19 septembre 2020
18 jours

J'étais allongée sur l'herbe verte, les bras écartés, les paupières closes, le visage tourné vers le ciel, laissant les bises du vent glisser doucement sur mon visage. Je ressentis une caresse au niveau de ma joue, faite du bout des doigts, qui me fit ouvrir les yeux lentement pour tomber nez à nez avec l'étrange inconnue au visage masqué.

Elle portait toujours ce sourire sur ses lèvres rosées, sourire qui avait le don d'apaiser mon cœur.

Inconsciemment, ma main vint prendre celle qui m'offrait ce toucher délicat, la serrant doucement avant d'y blottir ma joue, quémandant plus d'attention de sa part. Son rire cristallin atteignit mes oreilles, attirant aussitôt un rictus joyeux de ma part avant qu'elle ne se penche vers moi, ses mèches de cheveux clairs comme les miennes venant chatouiller mon faciès, alors qu'elle déposait un baiser sur le bout de mon nez.
« Je t'aime ma petite déesse, murmura-t-elle, son front contre le mien. Ne l'oublie jamais... »

Cela faisait plusieurs minutes que je fixais ce plafond d'un blanc immaculé au-dessus de ma tête, et ce, depuis que je m'étais réveillée. J'étais étrangement bouleversée par ce rêve d'une douceur dont je n'avais jamais été témoin. J'en avais maintenant mal au cœur, et pourtant, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi. Je posai ma paume sur le côté gauche de ma poitrine en soupirant longuement par le nez, n'ayant pas du tout envie de sortir du lit. J'avais de la chance, nous étions en fin de semaine. Je tournai à demi mon visage sur le côté pour regarder l'heure affichée sur mon réveil et constatai que finalement, je n'allais pas pouvoir traîner dans mes draps encore longtemps. Je me forçai à me redresser, passant une main sur mon front sur lequel j'avais encore l'impression de ressentir les doigts de la femme sans visage glisser sur ma peau, comme si cette dernière avait enregistré son toucher.

Je ne comprenais vraiment pas pourquoi, depuis que j'étais au service de Monsieur Jeon, mes nuits se voyaient accompagnées de rêves que je n'avais pas l'habitude de faire. À Domination's scent, il m'arrivait de rêver par moments, mais ce n'était jamais aussi réaliste ou bien c'était trop farfelu pour que cela soit possible dans la vie. Ceux que j'avais actuellement portaient la marque de la réalité, et pourtant, cela ne pouvait être des souvenirs car je n'avais jamais vécu de telles choses...

Je sortis mes pieds de dessous la couverture, ouvris le tiroir de ma table de nuit et pris entre mes doigts mon cachet, avant de quitter presque en traînant des pieds ma chambre pour aller avaler le médicament et monter l'escalier, afin de me diriger vers la chambre de mon Maître. Il devait sûrement s'attendre à pouvoir faire la plus grande grasse matinée de sa vie. Dommage pour lui, il m'avait bien fait comprendre que comme il avait du travail, je ne devais pas le laisser dormir plus tard que neuf heures. Je poussai doucement le battant avant de m'approcher à pas de loup du lit du noiraud. Je vins par la suite déposer délicatement ma main sur son épaule dénudée.
« Monsieur Jeon ? Il est l'heure de vous réveiller, chuchotai-je pour ne pas le brusquer dès le matin.
- Laisse-moi tranquille, grogna-t-il en enfonçant son visage dans son coussin. »

Malheureusement pour lui, ce jour-ci je n'avais pas beaucoup de patience, ce qui était plutôt rare chez une Doll. Franchement, quelque chose n'allait vraiment pas chez moi... Cela m'inquiétait. Je me pinçai les lèvres en voyant la forme endormie sous mes yeux puis sans hésiter, je tirai sa couette à l'autre bout du matelas, le faisant siffler entre ses dents tout en le voyant ramener ses jambes contre lui.

Qui aurait cru que le grand Jungkook Jeon était difficile à lever le matin...

