Chapitre 28

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3 novembre 2020
63 jours


« Cherche « A ». Crystal, il faut que tu le trouves. »

« « A », trouve « A ». »

« Il est notre espoir, trouve « A ». »

« Fais-le pour nous, cherche « A ». »

« TROUVE-LE ! »

Je me réveillai en sursaut, le cœur battant, le corps en sueur, effrayée par les voix dans mon rêve. Je passais une main lentement sur mon visage, la faisant glisser sur mon buste avant d'agripper la couverture remontée sur mon ventre. J'étais encore bouleversée par ce rêve... Ce qui m'avait le plus marqué, c'était que j'avais reconnu le timbre de voix de Saphir. Et pourtant, jamais elle ne m'avait dit ces mots.

Alors que je m'apprêtais à me tourner pour regarder l'heure affichée sur le réveil de Monsieur Jeon, la porte s'ouvrit en fracas laissant mon Maître apparaître sur le seuil.
« J'ai bien cru que tu n'allais jamais terminer ta sieste, dit-il simplement en entrant dans sa salle de bain. »

Je ne disais rien et le regardais simplement passer devant moi en me remettant sur le dos. C'était rare que je fasse une sieste, mais cette fois-ci, j'en avais ressenti le besoin. Cela faisait maintenant un peu plus de deux mois que j'étais au service du noiraud et j'avais pu me rendre compte d'une chose : contrôler ses émotions était épuisant. Je comprenais maintenant pourquoi Monsieur Kerberton nous avait éduquées pour qu'on ne les connaisse pas... Il y avait des jours durant lesquels j'appréciais les ressentir, mais parfois, c'était bien le contraire et c'était souvent lorsque la fatigue me prenait. Pas la petite fatigue, mais celle qui m'empêchait de faire mes tâches et qui me clouait au lit.

Alors que je souffrais souvent de ce trop-plein d'émotions, Monsieur Jeon au contraire en semblait ravi. Il ne le montrait pas particulièrement, mais il ne faisait pas ses remarques froides et autoritaires lorsque, par exemple, je ressentais trop fortement l'énervement. Sans arrêt, un sourire en coin se dessinait sur ses lèvres et il passait à côté de moi en me tapotant le dessus du crâne, ce qui avait le don de calmer tous mes surplus émotifs.

L'homme de la maison ressortit de la pièce d'eau, torse-nu et une brosse à dents en bouche, pour s'arrêter devant le lit, les sourcils froncés.
« T'attends quoi ? On va être en retard... Articula-t-il en essayant de ne pas cracher sa salive mêlée au dentifrice.
- En retard pour quoi ? Fis-je en me redressant sur mes coudes.
- Je t'ai dit que je t'emmenais avec moi en voyage d'affaires, grogna-t-il en retournant dans la salle de bain. »

J'avais oublié le voyage d'affaires de Jungkook. Il m'en avait parlé rapidement la veille, alors que j'étais sur le point de m'endormir, précisant qu'il devait se rendre dans un pays dont le nom ressemblait à Panemagne ? Mallemane ? Quelque chose comme ça, et qu'il voulait que cette fois-ci je l'accompagne. Je m'en voulais de ne pas m'en être souvenue et d'être allée faire une sieste, trop longue de plus. Je repoussai rapidement la couverture pour sauter du lit et ouvrir le dressing du noiraud, afin de récupérer la valise en hauteur. Sur la pointe des pieds, je tendais les bras bien en l'air, en assurant ma prise sur le bagage, mais mon Maître arriva dans mon dos et l'attrapa à ma place.
« Je m'en occupe, va préparer la tienne, dit-il en retournant dans sa chambre. »

