Chapitre 30

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6 novembre 2020
66 jours


De toute ma vie, je n'avais jamais été déçue par Monsieur Kerberton.

Cependant, en ce jour, j'avais l'impression d'avoir été trahie par mon ancien Maître. Pendant un certain temps, j'avais refusé de croire Monsieur Jeon à propos de l'existence de la fille du directeur de Domination's scent, seulement, après de nombreuses explications, je ne voyais pas pourquoi il me mentirait sur ce sujet.

En une soirée, j'avais appris tant de choses qui me retournaient l'estomac de malaise. Jungkook avait côtoyé une fois la fille de son ennemi et c'était le jour de son enterrement. Ce jour-là, Monsieur Kerberton n'avait pas seulement enterré sa fille de six ans, mais aussi sa femme, toutes deux ayant perdu la vie dans un accident de voiture. Je me sentais triste. Triste pour mon ancien Maître qui avait perdu des êtres chers à son cœur, mais aussi triste pour moi-même. Monsieur Kerberton m'avait choisi pour devenir sa préférée, mais dans un but autre que celui que j'avais toujours cru.

Comme si la soirée ne pouvait pas être plus éprouvante émotionnellement pour moi, les dernières paroles du noiraud résonnaient toujours dans ma tête. Hans Kerberton ne m'avait pas choisi pour mes compétences, mais parce que je ressemblais à sa défunte fille. Il m'avait éduquée pour que je la remplace, en devenant à la fois une Doll mais le reflet de cette fillette. Je me sentais honteuse d'être un sosie de son enfant mort. Honteuse de devoir lui rappeler encore et encore qu'elle n'était plus et qu'en plus, sa femme n'était plus de ce monde.

Moi Crystal, je venais de perdre toute explication sur mon existence. Je n'étais pas la meilleure des Dolls, je n'étais pas légitimement la favorite de Hans Kerberton et de plus, je ne possédais pas l'entière confiance de mon Maître, puisqu'il ne m'avait pas raconté son passé.

Assise sur le canapé du second salon, les jambes repliées contre moi, je laissais mon regard se perdre dans le jardin baigné sous les rayons rosés de l'aurore, que j'apercevais à travers la baie vitrée fraîchement nettoyée. Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Mon cerveau n'arrêtait pas de me repasser en boucle la discussion de la veille, m'obligeant alors à quitter le lit de Monsieur Jeon pour venir me réfugier dans le salon, de vingt-trois heures à six heures et demie du matin. Pour me changer les idées, j'avais passé mon temps à faire le ménage. J'avais écoulé près de soixante-douze heures à rester éveillée, et malgré cela, je n'arrivais pas à dormir. Pourtant, mon corps hurlait son exténuation et manquait à tout moment de tomber de fatigue. La petite couverture qui se trouvait au bord du canapé vint rapidement entourer mon corps qui frissonnait. J'enfouis mon visage dans la chaleur et la douceur du tissu avant de soupirer. Je voulais vraiment dormir... Était-ce cela ce que l'on appelait une insomnie ? Mon état étant en équilibre entre l'inconscience et la conscience, je perçus difficilement des bruits de pas se rapprocher de moi. Ce fut seulement lorsque mon Maître se posta devant moi que je compris que cela ne provenait pas de mon imagination.
« Tu étais où cette nuit ? Me demanda-t-il tout de suite sur un ton froid.
- Je n'arrivais pas à dormir... Alors j'ai nettoyé la maison, répondis-je en essayant de focaliser mon regard dans le sien. »

Était-ce normal que je le voyais double ? Je plissai mes paupières pour que ma vision devienne plus claire, cependant, rien ne changea.
« Tu n'as pas dormi de la nuit ? Continua-t-il en fronçant les sourcils. »

Je répondis négativement en secouant la tête de droite à gauche, ce qui me donna le tournis rapidement.
« Va te coucher maintenant.
- Je ne peux pas... Je suis fatiguée mais je n'arrive pas à arrêter de penser...
- Crystal. Par tes conneries, tu manques cruellement de sommeil. Est-ce que tu as mangé et bu ?
- Non...
- Non mais je rêve ! S'exclama-t-il en levant les mains en l'air avant de me tourner le dos. »

Sans rien dire de plus, il partit en direction de la cuisine, me laissant stupéfaite mais toujours à moitié endormie dans mon coin. Je l'avais énervé de bon matin, mais pour une fois, je n'avais pas la force de me sentir coupable. Je frottai mon nez contre la couverture pour le réchauffer tout en soupirant longuement. La journée s'annonçait longue... Maintenant qu'il m'avait parlé de manger, j'avais terriblement faim. Et soif aussi... Un éternuement solitaire me prit soudainement et lorsque j'ouvris de nouveau mes paupières instinctivement abaissées, je découvris mon Maître devant moi, une assiette dans une main et un grand verre d'eau dans l'autre. Il déposa le tout sur une petite table basse et le pointa du doigt, me faisant comprendre que je devais me nourrir et m'hydrater. Je ne me fis pas prier une seconde fois et m'emparai aussitôt de l'assiette contenant des œufs frits et du bacon ; ainsi que la boisson aqueuse que je bus rapidement.
« Ralentis, tu vas boire de travers, râla-t-il en se laissant tomber à côté de moi, manquant de me faire renverser le verre dessus.
- Merci, dis-je entre deux gorgées.
- Pourquoi ? Me questionna-t-il sur un ton désintéressé.
- Pour le repas et pour le verre. Pour prendre soin de moi, répondis-je sincèrement en ne le quittant pas du regard, quant à lui, il ne me regardait pas.
- Si je ne le fais pas, personne ne le fera. Et je ne dois pas te perdre, laissa-t-il entendre en se levant du canapé. Bouge pas, je reviens, annonça-t-il par la suite en quittant à nouveau le salon. »

