Chapitre 35

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29 novembre 2020
89 jours


Je me trouvais allongé sur le dos, le bras tendu en l'air au-dessus de mon visage, tenant entre mes doigts la chaîne du pendentif en cristal. J'observai la pierre avec attention. Le collier était d'une simplicité, juste du cristal en une forme hexagonale retenu par une attache en or, elle-même surmontée de sa chaîne de la même couleur. Une femme libre ne prendrait même pas la peine de dépenser son argent pour un tel bijou qui ressemble plus à du toc qu'à du luxe. Il fallait l'avouer, au début je l'avais trouvé ignoble, une grosse faute de goût parce qu'il venait d'Hans, mais maintenant, je le trouvais fascinant. La pierre précieuse était d'une blancheur immaculée, sans éclat, dans un état parfait et pourtant, si c'était vrai qu'une Doll ne possédait qu'un seul collier toute sa vie, ce dernier devait avoir une vingtaine d'années. Crystal semblait en avoir pris particulièrement soin, néanmoins, elle s'en était tout de même séparée une semaine plus tôt pour me le donner.

Pour être tout à fait honnête, ce qui assez rare, je n'avais pas apprécié ce geste. Si elle pensait se séparer de moi en me refilant son pendentif, elle s'était parfaitement trompée. Oui, cela faisait une semaine que je n'avais pas digéré le fait qu'elle s'était volatilisée après avoir refusé de rentrer avec moi, et surtout, de m'avoir donné un coup de pied qui me laissait un bleu au mollet. Franchement, elle était idiote. Pourquoi retourner avec ce gars qui n'allait pas faire d'elle une femme libre alors que je lui proposais de revenir ici, là où sa vraie place se trouvait ? Je lui avais pourtant répété un nombre de fois qu'elle était stupide et elle ne l'avait toujours pas compris. Je voulais bien croire qu'elle soit blessée par le fait que je l'avais échangée contre un contrat, mais bon, si elle voulait tant que ça me montrer qu'elle m'en voulait, elle pouvait faire la gueule chez moi et pas chez lui. Je n'avais pas prévu qu'elle ne veuille pas retourner dans sa véritable maison, et pourtant, quelque chose me chiffonnait. Son étrange comportement ce jour-là.

Faisant tourner le pendentif entre mes doigts, tout en fronçant les sourcils, je finis par me redresser en soufflant longuement, repoussant la couverture au bout de mon lit. Je ne pouvais pas perdre mon temps à penser à elle, alors que Madame avait décidé de me rejeter. J'espérais juste qu'elle s'en mordait les doigts. Je déposai le collier sur ma table de nuit et me levai pour me déplacer vers mon dressing. Je pris, comme à mon habitude, un jean droit noir ainsi qu'une chemise de la même teinte, et me vêtis assez rapidement avant de rejoindre la salle de bain. Après m'être lavé, fait une beauté et m'être parfumé de mon parfum unique, je sortis de ma salle d'eau pour revenir vers ma table de nuit. J'ouvris le tiroir et pris la photo de ma mère qui ne me quittait jamais, la glissant doucement et soigneusement dans la poche avant de mon habit principal. Mon regard s'arrêta sur le collier et après un soupir, je me résignais à le prendre aussi pour qu'il rejoigne la même place que l'image. Je descendis rapidement les marches, traversant toute ma maison pour rejoindre l'entrée et me chausser. J'attrapai mes clés sur le meuble et enfilai mon manteau avant d'ouvrir la porte.
« J'y vais Crystal ! Criai-je en me retournant à demi. »

Puis la réalité me frappa aussitôt, me faisant serrer les dents en posant mon front contre la tranche du battant. Voilà ce qui se passait quand on passait plus de deux mois en compagnie d'une seule personne : on prenait de foutues habitudes. Claquant la porte après ma sortie, je montai vivement dans ma Mercedes avant de démarrer sans attendre et de prendre la route en direction de mon entreprise que je n'avais pas réellement vu ces deux dernières semaines. Entre mon devoir d'effaceur du roi et ma propre vie personnelle, je n'avais plus de temps pour moi. Il me cassait les noix le roi Kim, à toujours m'envoyer faire le sale boulot des autres. Je n'avais pas que ça à faire que de me plier en quatre pour lui ! Par exemple, j'avais une tête de mule à récupérer et si on ne me laissait pas le temps pour, je n'allais pas y arriver.