J'acquiesçai en silence et partis me préparer dans ma propre pièce personnelle. Je ne savais pas réellement ce que je devais emmener pour pouvoir l'accompagner, puisque je n'avais jamais eu l'occasion de quitter le pays. Il fallait dire que l'idée ne m'avait jamais effleuré l'esprit, puisqu'à Domination's scent, je n'avais jamais appris l'existence d'un autre monde autour de nous... Alors que j'étais figée devant mon armoire, les sourcils froncés de réflexion, j'entendis la porte de ma chambre dans mon dos ainsi que des pas rapides qui allèrent dans ma salle de bain. Du coin de l'œil, je reconnus la silhouette du noiraud qui revint rapidement de la pièce d'eau avec ma trousse à maquillage en mains.
« Tu penses être capable de refaire le maquillage que Katty a fait pour cacher ton tatouage ? M'interrogea-t-il en lançant l'objet.
- Oui, je me souviens parfaitement comment elle s'y est prise. Mais pourquoi donc ? Demandai-je en retour en réceptionnant la trousse.
- Tu penses vraiment qu'une Doll peut sortir du pays ? Soupira-t-il en s'adossant contre le cadre de la porte de la salle de bain.
- Je veux bien cacher mon tatouage mais il reste un problème. Je n'ai pas de papiers d'identité, soulevai-je simplement.
- Tu n'as rien ? Pas même une carte d'identité ? Répliqua-t-il en fronçant les sourcils.
- Une Doll n'a pas besoin d'être identifiée, tout est marqué sur son corps, répondis-je en prenant en main la chaîne de mon pendentif en cristal et en tirant le col de mon tee-shirt afin de découvrir ma clavicule gauche tatouée. »

Je l'entendis soupirer tout en pinçant l'arête de son nez. Il passa vivement sa langue sur ses lèvres, dans un geste agacé, avant de quitter promptement ma chambre. Je le suivis du regard, jusqu'à ce qu'il disparaisse de mon champ de vision. Je ne pris pas l'initiative de le suivre, mais me contentai de terminer ma valise avant de m'attaquer à ma mission : faire disparaître naturellement ma marque gravée à l'encre noire. Ses pas se firent de nouveau entendre dans mon dos et son reflet apparut aussitôt dans le miroir.
« Problème réglé, annonça-t-il en levant légèrement sa main qui tenait une carte avant de me la tendre. »

Je la pris délicatement entre mes doigts pour l'observer minutieusement. Je découvris avec surprise ma photo dessus, ce qui me fit lever vivement la tête vers lui.
« C'est une fausse. Comment avez-vous pu vous en procurer une aussi rapidement ? Le questionnai-je à la fois surprise et déconcertée.
- Tu crois vraiment que je n'ai pas les moyens de me faire de fausses cartes d'identité ? Ricana-t-il avec une certaine fierté dans la voix.
- Je n'en doute pas une seconde là-dessus, mais... J'ai appris comment fonctionnait ce système de carte d'identité. Tout est informatisé. Une fois qu'ils l'auront scannée, ils sauront que c'est une fausse, même si elle a l'air parfaitement authentique, expliquai-je mon point de vue.
- Ne t'inquiète pas pour ça. Tu ne te présenteras pas sous le nom de Crystal, mais celui de la fille à qui appartient cette identité, soupira-t-il.
- Et l'empreinte digitale enregistrée à ce nom ?
- Déjà remplacée. Ne me regarde pas comme ça, tu touches à tout dans la maison, ce n'est pas compliqué de trouver ton empreinte et de l'informatiser, ajouta-t-il rapidement en voyant l'expression choquée peinte sur mon visage.
- Et la photo d'identité informatique ? Continuai-je.
- Remplacée aussi. Crystal, je crois que tu doutes un peu trop de mes capacités, souffla-t-il, laissant bien comprendre que cette discussion l'agaçait. Termine de cacher ça et retrouve-moi dans l'entrée, on va être en retard, grogna-t-il en quittant une énième fois ma chambre. »

Je m'exécutai aussitôt, tâchant de terminer au plus vite mon maquillage et de m'habiller dans un style bien plus élégant que ce que je portais dans la maison. J'attrapai la carte d'identité que j'avais laissée posée sur le bord de l'évier, la retournant une fois pour en regarder le dos puis la remettant face à moi, laissant mes prunelles cristallines parcourir le nouveau nom que j'allais porter l'espace de quelque temps : Amélia Jeon. Qui était cette Amélia Jeon ? Pourquoi existait-elle et possédait le nom de famille de mon Maître ? Monsieur Jeon n'avait pas de sœur, alors cela ne pouvait pas être cette hypothèse... Serait-ce la compagne de Nolan, son grand frère ? Non, ça serait injuste de faire prendre un risque à sa belle-sœur... Enfin... Connaissant mon Maître, ça ne le gênerait pas de faire ça tant que ça le servait.