Une image bien différente de ce qu'il montrait au monde.
« La couverture... Râla-t-il en cherchant à tâtons le drap sans pour autant se redresser.
- Vous avez du travail Monsieur Jeon, il est l'heure de vous lever, répétai-je en croisant les bras sur ma poitrine.
- Et toi de te taire pour me laisser dormir...
- Ne m'obligez pas à le répéter une troisième fois, le prévins-je en arquant un sourcil.
- C'est ça... soupira-t-il en se couchant sur le ventre à nouveau, tout en croisant ses bras sous son oreiller. »

Il était réellement en train de se rendormir devant moi ? Je soufflai longuement avant de faire le tour de son lit pour me diriger vers la salle de bain. Aux grands maux les grands remèdes. Je m'approchai de son meuble où se trouvait la vasque de son lavabo et attrapai dessus le verre dans lequel s'y trouvait la brosse à dents de mon propriétaire. Je la sortis de ce dernier avant de le remplir doucement d'eau et de revenir dans la pièce de nuit pour me placer à nouveau à côté du corps replongé dans son sommeil. J'attendis quelques secondes avant de déverser le liquide froid sur sa tête. Il se releva d'un coup, lâchant un cri de surprise, avant de porter son attention sur moi qui n'avais pas bougé d'un pouce, mon bras toujours tendu avec l'arme du crime. En voyant le regard noir qu'il me jetait, je pris l'initiative de poser délicatement le récipient sur sa table de nuit, avant de pivoter sur mes talons pour quitter sa chambre tout en sentant toujours ses prunelles sombres sur mon dos.

Peut-être que ce n'était pas une bonne idée.

Mais il était debout maintenant, c'était le principal... non ?
« Crystal ! Hurla-t-il avant de sortir en courant de sa pièce personnelle. »

Ses mèches noires lui collaient au front à cause de l'eau et cette dernière ruisselait encore sur son torse nu. Je n'eus pas le temps de faire le moindre geste qu'il m'attrapa soudainement par les hanches, avant de me placer durement sur son épaule. Je n'osais plus bouger, car je ressentais parfaitement qu'il était énervé. Je le sentis descendre les escaliers rapidement et alors que j'avais la tête en bas, je le vis se rapprocher des baies vitrées qui menaient à la terrasse.
« Vous allez faire quoi Monsieur Jeon ? Demandai-je en redoutant ce qu'il avait prévu.
- Je vais t'apprendre à réfléchir à deux fois avant de t'en prendre à moi, répondit-il simplement.
- Je suis désolée Monsieur Jeon si je vous ai énervé, mais vous ne vouliez pas vous réveiller et... »

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'il me jeta d'un coup dans la piscine. Lors de ma chute, un cri de surprise s'échappa d'entre mes lèvres avant que mon corps entièrement vêtu de mon pyjama ne rencontre l'onde. J'avais de la chance que l'eau soit chauffée, étant gardée à vingt-neuf degrés pour l'instant, mais je redoutais le moment où j'allais devoir sortir du bassin et me confronter à la différence de température en ce milieu de mois de septembre. De plus, aujourd'hui le ciel était particulièrement gris. J'avais bien choisi mon jour pour agacer mon Maître... Je remontai à la surface, mes cheveux collant à mon visage tandis que je tombais nez à nez avec le noiraud qui se tenait au bord de la piscine, droit et les bras croisés sur son torse nu.
« Tu as froid ? M'interrogea-t-il simplement.
- Oui, dis-je avec sincérité.
- Parfait. Alors je me casse, annonça-t-il en faisant demi-tour. Et par contre, tu as interdiction de rentrer tant que tu es trempée, ajouta-t-il avant de me quitter. »

Bien évidemment, il disait cela parce qu'il ne m'avait pas laissé de serviette pour m'essuyer. Je soupirai longuement avant de remonter les petites marches de la piscine, essorant comme je pouvais mes cheveux et dégorgeant mes vêtements, tout en m'approchant à petits pas de la baie vitrée de ma chambre que je laissais toujours ouverte pour aérer la pièce. Normalement, il ne me verrait pas rentrer et comme c'était ma chambre, cela ne revenait pas à ne pas respecter son ordre, puisqu'il n'y allait jamais dedans... si ?

Alors que je m'approchais de la fenêtre, je constatai qu'elle avait été fermée et en voyant la silhouette de Jungkook derrière, je compris qu'il avait anticipé ce que j'allais faire. Grelottante, les muscles tétanisés, je soutenais son regard satisfait tandis que j'espérais qu'il ait pitié de moi, et finalement qu'il allait accepter que j'entre pour me réchauffer. Mais Monsieur Jeon était un homme sadique ainsi que rancunier. Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres et il disparut de mon champ de vision, me laissant donc trempée dehors, à être obligée d'attendre de sécher avec le temps, alors que le soleil ne voulait pas se pointer derrière les nuages.