J'acquiesçai silencieusement avant de me pencher en avant pour récupérer des couverts restés sur la table basse. Le repas n'avait rien de fameux au premier regard, mais pour moi, il avait un goût délicieux puisqu'il avait été préparé par mon Maître. Et il fallait aussi ajouter que mon dernier repas remontait à presque trois jours. Monsieur Jeon revint rapidement et au son de ses pas, je compris qu'il était monté dans sa chambre. Pourquoi faire ? Ça, la réponse m'échappait. Il se posta face à moi et me tendit une boîte blanche et bleue, sur laquelle se trouvait marqué Zolpidem. J'attrapai le petit objet en carton rectangulaire entre mes doigts et le fis tourner entre ces derniers sans comprendre pourquoi il me donnait cela.
« Des somnifères ? Je croyais que vous n'en preniez jamais, fis-je en arquant un sourcil de surprise.
- Je n'en prends pas, ils sont pour toi, répondit-il en croisant les bras sur son torse.
- Pour moi ? Mais pourquoi ?
- Tu m'as dit que tu n'arriverais pas à dormir parce que tu réfléchis trop. Voilà ce qui t'aidera, soupira-t-il en me faisant signe de la main de prendre un cachet.
- Monsieur Jeon... Je n'en ai pas besoin... Je pense qu'il me suffit de parler avec Monsieur Kerberton de ce que vous m'avez appris et ça ira mieux, refusai-je poliment en voulant lui redonner la boîte de médicaments.
- Sûrement pas ! S'exclama-t-il, me faisant sursauter. Il ne t'en a jamais parlé alors comment penses-tu qu'il va réagir s'il sait que tu es au courant de son passé ? Ne lui dis jamais rien sur ce que je t'ai raconté Crystal. Maintenant, prends ce somnifère et va te coucher, termina-t-il sur un ton plus autoritaire.
- Mais vous m'avez dit que vous ne preniez jamais de somnifère parce que cela ralentit le système nerveux... laissai-je entendre sans comprendre son envie.
- Bordel Crystal tu le fais exprès ! Ce n'est pas une prise de somnifère qui va te tuer mais la fatigue oui ! Et je ne peux pas te perdre maintenant ! S'énerva-t-il en attrapant sèchement la boîte pour sortir lui-même le cachet blanc.
- Pourquoi je ne peux pas prendre ce que vous prenez ? Osai-je demander en remontant plus mes jambes contre moi.
- Parce que ce que je prends n'est pas à prendre en temps normal... C'est un dosage qui n'est pas adapté et tu risquerais d'en devenir dépendante. S'il te plaît Crystal, prends ce somnifère, expira-t-il longuement en me tendant à la fois le médicament et mon verre d'eau. »

J'étais morte de fatigue, j'avais affreusement besoin de dormir, mais je savais très bien que même si j'en avais envie, je n'allais pas réussir à dormir... Jungkook s'inquiétait pour ma santé. Je me pinçai les lèvres une seconde avant d'accepter et d'avaler le cachet avec un peu d'onde aqueuse. Il soupira en posant une main dans sa chevelure sombre avant de me faire signe de me lever et de m'aider à aller me coucher dans ma chambre. Je me retrouvais alors dans mon lit, la couverture remontée jusqu'à ma poitrine, mes iris cristallins posés sur mon propriétaire qui se trouvait toujours au niveau du seuil de la porte.
« Je vais partir travailler. Repose-toi jusqu'à ce soir s'il faut mais interdiction de t'occuper de la maison. Je reviendrai vers dix-neuf heures ou vingt heures, cela dépendra de ma réunion, annonça-t-il, la main sur la poignée.
- Monsieur Jeon ? L'appelai-je.
- Non, dors, dit-il en fermant la porte. »

N'ayant pas le choix, je fermai mes paupières en espérant me reposer convenablement.

Je fus réveillée par la sonnette qui tonnait répétitivement, me sortant des bras de Morphée, qui je pense, avait l'intention de me garder pendant encore quelques heures. Encore dans les vapes du sommeil, je tournai lentement mon visage vers le réveil posé sur ma table de nuit : 13h37. J'avais dormi près de sept heures et pourtant, je ne me sentais pas plus reposée qu'avant. C'était normal, j'avais trop de sommeil en retard pour le rattraper en une seule fois. D'ailleurs, on ne le rattrapait jamais, car ce qui était perdu, était perdu à jamais. Je fis papillonner mes paupières en soupirant tout en passant ma main sur mon visage. La sonnette se fit entendre, me rappelant que c'était elle qui m'avait réveillée et donc qu'une personne attendait derrière la porte d'entrée depuis un temps inconnu.

Les muscles complètement relâchés, je me forçai à repousser ma couverture au bout du lit avant de poser mes pieds nus sur le carrelage froid. Presque en me traînant, encore à moitié endormie et surtout le cerveau tournant au ralenti, je me dirigeai vers l'entrée pour découvrir la personne qui ne cessait de faire retentir la sonnerie de la demeure. J'abaissai la poignée tout en me frottant l'œil gauche et m'arrêtai d'un coup dans mon bâillement en découvrant qui se tenait derrière l'ouverture.
« Madame... Ava ? Me rattrapai-je rapidement sur la manière de m'adresser à la noiraude en face à moi.
- Bonjour Crystal ! Lança-t-elle joyeusement. Dis donc, tu as l'air de tout juste sortir du lit, continua-t-elle avec un sourire en coin.
- C'est le cas, avouai-je en essayant de remettre de l'ordre dans ma chevelure ébouriffée par mon sommeil.
- Ah ? Mais Jeon n'est pas avec toi ? S'enquit-elle en arquant un sourcil.
- Monsieur Jeon est parti à son entreprise. Je suis donc seule toute la journée, répondis-je en me décalant sur le côté pour l'inviter à entrer. Avez-vous mangé ? La questionnai-je en refermant doucement le battant.
- Oui et je pensais que toi aussi... J'avais prévu de t'emmener au café où nous avions bu un thé, mais nous pouvons aller dans un restaurant si tu n'as pas mangé, proposa-t-elle en retirant ses escarpins noirs.
- Est-ce que je peux refuser ? Je ne me sens pas assez en forme pour sortir en ville, donc j'aimerais me faire un repas rapide, refusai-je poliment en baissant mon regard sur mes pieds.
- Mais pas de souci ma belle ! »

