant à me redresser et il ne bougea pas d'un poil pour m'aider. En m'appuyant sur le rebord du plan de travail, je finis par pouvoir lui faire face, apportant ma main sur mon arcade qui me faisait mal. Je sentis un liquide chaud et un peu pâteux sur mes doigts que je découvris écarlates. Je soupirai avant de lever mon regard qui devenait un peu plus clair sur le noiraud qui semblait encore plus en colère.
« J'espère que tu as compris ce qui t'arrivera si tu me fais casse les pieds encore une fois. Tu n'es qu'une Doll, j'ai tous les droits sur toi, articula-t-il sèchement en m'attrapant sans douceur la mâchoire. Peut-être que tu aurais eu le droit à des excuses si tu n'avais pas été une poupée... cracha-t-il son amertume en me lâchant. »

Il quitta par la suite la cuisine à grandes enjambées, mais je n'eus ni la force ni le courage de le suivre cette fois-ci. Cinq bonnes minutes, voire plus, passèrent sans que je ne change de position, sans que ne bouge une seule fois. J'étais restée contre le plan de travail, les yeux fermés pour essayer de stopper ces lancements dans mon crâne. Après une grande inspiration, je finis moi aussi par sortir de la pièce pour rejoindre, chancelante, ma salle de bain reliée à ma chambre. Arrivée devant mon miroir, je vis que le sang avait coulé de mon sourcil jusqu'en bas de ma joue. Je pris donc une serviette que j'humidifiai rapidement, avant de la passer en douceur sur ma blessure, grimaçant par moments au contact peu agréable du tissu dessus. Je mis des Strips pour arrêter le saignement et favoriser la cicatrisation, et fixai mon reflet sur la surface réfléchissante en soupirant. La cicatrice allait se voir pendant quelque temps malheureusement...

Qu'avais-je encore fait de mal...

Je ne comprenais plus rien et je comprenais encore moins Monsieur Jeon...

À chaque fois que j'avais l'impression de trouver un moyen de créer des liens Maître-Doll, il montrait toujours une autre facette de lui qui me repoussait encore et encore. En douze jours de connaissance, nous étions toujours au point de départ, comme de simples inconnus. Alors que moi je voulais améliorer notre relation pour pouvoir faire mon travail, il ne faisait aucun effort et me montrait tout son mépris envers ma personne. À ce rythme-là, je pouvais déjà me préparer à être ramenée à Domination's scent, pour être jetée par la suite dans la salle de l'orgie.

J'étais au pied du mur.

Je n'avais aucune idée pour me sortir de cette situation plus que catastrophique.

Oui.

Moi, Crystal, je ne savais pas comment exercer mon rôle de Doll auprès de Jungkook Jeon.

Je relevai soudainement la tête lorsqu'un éclair de génie me frappa. Une seule personne pouvait me venir en aide et avait déjà essayé de me conseiller.

Saphir.

Je traversai rapidement ma chambre, récupérant au passage sur ma table de nuit le portable que mon propriétaire m'avait donné et m'avançai à la même vitesse dans l'entrée de la grande maison. Jungkook était parti travailler, il ne devait pas rentrer avant ce soir, donc j'avais plusieurs heures devant moi pour retrouver mon ancienne colocataire à la boutique de Monsieur Kerberton. Je n'avais jamais vu de Dolls revenir au magasin pour demander des conseils auprès d'une autre, de ce fait je ne savais pas si c'était interdit de le faire... Mais je devais savoir comment m'y prendre avec le noiraud. Je fermai à clé la demeure et pris un taxi pour revenir au bâtiment de ma naissance, l'endroit où j'avais toujours vécu. Je connaissais le chemin par cœur. Je pouvais retourner chez moi les yeux fermés. Mes pas me guidaient d'eux-mêmes sur ce chemin que j'avais emprunté un bon nombre de fois lorsque mon ancien Maître m'envoyait à droite et à gauche pour toute sorte de besoins. J'arrivai enfin devant un grand bâtiment dont la devanture m'était familière : Domination's scent. Cette allure classe et riche, cette couleur claire de la pierre, ces fenêtres immenses qui laissaient passer les rayons du soleil pour apporter une profonde clarté dans la boutique. J'avais une certaine hâte à remettre un pied dedans. Je voulais retrouver cette atmosphère agréable et posée, celle qui montrait que tout me réussissait. Celle avant d'avoir rencontré Monsieur Jeon et les problèmes qui avaient suivi.