L'équivalent d'une demi-heure s'écoula et je frissonnais sur le transat sur lequel je m'étais assise, frottant mes bras et mes cuisses pour me réchauffer comme je pouvais. Je me trouvais aussi nue parce que j'avais enlevé mon pyjama pour l'étendre autre part, tandis que j'attendais que ma peau se sèche. J'entendis la baie vitrée coulisser avant de voir le noiraud arriver devant moi et me lancer un peignoir, pour par la suite rentrer à nouveau dans sa demeure. Je me précipitai pour enfiler le vêtement, soupirant d'aise en sentant sa chaleur se propager dans mes membres et trottinai aussitôt pour revenir dans le hall de la maison, refermant après mon passage la fenêtre derrière moi. Une douce odeur atteignit mes narines et je me déplaçai automatiquement vers la cuisine pour y découvrir mon propriétaire en train de cuire des tranches de bacon dans une poêle. Il avait aussi mis la table pour deux. Alors qu'il écoutait les infos à travers la télé qu'il avait allumée, il retournait la viande soigneusement sans faire attention à moi.

« Ce matin, la police a été alerté par un civil ayant découvert un corps dans une ruelle. L'identification de la victime ne pouvant s'effectuer, du fait de son visage déformé par les coups et les blessures, la police attend une autopsie pour donner une identité à la victime qui se trouve être un homme. Une enquête criminelle ne sera pas lancée pour autant puisque la police déclare que la personne aurait été dans un gang et donc victime d'un conflit entre deux groupes. Après identification du corps, ce dernier sera redonné à la famille - s'il en a une - et pourra être enterré convenablement. »

« Le prince Kim a disparu. Ce matin, les gardes du corps du prince au visage masqué fouillent toute la ville à la recherche de l'héritier au trône. Mais les recherches restent laborieuses du fait que la population ne peut aider à cause d'une reconnaissance faciale impossible à mettre en place. Le roi demande tout de même de prévenir la police si une personne suspectée d'être le prince se présente à vous. »

Le prince Kim. Un homme mystérieux du fait que lors de chaque représentation en public, il possédait un masque qui couvrait tout son visage, rendant son identité inconnue de tous. S'il avait disparu, la police allait mettre beaucoup de temps pour le retrouver...

Je vis les muscles dorsaux de Jungkook se tendre d'un coup en entendant le journaliste parler de cette disparition, s'arrêtant même de cuisiner sans pour autant se tourner vers la télévision. Je commençai à sentir que la viande cuisait un peu trop et me précipitai vers lui pour prendre en main sa spatule et retourner les morceaux de bacon délicatement, le forçant alors poliment à me laisser la place. Il sembla se rendre compte de ma présence et tendit la main pour reprendre ce que je lui avais pris, mais je l'écartai aussitôt tout en lui demandant d'aller s'asseoir à table.
« J'étais en train de préparer le petit-déjeuner, râla-t-il.
- Non, vous étiez surtout en train de le brûler, répliquai-je simplement. »

Il grogna quelques mots avant de partir se placer sur une chaise, pour me regarder en silence terminer ce qu'il avait commencé. La viande cuite sur une assiette, je la disposai sur le meuble soigneusement, avant de me figer sur place lorsque j'aperçus tout d'un coup une tasse fumante d'une odeur sucrée sous mon nez, tasse que tenait Monsieur Jeon dans sa main.
« Pour te réchauffer, déclara-t-il évasivement.
- Je ne peux pas en boire, refusai-je poliment.
- C'est un chocolat chaud, tout le monde peut en boire, rétorqua-t-il sur un ton las.
- Les Dolls ne peuvent boire que de l'eau et à la limite du jus de fruits pressé à la main, car c'est bon pour la santé, expliquai-je en repoussant gentiment sa main.
- Je m'en fous. Tu vas le boire parce que je ne l'ai pas fait pour rien, m'obligea-t-il avec sérieux. Allez, bois-le. »

Pourquoi me forçait-il toujours à faire des choses contraires au règlement des poupées éduquées... Avec réticence, je pris le récipient chaud entre mes doigts avant de venir tremper mes lèvres dans le liquide chocolaté et d'en boire une gorgée, que je sentis glisser tout le long de mon œsophage avec plaisance. Il m'observait, sûrement pour être sûr que je le boive, puis un léger sourire en coin étira ses badigoinces.
« Alors, qu'est-ce que tu en penses ? M'interrogea-t-il en arquant un sourcil.
- C'est sucré.
- Oui mais encore ? Tu aimes ?
- Je... je crois que j'aime bien, répondis-je en réfléchissant sur ce que je ressentais.