Je secouai doucement la tête avant de quitter ma chambre pour aller le retrouver dans l'entrée. Je me chaussai rapidement sous son regard impatient et le suivis par la suite dans la voiture, me pinçant les lèvres lorsque le coffre claqua après qu'il ait mis dedans nos bagages. Sans rien dire, sans même mettre la radio, il alluma le moteur et s'engagea peu de temps après sur la route en direction de l'aéroport.
« Tu ne dis rien, tu ne t'écartes pas de moi. Si on te pose la question du lien entre nous, tu réponds simplement que tu es mon épouse. On est d'accord ? Prit-il la parole sans décrocher son regard du pare-brise.
- Oui. »

Le trajet se fit dans un silence pesant durant lequel la tension et le stress étaient palpables. Et bien sûr, alors qu'il laissait parfaitement entrevoir son calme, c'était moi seule qui me torturais les doigts de nervosité. Jamais je n'avais autant eu l'impression que j'étais en train de commettre la plus grande de mes erreurs.

« Comment ça elle ne peut pas prendre l'avion ?! S'exclama le noiraud en frappant du plat de sa paume le comptoir de l'homme qui lui tendait un billet, la main tremblante.
- Je suis désolé Monsieur, mais... mais c'est le règlement... Aucune femme ne peut quitter le pays, bégaya-t-il en retour.
- Je m'en contrefous de ce règlement ! Vous savez à qui vous parlez j'espère ! On ne m'a jamais rien refusé et ce n'est pas aujourd'hui que ça va arriver. Donc donnez-moi le foutu billet de mon épouse !
- Je suis vraiment désolé Monsieur Jeon mais il m'est impossible de faire ça... Le roi a été clair sur l'interdiction de voyage des femmes libres.
- Je ... »

Mon Maître s'apprêtait à incendier cet employé, mais j'intervins en posant doucement ma main sur son bras, attirant soudainement son attention enflammée sur moi.
« Tout le monde nous regarde et vous prend en vidéo. On risque de parler de vous dans les journaux, dis-je tout bas.
- Qu'ils parlent de moi, de toute manière, ils n'ont aucun scoop intéressant sans moi, grogna-t-il.
- Monsieur Jeon, ça ne sert à rien de faire toute une scène pour ça. Même votre influence ne sera pas plus forte que celle du roi, le raisonnai-je sérieusement. Je vais rentrer à la maison. »

Il soupira en passant vivement sa main dans sa chevelure corbeau avant de se tourner vers l'homme et d'arracher le pauvre billet qu'il tenait fébrilement entre ses doigts. Il me refit face et attrapa sèchement ma main pour m'emmener à l'abri des regards, s'arrêtant finalement dans un coin avant de prendre son téléphone tout en me faisant baisser la tête, disant qu'il ne fallait pas trop que mon visage soit vu en sa compagnie. J'ouvris la bouche pour lui demander ce qu'il comptait faire avec son portable mais il me fit signe de me taire, avant de porter le cellulaire à son oreille, sûrement en train de contacter quelqu'un.
« Jimin, j'ai absolument besoin de toi et maintenant. Non je ne suis pas encore parti, je suis bloqué à l'aéroport avec Crystal. Ouais... Viens la chercher. Oui maintenant, je n'ai pas l'intention de rater l'avion, grogna-t-il en s'adossant contre le mur. »

Pourquoi appelait-il Monsieur Park pour venir me chercher ? J'étais tout à fait capable de rentrer par moi-même, en appelant un taxi...
« Jimin, tu habites à vingt minutes de l'aéroport, je t'en donne dix pour arriver, continua-t-il plus froidement. Je m'en contrefous que tu n'aies plus beaucoup de points sur ton permis ! Je paierai tes amendes et je demanderai à ce qu'on te redonne tes points... Dépêche-toi maintenant, termina-t-il avant de me faire face après avoir raccroché.
- Pourquoi dérangez-vous Monsieur Park ? Je peux rentrer toute seule, dis-je en croisant les bras dans mon dos.
- Je ne te laisse plus seule à la maison. Pas après ce qui t'est arrivé, répliqua-t-il en fronçant les sourcils. Alors Jimin restera avec toi durant mon voyage d'affaires, annonça-t-il en commençant déjà à chercher la silhouette de son ami parmi la foule.
- Je sais me défendre Monsieur Jeon.
- J'ai bien vu ça quand je t'ai retrouvée au fond de la piscine, rétorqua-t-il sans même me regarder. »

J'accusai le coup en me pinçant les lèvres et en portant mon regard sur mes chaussures que je trouvais soudainement bien plus intéressantes. J'avais honte d'être devenue inutile, voire même d'être un poids pour mon Maître... Mon rôle était à la fois de le satisfaire mais aussi de le protéger. Mais si je ne pouvais pas me protéger moi-même, j'étais alors un échec. Perdue dans mes pensées noires, je ne vis pas le temps passer. Ce ne fut que lorsque je perçus la voix de Monsieur Park que je me rendis compte qu'une bonne dizaine de minutes s'étaient déjà écoulées.
« Douze minutes Park ! Lança le noiraud en montrant sa montre.
- Excuse-moi, il y avait du monde sur la route, grogna son ami en retour. Bon, on rentre Crystal ? Me demanda-t-il avec un grand sourire tout en me tendant la main. »