Arrêté à un feu rouge, je tapotais le volant de ma main gauche tout en me frottant le bas du visage de la droite. Alors que je regardais les piétons traverser devant moi, mon regard fut attiré par une jeune femme à la chevelure châtaigne, tenant la main d'un homme à côté de lui. Me redressant d'un coup en sentant mon cœur battre un peu plus fortement dans ma cage thoracique, j'abaissai ma fenêtre et m'apprêtai à crier son nom. Sans avoir eu besoin de le faire, elle se retourna et je pus voir plus amplement son visage. Ce n'était pas ma Doll, mais bien une inconnue complètement différente. Je papillonnai des paupières en fronçant les sourcils, surpris que je la confonde avec la première qui avait juste une chevelure similaire.

J'étais fatigué.

Ça ne pouvait être que ça.

Ce n'était pas comme si j'avais au moins trente heures de sommeil en retard accumulées récemment...

Le feu passa au vert et je me remis en route aussitôt, frottant mes yeux lassement. Je passai ma langue sur mes lèvres étrangement sèches. Depuis que j'avais revu Crystal, mes pensées se tournaient vers elle pendant mes moments où justement, j'étais perdu dans mes pensées. Pourquoi je n'arrivais pas à la sortir de ma tête ? Elle allait me rendre fou et me faire commettre des conneries !

Je garai ma voiture sur ma place personnelle et claquai violemment la portière après être sorti de la carcasse métallique. Je me déplaçais à grandes enjambées dans le rez-de-chaussée de mon entreprise, rejoignant l'ascenseur. J'arrivai à l'étage où se trouvait mon bureau. À peine eus-je fait un pas hors du monte-charge, ma secrétaire Katty vint à ma rencontre en me tendant plusieurs dossiers. Étrangement, elle ne portait pas son sourire sensuel qu'elle avait à chaque fois avec moi, celui qu'elle utilisait en pensant qu'elle pouvait me berner avec ses jolies courbes.
« Vous avez un rendez-vous qui a été annulé avec Monsieur Laurent. Vous avez reçu cinq dossiers de propositions de collaboration avec diverses entreprises du pays, la plupart situées dans le sud. Vous avez du courrier et des mails auxquels il faudra répondre rapidement, m'expliqua-t-elle tandis que je prenais toutes ses affaires. Avez-vous besoin d'autre chose Monsieur Jeon ? Me demanda-t-elle presque froidement.
- Qu'est-ce que vous avez ? Vos règles ? Un problème contre moi ? L'interrogeai-je soudainement en soupirant, lui faisant totalement face.
- Hein ? N-non, répondit-elle, les yeux légèrement écarquillés de surprise.
- Je ne vais pas chercher à savoir si vous mentez ou non. Ce que je vous demande ici, c'est de rester professionnel et de ne pas manifester votre mauvaise humeur devant moi quand je cherche à passer une journée tranquille. Maintenant, déguerpissez, terminai-je avec un signe de tête. »

J'avais pu voir son visage se décomposer tout au long de ma déclaration, avant que ses pupilles ne se mettent à luire de colère. Je m'en foutais royalement. Les gens pouvaient me haïr, je n'en avais que faire. Tant qu'ils continuaient à faire de l'excellent travail, ça m'importait peu. Je passai à côté d'elle en commençant à observer les documents qu'on m'avait remis en mains, me dirigeant instinctivement vers mon bureau. Je passai la porte en verre trempé et la refermai aussitôt, pour par la suite m'asseoir lentement sur ma chaise en fronçant les sourcils. Quelque chose me dérangeait et ce quelque chose, c'était la demande collaboration provenant de Namjoon Kim. Il avait du culot, il fallait l'admettre. Comme si j'allais accepter de m'associer avec le plan cul de Longhess ! Sans hésitation, je venais déchirer les multiples feuilles, sans prendre la peine de lire ses propositions, ses offres, sa lettre manuscrite m'étant personnellement adressée. Je préférais être privé de sexe toute une vie que de devoir collaborer avec lui.