Le grand sourire qu'elle m'offrit me rassura. Madame Longhess avait le don de calmer tous mes doutes, mais surtout de me mettre à l'aise. Elle était d'une joie de vivre débordante mais aussi contagieuse. Ses prunelles émeraude étaient d'un réconfort sans nom : lorsqu'elle me regardait, je me sentais juste bien et j'avais même l'envie d'être une femme extraordinaire à ses yeux. Nous nous dirigeâmes ensemble vers la cuisine, la grande dame s'asseyant sur un des tabourets en cuir noir et moi préparant tranquillement mon repas.
« C'est vrai que tu m'as l'air bien fatiguée Crystal, constata-t-elle. Quelque chose ne va pas avec Jungkook ? M'interrogea-t-elle en faisant glisser ses ongles sur le plan de travail en granit.
- Pour être tout à fait sincère, commençai-je avec hésitation, je passe quelques journées éprouvantes en ce moment...
- Tu veux en parler ? Me proposa-t-elle gentiment.
- Je ne pense pas en avoir le droit...
- Tu n'es pas obligée de me raconter en détail. Parfois, parler de ses soucis nous permet de mieux dormir la nuit, dit-elle simplement en haussant les épaules. »

Je me stoppe dans mon découpage des légumes en l'entendant. Est-ce qu'elle savait que j'avais des problèmes pour dormir ? C'était si flagrant sur mon visage ? Je me pinçai les lèvres de honte, car si elle avait pu s'en rendre compte sans que je ne lui dise, je comprenais mieux la réaction de mon Maître ce matin. Cependant, Ava avait raison. Je n'avais pas le droit de révéler des choses sur mon propriétaire ni sur ce que je venais d'apprendre sur Monsieur Kerberton, mais pouvoir parler avec elle ne pouvait que me faire le plus grand bien. Je n'avais personne avec qui converser en dehors de Monsieur Jeon...
« Je peux vous poser une question ? Lui demandai-je.
- Bien sûr.
- Comment réagiriez-vous si... si trop d'informations vous tombaient dessus ? Articulai-je avec soin mes mots.
- Trop d'informations qui me tombent dessus ? Répéta-t-elle pour être certaine d'avoir bien entendu. Que veux-tu dire par cela ?
- En peu de jours, j'ai appris beaucoup de choses... Comment dire ? Surprenantes et qui m'ont grandement marquée ainsi que déçue... Je n'arrive pas à faire abstraction de ça au point que cela perturbe mon sommeil, expliquai-je sincèrement tout en fixant le couteau et la planche à découper.
- Je vois ce que tu veux dire, expira-t-elle longuement. Et je suis désolée ma petite Crystal mais je n'ai aucune solution à te partager. Personnellement, je marque sur une feuille ce que j'ai appris puis je décide de ne plus y penser, voire de l'oublier. Connaissant la mémoire des Dolls, je sais que cette méthode est quasi impossible à mettre en place pour toi. Ce que tu as appris concerne des personnes en particulier ?
- Oui... acquiesçai-je avec un petit mouvement de tête.
- Et pourquoi tu n'en parlerais pas avec ces personnes ? Lança-t-elle avec un doux sourire.
- Je ne peux pas. Monsieur Jeon ne veut pas que je parle avec Monsieur Kerberton... soupirai-je en faisant glisser les légumes et le poulet que j'avais coupé dans une poêle.
- Attends... Tu as appris des choses sur Hans ? Me questionna-t-elle surprise. »

Je me figeai dans mes moindres gestes lorsque je me rendis compte de mon erreur. Je venais d'avouer une grande partie des secrets que je devais garder, sous l'ordre de Monsieur Jeon. S'il venait à l'apprendre et qu'en plus que j'en avais parlé avec Madame Longhess, je savais qu'il allait me passer un sacré savon. Je sentais le regard curieux de la brune sur moi, sûrement en train d'attendre que je me prononce plus sur le sujet mais il ne fallait pas que je le fasse, même si je sentais que ça allait me faire du bien.
« Qu'est-ce que tu as appris sur Hans pour que tu n'en dormes plus la nuit ? Me demanda-t-elle en penchant légèrement la tête sur le côté.
- Je préfère ne rien dire...
- Je comprends, laissa-t-elle entendre avec un sourire. Ça sent bon ce que tu te prépares, changea-t-elle de sujet à mon plus grand soulagement.
- Je peux vous préparer une assiette si vous le désirez, proposai-je en m'attrapant un plat en terre cuite blanche.
- Cela aurait été avec plaisir, mais je suis un régime et je ne peux pas me permettre de prendre deux repas le midi ni de grignoter entre les repas, refusa-t-elle en s'adossant correctement dans son tabouret. »

Je n'insistais pas et terminais en silence de me préparer mon repas avant de me placer en face de mon aînée, mes couverts sur ma droite et ma serviette placée au cas où sur ma gauche. Je déposai un verre d'eau devant la brune, en cas de soif.
« Puis-je vous poser une autre question ? Lâchai-je soudainement.
- Tu as le droit de me poser toutes les questions qui te viennent à l'esprit Crystal, m'accorda-t-elle avec un grand sourire.
- Vous avez appelé Monsieur Kerberton par son prénom... Ceux qui font ceci sont soit des personnes proches de lui, soit des personnes qui éprouvent de la haine envers lui... De quel côté êtes-vous ?
- Ni l'un ni l'autre, dit-elle en attrapant le petit récipient en glace qu'elle apporta à ses lèvres. Nous avions été des amis très proches, cependant, la vie a décidé de nous séparer, ajouta-t-elle après avoir bu une gorgée.
- Si ce n'est pas indiscret... Pour quelle raison vous êtes-vous séparés ?
- Tu sais Crystal, même si on aime du plus profond de son cœur une personne, il y a certaines fautes qui restent impardonnables pour nous, commença-t-elle en fixant longuement l'onde incolore. Hans a fauté et je n'ai pas su lui pardonner...
- Vous n'aimeriez pas lui pardonner pour redevenir son amie ? L'interrogeai-je en fronçant les sourcils, tout en reposant ma fourchette dans mon assiette.
- Non, je ne peux pas... Mon cœur ne me le permet pas. Je suis sûre que tu n'as pas toujours tout pardonné à ceux que tu aimes, termina-t-elle sans que cela ne soit un reproche.
- Je n'ai que Monsieur Jeon dans ma vie et jamais il ne m'a déçue, répondis-je avant de me pincer les lèvres.
- Il ne t'a jamais déçue ? Jamais ton cœur ne s'est mis à battre douloureusement après qu'il ait fait quelque chose qui te déplaisait ? Jamais tu n'as senti le goût âcre de la colère dans ta bouche quand il te parlait ? Jamais n'as-tu eu l'envie de lui mettre une claque après une déception de sa part ou bien quand tu as décelé un de ses mensonges ? Énuméra-t-elle calmement. »