Je m'apprêtai à faire un pas vers lui, mais je fus coupée dans mon élan par l'intervention de mon Maître qui attrapa le poignet du blond, qui leva alors ses prunelles noisette pour qu'elles rencontrent les orbes sombres de son cadet.
« Interdiction de la toucher durant mon absence, fit froidement le directeur de Jeon's Industrie.
- Message reçu cinq sur cinq, répondit Jimin avec un clin d'œil. Bon, va prendre ton vol, je la ramène chez toi, ajouta-t-il en croisant les bras dans une position d'attente. »

Monsieur Jeon pris ma main et m'écarta une nouvelle fois de son aîné pour venir se pencher vers mon oreille, souhaitant certainement que je sois la seule à entendre ses mots.
« S'il essaye un quelconque rapprochement physique, tu le repousses, murmura-t-il.
- Ne vous inquiétez pas pour moi, Monsieur Park ne tentera rien, assurai-je en écartant nos visages pour qu'il puisse fixer mon regard. Faîtes attention à vous, terminai-je en me mettant sur la pointe des pieds afin de remettre un peu d'ordre au niveau des mèches sur son front. »

Il se laissa faire, parcourant mon visage de ses iris noirs avant d'attraper mon menton délicatement entre ses doigts et de déposer un rapide baiser sur ma joue. La seconde d'après, il avait repris sa mallette de travail et se dirigeait dans une direction précise qui menait sûrement à son avion, du moins je le supposais. Mes yeux ne le quittaient pas tant qu'il n'avait pas disparu de mon champ de vision, puis je me tournai vers Monsieur Park qui avait récupéré ma valise. D'un signe de tête, il me demanda de le suivre et je m'exécutai.

Cela ne me plaisait pas d'être séparée de mon Maître, mais je n'avais pas le choix.

Nous montâmes dans la voiture du blond et il prit aussitôt la route pour retourner à la demeure de Monsieur Jeon.
« Comment t'es-tu retrouvée là-bas ? Me questionna-t-il soudainement, restant concentré sur le feu rouge qui nous avait mis à l'arrêt.
- Monsieur Jeon voulait que je l'accompagne durant son voyage d'affaires en Pallemane, répondis-je en triturant la ceinture de sécurité.
- Allemagne pas Pallemane, rigola-t-il. Ça m'étonne qu'il ait voulu que tu l'accompagnes, il sait très bien que les femmes ne peuvent quitter le pays, ajouta-t-il pensivement.
- Il pensait sûrement que son statut l'aiderait à me faire passer...
- Je veux bien te croire là-dessus mais la famille Jeon a participé à la création de cette loi. Il serait mal vu que l'un d'eux déroge à la règle, dit-il plus sombrement. De plus, comment pensait-il pouvoir te faire passer sans carte d'identité ?
- Il m'en a donné une fausse. Je devais m'appeler Amélia Jeon, avouai-je en observant sa réaction qui fut surprenante. »

Les traits de son visage se tendirent d'un coup à l'entente du nom que je venais de prononcer. Ne pouvant pas détourner son regard de la route, il se mit à tapoter nerveusement le volant de ses doigts avant de prendre finalement la parole.
« Je ne sais pas par quelle sorcellerie tu t'y es prise mais je ne reconnais pas Jungkook là, marmonna-t-il avant de se taire le reste du trajet. »

Pourquoi ces mots ? Pourquoi ce nom semblait à la fois le bouleverser et le travailler ? Je n'osais pas le questionner maintenant mais je savais qu'une fois arriver à la maison, j'allais le cuisiner pour qu'il réponde à toutes mes interrogations. La curiosité me rongeait de l'intérieur et je ne pouvais la freiner, surtout lorsque j'avais enfin la possibilité d'élucider les mystères autour de mon Maître. Il se gara devant la porte d'entrée et sortit tout de suite de la voiture, pour récupérer ma valise et venir rapidement m'ouvrir la portière.
« Mademoiselle Crystal, bon retour chez vous, fit-il avec un sourire tout en me tendant sa main libre.
- Merci, articulai-je en attrapant sa paume délicatement. »