J'entendis soudainement le battant s'ouvrir et sans relever la tête des affaires se trouvant sur mon bureau, je râlais auprès de la personne qui venait d'entrer sans mon accord :
« Vous avez deux secondes pour sortir de mon bureau, prévins-je dans un souffle d'agacement.
- À ce que je vois, c'est de famille ce manque d'hospitalité, s'éleva une voix féminine. »

Mon sang ne fit qu'un tour dans mes veines lorsque je discernais cette tonalité que je pouvais malheureusement reconnaître entre mille. Lâchant les feuilles que je tenais dans mes mains, je m'adossai droitement dans mon siège, croisant les bras sur mon torse tout en passant ma langue à l'intérieur de ma joue et fixant la nouvelle arrivante avec froideur.
« Tu n'es pas la bienvenue ici Ava, alors ne t'attends pas à ce que je te prenne dans mes bras, répliquai-je sans cacher ma colère. Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Puisque tu ne voulais pas me voir, il fallait bien que je te force à me rencontrer, répondit-elle en venant se placer sur la chaise face à moi, sans attendre d'invitation de ma part.
- Je pensais pourtant avoir été clair. Je ne peux plus te voir en peinture, donc casse-toi d'ici avant que je ne doive dissimuler un meurtre, la menaçai-je en attrapant un stylo entre mes doigts.
- Tu risques de perdre ta place d'effaceur du roi si tu te mets à tuer n'importe qui, ricana-t-elle. Bon, je n'ai pas beaucoup de temps devant moi donc je vais t'expliquer plus amplement pourquoi je suis ici.
- Je m'en balance.
- Je suis ici pour te demander de collaborer avec Namjoon, ignora-t-elle ma remarque. Je ne sais pas si tu as vu sa proposition, mais je pense que ça serait une bonne chose d'associer les deux entreprises. Il ne demande pas grande chose, tu seras plus que gagnant. Il ne souhaite juste que tu lui vendes Crystal, termina-t-elle en s'appuyant contre le meuble en bois. »

Mes sourcils se froncèrent à l'entente de sa demande. Je décroisai mes bras et me penchai légèrement en avant, mes prunelles sombres observant soigneusement les traits de la quarantenaire. Leur céder Crystal ? La plus grande blague !
« J'ai toujours su que ton sens de l'humour était à chier, laissai-je entendre dans un rire forcé. Tu penses vraiment que je vais te laisser Crystal entre tes mains et celles de ton toutou, après ce que tu as fait dans le passé ? Ava, jamais je ne te la laisserai. »

Ce fut à son tour d'afficher un air agacé. Elle qui faisait en sorte de cacher son caractère mauvais et sa manipulation derrière un grand sourire et une attitude simple, elle dévoilait maintenant son vrai visage devant moi. De toute manière, depuis le temps que l'on se connaissait, elle ne pouvait pas me berner derrière sa fausse bienveillance. C'était une connasse, la pire des connasses que j'avais rencontrées dans ma vie. La femme se leva en plaquant ses paumes sur mon bureau, sans que cela me fasse ciller d'un cil. Il m'en fallait plus pour me faire peur.
« Crystal mérite bien mieux que toi ! S'écria-t-elle en me défiant du regard.
- Qui es-tu pour savoir ce qu'elle mérite de mieux ? Je te rappelle que tu n'es rien pour elle. Elle mérite mieux, tu as raison. Elle mérite que je t'empêche de te rapprocher d'elle, que tu recommettes tes méfaits du passé, articulai-je en gardant mon calme.
- Dis celui qui l'a cédée au pire homme qui puisse s'occuper d'une Doll ! Tu ne la mérites pas Jungkook ! Tu ne veux que te servir d'elle pour atteindre Hans, mais elle n'est pas un objet !
- Dis celle qui veut se servir d'elle pour ses désirs personnels ! M'agaçai-je à mon tour. Ne me fais pas la morale quand toi-même tu n'es pas toute blanche.
- Jungkook, quand elle saura qui elle est, tu te rendras compte qu'elle ne sera pas seulement destructrice pour Hans. Crystal est aussi dangereuse pour toi, me prévint-elle sérieusement.
- Crois-moi, je ne suis pas celui qui devrait être inquiet. Maintenant, je t'invite à quitter mon bureau avant que je ne te sorte moi-même. »