Je voulais lui répondre négativement mais les mots restèrent bloqués dans ma gorge. Oui, j'avais finalement déjà été déçue par lui et pas plus tard que le jour où j'avais appris qui il était réellement, pour le roi mais aussi pour Monsieur Kerberton. Cependant, même si j'étais en désaccord avec lui, je lui pardonnais toujours ses moindres fautes. Je ne pouvais me résoudre à vivre sans lui.
« Ton silence parle pour toi, laissa-t-elle entendre en repoussant sa chaise en arrière. Combien de fois lui as-tu pardonné son comportement ? Continua-t-elle en faisant le tour de la table pour se rapprocher de moi.
- Pour devoir pardonner quelqu'un, il faut déjà qu'il fasse quelque chose qui nous déplaise, soupirai-je en évitant sa question.
- Combien de temps vas-tu continuer à ignorer ce qu'il fait ? Ce qu'il te fait ? Combien de temps vas-tu fermer les yeux sur sa véritable nature Crystal ? Jungkook n'est pas bon... Il l'a peut-être été dans son passé mais ce n'est plus le cas maintenant.
- Mais...
- Non laisse-moi terminer, me coupa-t-elle doucement en venant glisser une mèche de cheveux derrière mon oreille. Jungkook n'est pas un homme fait pour toi, ni pour aucune femme. Il dirige ce qu'il appelle son empire et ne peut ressentir de sentiments à part l'amertume, la colère ou bien le désir de vengeance. Son obsession du contrôle ne fait pas seulement de lui un homme dangereux, mais aussi un homme sans pitié. Il n'hésite pas à briser une personne si cela lui rapporte quelque chose. Crystal, à ses yeux, tu ne resteras qu'une pièce comme toutes les personnes qui se trouvent dans son entourage et il n'hésitera pas à se servir de toi sans ressentir le moindre remord, quitte même à te jeter dès qu'il ne te trouvera plus aucune utilité. Je sais ce que tu vas me dire... Jungkook n'est pas comme ça et que toi seule peut voir sa véritable personnalité, sauf que c'est faux. Le mensonge coule dans ses veines. Il est le roi de la manipulation mentale. C'est un beau parleur et il a été gâté aussi au niveau de son physique. Seulement, c'est le Diable incarné. Alors Crystal tu devrais...
- Permettez-moi de vous arrêter, la coupai-je en repoussant poliment et sans brusquerie sa main proche de mon visage. Vous ne connaissez pas Monsieur Jeon comme moi je le connais. Je sais que ce n'est pas un homme facile, qu'il est détesté par la gent féminine mais aussi masculine. Mais quoi que l'on puisse dire sur lui, jamais je ne l'abandonnerai. Il m'arrive de ne pas être d'accord avec son comportement. C'est rare, mais il reste avant tout mon Maître et je suis à ses ordres. Mon rôle est de prendre soin de lui et surtout de le protéger de ceux et celles qui lui voudraient du mal. L'être humain n'est pas parfait. Je peux vous comprendre lorsque vous dîtes que c'est un homme qui a des défauts, de grands défauts, mais en tout cas, jamais cela ne me choquera. Monsieur Jeon ment, vous l'avez dit. Alors jamais vous n'avez pensé que le reflet de son image ne serait pas faux ? Je tiens à terminer sur une chose importante. Si vous devenez un danger pour lui, je n'hésiterai pas à le défendre et de différentes manières, finis-je en me mettant debout pour lui faire pleinement face.
- Finalement, la situation est plus inquiétante qu'on ne le pensait. Je pense qu'il est grand temps que tu le rencontres, soupira-t-elle en se dirigeant vers la sortie de la cuisine.
- Rencontrer qui ? S'enquis-je en fronçant les sourcils.
- « A », articula-t-elle simplement avant de disparaître de mon champ de vision. »

« A ». Ce nom résonne en moi, réveillant ma curiosité et mon inquiétude. On m'a tant demandé de retrouver ce fameux « A », me promettant qu'il pouvait m'apporter des réponses et un moyen de me libérer. Seulement... Il est aussi le plus grand danger pour mon Maître. J'avais toujours voulu le voir pour le mettre hors d'état de nuire, mais, j'avais aussi besoin de le voir pour satisfaire mon étrange intérêt pour cette personne inconnue. Ce fut alors sans hésitation que je quittai à mon tour la cuisine, allant rapidement dans ma chambre pour troquer mes vêtements de nuit pour une tenue plus adéquate : un simple jean avec un large pull en laine beige. Je sortis de ma pièce personnelle, attrapai les clés de la maison sur le meuble du salon à l'entrée et glissai ces dernières dans la serrure afin de verrouiller la demeure.

Si Monsieur Jeon apprenait que je partais sans le prévenir, il m'en voudrait. Mais je faisais ça pour lui, pour le protéger.
« Oui je te l'amène... On se retrouve là-bas dans vingt minutes à peu près, entendis-je Madame Longhess parler au téléphone tandis que je me rapprochais d'elle, proche de sa Porsche noire. »

Elle raccrocha et porta son regard vers moi pour vérifier si j'étais prête. D'un hochement de tête, je montrai qu'on pouvait y aller, puis ouvris moi-même la portière côté passager tandis qu'elle se placer derrière le volant. Elle sortit du grand chemin en gravier blanc de la propriété de mon Maître, puis s'engagea en silence sur la route principale qui nous guidait vers le centre-ville.
« À quoi ressemble ce fameux « A » ? Demandai-je en triturant nerveusement les mailles de mon pull.
- Tu le découvriras bientôt. Je préfère ne pas t'en parler pour ne pas influencer ton jugement, répondit-elle en actionnant le clignotant gauche. Cependant, j'espère que tu jugeras cette rencontre en étant toi-même et non la Doll de Jeon, ajouta-t-elle en dégageant une mèche de sa chevelure courte de son front.
- Je serai moi-même, assurai-je en détournant mon regard sur ma vitre. »

Oui moi-même.

Crystal, la Doll de Monsieur Jeon.