- Et bien, si tu as envie d'en boire encore dans les prochains jours, tu as le droit de t'en faire, lança-t-il en attrapant sa propre tasse. »

Je ne dis rien et repris une gorgée en silence. Je remerciais pour la première fois Jungkook de m'avoir obligée à goûter, parce que les Dolls manquaient quelque chose ! D'ailleurs, pourquoi Monsieur Kerberton nous interdisait-il d'en boire ? Voilà que je me remettais à me questionner... C'était inquiétant... Je relevai mon regard sur le noiraud qui mangeait tout en regardant quelque chose sur son portable et remarquai ses cernes sombres sous ses yeux.
« Vous ne dormez pas bien Monsieur Jeon ? Osai-je le questionner doucement.
- Je n'ai jamais bien dormi, laissa-t-il entendre sans m'adresser un coup d'œil.
- Quelque chose vous tracasse en ce moment ? M'inquiétai-je en fronçant les sourcils.
- Non. J'ai simplement beaucoup de travail et des journées trop courtes.
- Vous devriez privilégier un peu plus votre sommeil Monsieur Jeon...
- Sûrement pas. Si je ne bosse pas, je prends du retard et lorsqu'on prend du retard, on n'est plus premier, les autres nous dépassent et je refuse que cela arrive. Je suis le seul en haut, déclara-t-il froidement.
- Une pause de temps en temps ne fera jamais de mal au contraire... Au moins, prenez un somnifère le soir pour mieux dormir, insistai-je poliment.
- Les somnifères ralentissent l'activité cérébrale et peuvent détériorer la mémoire, alors jamais je ne toucherai à ces merdes, refusa-t-il sèchement.
- Mais qu'est-ce que vous aviez pris la dernière fois ?
- Je t'en pose des questions ? Râla-t-il glacialement. »

Je compris qu'il n'allait pas m'en dire plus... Je n'insistai pas plus et terminai en silence ma boisson, mangeant un peu du petit-déjeuner qu'il avait préparé. Il regarda de nouveau son portable avant de le reposer et de boire d'une traite le fond de sa tasse chocolatée. Puis, il se leva.
« Cette après-midi, j'ai d'importants appels à passer et je ne veux pas que tu sois à la maison, annonça-t-il.
- Très bien, j'irai en ville alors.
- Va dans le centre-ville, il y a peut-être des boutiques qui pourront t'intéresser. »

Ce furent ses derniers mots avant de sortir de la cuisine, tandis que je débarrassais la table soigneusement, pour par la suite aller dans ma chambre dans l'intention de m'habiller chaudement. Mon corps frissonnait encore un peu par moments, mais je m'étais tout de même assez bien réchauffée grâce au chocolat chaud et au peignoir. Prête, je rangeai mon portable dans la poche avant de mon pantalon, avant de sortir de la pièce pour aller me chausser dans l'entrée. Je prévins Monsieur Jeon que je partais, mais il ne me répondit pas, étant déjà au téléphone avec quelqu'un.

Je me retrouvais maintenant au centre-ville. Depuis que j'étais au service de Jungkook, j'avais l'impression de passer mes heures creuses en ville. Comme à mon habitude, des hommes me regardaient avec gourmandise, des personnes me confondaient avec Ava Longhess. C'était une journée bien banale. Alors que je marchais sur un trottoir, je vis un homme d'une vingtaine d'années marcher rapidement face à moi. Ses longs cheveux noirs bouclés glissaient sur son front, alors que ses prunelles émeraude me fixaient avec intérêt, avant qu'un étrange sourire rectangulaire se dessine sur ses lèvres. Avant même que je ne puisse faire le moindre mouvement, il m'attrapa soudainement par le bras et m'entraîna dans une ruelle, me plaqua contre un mur et colla son corps au mien en rapprochant son visage du mien.
« Écoute, j'ai besoin de semer des gars et donc il faut que tu m'embrasses, parce qu'ils penseront qu'on va faire quelque chose de pas très catholiques, dit-il d'une voix grave et sur un ton amusé, mais tout de même pressé. Attends, mais t'es une Doll ? Pas besoin de te demander ton accord du coup ! »

Des hommes criant un prénom se firent entendre et la seconde suivante, il plaquait rapidement ses lèvres sur les miennes en passant ses mains sous mon haut pour caresser mon ventre de ses paumes chaudes, tout en rapprochant encore plus son bassin du mien. Il mordillait mon croissant de chair inférieur, s'autorisant lui-même l'accès à ma bouche avec sa langue pour rendre le baiser plus désireux et langoureux. Des pas précipités passèrent à côté de nous et s'arrêtèrent même quelques secondes à notre niveau avant de continuer leur chemin. L'inconnu ne s'écarta pas pour autant de moi, m'embrassant encore quelque temps avant de finalement délier nos badigoinces.