Elle me lança un regard noir, mais lorsqu'elle vit la pression que j'appliquais sur le stylo entre mes doigts, qui manquait de céder à tout moment, elle finit par baisser ses armes et de se diriger vers la sortie. Mais avant de quitter définitivement mon espace de travail, elle ouvrit la porte et posa sa main sur le cadre de cette dernière, jetant un coup d'œil par-dessus son épaule pour s'adresser une dernière fois à moi :
« L'éclosion est en cours Jungkook. On ne se remet jamais d'une trahison, tu sais de quoi je parle. »

Je tiltais tout de suite à ses mots, écarquillant les yeux face à sa déclaration. L'éclosion... J'avais déjà entendu ça. Malheureusement, lorsque je me rappelais que c'était Crystal qui m'en avait parlé après avoir manqué d'être assassinée, Longhess était déjà sortie de mon bureau et Seokjin eut le mauvais timing d'apparaître aussitôt, m'empêchant alors de partir à la poursuite de la noiraude.
« Tu en tires une de ces têtes, plaisanta mon ami en déposant un gobelet contenant un chocolat chaud sur mon bureau.
- Tu es en retard, ignorai-je sa remarque en me rasseyant à contrecœur dans mon fauteuil.
- Il y avait du monde sur la route, sortit-il malicieusement ma propre excuse, ce qui m'arracha tout de même un sourire en coin. Dis donc, j'ai cru que tu n'allais plus jamais pointer le bout de ton nez ici, ajouta-t-il en se plaçant sur le canapé.
- J'étais occupé, répondis-je simplement en notant ce que j'avais découvert aujourd'hui sur une feuille pour ne pas que je l'oublie.
- Dis plutôt que tu voulais vérifier que je m'occupe bien de l'entreprise pendant ton absence, répliqua-t-il dans un rire.
- Eld', soupirai-je. S'il y a bien une personne en qui j'ai confiance pour diriger l'entreprise en mon absence, c'est bien toi. »

Il sembla surpris par mes mots à en voir le haussement de ses sourcils. Je ne voyais pas pourquoi ma sincérité le surprenait. Je savais que Seokjin était mon ami et qu'il m'appréciait autant qu'il me craignait, donc je savais qu'il n'allait pas commettre d'erreur. C'était aussi simple que ça. Depuis le temps qu'on se connaissait, il ne m'avait jamais planté de couteau dans le dos. Voilà pourquoi je me permettais de déléguer parfois un peu de mes responsabilités de Jeon's Industrie sur ses épaules.

Le châtain passa ses bras sur le dossier du canapé et pencha légèrement la tête sur le côté, démontrant de sa confusion soudaine.
« Crystal va bien ? Je vous ai entendu parler d'elle avec Longhess et comme ça fait longtemps que je ne l'ai pas vue, je me demandais si elle allait bien, me demanda-t-il.
- Elle n'est plus avec moi, soufflai-je en le regardant dans les yeux.
- Hein ? Mais pourquoi ?
- Tu crois que j'ai réussi comment à décrocher un contrat avec Graham, l'éternel insatisfait ? Répondis-je avec une pointe d'agacement dans la voix. »