Je ne comprenais pas pourquoi les autres personnes continuaient à me dire que je n'étais jamais moi-même lorsque je me présentais en tant que la poupée éduquée de Jungkook. Pourquoi vouloir me faire devenir quelqu'un d'autre ? J'étais qui j'étais. Une Doll ne changeait jamais son identité et encore moins parce que d'autres le souhaitaient. Mon nom était ma fierté, mon appartenance à Monsieur Jeon ma raison de vivre. Le reste du trajet se passa dans un silence absolu durant lequel je ne faisais que promener mes prunelles cristallines sur les trottoirs de la ville, où je pouvais voir la population vivre une vie bien différente de la mienne : elle semblait sans prise de tête, simple, si simple... Du moins pour les hommes.

Ava gara soudainement la voiture sur un parking bondé de véhicules de différentes couleurs, marques et prix surtout. La brune me prévint que nous étions arrivées et sortit de la carcasse métallique, attendant que je fasse de même pour fermer à clé cette dernière. Je tournai sur moi-même, les sourcils froncés légèrement, essayant de voir où nous nous trouvions. Je n'étais pas une incollable de Paris. Je connaissais par cœur certaines rues, mais je n'avais jamais vu la cité dans toute son intégralité. Paris regorgeait de mystères et de lieux inédits. Debout devant un grand bâtiment en pierre blanche, mes yeux furent happés par l'enseigne prénommée "La demoiselle".

Madame Longhess pénétra la première dans la bâtisse et je la suivis de près, restant sur mes gardes, car on ne pouvait prévoir ce qui allait se passer. Une musique douce provenant d'un piano atteignit tout de suite mes oreilles. Je me mis instinctivement à rechercher la personne qui pouvait être en train de jouer et découvris une jeune femme, ses doigts frôlant avec délicatesse et justesse les notes de l'instrument. En plissant un peu plus les paupières, je pus voir un peu mieux son visage et la surprise fut telle, qu'elle emporta mon cœur l'espace d'un instant.

Églantine, la Doll de Monsieur Min.

Je savais que je l'avais rencontré chez lui, le jour durant lequel Monsieur Jeon m'avait obligé à consommer de l'alcool, seulement, mes souvenirs n'étant que flous, je ne pouvais dire dans quelle circonstance exacte on avait pu se revoir. Je me souvenais néanmoins d'elle lors de mon apprentissage à Domination's scent. Elle était âgée de cinq ans de plus que moi et avait quitté la boutique deux ans avant moi. Aucun retour pour une remise à zéro, beaucoup de bons commentaires provenant de son acheteur, ce qui ravissait Monsieur Kerberton.
« Crystal ? Entendis-je Ava m'appeler, me faisant me rendre compte que je m'étais arrêtée sans le savoir pour fixer ma sœur.
- Excusez-moi... Est-ce que je peux vous rejoindre après ? J'aimerais aller lui parler, demandai-je en désignant de la main la jeune femme au piano.
- Bien sûr. Je t'attends au comptoir pour t'emmener voir tu sais qui, m'accorda-t-elle avant de me tourner le dos sans attendre de réponse de ma part. »

Madame Longhess était une femme extraordinaire. Rien qu'à sa démarche souple et assurée, nous pouvions voir qu'elle ne cédait rien et obtenait ce qu'elle désirait. Sa beauté était effrayante. Moi-même, je la trouvais trop belle pour être vraie et cela me rendait que plus admirative. Elle avait quelque chose en elle qui me donnait envie de la suivre et de l'écouter, de ne jamais me fâcher avec elle au risque de ne plus la voir. J'expirai longuement par le nez tout en me tournant à nouveau vers le piano. Je serrai mon collier en cristal dans ma main, comme pour me donner du courage puis m'avançai entre les tables prises du bar dans lequel je me trouvais. Les discussions fusaient de part et d'autre. Il y avait des couples, des célibataires, des amis, des hommes et des femmes. Un mélange plutôt hétérogène de bonne humeur et de rire. Personne ne faisait attention à moi et j'étais plutôt ravie, car cela me permettait de rejoindre mon aînée sans encombre. Je gravis les deux petites marches pour monter sur la scène et me rapprochai de la belle blonde aux iris bruns qui se laissait aller à la musique qu'elle jouait.

Pourquoi se trouvait-elle ici ? Monsieur Min l'accompagnait ? Si c'était le cas, et surtout qu'il me voyait, il allait le raconter à mon propre Maître...
« Églantine, prononçai-je finalement à trois pas d'elle. »

Elle ne montra aucun signe qu'elle m'avait entendue, continuant à jouer avec douceur la mélodie mélancolique qui résonnait dans le bar. Seulement, lorsqu'elle atteignit la fin de son morceau, elle retira doucement ses mains sur le clavier avant de lever ses prunelles dans ma direction.
« Crystal, fit-elle simplement. »

Ma respiration se fit plus profonde lorsqu'elle prononça mon prénom, mon regard s'attardant sur son pendentif qui renfermait sa fleur éponyme de son nom. Je m'étais avancée vers elle en prétextant vouloir lui parler, cependant, je ne savais pas quoi lui dire maintenant que je me trouvais en face d'elle.
« Monsieur Min est ici ? »

Cette question sortit instinctivement de l'espace entre mes lèvres. Elle arqua un sourcil avant de réellement se tourner vers moi, posant les paumes de ses mains sur ses cuisses légèrement dénudées de la jupe noire qu'elle portait.
« Si tu voulais le voir, Monsieur Min travaille à son entreprise, répondit-elle d'une voix blanche d'émotion. »

Sa réponse me rassura aussitôt et me permit de détendre mes muscles dorsaux. Mon cœur se remit à battre posément et je pouvais à présent penser convenablement. Monsieur Jeon n'allait pas savoir que j'étais venue ici, car une Doll ne verrait pas l'intérêt de raconter quelle sœur elle avait croisé dans sa journée.
« Je ne savais pas que tu pouvais jouer du piano. Ta spécialité c'est le billard, dis-je en faisant glisser mes doigts sur le couvercle lustré du piano à queue.
- C'est Monsieur Min qui m'apprend à jouer du piano, laissa-t-elle entendre en se détournant à nouveau vers les notes blanches et noires.
- C'est étrange que tu ne sois pas avec ton Maître, fis-je la remarque.
- Tu n'es pas non plus avec le tien, répliqua-t-elle du tac au tac.
- C'est vrai... Monsieur Jeon se trouve lui aussi à son entreprise, justifiai-je sans raison son absence. »