Il referma le battant après que je sois sortie, puis ensemble, nous entrâmes dans la grande villa. Je me déchaussai silencieusement avant de m'apprêter à me diriger vers la cuisine pour nous préparer le repas de ce soir, mais le blond m'attrapa le poignet pour me retourner doucement.
« Jungkook n'est pas là, tu n'as pas besoin de faire les corvées, déclara-t-il gentiment. On pourrait se poser et boire un verre ! Proposa-t-il avec enthousiasme.
- Je suis désolée mais je ne bois pas d'alcool, refusai-je poliment en m'inclinant.
- Pourtant Jungkook m'a raconté que tu en avais déjà bu, insista-t-il en se rapprochant du bar de mon Maître.
- Effectivement, mais je ne supporte pas du tout les boissons alcoolisées, avouai-je avec une légère grimace.
- Et si je te proposais un bon cocktail très peu alcoolisé ? Tenta-t-il en se tournant vers moi, un verre en cristal dans sa main et un sourire en coin dessiné sur ses badigoinces. »

Je fus prise d'hésitation. Je n'avais pas envie de ne pas me souvenir de la soirée, comme cela s'était passé la première et seule fois que j'avais bu, chez Monsieur Manfrin. Mais en même temps, le sourire de Monsieur Park me rassurait et me donnait même envie de partager un verre avec lui. Est-ce que j'en avais le droit en l'absence de mon Maître ? Voyant que le blond attendait une réponse de ma part, je ne réfléchis plus et finis par acquiescer dans un hochement de tête. Son visage s'illumina en voyant mon accord et il entreprit tout de suite de me faire ce fameux cocktail, tandis que je m'asseyais patiemment sur le canapé. Il vint se placer à côté de moi et me tendit le récipient que je pris doucement entre mes doigts. D'un geste de la main, il me fit signe de prendre une gorgée et je m'exécutai la seconde suivante. Mes lèvres trempèrent dans le liquide orangé-rosé avant de laisser ma langue goûter les différentes saveurs. J'écarquillai les yeux tout en me redressant d'un coup, surprise par le goût sucré et agréable de la boisson.
« C'est délicieux ! M'exclamai-je en reprenant une gorgée.
- Ça me fait plaisir de l'entendre ! Tchin ! À nos vacances sans Grincheux, plaisanta-t-il en présentant son verre face au mien. »

Un léger rire se fait entendre malgré moi, tandis que je faisais résonner dans un son clair le cristal de mon récipient avec le sien.
« Hoseok n'avait pas tort, tu as vraiment changé, lança-t-il en plaçant son bras sur le dessus du canapé.
- Vous trouvez ? Demandai-je surprise par sa remarque.
- Tu sembles plus détendue. Tu ris, ce que tu ne faisais pas avant. Tu as l'air d'une tout autre Crystal. On pourrait même croire que tu n'es pas une Doll ! Termina-t-il sur un ton enjoué.
- Vous trouvez que je n'ai pas l'air d'une Doll ? Répétai-je effrayée.
- Oui, mais c'est une bonne chose je te rassure ! Se précipita-t-il à dire. Je te préfère ainsi, pour être tout à fait sincère. Et je pense que c'est aussi le cas pour Jungkook.
- Heureusement que Monsieur Jeon m'apprécie plus ainsi. Il est tout de même responsable de ce changement, dis-je avant de porter le rebord de mon verre à mes lèvres. »

Ma remarque fit rire le jeune homme. Je n'avais jamais côtoyé seule Monsieur Park et je devais dire que sa compagnie était plaisante : l'atmosphère était légère et il ne me semblait pas être difficile à comprendre, tant il vivait la vie sans prise de tête. Nous discutâmes ensemble de choses futiles comme "qu'est-ce que je faisais lorsque mon Maître me laissait seule à la maison.", "notre plat préféré", "De sport", "de mon éducation de Doll" mais soudainement, il se leva, déclarant qu'il allait commander des pizzas pour ce soir. Je restais alors assise sur le canapé, mon verre vide posé sur la table basse, les joues brûlantes sous l'effet de l'alcool qui fort heureusement ne m'avait pas embrumé l'esprit cette fois-ci : comme l'avait assuré Jimin, il ne m'avait pas préparé une boisson fortement alcoolisée.