Il s'éloigna pour se rapprocher de la sortie de la ruelle, jetant un coup d'œil dans l'artère principale avant de revenir vers moi et de poser sa main sur mon épaule avec un air joyeux sur le visage.
« Je vais encore avoir besoin de toi pour me débarrasser d'eux, lança-t-il avec un sourire en coin. D'ailleurs, comment t'appelles-tu petite poupée ? Me demanda-t-il en s'adossant nonchalamment contre le mur. »

Je le regardai en gardant le silence. Il restait un homme et je n'avais pas le droit de m'adresser à une personne du sexe opposé. Il pencha légèrement la tête sur le côté, faisant tomber au niveau de ses yeux quelques mèches de jais.
« Bon je vois que tu n'es pas prête à me dire ton joli petit nom, donc je vais me présenter. Je m'appelle Taehyung, laissa-t-il en faisant une petite révérence. À ton tour. »

Je ne bougeai pas d'un poil et continuai à la fixer de mes prunelles claires en essayant de comprendre pourquoi cette drôle de personne fuyait des gens et qu'elle avait besoin de mon aide. De toute manière, je n'avais pas le droit d'avoir une conversation avec lui, donc il allait devoir se passer de mon aide. Il soupira avec un petit rictus en coin et combla les quelques pas qui nous séparaient pour venir prendre entre ses doigts mon pendentif en cristal, le tournant délicatement avant de relever ses iris sur moi.
« Crystal ? C'est ça ton prénom ? M'interrogea-t-il simplement, mais n'obtint aucune réponse de ma part. Oh mais je connais ton maître ma chère Crystal ! J'aurais d'ailleurs besoin que tu m'emmènes le voir, ajouta-t-il en regardant derrière lui pour vérifier que nous étions bien que tous les deux. »

Je fronçai légèrement les sourcils en l'entendant, n'étant pas certaine que ce qu'il disait soit véridique. Il connaissait réellement mon maître et savait que je lui appartenais ? Juste en prenant connaissance de mon prénom ?
« S'il te plaît Crystal, ton maître est le seul à pouvoir m'aider, insista-t-il de plus en plus nerveux. »

Ma voix semblait ne pas vouloir fonctionner pour lui et je continuai à le détailler de la tête aux pieds en me questionnant sur ce que je devais faire. S'il connaissait vraiment Monsieur Jeon, mon propriétaire m'en voudrait que je le laisse dans la galère. Mais si ce n'était pas le cas... Je risquais de m'attirer ses foudres en amenant un inconnu chez lui. Les voix qui s'étaient déjà fait entendre sur notre passage revinrent et sa nervosité sembla augmenter d'un cran. Il alternait son regard entre moi et la sortie de la rue, hésitant sûrement à fuir maintenant ou tenter encore de me convaincre de l'aider. Il finit tout de même par pivoter sur ses talons, mais avant qu'il ne s'en aille, je l'attrapai par la main et sortis en sa compagnie de la ruelle, l'entraînant autre part avec moi dans une marche détendue.
« Qu'est-ce que tu fais ? Me souffla-t-il tout bas.
- Vous m'avez dit vouloir rencontrer mon Maître. Je vous emmène le voir, annonçai-je pour la première fois. »

Son étrange sourire revint s'installer sur ses lèvres, tandis que la tension de ses muscles sembla soudainement disparaître, surtout lorsqu'on rentra dans un taxi pour retourner à la maison de Jungkook.

Arrivés à destination, j'entrai la première, me déchaussant et attendant qu'il fasse de même avant de lui faire signe de me suivre, tout en le surveillant tout de même du coin de l'œil. Il y avait quelque chose d'étrange chez lui... Il semblait réellement savoir où il se trouvait et même, il en avait l'air particulièrement heureux. Je me stoppai devant la porte du bureau du noiraud et frappai trois coups avant d'ouvrir en l'entendant me donner son autorisation.