Je poussai la porte en verre et la clochette à l'entrée signala ma présence, faisant se retourner les nombreuses Dolls qui accueillaient chaque client, mais en voyant que je n'étais que l'une des leurs, elles firent très rapidement plus attention à moi. Je me déplaçai par la suite vers le comptoir d'un pas léger et serein avant de retrouver la poupée mise à l'accueil.
« Je cherche Saphir, annonçai-je simplement.
- Saphir ? Répéta-t-elle en arquant un sourcil. Elle n'est pas à la boutique. Le Maître l'a assignée à une mission. »

Ce n'était donc pas aujourd'hui que j'allais recevoir des conseils pour m'aider... Je ne savais même pas quand j'allais pouvoir revenir à la boutique. Je pivotai sur mes talons sans rien dire et m'apprêtais à quitter le hall, mais une voix m'interrompit dans mon geste, me faisant me figer immédiatement sur place.
« Crystal ? Que fais-tu ici ? M'interrogea la personne. »

Je fis face à cette dernière, me retrouvant devant mon ancien Maître, ses cheveux bruns parfaitement coiffés, une monture de lunettes noires qui laissait tout de même apercevoir ses prunelles claires remplies de malice et d'intelligence. Je m'inclinai tout de suite devant lui en le saluant car, même s'il n'était plus mon Maître, je lui devais autant de respect que pour Monsieur Jeon. Il resterait le seul homme pour qui une Doll aura le droit d'avoir une conversation, et lui, aura toujours le droit de nous donner des ordres.

Nous quittions Domination's scent mais pas l'autorité de Monsieur Kerberton.
« Je venais chercher des conseils, avouai-je sincèrement.
- Et tu les as trouvés ? M'interrogea-t-il doucement en laissant un coin de ses lèvres s'étirer dans un malicieux rictus.
- Non. Pourriez-vous m'aider à y voir plus clair ? Quémandai-je aussitôt par la suite. »

Il laissa un air surpris se dessiner quelques secondes sur les traits de son visage, avant de laisser place à un sourire complet sur ses croissants de chair. Par la suite, il me fit signe de le suivre et ensemble, nous allâmes dans son bureau qu'il referma délicatement après mon entrée. J'avais l'impression que cela faisait une éternité que je n'étais pas revenue dans cette pièce et pourtant, seulement une douzaine de jours s'était écoulée. Il alla s'installer dans son siège en cuir, m'invita à faire de même avec la chaise face à lui et je m'y posai doucement en attendant qu'il prenne la parole.
« Alors Crystal, comment cela se passe avec ton Maître ? M'interrogea-t-il en remontant ses lunettes sur son nez.
- Justement... Je venais pour avoir des conseils à propos de mon Maître, répondis-je en liant mes doigts ensemble avant de les délier.
- Ah ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Est-ce que tu ressentirais des doutes ? Me questionna-t-il plus sérieusement.
- Non, je ne ressens pas de doute. Pour être sincère avec vous Monsieur, c'est que j'applique tout ce que j'ai appris avec vous et mon Maître semble me détester. Rien ne marche avec lui et je commence à croire que je ne pourrais remplir mon devoir de Doll, déclarai-je en le regardant dans les yeux.
- Hum... As-tu essayé d'attiser son désir envers toi ?
- Oui et de différentes manières, mais il me rejette toujours et refuse d'avoir un contact avec moi, lâchai-je en croisant soigneusement mes jambes.
- Dis-moi, à qui étais-tu destinée ? Me demanda-t-il par la suite.
- Monsieur Jungkook Jeon. »