Alors que je l'observais au téléphone, à quelques mètres de moi, je me rappelais qu'il fallait que je l'interroge à propos du noiraud. J'étais décidée à le faire maintenant. Lorsqu'il raccrocha et qu'il vint se placer de nouveau à côté de moi, un sourire aux lèvres, je pris la parole :
« Qui est Amélia Jeon ? Demandai-je, le faisant écarquiller les yeux de surprise. Vous avez semblé surpris dans la voiture lorsque j'avais prononcé son nom. De plus, Monsieur Jeon m'a dit que cette personne existait réellement ... Est-ce que vous savez qui elle est vraiment ? »

Je le vis se retenir de justesse de détourner son regard du mien, forçant son sourire à rester gravé sur ses badigoinces, mais ses yeux le trahissaient : ils reflétaient sa surprise et sa nervosité.
« Pourquoi ça t'intéresse tant ? Répliqua-t-il en retour en plaçant ses bras sur le dossier du canapé, dans une attitude faussement détendue.
- Je suis tout simplement curieuse. Cette personne porte le nom de mon Maître et pourtant, je ne sais pas qui elle est, malgré les certaines informations que je possède, expliquai-je sincèrement.
- C'est bien la première fois que j'entends une Doll parler de curiosité, plaisanta-t-il avec une grimace.
- Pourquoi semblez-vous ne pas vouloir me répondre ? Dis-je en ignorant sa remarque, penchant légèrement la tête sur le côté en fronçant les sourcils.
- Rien ne vous échappe, soupira-t-il en laissant librement transparaître sa gêne. C'est tout simplement parce que je ne pense pas que Jungkook veuille que j'en parle.
- Pourquoi donc ?
- Tu sais très bien que Jungkook aime avoir ses secrets et qu'il ne veut pas que les autres sachent trop de choses sur lui, laissa-t-il entendre en levant son visage vers le plafond.
- Je suis sa Doll. La seule personne qui ne risque jamais de trahir ses secrets, assurai-je avec sérieux. Seulement, à trop garder ses mystères pour lui sans me les partager, je ne suis pas capable de le protéger comme il se doit... »

Il garda le silence tout en abaissant son visage pour m'observer. Il fit claquer sa langue contre son palais, signe qu'il n'appréciait pas réellement ce qui allait se passer, puis prit finalement la parole :
« Amélia Jeon... existe sur le papier, mais... mais elle n'est plus de ce monde.
- Comment est-ce possible ? Qui est-elle réellement ? Fis-je en ne comprenant pas où il voulait en venir.
- Amélia Jeon, c'est la mère de Jungkook, déclara-t-il en se tournant entièrement vers moi. »

Mon cœur rata un battement face à cette révélation. Comment était-il possible ? Comment la mère de Monsieur Jeon puisse être encore considérée en vie ? De plus, que faisait-il avec sa carte d'identité ? Pourquoi osait-il s'en servir ?
« Je vois que tu es en train de te triturer les méninges, donc je vais t'expliquer un peu la situation, soupira-t-il en remontant les mèches blondes qui lui tombaient devant les yeux. À la mort d'Amélia, le père de Jungkook a refusé qu'on la déclare décédée et a gardé sa carte d'identité, prétextant qu'un jour, peut-être qu'il pourrait l'utiliser en cas de besoin. Lorsque Jungkook a reçu la direction de Jeon 's Industrie, il a volé cette carte. Il m'a toujours dit que "ce connard n'avait pas le droit de l'avoir, que c'était ne pas respecter sa mère de se servir de son nom pour son propre profit". Depuis qu'il la garde, il ne s'en est jamais servi... C'est pour cela que ça m'a surpris quand tu m'as dit qu'il te l'avait donnée, termina-t-il dans un long soupir.
- Mais pourquoi ne change-t-il pas son statut en "décédée" ? Demandai-je ce qui le fit grimacer.
- Je ne sais pas. Sûrement parce que ça serait enterrer deux fois sa mère, articula-t-il avec une pointe de tristesse. Tu sais, Amélia était une femme incroyable et une mère d'une grande bonté... Sa disparition a beaucoup marqué Jungkook, même s'il ne le montre pas tellement, ajouta-t-il avant de se pencher en avant pour attraper son verre d'alcool qu'il porta à ses lèvres par la suite. »