Un silence pesant s'installa entre nous et la discussion s'était soudainement arrêtée. Je ne savais pas quoi lui dire et cela me mettait mal à l'aise. En fait, ce n'était pas que nous n'avions pas de sujet de discussion, c'était parce que les Dolls ne se parlaient jamais entre elles, autre que professionnellement. En réalité, nous n'avions juste pas l'habitude de converser ensemble et mon initiative n'était plus qu'étrange et inhabituelle.
« Tu devrais rejoindre Ava Longhess, déclara-t-elle en se remettant à jouer lentement.
- Hein ?
- Elle te fixe intensément depuis deux minutes. Pour l'avoir remarquée depuis quelque temps, lorsqu'elle regarde une personne comme ça, c'est qu'elle a des choses à lui dire. Je sais que tu es venue avec elle, donc va la rejoindre. On ne fait pas patienter Ava Longhess, termina-t-elle avec un air fermé qui démontrait que la discussion était close. »

Je portai mon attention sur la quarantenaire au comptoir, qui sirotait une boisson tout en gardant ses prunelles vertes sur moi. Pour moi, elle ne me semblait pas impatiente, mais je préférai suivre les conseils d'Églantine. Je saluai cette dernière et me dirigeai aussitôt vers la noiraude. Celle-ci laissa un sourire se dessiner sur ses lèvres teintées de rouge lorsqu'elle me vit me rapprocher d'elle. Elle termina d'une traite sa boisson sûrement alcoolisée et avec seulement un geste de la main, elle me fit signe de la suivre. D'un hochement de tête, elle sembla discuter avec le barman, qui ouvrit la porte derrière lui avant de nous laisser passer toutes les deux. Devant nous se trouvait un petit escalier en colimaçon. Nous gravîmes les quelques marches pour arriver à l'étage supérieur et nous arrêter devant une porte à doubles battants blancs. Ava frappa deux coups puis abaissa la poignée lorsqu'une voix grave et masculine l'autorisa à pénétrer dans la pièce. Mon cœur se mit à battre plus fortement de curiosité et d'inquiétude, au fur et à mesure que je me rapprochai du seuil de l'ouverture.

Une fois entrée dans l'espace clos, je découvris un petit salon dans les tons crème. Mais ma stupéfaction fut à son paroxysme lorsque mes iris clairs se posèrent sur l'homme assis sur le long canapé, les jambes croisées et un verre de whisky disposé sur la table en bois devant lui. Il remonta ses lunettes sur son nez avant de se lever, tout en tendant sa main vers moi pour me saluer dans une poignée de mains. Madame Longhess qui s'était mise derrière moi discrètement me poussa gentiment à m'avancer en plaçant une paume dans le bas de mon dos.
« Je suis ravi de te revoir Crystal, fit l'homme avec un sourire amical qui laissait entrevoir des fossettes bien creusées.
- Monsieur Kim... murmurai-je en tendant fébrilement ma main vers la sienne. »

Ce qui se passait en ce moment n'était pas bon, vraiment pas bon. Devant moi se tenait le plus grand concurrent de mon Maître : Namjoon Kim.

S'il était en plus le fameux « A », il devenait une plus grande menace pour le noiraud.

L'homme à la chevelure blonde et aux prunelles d'acier me fit signe de prendre place sur un des fauteuils aux bords de la table, quant à Ava, je la voyais s'installer sur le canapé, à côté d'où se trouvait, il y avait quelques secondes, son associé. Sentant mes jambes faiblir sous la surprise et le temps d'acceptation et d'analyse de la nouvelle, je me laissai presque tomber dans un siège en venant tenir nerveusement les accoudoirs entre mes doigts fins.
« Vous êtes « A », lançai-je de but en blanc.
- Tu ne passes pas par quatre chemins, ça me plaît, déclara-t-il avec un rictus en coin. Je suis bien « A ».
- Qu'est-ce que vous me voulez ? Continuai-je sans qu'aucune trace d'agressivité ne se trouve dans ma voix.
- Qu'est-ce que l'on te veut ? Répéta-t-il, ne comprenant pas le sens de ma question.
- On n'arrête pas de venir me voir en me disant qu'il faut que je trouve « A », que je vous trouve. Pourquoi est-ce que je devais vous chercher ? Pourquoi m'a-t-on emmenée vous voir ? L'interrogeai-je, espérant enfin avoir des réponses à mes questions. »

Contrairement à ce que je pensais, il ne me répondit pas. Il garda le silence, puis se pencha en avant pour récupérer son récipient en cristal, pour le porter à ses lèvres, pour siroter quelques gorgées de sa boisson. J'attendais impatiemment qu'il réponde à mes interrogations. Ses prunelles d'un gris orageux ne me quittaient pas, sûrement à analyser le moindre signe corporel. Mais je ne montrais rien. Je restais d'un stoïcisme parfait, ne souhaitant pas qu'il puisse voir ce chamboulement en moi. Monsieur Jeon m'avait dit que savoir lire dans le regard des gens et pouvoir étudier leurs gestes pouvait faire gagner des batailles. Lorsqu'il parlait de bataille, je savais qu'il faisait référence aux contrats qu'il devait signer avec de possibles collaborateurs. La négociation passait par un jeu d'influence et pour dominer l'autre, il fallait comprendre comment il pensait et surtout ce qu'il pensait. Ainsi, plus on arrivait à masquer ses émotions, plus il était difficile pour l'adversaire de devenir plus influent que nous. Je ne voulais pas que Monsieur Kim se serve de mes sentiments pour me détourner du droit chemin, si c'était ce qu'il voulait. De plus, il était de mon devoir de déterminer s'il était réellement dangereux pour Jungkook. Tout comme moi, il ne montrait rien. C'était un duel de regard, d'observation et de dominance mentale.