Son regard s'assombrit aussitôt sans que je n'en comprenne la raison. Connaissait-il le noiraud ? D'un côté, ce n'était pas étonnant que tout le monde connaisse Monsieur Kerberton, mais je ne pensais pas que mon ancien Maître fréquente personnellement celui actuel. Il se pencha en arrière dans son siège en soupirant tout en passant une main dans sa chevelure brune, avant de reprendre la parole.
« Avec ce genre d'hommes, c'est tout à fait normal que tu n'arrives pas à l'approcher Crystal, commença-t-il sur un ton las. Jeon est une personne sournoise qui aime le contrôle et les duels. C'est un dominant et il le fait bien savoir. Pourtant, il adore voir quelqu'un tenter de le dominer. Cela lui apporte plus de plaisir lorsqu'il remet cette personne à sa place, soumise à lui. Un maniaque du contrôle au point qu'il en est même fou. Tout doit marcher comme il le désire, il trace le chemin et personne ne doit s'égarer. Crystal, avec lui, être une Doll parfaitement docile est impossible, car il se lasse facilement, expliqua-t-il en se pinçant l'arête du nez.
- Mais que dois-je faire alors ? Fis-je totalement perdue.
- Une chose qui va sûrement te surprendre. Je veux que tu lui tiennes tête, annonça-t-il.
- Mais c'est interdit, laissai-je entendre en écarquillant légèrement les yeux.
- Je sais mais comme je te l'ai dit, il aime qu'on essaye de défier son autorité. Plus tu lui tiendras tête et plus tu attiseras son intérêt sur toi, car tu ne lui donneras pas ce qu'il voudra sur un plateau d'argent. Pas de sexe mais une attention simple, un challenge. Fais-le languir, laisse une part de mystère en toi. Mais même en agissant de la sorte, je veux surtout que tu n'oublies jamais les règles des Dolls, finit-il en fronçant les sourcils.
- Mais... Cela revient justement à ne pas respecter une règle, articulai-je confuse. Celle de toujours respecter son Maître. Mais si je dois lui tenir tête...
- C'est ton rôle de Doll, Crystal, et ce n'est pas un problème puisque je t'y autorise. De plus, il n'y a que cette manière qui marche avec ce genre d'hommes. Crois-moi, très bientôt, tu verras une évolution et alors là, tu l'auras pris dans tes filets et il sera dépendant de toi et de Domination's scent, dit-il satisfait.
- Très bien, acquiesçai-je en me levant poliment, puisque je venais d'avoir les conseils que je voulais.
- Par contre Crystal, n'oublie jamais de prendre ta pilule. Jeon ne voudra pas d'enfant, donc prends-la tous les jours. Et n'oublie jamais qui tu es, me prévint-il en me regardant me rapprocher de la porte.
- Je suis Crystal, la Doll de Monsieur Jeon, affirmai-je, la main sur la poignée. Passez une bonne journée Monsieur Kerberton, le saluai-je ensuite en m'inclinant.
- Crystal, attends ! »

Je m'arrêtai au niveau du seuil avant de me figer sur place, surprise de ce qu'il était en train de faire. Je me retrouvais blottie dans ses bras qu'il avait entourés autour de mes épaules, me serrant contre lui avec douceur. Je ne savais pas comment réagir. C'était bien la première fois qu'il avait un tel geste avec moi ou bien une quelconque autre poupée. Il s'écarta légèrement de moi avant de regarder avec détails mon visage, glissant une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille, avant de regarder les Strips sur mon arcade sourcilière et d'afficher une grimace énervée.
« Même si d'autres diront le contraire, tu as toujours été pour moi la plus belle des Dolls et celle qui m'aura rendu le plus fier, se confessa-t-il étrangement. Je sais que tu sauras t'occuper du cas de Jeon, je compte sur toi. J'ai besoin de ton aide pour le rendre dépendant de Domination's scent, ajouta-t-il avant de déposer un baiser sur mon front et de m'inviter à quitter son bureau. »

Lorsque la porte se referma après ma sortie, je restai sur place quelques secondes, mes doigts se portant sur ma peau où il avait posé ses lèvres de manière surprenante. Je ne m'attardai pas plus longtemps là-dessus et pris le chemin inverse pour quitter la boutique. Ce que me demandait de faire Monsieur Kerberton – en dehors de la mission qu'il m'avait confiée – me paraissait impossible et même étrange de sa part. On nous avait toujours appris à obéir, sans jamais prendre la parole sans que cela ne soit demandé, sans jamais défier son acheteur et là, il me conseillait de ne plus écouter mon apprentissage ou du moins une partie.

Est-ce que ça allait vraiment plaire à Monsieur Jeon ?