Non, je le savais pertinemment qu'il avait été détruit par la mort de sa mère, le fait qu'il en garde toujours sa photo avec lui pouvait en témoigner. Cependant, j'étais tout de même surprise qu'il garde cette carte d'identité "à jour". Est-ce qu'il s'en servait pour son entreprise ? D'ailleurs... Est-ce que Monsieur Park savait exactement ce que faisait Jungkook dans son entreprise ? Savait-il le lien entre lui et Monsieur Kerberton ? Il fallait que je lui demande.
« Savez-vous pourquoi Monsieur Jeon a reçu la direction de Jeon's Industrie alors que son père n'est pas mort ? Commençai-je en douceur pour vérifier s'il était ouvert à la discussion.
- De ce que j'ai compris, son père avait besoin de déléguer l'entreprise pour pouvoir continuer son travail, dit-il en haussant les épaules.
- Mais pourquoi Monsieur Jeon et pas Monsieur Nolan Jeon, son grand frère ? Fis-je surprise.
- Ah, ça c'est parce que le roi a voulu que Nolan reste près de lui, répondit-il avec sérieux.
- Le roi ? La famille Jeon est-elle réellement proche du roi ?
- Plus que tu ne le crois. Depuis des siècles, d'aussi loin qu'existe la monarchie, la famille Jeon est liée à la famille royale. Et tu sais, même Kerberton l'est par le biais de Salvador, le père de Jungkook, expliqua-t-il avant de prendre une autre gorgée de sa boisson alcoolisée. »

Jimin était bien bavard et son cocktail devait sûrement participer à ce que sa langue se délie d'elle-même. Ne voulant pas perdre cette occasion d'en apprendre plus sur mon Maître, je me levai pour lui préparer à nouveau une boisson et la lui tendis rapidement par la suite, attendant qu'il l'entame. Il sembla surpris de la saveur et reprit une autre gorgée avec envie, ce qui m'arrangeait grandement. J'étais douée avec le bar et l'alcool. J'avais parfaitement bien été instruite pour préparer des verres d'alcool avec un goût quasi parfait. J'attendis que le liquide fasse bien plus d'effet pour être certaine qu'il répondrait à toutes mes questions, et ce fut que lorsqu'il se remit à sourire que je repris mon interrogatoire.
« En quoi la famille Jeon est liée à la famille royale ? Posai-je calmement ma question.
- Je ne sais pas si j'ai le droit d'en parler... C'est un grand secret, grimaça-t-il.
- Je serai muette comme une tombe Monsieur Park, assurai-je sans aucun mensonge.
- Je te fais confiance Crystal, tu es une Doll, accorda-t-il en tapotant mon épaule. Et bien, la famille Jeon est ce qu'on peut appeler "Les effaceurs du roi", déclara-t-il presque avec fierté.
- Les effaceurs du roi ? Répétai-je en arquant un sourcil. En quoi cela consiste-t-il ?
- Ils effacent les problèmes du royaume. Tu n'as toujours pas compris ? Et bien, pour faire simple... Une personne cause problème au roi, les effaceurs s'occupent de son cas et le font disparaître. »

Mon cœur manqua de s'arrêter en entendant cela. Monsieur Jeon était un assassin au service du roi ? Le blond se mit soudainement à rire, sûrement en voyant mon air hébété.
« Surprenant, n'est-ce pas ? Rigola-t-il en s'adossant plus confortablement au dossier du canapé.
- Monsieur Jeon a-t-il déjà tué pour le roi ? Demandai-je en craignant la réponse.
- A-t-il déjà tué ? Répéta-t-il en explosant de rire. Crois-moi Crystal, je pense qu'il est de tous les Jeon celui qui a plus de sang sur les mains, laissa-t-il entendre avec un sourire en coin. Et même, ce n'était pas toujours des ordres venant du roi, mais juste des caprices personnels, ajouta-t-il en reportant le bord de son verre à ses lèvres. »

Ne pouvant plus rester assise, je me levai d'un bond avant de commencer à faire les cent pas, mutilant ma lèvre inférieure de mes dents. J'étais plus que stupéfaite d'apprendre que mon propriétaire avait tué, mais surtout qu'il avait tué à des fins personnelles... Je comprenais mieux cette fois quand il est parti rendre visite à Blaise Carter, appelant ceci une petite visite de courtoisie et qu'il est rentré avec du sang sur les manches de sa chemise. Est-ce que tous les hommes que la police avait retrouvés morts étaient des ennemis de Monsieur Jeon ? Je me tournai vers Monsieur Park qui m'observait en silence, les joues rosies par l'alcool et qui sûrement attendait que je parle à nouveau.