Il fit tapoter son index sur le rebord de son verre avant de déposer à nouveau ce dernier sur la table basse, se penchant en avant, mains croisées et ses coudes sur ses cuisses. Il dégageait une aura forte et charismatique. Il était différent de mon Maître qui donnait des frissons de par son attitude froide mais qui imposait le respect. Namjoon Kim faisait peur mais d'une manière dissemblable : son calme, sa posture droite et plantée inspiraient à l'écoute.
« Je m'excuse pour les petits désagréments que tu aurais pu avoir. Mes amis peuvent parfois être insistants et dérangent les autres dans leur précipitation, dit-il posément.
- Vous ne répondez pas à ma question, rétorquai-je tout aussi calmement sans détourner mon regard du sien.
- Je suis en train de te répondre. Pour être sincère avec toi, nous n'attendons pas particulièrement quelque chose de ta part. Le destin a simplement fait que nous t'avons rencontrée et nous avons voulu t'aider, répondit-il avant d'enlever ses lunettes qu'il replia avant de les ranger dans la petite poche se trouvant sur l'avant de sa chemise bleu marine.
- Pardonnez-moi ma sincérité mais je ne vous crois pas. Et en quoi aurais-je besoin d'aide ? Continuai-je en fronçant légèrement les sourcils.
- Ne crois-tu pas que si nous attendions quelque chose de toi, nous n'aurions pas fait en sorte que tu me rencontres plus tôt ? Laissa-t-il entendre en se levant du canapé.
- On n'a pas cessé de me dire que « A » ne se montrait jamais, qu'il fallait que je le cherche moi-même, répliquai-je en me redressant dans mon fauteuil pour mieux le voir.
- Et m'as-tu cherché ? Me questionna-t-il en se rapprochant d'un coin de la pièce où se trouvait une petite bibliothèque.
- Pas réellement mais j'allais commencer à faire des recherches pour vous trouver, répondis-je honnêtement. Avant que vous ne me demandiez pourquoi, c'était pour des raisons personnelles, ajoutai-je en le voyant ouvrir la bouche. »

Je ne pouvais pas lui révéler mes véritables intentions, celles de découvrir qui il était afin de pouvoir raconter à mon Maître ce que j'avais appris, si je jugeais qu'il était dangereux. Mon regard dériva de la grande silhouette de Monsieur Kim pour revenir sur celle d'Ava, toujours assise en face de moi dans le canapé. Elle ne me quittait pas du regard, elle aussi observant mes expressions faciales en silence. J'avais devant moi deux experts de l'analyse psychique et j'en avais déjà été témoin lors de ma première rencontre avec Madame Longhess.
« Crystal, comment trouves-tu notre monde ? M'interrogea soudainement le blond ce qui attira de nouveau mon attention sur lui.
- Comment je le trouve ? Je n'ai pas d'avis dessus.
- Les Dolls ne peuvent juger le monde qui l'entoure, car cela reviendrait à remettre parfois en question des règles qu'elles auraient apprises. Hans met un point d'honneur dans votre éducation pour que vous ne gardiez en tête que ce qui vous permettra vous-mêmes de vous passer les bracelets, intervint doucement Ava.
- Notre éducation est faite pour que nous nous contentions que du strict nécessaire. Vous avez tendance à vous entourer de questions qui vous font perdre de vue ce qui est important, voire essentiel. À trop réfléchir, vous vous emmêlez dans les ficelles de la vie et vous prenez des décisions irrationnelles. À travers notre éducation, nous pouvons discerner ce qui est utile et ce qui n'est que futile, corrigeai-je poliment.
- Et si tout ce qu'on t'avait appris n'était que mensonge, sous-entendit Monsieur Kim.
- Sans vouloir vous manquer de respect Monsieur Kim, je côtoie en permanence le mensonge en compagnie de Monsieur Jeon. Je suis capable de savoir ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, assurai-je en me retenant de serrer entre mes mains les accoudoirs de mon siège.
- Très bien alors est-ce que la monarchie a toujours existé ? Est-ce qu'il y a toujours eu une différence si flagrante entre les sexes qui rabaisserait au stade d'objet la gent féminine ? Est-ce que les libertés que nous avons sont réelles ou bien ne sont-elles que des mirages pour masquer le fait que nous sommes tous, hommes et femmes, enchaînés dans une vie de prisonnier ? Me questionna-t-il en attrapant un livre dans la bibliothèque.
- Le royaume existe depuis des siècles, nous n'avons jamais connu un autre régime dans notre vie. Les hommes sont supérieurs aux femmes libres, c'est un fait et c'est surtout la vie que nous menons. Vous avez le droit de sortir, de vivre votre vie comme bon vous semble, de monter une entreprise. Seul le droit de meurtre est prohibé alors je ne vois pas pourquoi vous parlez de ne pas posséder de liberté, répondis-je d'une manière fluide, sans haussement de ton qui trahirait un quelconque désagrément.
- Pourquoi l'éducation des hommes prédominent celle des femmes sur les enfants ? Les inégalités de salaire sont normales ? Pourquoi des plus riches peuvent se permettre des choses interdites tandis que les plus pauvres qui ouvrent leur bouche finissent en prison ? Est-ce normal que des femmes deviennent des poupées et soient vendues à des hommes qui les maltraiteront ? Articula-t-il en feuilletant les pages de son bouquin.
- Parce que... commençai-je.
- Pourquoi ce que l'on apprend aux enfants à l'école c'est que l'homme peut battre sa femme, mais cette dernière n'a aucun droit de se plaindre ? Pourquoi leur apprend-on aux petits garçons qu'ils doivent dominer le sexe opposé et donc aux petites filles que c'est une normalité ? Pourquoi la liberté d'expression n'existe pas ou du moins n'en est qu'un faux portrait mal dessiné ? Pourquoi les lois du royaume ne valorisent que la soumission mais sont cachées sous de beaux mots, d'impossibles promesses ? Pourquoi les familles proches de la famille royale ont tous les droits et dirigent le pays elles aussi ? Pourquoi dans les bouquins d'histoires nous pouvons apprendre l'histoire du pays qu'à partir de 1900 et pas avant ? Pourquoi l'étrange incendie dans la plus grande bibliothèque de France a permis au royaume de rappeler tous les livres anciens du pays pour soi-disant remplir à nouveau la bibliothèque une fois reconstruite ? Me coupa-t-il dans mon essai d'explication.
- Je ne sais pas... murmurai-je en sentant ma gorge se serrer étrangement de nervosité.
- Pourquoi Jungkook Jeon et toute sa famille ont autant d'influence dans le pays ? Pourquoi les femmes n'ont-elles pas le droit de quitter le pays mais les hommes le peuvent ? Je sais que Jungkook a déjà tué et qu'il n'a jamais été puni, alors pourquoi peut-il passer entre les mailles du filet de la justice ? Pourquoi les journaux ne parlent que des choses qui permettent au pays de garder son mensonge en place ? Pourquoi le cinéma montre que les mêmes films dans lequel l'homme sauve la femme ? Pourquoi les musiques rabaissent les femmes et font l'éloge des hommes ? Pourquoi les chansons que les enfants apprennent à l'école ne sont que des éloges de notre système mais surtout de notre roi ? Continua-t-il plus sombrement.
- Je ne sais pas ! M'écriai-je en me levant d'un bond. »