J'étais venue pour trouver des conseils et ces derniers se révélaient être source de troubles intérieurs. Mais bon, puisque c'était mon ancien Maître qui m'avait dit de le faire, je me devais de respecter ses paroles.
« Maman regarde ! C'est Ava Longhess ! S'exclama un petit garçon qui tirait la main de sa mère tout en me pointant du doigt.
- Tu te trompes, ce n'est pas elle mais juste une Doll, rectifia froidement la femme, tirant son enfant loin de moi. »

Ava Longhess. Ce n'était pas la première fois que j'entendais quelqu'un me confondre avec cette femme libre et pourtant, le nombre de différences entre nous était important : j'avais des cheveux châtains, les siens étaient presque noirs. J'avais des prunelles d'un bleu très clair, les siens étaient verts. C'était une femme libre très connue, voire même la seule et je n'étais qu'une Doll. Lorsque je regardais son visage sur les panneaux publicitaires, je n'arrivais pas à voir la petite chose commune qui pouvait faire que l'on se ressemble. Elle devait avoir une quarantaine d'années et pourtant la vieillesse n'avait jamais touché les traits de son faciès. Elle faisait rêver les petites filles libres et rendait désireux les hommes.

Je la trouvais magnifique, il fallait être sincère.

Je la trouvais parfaite pour être une Doll de la gamme précieuse.

Monsieur Kerberton était un grand admirateur de cette femme. J'avais souvent aperçu des magazines, dans lesquels elle se trouvait, sur son bureau quand je devais aller récupérer le catalogue des poupées dans le tiroir. Il était bien rare de voir Hans s'intéresser à une personne du sexe féminin.

Tout nous différenciait Ava Longhess et moi, pourtant, presque à chaque fois que je sortais en ville, une personne me confondait avec elle au point même de venir me demander un autographe, pour au final découvrir que je n'étais une Doll. C'était un phénomène étrange qui en réalité ne m'intéressait pas beaucoup, car rapidement, mon attention se déportait sur autre chose. Comme maintenant, pour la recherche d'un taxi afin de rentrer à la demeure de mon propriétaire, avant qu'il ne rentre de son travail. Je revins à la maison au bout d'une vingtaine de minutes mais lorsque j'abaissai la poignée de la porte, je découvris que cette dernière n'était pas verrouillée et pourtant, j'étais sûre d'avoir fermé à clé.

Il ne pouvait y avoir qu'une seule raison : Jungkook était rentré bien plus tôt.

Je me déchaussai dans l'entrée, rangeant par la suite mes chaussures sur les étagères que le noiraud m'avait libérées, puis je m'avançai un peu plus pour arriver dans le salon-bar. Je le découvris par la suite allongé sur le dos sur le canapé beige de la pièce, une main couvrant ses yeux. Mais lorsqu'il entendit mes pieds nus claquer doucement sur le parquet, il souleva cette dernière pour poser son regard sur moi.
« T'étais où ? Me demanda-t-il simplement d'une voix fatiguée.
- Chercher des réponses, répondis-je sincèrement.
- Et tu les as trouvées ? Continua-t-il en se redressant pour s'asseoir, frottant lentement son visage avec ses paumes.
- Je pense... »

Mes prunelles étaient posées sur lui, je devais m'occuper de mon Maître mais d'une façon différente. J'espérais vraiment que ça allait marcher... Je m'approchai du bar, pris un verre au hasard avant de me rapprocher du mur où était rangée une grande quantité d'alcool. Je regardai attentivement les étiquettes sans pour autant les lire, mais plutôt je faisais travailler ma mémoire pour reconnaître celles qui allaient m'intéresser. Lorsque j'avais un doute, je dévissais doucement le bouchon pour sentir l'odeur du liquide. Une fois ayant trouvé ce qu'il me fallait, je versai certaines quantités dans le verre avec précision, avant de mélanger le tout avec une petite cuillère et de revenir auprès du brun après avoir tout rangé.