Je vis mon propriétaire assis dans son fauteuil en cuir, ses lunettes noires posées sur son nez qu'il remonta en même temps qu'il relevait la tête vers moi, tout en déposant son portable sur son meuble. Mais lorsqu'il vit la personne qui se tenait derrière moi, ses sourcils se froncèrent et son regard devint plus sombre qu'il ne l'était déjà.
« Qu'est-ce que tu fous ici Taehyung ? Demanda-t-il sèchement.
- Ta très chère Doll a eu la gentillesse de m'aider, lança ce dernier en passant son bras autour de mes épaules. Mais je dois avouer que je ne pensais pas que cela serait toi son Maître ! En tout cas, j'avais l'intention de trouver un moyen pour venir chez toi, je n'ai pas eu besoin d'y réfléchir finalement. Le hasard fait si bien les choses, finit-il malicieusement.
- C'est sûr, le hasard devrait peut-être se tenir plus tranquille, grogna-t-il en se remettant sur pieds.
- Mais dis-moi, tu es grognon aujourd'hui, ricana le brun.
- T'as cru que j'allais sauter de joie en te voyant débarquer chez moi ? Faut franchement arrêter de croire au Père Noël, à ton âge ça devient désespérant, railla-t-il en retour.
- Dommage pour toi, je vais squatter quelque temps chez toi, annonça-t-il en quittant le bureau, son bras toujours autour de mes épaules pour m'emporter avec lui vers le salon.
- Quoi ?! Mais je ne t'ai pas invité chez moi ! Et lâche Crystal ! S'écria Jungkook en marchant précipitamment derrière nous. »

Je suivais sagement Taehyung qui n'écoutait pas mon Maître, jusqu'à le voir se laisser tomber sur le canapé, tapotant la place à côté pour que je m'y installe. Je me posai donc doucement sur le coussin, portant mes prunelles claires en direction du noiraud qui s'avançait vers l'autre côté du canapé en L en foudroyant du regard le brun. Je ne savais pas quelle relation ils entretenaient, mais ils ne semblaient pas réellement s'entendre... Enfin avec Monsieur Jeon ce n'était pas étonnant.
« Bon tu vas rentrer quand chez toi ? Parce que ça me fait chier que ton père m'appelle en me demandant de faire le travail de tes gardes du corps, parce que Monsieur n'en fait qu'à sa tête et se barre en ville sans prévenir. Je n'ai aucune envie de te ramener par la peau du cul. Ce n'est pas parce que tu es un prince que tu as le droit de casser les couilles à tout le monde, râla-t-il en passant ses doigts dans sa chevelure de corbeau. »

Un prince ? J'avais donc à côté de moi le prince Kim qui avait disparu ? Je n'affichai aucune réaction sur mon visage, mais pourtant j'étais profondément surprise. Je savais bien qu'il y avait quelque chose d'étrange chez lui...
« Tu ne peux pas comprendre ce que je vis, répliqua dans un soupir Taehyung. Toi, tu es libre de faire ce que tu veux, tu n'es pas obligé de cacher ton identité et tu n'es pas obligé de dire ce que tu vas faire si tu veux sortir de chez toi.
- Mais je m'en fous, tout ce que je veux c'est que tu te tiennes tranquille et que tu arrêtes tes conneries, comme ça on me fout la paix, rétorqua le noiraud sur un ton désintéressé.
- C'est vrai qu'à part ta petite personne, tu t'en balances de la vie des autres. Je te plains sincèrement Crystal d'être à son service, m'adressa-t-il la parole par la suite. Est-ce qu'il s'occupe bien de toi ? Parce qu'à part des insultes et un caractère de cochon, je suis sûr que tu n'obtiens rien de lui.
- Ne réponds rien, m'ordonna sèchement le concerné.
- Oh mais bien sûr que si elle va me répondre, laissa entendre malicieusement le brun. Je suis l'héritier du trône, donc hiérarchiquement je suis supérieur à toi et de ce fait, mes demandes surpassent les tiennes, même si cette jeune femme est ta Doll, continua-t-il avec sourire en coin. Alors ma belle, comment se comporte Jungkook avec toi, me demanda-t-il de nouveau en repassant son bras autour de mes épaules.
- Pas comme un Maître normal, répondis-je sincèrement.
- Ah bon ? Qu'est-ce qu'il fait ? S'enquit-il curieusement. »

Je portai mon attention sur le concerné qui passait sa langue à l'intérieur de sa joue, signe qu'il était réellement énervé. Mais je ne pouvais pas me taire, car comme l'avait dit l'homme au sang royal : ses ordres étaient au-dessus de ceux de mon Maître. Je me pinçai les lèvres avant de retourner mon visage en direction du jeune homme à mes côtés, sentant le regard sombre du noiraud sur mon corps, surveillant mes moindres faits et gestes.
« Il... Il me fait déroger à de nombreuses règles de Domination's scent, avouai-je en venant prendre entre mes doigts le tissu de mon jean.
- Comme quoi ? S'intéressa l'héritier.
- Il m'apprend à lire et à écrire, donnai-je comme exemple.
- Hum... Pourquoi tu fais ça ? Demanda-t-il en se tournant vers Monsieur Jeon.
- Pour te faire parler et ça marche à ce que je vois, lâcha-t-il sèchement.
- Je trouve ça étrange de ta part. Tu détestes tout le monde, alors pourquoi tu apprendrais des choses à une Doll ? Insista-t-il en ignorant sa remarque.
- Pour faire chier le monde et tu sais que j'adore ça, ironisa-t-il en retour. »