Il me restait une question. La plus importante de toute et surtout, celle dont la réponse m'effrayait avant même qu'elle ne soit énoncée. Mais il fallait que je sache...
« Monsieur Park ? L'appelai-je, la voix tremblante.
- Hum ?
- Savez-vous... Savez-vous quel est le lien entre Jeon's Industrie et Domination's scent ? Le questionnai-je en serrant les poings de nervosité.
- Crystal, soupira-t-il. Je pense que pour toi, il vaudrait mieux que tu ne connaisses pas la réponse, dit-il en retrouvant son sérieux.
- Je vous en prie Monsieur Park... J'ai besoin de savoir, de comprendre. Monsieur Jeon semble haïr Monsieur Kerberton et pourtant, il reste étroitement lié à lui au niveau du travail... Je dois savoir pourquoi, le suppliai-je en fronçant les sourcils de désespoir.
- Crystal...
- Je vous en prie... S'il vous plaît...
- D'accord, céda-t-il en soufflant longuement tout en se pinçant l'arête du nez. Il va me tuer quand il saura que je te l'ai dit...
- Je ne lui dirai rien, assurai-je en venant m'asseoir à côté de lui à nouveau. Je vous écoute.
- Crystal... Jungkook est... très important pour Domination's scent, car... Car il est son importateur de filles, finit-il par avouer. »

Un long silence, et surtout étouffant, s'installa entre nous. Je ne devais pas avoir bien entendu. Non, ça ne pouvait pas être possible.
« Co-comment ? Bégayai-je la gorge serrée douloureusement.
- Il est l'importateur de filles. Ses voyages d'affaires sont en grande partie pour ramener des filles à Hans Kerberton, expliqua-t-il d'une voix douce, effrayé de me voir si peu réagir.
- Non... Ce n'est pas vrai... Il... Il déteste Domination's scent... Il déteste les Dolls... Il... Il ne participerait pas à ça... Il ne ferait pas vivre ça à des innocentes, marmonnai-je les yeux écarquillés d'horreur.
- Crystal ? Crystal ça va ? S'inquiéta-t-il, levant la main pour la poser sur mon épaule. »

Je me dérobai rapidement de son emprise en me levant une seconde fois, vivement, les mains tremblantes et le cœur battant fort dans ma poitrine. Si fort que j'entendais le sang battre lui aussi dans mes oreilles. Une intense colère s'empara de moi et je la reconnus au goût âcre qui s'installa dans ma bouche. Sans rien dire, je partis vers l'armoire de l'entrée pour fouiller mon sac et récupérer mon portable. Je composai difficilement un numéro, les doigts tremblants et tendus sous la tension, ignorant les appels de mon prénom par Monsieur Park. Je collai l'appareil contre mon oreille, la respiration rapide, impatiente que la personne décroche.

Et après trois bips sonores, sa voix se fit entendre.
« Crystal ? Fit-il surpris.
- Rentrez tout de suite, dis-je froidement.
- Quoi ? Crystal, je n'ai pas de temps à perdre donc je vais raccrocher. On se retrouve dans une semaine et...
- Monsieur Jeon. Vous avez intérêt à rentrer tout de suite ou vous aurez ma mort sur votre conscience, le coupai-je avant de raccrocher sans attendre sa réponse.
- Cr-Crystal ? M'appela une énième fois le blond. Qu'est-ce qui vient de se passer là ?
- Monsieur Park. À partir de maintenant, je resterai debout jusqu'à ce que Monsieur Jeon revienne. Je ne dormirai pas, je ne mangerai pas, je ne boirai pas. Un être humain peut survivre trente jours sans manger, trois sans boire et environ onze sans dormir, le calcul est très vite fait lorsqu'on met ces trois facteurs ensemble, terminai-je avant de me tenir bien droite au milieu du salon-bar. »

Est-ce que ma vie avait de l'importance pour Monsieur Jeon ?

Et bien, j'allais le voir. 


~ Domination's scent - Éclosion ~ 


Mais dis-donc ! Qu'est-ce qui se passe ? J'ai réussi à poster un chapitre par semaine ? Je me surprends moi-même haha ! 

Comme je vous l'avez annoncé dans le chapitre précédent, celui-ci contient énormément d'informations ! Comment va votre cerveau ? Pas trop mal ? 

- Que pensez-vous maintenant de Jungkook après avoir eu tous ces éclaircissements sur sa vie et ses mystères (même s'il en reste énormément)

- Le retour de Jimin enfin ! Que pensez-vous de lui ? 

- Que pensez-vous des réactions de Crystal qui change de plus en plus ? 

Je vous dis à bientôt avec le chapitre 29 ! 

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