Je restai derrière le canapé et passai mon bras par-dessus son épaule pour lui présenter la boisson que j'avais préparée, en même temps qu'il découvrait son visage de ses mains. Il regarda quelques secondes ce que je tenais en arquant un sourcil de surprise, avant de tourner à demi sa tête vers moi.
« C'est quoi ça ? Fit-il presque regrettant déjà sa question.
- Un cocktail, dis-je avec évidence.
- Tu sais faire des cocktails ? Lâcha-t-il dubitatif.
- J'ai appris à les faire. Alors, vous allez le boire ou non ? Ajoutai-je patiemment. »

Il plissa quelque peu ses paupières, avant de prendre le récipient et de le porter à ses lèvres. Durant une fraction de seconde, une lueur de surprise éclaira son visage avant de laisser à nouveau place à son air ennuyé, mais j'avais bien vu que le goût l'avait agréablement surpris et qu'il ne voulait pas le montrer.
« Ça va, c'est buvable, laissa-t-il entendre sans beaucoup articuler.
- Je sais. »

Suite à ces mots, je vins poser mes mains sur ses épaules, mais il sursauta d'un coup en se tournant cette fois complètement vers moi, les sourcils froncés et un air glacial trônant dans son regard, manquant de renverser le liquide sous la précipitation de son geste.
« Qu'est-ce que tu essayes de faire ? M'interrogea-t-il sèchement.
- Vous détendre avec un massage, rien d'autre, déclarai-je en soutenant notre échange visuel.
- Ne me touche pas, râla-t-il.
- Je ne vous laisse pas le choix Monsieur Jeon. Donc maintenant asseyez-vous et laissez-moi vous masser les épaules pendant que vous buvez votre verre, dis-je sur un ton catégorique mais qui restait tout de même poli. »

Il ouvrit un peu plus les yeux, laissant cette fois la surprise se dessiner sur son visage, ne s'attendant peut-être pas à ce que j'ose le contredire, mais Monsieur Kerberton m'avait encouragé à le faire. À mon plus grand soulagement, il ne fit pas de commentaire là-dessus et me tourna le dos, me laissant donc la possibilité de faire ce que je voulais pour détendre ses muscles. Je vins donc masser de mes doigts ses trapèzes tendus, appliquant une pression assez forte pour que cela ait un effet thérapeutique, mais pas trop pour que cela ne soit trop douloureux. Pendant ce temps, il sirotait calmement sa boisson sans essayer de jeter un regard dans ma direction. Mes pouces firent des cercles dans sa nuque et instinctivement sa tête pencha en avant tandis que je l'entendais soupirer d'aise.
« Je ne vous fais pas mal ? M'enquis-je de savoir doucement.
- Non... Continue... murmura-t-il. »

Pour la première fois, il ne me repoussait pas et c'était comme une grande victoire pour moi. Finalement, mon ancien Maître avait raison, son conseil m'avait bien aidée. Au bout de quelques minutes, je passai devant lui et attrapai son verre encore à moitié plein, pour le déposer doucement sur la table basse, surprenant le noiraud qui ne comprenait pas mon geste.
« Mettez-vous sur le ventre, dis-je accompagné d'un geste de la main. »

Il arqua un sourcil mais ne dit rien et s'exécuta même en s'allongeant comme je lui avais demandé, croisant ses bras en dessous de sa tête. Je vins m'installer sur son fessier et je le sentis tout d'un coup se tendre mais avant qu'il n'ouvre la bouche, je remontai sa chemise et commençai à masser ses muscles dorsaux, mes paumes bien à plat contre sa peau.
« Tu n'es pas comme d'habitude. Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Me questionna-t-il, la tête entre ses bras.
- J'ai juste compris comment vous marchez, articulai-je sans arrêter mon massage.
- Comment je marche ? Répéta-t-il dans un ricanement. Et je marche comment ?
- Bizarrement. Mais je n'ai pas envie de vous en dire plus, c'est un secret, dis-je en passant mes mains sur ses flancs. »

Il se redressa pour me regarder mais fut très rapidement plaqué sur le canapé par mes soins. Il n'opposa aucune résistance mais me regarda tout de même du coin de l'œil.
« Depuis quand tu as des secrets ? Je pensais que les Dolls répondaient toujours aux questions de son Maître ? Releva-t-il dans un soupir.
- Vous êtes un homme mystérieux Monsieur Jeon alors pourquoi serai-je la seule à révéler tous mes secrets ? J'ai autant de mystères que vous... chuchotai-je la fin en me penchant vers lui. »

D'où me venait cette façon d'agir ? Je ne l'avais jamais apprise et pourtant, les phrases, les actions étaient presque instinctives chez moi.