L'échange entre eux était pesant. D'un côté, Taehyung prenait tout tranquillement et répliquait sans agressivité dans la voix, ce qui était tout le contraire de mon Maître qui n'avait pas perdu de sa froideur. Tout à coup, le brun me rapprocha fortement de lui, me prenant au dépourvu. Je perdis l'équilibre et tombai sur son torse, mais il me rattrapa en passant son bras autour de ma taille avant de planter un baiser sur ma joue. Mon cœur fit un bon dans ma poitrine et mon regard se porta automatiquement sur mon propriétaire pour voir sa réaction.
« Je ne rigole plus Taehyung, lâche-la maintenant, grinça des dents Jungkook en se levant.
- Pourquoi ? Tu as peur que je te la vole ? Ricana-t-il.
- Non, je n'aime pas qu'on touche à mes affaires. Je ne prête pas. Lâche-la tout de suite avant que je ne te foute mon poing dans la gueule.
- Une menace ? Je te trouve en mauvaise position pour me menacer. J'ai appris que tu avais eu une visite de courtoisie récemment... Je ne pense pas que mon père apprécierait d'apprendre que tu as fait quelque chose sans son accord, lança sérieusement Kim.
- Quoi ? Tu as envie de lui dire ? Pouffa-t-il soudainement. Mais fais-toi plaisir mon vieux ! Je m'en contrefous de ce qu'il pourra me dire. Mon travail est indiscutable et ma vie personnelle ne concerne que moi, donc ton père n'a rien à me dire même s'il est le roi, finit-il sombrement.
- Tu parles comme si tu étais au-dessus de tout le monde, souffla-t-il d'agacement en roulant des yeux.
- Mais je le suis. Si j'en avais l'envie, je pourrai tous vous faire tomber, et ce sans effort. Je suis supérieur à vous, mettez-vous ça dans la tête, et soyez heureux que je sois de votre côté...
- Tu es vraiment le pire des Jeon... grinça-t-il des dents en se détachant enfin de moi.
- Merci du compliment, laissa-t-il entendre sarcastiquement.
- Par contre Jungkook, ne fais pas l'erreur de penser que tu ne peux pas tomber. Un jour tu te confronteras à plus fort que toi, sois-en certain, le prévint le prince sérieusement.
- Ce jour n'est pas prêt d'arriver, ricana-t-il froidement avant de tourner la tête vers la porte d'entrée lorsque nous entendîmes quelqu'un frapper à cette dernière. C'est ouvert ! »

Suite à ces mots, trois hommes entrèrent dans la demeure, tandis que l'héritier se relevait d'un bond avant de foudroyer du regard mon propriétaire.
« Prince Kim, nous allons vous ramener chez vous, déclara l'un des hommes, sûrement un de ses gardes du corps. Merci de nous avoir prévenus Monsieur Jeon, ajouta-t-il poliment à mon Maître.
- Tout le plaisir était pour moi, répondit simplement en soutenant le regard de l'héritier.
- Comment tu as pu les prévenir aussi vite, râla Taehyung.
- Ça va faire plus d'une heure que je les ai prévenus, avant même que tu arrives. Tu penses vraiment que c'était un hasard si Crystal se trouvait en ville au même moment que toi, proche de ta localisation ? Ne sois pas aussi naïf, finit-il sur un ton amusé. Je sais tout de toi et je peux prévoir à l'avance ce que tu vas faire. »

Il se rapprocha de lui pour venir chuchoter quelque chose à son oreille, que je pus entendre du fait du peu de distance entre nous trois.
« Et c'est pour cela que je suis toujours au-dessus, murmura-t-il sadiquement. Bon, débarrassez-moi de lui et la prochaine fois, mettez-lui un collier GPS si vous le perdez à nouveau, dit-il en balayant l'air de la main. »

Les trois hommes emmenèrent l'héritier en dehors de la maison, mais avant de la quitter définitivement, je croisai son regard et il me lança de nouveau son sourire étrangement rectangulaire accompagné d'un clin d'œil qui n'échappa pas à mon Maître, qui vint soudainement poser son bras sur mes épaules comme l'avait fait auparavant le brun. Une fois tous les deux, il s'écarta de moi avant de pivoter sur ses talons et monter l'escalier aux marches d'ivoire, afin de rentrer dans sa chambre, moi le suivant inconsciemment.