Il n'y avait plus un bruit dans la pièce, seulement le son de ma respiration courte et rapide qui résonnait entre les quatre murs. Je m'étais soudainement sentie oppressée sous ses questions que jamais je ne m'étais posées.

Il avait réussi à me déstabiliser.

Je sursautai d'un coup en entendant l'homme fermer soudainement le livre avant de le ranger pour s'approcher de moi.
« Sais-tu pourquoi les Dolls sont intéressantes ? Me questionna-t-il presque dans un chuchotement, pas pour me faire peur, mais pour me calmer.
- N-non...
- Parce que ce sont de magnifiques bourgeons que l'on garde fermés de manière non naturelle. C'est comme si l'hiver vivait toujours en permanence autour de vous pour vous garder closes à tout jamais. Cependant, lorsqu'ils arrivent à éclore, ils deviennent les fleurs les plus belles qu'on n'ait jamais vues. Et à ce moment-là, on se dit que la beauté qu'elles dégagent fait des ravages parce qu'en plus, elles sont dotées d'une éducation qui les rend indomptables, solides, répondit-il en posant sa main sur mon épaule, me faisant sursauter.
- Qu'est-ce que vous voulez de moi, dis-je si bas, la gorge nouée par un sanglot qui voulait s'échapper mais que je retenais.
- On ne veut que t'aider à te libérer de ces chaînes Crystal, s'adressa cette fois-ci Ava.
- Non ce n'est pas vrai, réfutai-je ses mots en secouant négativement la tête. Vous voulez que je vous aide à détruire Monsieur Jeon... »

Leur silence me donnait raison et c'était ce qui m'inquiétait.
« Je ne vous aiderai pas. Je ne vous laisserai pas lui faire du mal, affirmai-je en fronçant les sourcils tout en retirant la main de Namjoon de mon épaule.
- Crystal. Jungkook a une influence trop importante dans ce pays et sa noirceur ne fait que blesser de plus en plus d'innocents, répliqua Ava pour me convaincre.
- Vous ne le connaissez pas comme je le connais. Vous supposez des choses sans véritablement savoir ce qu'il fait dans sa vie. Monsieur Jeon est quelqu'un de bien alors ne vous en prenez pas à lui, prononçai-je en serrant les dents.
- N'a-t-il jamais tué quelqu'un par pur plaisir ? Ne t'a-t-il jamais blessée ? Me questionna Monsieur Kim en retournant s'asseoir sur le canapé.
- Jamais. Monsieur Jeon est un homme bon, répétai-je avec plus de sérieux.
- Crystal, un jour il va te blesser à travers la pire des trahisons. Et ce jour-là, tu te rendras compte qu'on avait raison à propos de lui... Seulement, je ne voudrais pas que tu souffres par sa faute, soupira Madame Longhess en se levant à son tour pour venir me voir mais je levais la main pour la stopper dans sa marche.
- Jamais Monsieur Jeon ne m'abandonnera ni ne me trahira. Je vous conseille donc de ne pas vous en prendre à lui, car je vous barrerai la route, avertis-je.
- Et moi je ne te cacherai pas que nous allons le détrôner de son petit piédestal, répliqua posément l'homme. Lorsqu'il te trahira, te blessera de la pire des manières et que tu te rendras compte du monde dans lequel nous vivons, sache que tu seras toujours la bienvenue parmi nous, termina-t-il en remettant ses lunettes sur son nez. »

Je fronçai les sourcils avant de leur tourner le dos tout en me rapprochant de la sortie. La main sur le cadre de la porte, je jetai un dernier coup d'œil par-dessus mon épaule.
« Pourquoi êtes-vous si sereins alors que je m'apprête à partir et à raconter tout à mon Maître ? Demandai-je de nouveau avec calme.
- Parce que je sais que tu n'en feras rien, car tu vas te demander si ce n'est pas ce que j'ai prévu et alors, pour ne pas prendre de risque, tu ne diras rien, répondit-il honnêtement. Parle-lui, ça serait même plus sage. À une prochaine fois Crystal, je te souhaite d'avoir raison concernant Jungkook, je ne voudrais pas qu'il t'arrive malheur, termina-t-il avec un sourire qui me parut parfaitement sincère. »

Je refermai délicatement le battant après ma sortie avant de descendre en trottinant les marches de l'escalier, les mots de Monsieur Namjoon Kim restant en mémoire. Il voulait me perturber, il voulait faire de moi l'ennemie de Monsieur Jeon, mais cela n'allait pas arriver. J'étais fidèle à mon Maître, j'allais le protéger.

Ils pensaient me faire peur avec leur histoire de blessure causée par mon Maître. Mais ils se trompaient ...

On ne pouvait trahir une Doll, car rien n'était une trahison pour elle.


~ Domination's scent - Éclosion ~ 


Bonjour ou bonsoir tout le monde ! 

J'espère que vous allez bien ! Nous nous retrouvons avec le chapitre 30 de Domination's scent. Enfin Crystal fait la connaissance de RM et donc de Namjoon. 

- Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? 

- Que pensez-vous d'Ava Longhess ? 

- Que pensez-vous de Namjoon, de sa manière d'argumenter, de sa situation en tant que RM ? 

- Pensez-vous que Crystal en parlera à Jungkook ? 

- Que pensez-vous qui se passera entre Jungkook et Crystal ? 

Je vous dis à très bientôt avec le chapitre 31 qui sera plus court que celui-ci mais qui aura son importance ! 

Il nous reste plus que 13 chapitres... 

À très bientôt ! 

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