Était-ce trop osé de ma part ?

Allait-il accepter ?
« Le fait d'avoir trouvé des réponses t'a enfin décoincée ? C'est une bonne chose, lança-t-il en roulant légèrement des épaules.
- Cela ne vous dérange pas que... Que je vous tienne tête ? Osai-je lui poser la question après une légère hésitation.
- C'est à tes risques et périls de faire ça, rétorqua-t-il sur un ton désintéressé. »

Ça ne répondait pas du tout à ce que j'avais demandé... Même, ça m'inquiétait. Est-ce que cela voulait dire que si je continuais, il allait me ramener à Domination's scent ? Je n'eus pas le temps de tergiverser plus longtemps, puisqu'il se redressa d'un coup avant d'échanger rapidement nos positions. Je me retrouvai sur le dos, lui au-dessus de moi, ses prunelles sombres dans les miennes. Le sérieux qui pouvait parfaitement se lire dans son regard me glaça sur place, je n'osais plus faire un seul geste.
« Qui es-tu ? Me questionna-t-il en fronçant les sourcils.
- Je suis Crystal, la Doll de Monsieur Jeon, répondis-je aussitôt.
- Ouais... C'est bien ce que je pensais, souffla-t-il. »

Il se coucha sur moi, sa tête sur ma poitrine et ses mains sur mes côtes mais ne bougea pas, ne prononça pas un mot de plus. Sa respiration était longue, ses pouces caressaient en petits cercles mes flancs. Il semblait soudainement vulnérable, si fatigué...

Je vins alors faire glisser mes doigts dans ses cheveux, passant délicatement entre ses mèches noires et pour la première fois, je ne sentis pas que mon toucher lui déplaisait, au contraire, il semblait se détendre plus contre moi.
« Je ne me drogue pas, lâcha-t-il d'un coup, les yeux clos.
- Pardon ? Fis-je avec incompréhension.
- Tu m'avais demandé ce matin si je me droguais mais non, je ne drogue pas. J'ai juste pris trois cachets au lieu d'un... avoua-t-il sur un ton las.
- Des cachets ? Vous êtes malade ? Demandai-je en arrêtant mes caresses dans sa chevelure.
- Malade ? Répéta-t-il en relevant la tête pour me fixer dans les yeux. Peut-être, c'est ce que tout le monde dit. Qui sait, peut-être qu'ils ont raison, dit-il évasivement.
- Pourquoi vous ne me l'avez pas dit ? J'aurais pu... Commençai-je à déclarer.
- Parce que je ne me sens pas malade, me coupa-t-il en s'écartant de moi pour s'asseoir à l'autre bout du canapé. »

Je le regardai faire en me redressant à mon tour tout en me pinçant les lèvres. Monsieur Jeon était malade ? Mais quelle était cette maladie ? Pourquoi disait-il qu'il ne se sentait pas malade ?

À quoi servaient exactement ses cachets ?

Alors que mes iris glissaient sur sa silhouette, ces derniers s'arrêtèrent sur la poche de sa chemise située sur son torse d'où dépassait le bord de la petite photo que j'avais un jour découverte. Même si la dernière fois que je l'avais touchée cela s'était mal passé pour moi, je me rapprochai de lui et tendis la main en direction de l'image, lentement pour voir s'il allait me stopper dans mon geste. Mais il ne fit rien, se contentant de m'observer en silence. Je finis par la prendre entre mes doigts, avant de la regarder une seconde fois avec attention en frôlant du bout des doigts la surface plastifiée.
« Elle est magnifique... Qui est-ce ?
- Elle l'était, me rectifia-t-il dans un soupir. Et tu n'as pas besoin de savoir qui sait, elle n'est plus là.
- Est-elle décédée ? L'interrogeai-je innocemment alors que je le vis se tendre à ma question.
- Non, répondit-il froidement en reprenant la photo sèchement.
- Elle comptait pour vous...
- Qu'est-ce que ça peut te faire ? Je t'en pose des questions sur les personnes que tu aimes ? Répliqua-t-il agacé.
- Je n'ai personne que j'aime. »