Je le trouvai alors dans la pièce, en train de retirer le tee-shirt blanc qu'il avait enfilé dans la matinée et alla s'asseoir sur le bord de son lit, avant de prendre quelque chose de petite taille sur sa table de nuit que je reconnus étant cette photo qu'il emportait toujours avec lui. Je vins m'installer doucement à côté de lui sans rien dire, observant moi aussi cette femme magnifique dessinée en noir et blanc sur l'image.
« Monsieur Jeon ? Osai-je l'appeler en le trouvant silencieux. »

Il se tourna légèrement vers moi et ce que je vis me bouleversa complètement lorsque je rencontrai son regard étrangement vide. Je ne l'avais jamais vu comme ça, sans sa froideur habituelle ou bien cette lueur d'amusement... Non... Il semblait juste fatigué, comme épuisé par ce qu'il venait de se passer.
« Il y a une seule chose que je pourrais vous envier les Dolls... C'est que vous ne vous attachez jamais aux autres... Vous ne faites pas la même erreur que moi... soupira-t-il en regardant de nouveau la photo. »

Cette fatigue en lui laissait entrevoir ce qu'il n'avait jamais voulu qu'on puisse voir en lui : qu'il était complètement dévasté par une chose dont je ne connaissais pas encore la nature. Sans réfléchir, je déposai délicatement mes mains sur les siennes qui tenaient l'image et les caressai doucement de mes pouces.
« Monsieur Jeon... N'enviez pas une chose qui nous différencie de vous. Pouvoir aimer est une chance et c'est ce qui fait de vous des humains, dis-je sans savoir pourquoi je disais cela. Qui est réellement cette femme Monsieur Jeon, pour que vous la regardiez avec autant de peine ? »

Je savais que je ne devais pas lui poser la question et que j'allais sûrement me prendre un soufflon, mais je voulais tout de même lui offrir la possibilité de se confier. Parfois, dire ce qu'on a sur le cœur permettait de se sentir mieux, être en paix avec soi-même et nous les poupées, nous étions de bonnes oreilles et de vrais coffres forts à secrets. Je me pinçai les lèvres au fur et à mesure que les minutes de silence s'écoulaient et j'allais lâcher ses mains lorsqu'il reprit la parole :
« C'était ma mère, laissa-t-il entendre tout bas, sans me regarder.
- C'était ? Elle...
- Oui, me coupa-t-il en sachant ce que j'allais lui demander. N'aime personne Crystal, parce que la vie ne fait jamais de cadeau aux gens heureux, finit-il sérieusement, une lueur de colère nouvellement allumée dans son regard. »

~ Domination's scent - Éclosion ~ 

Chapitre 16 posté ! 

Franchement, j'arrive à tenir le rythme d'un chapitre par semaine et cela me surprend moi-même ! Ça va être moins drôle lorsque les cours de la fac reprendront haha ... 

Au départ, je n'avais pas prévu de faire un chapitre aussi long mais j'ai décidé de rajouter quelques petites choses comme des passages humoristiques car je trouve qu'on ne rigole pas beaucoup dans cette histoire. Il est compliqué pour moi d'en écrire car c'est tout de même un sujet sérieux mais je pense qu'un peu d'humour de certains personnages peut alléger tout cela. 

Bon, je ne dis pas que je suis drôle et franchement, je ne suis pas certaine de vous avoir fait rire à certains moments... Mais bon, si ce n'est pas drôle, je vais essayer de m'améliorer haha ! 

- Nous avons eu un rêve plutôt étrange que vous allez devoir analyser. Rêve ou réalité ? 

- Taehyung est dans la place ! Qui s'était douté que c'était le prince héritier ? Que pensez-vous de sa première apparition ? De son comportement ? De lui ? 

- Crystal se libère un peu plus, ressent plus de choses "interdites" et ce n'est que le commencement ! 

- Jungkook démontre encore une fois qu'il est un fin stratège et qu'il contrôle tout. Mais est-ce que cet air froid qu'il garde toujours serait son vrai visage ? 

- Vous savez enfin qui est sur la photo ! Je suis certaine que certains avaient fait l'hypothèse que c'était sa mère et ce n'est que le commencement d'une révélation sur ce mystère. À vous de continuer à faire vos hypothèses hehehe ! 

Pour le prochain chapitre, si je m'en tiens à mes notes, sera d'une grande importance donc préparez-vous à bien prendre en note les moindres détails !