Il haussa les sourcils en m'entendant, avant de râler en rejetant la tête en arrière sur le dessus du dossier du canapé.
« Vous savez Monsieur Jeon, vous avez la chance de pouvoir aimer. Chérissez ce sentiment, car dans votre entourage, des gens vous aiment, articulai-je sans comprendre moi-même les mots que je prononçais. »

Il releva son visage, soudainement intéressé par ce que je venais de dire, un sourire malicieux aux coins de ses lèvres. Il se rapprocha vivement de moi, son faciès proche du mien.
« Je ne sais pas ce qui t'arrive mais ne t'arrête pas, ça devient intéressant. J'ai envie de voir jusqu'où tu es capable d'aller pour me plaire, ricana-t-il. Je te propose même un petit accord.
- Un petit accord ?
- Fini les distances entre nous, je vais te toucher comme tu as toujours voulu que je fasse depuis que tu es arrivée, mais par contre, quand je le ferai, tu as interdiction de simuler, annonça-t-il amusé.
- Mais simuler fait partie de moi, je vous l'ai déjà dit, répliquai-je confuse.
- Et moi je t'ai déjà dit de ne pas simuler. Tu veux que "j'accepte ta présence" alors fait ce que je te dis. Si je te touche, tu ne simules pas et si tu ne ressens rien alors tu restes... Tu restes toi-même, fit-il en balayant l'air de la main.
- Et si par malheur je ressens quelque chose ? Demandai-je légèrement perdue.
- Et bien ... laisse-toi aller et exprime-toi, finit-il avec ce sourire qu'il avait quand il savait qu'il était gagnant. »

Si le Diable devait avoir un visage, il aurait eu le sien. Si le pacte interdit devait représenter un péché, celui que je m'apprêtais à accepter en serait la représentation parfaite.

La passion.

Notre accord se formait autour d'elle. 


~ Domination's scent - Éclosion ~ 


Hello hello ! 

Et voili, voilà, voilou le chapitre 10 tant attendu (ou pas) ! 

Un grand bouleversement avec ces conseils de Kerberton, cette nouvelle façon de se comporter de Crystal et cet accord entre elle et Jungkook ! 

J'aimerais dire que c'est maintenant que les choses intéressantes vont commencer haha ! 

Dans ce chapitre, nous en avons encore appris plus sur Jungkook et je vous ai mis plusieurs indices sur des questions que vous vous étiez posées ! Les avez-vous remarqués et compris ? 

- Que pensez-vous du comportement de Jungkook et de cette "maladie" ? De cet accord qu'il propose ? 

- Que pensez-vous de Kerberton qui étrangement propose à Crystal de faire quelque chose de défendu ? 

- Pensez-vous qu'on reverra Saphir ? 


J'ai beaucoup aimé écrire ce chapitre car enfin j'ai pu faire un rapprochement significatif de changement même s'il reste minime. Le prochain chapitre sera malheureusement plus court que ceux que j'écris habituellement mais j'espère pouvoir vous le poster la semaine prochaine (hehe oui, j'essaye de tenir le programme d'un chapitre par semaine !) D'ailleurs, avez-vous un jour de préférence pour que je poste ? ( Je demande au cas où si j'arrive à tenir mon planning ! Attendez-vous à un très rapide abandon de ma part haha... Miss retard c'est moi...)


Petite nouvelle ! Je tiens un carnet de notes sur tous les chapitres à venir. Domination's scent est une histoire en deux parties et j'ai terminé de mettre mes idées pour la partie une (dont le titre est encore en cours de réflexion) et cette première partie fera en tout 43 chapitres. Comme j'ai l'intention de faire une seconde partie avec quasiment le même nombre de chapitres, cela fera en tout au moins 86 chapitres ou plus. J'espère que je ne vous lasserai pas avec mon histoire haha car on va être ensemble pendant longtemps !

En tout cas, merci beaucoup pour votre soutien, vos commentaires qui me font toujours sourire et me font extrêmement plaisir ! Je m'excuse si je ne réponds pas à tous mais parfois je ne sais pas quoi répondre... Mais sachez que je les lis tous ! 

Encore merci beaucoup et à bientôt pour le prochain chapitre ! 


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