Un silence de quelques secondes s'installa entre nous deux, avant que mon aîné ne se lève d'un bond du canapé, qu'il se rapproche de mon bureau pour plaquer ses mains dessus.
« Tu l'as échangée contre un contrat ! S'exclama-t-il en fronçant les sourcils. Non mais tu es complètement dingue !
- Je n'avais pas le choix, il n'y avait que ça pour obtenir la collaboration, me justifiai-je en croisant les bras sur mon buste.
- Crystal n'est pas un objet Jungkook ! C'est un être vivant comme toi et moi, un être doué d'émotions et là, tu l'as sûrement blessée ! Non mais comment as-tu pu faire ça ! Avant, jamais tu n'aurais pu faire ça à une fille ! S'écria-t-il.
- Oh c'est bon ! J'ai l'intention de la récupérer, répliquai-je en me levant à mon tour.
- La récupérer ? Mais pourquoi ? Pour la blesser encore ! Pour la traiter de nouveau comme un objet ! Pour te servir d'elle ?! Franchement, je ne sais vraiment pas comment elle a pu supporter tous tes coups bas... Moi je t'en aurais déjà flanqué une bonne !
- Eld', tu ne sais rien et tu ne pourrais pas comprendre pourquoi je fais ça, râlai-je en passant furieusement ma main dans mes cheveux.
- Non, je ne pourrais jamais comprendre que tu t'en prennes à elle alors qu'elle a toujours tout fait pour te rendre heureux. J'ai même cru qu'un moment, elle allait te soulager de tous tes malheurs, termina-t-il en me regardant avec déception. Tu sais quoi, je préfère presque qu'elle ne revienne pas à ton service...
- Je ne la laisserai pas à cet homme, annonçai-je catégoriquement.
- C'est pourtant toi qui l'as donnée en premier lieu. Et pourquoi tu veux la reprendre ? Pour en refaire un jouet ? Pour lui faire croire qu'elle compte pour toi alors qu'elle n'est juste qu'un pion de ton foutu échiquier ?! Tu ne la mérites pas Jungkook, désolé de te le dire.
- Tu ne sais même pas de quoi tu parles, de ce que j'ai vécu avec Crystal ! M'exclamai-je agacé qu'on m'accuse à tort. Est-ce que tu savais que j'avais l'intention de faire d'elle une femme libre ? Non. Donc maintenant ferme-la. »

Un duel de regards s'installa entre nous. Après avoir crié l'un sur l'autre, nos respirations ayant été impactées par cela furent plus saccadées, plus profondes et puissantes. J'appréciais Seokjin, mais ce que je détestais chez lui par-dessus tout, c'était son côté moralisateur. Quand on ne savait pas toute l'histoire, on devait la boucler. Voilà comment ça marchait. Il n'était pas content de ce que j'avais fait à Crystal ? Tant pis, je n'avais jamais demandé son avis. Mais rien ni personne n'allait pouvoir m'empêcher de la retrouver, de la ramener chez moi où elle pourra plus amplement s'épanouir.
« Jungkook... souffla-t-il calmement. Pourquoi veux-tu réellement la récupérer ? Ne penses-tu pas que tu lui as déjà fait assez de mal ?
- Je l'ai vue. Je l'ai vue il y a une semaine et j'ai surtout vu son regard. Elle avait peur et ce n'était pas à cause de moi. D'accord, j'ai peut-être merdé en la vendant pour un certain intérêt mais maintenant, je veux remettre les choses en place, avouai-je en baissant le ton moi aussi.
- Bien... Alors je vais t'aider en te disant ceci. Graham refait une réception ce soir et malheureusement tu n'es pas convié. Tu as moins de huit heures pour prévoir un plan pour à la fois être invité et récupérer Crystal, déclara-t-il avant de me tourner le dos, tandis que j'acquiesçai dans un murmure. Et Jungkook ?
- Hum ?
- Si tu arrives à la retrouver et qu'elle te pardonne, s'il te plaît, laisse-toi ressentir autre chose que de la haine et de l'envie de vengeance... Pour elle au moins. »

Sur ces mots, il quitta mon bureau en refermant doucement la porte en verre trempé. Je fixai cette dernière quelques secondes avant de me rasseoir dans ma chaise, expirant longuement tout en me pinçant l'arête du nez. À peine la journée venait de commencer que j'en avais marre. Je rapportai ma main à mes lèvres, réfléchissant à ce que venait de me dire mon co-directeur. Bon pas à ses toutes dernières paroles qui n'avaient aucun sens à mon avis, mais plutôt à propos de Graham. Ce trouduc refaisait une réception et ne prenait même pas la peine de m'inviter ? Moi, l'homme le plus influent du pays ? Avait-il peur que je récupère sa précieuse poupée qu'il avait tant désirée ? Il pouvait avoir peur, j'allais la reprendre et sans lui demander son accord.

J'attrapai mon portable se trouvant dans la poche avant de mon pantalon, le déverrouillai rapidement avant de chercher un contact précis. Je lançai l'appel puis collai l'appareil contre mon oreille en soupirant. Seulement deux sonneries retentirent avant que la voix de la personne que je cherchais à atteindre ne se fit entendre.
« Jungkook, que puis-je pour toi ? M'interrogea-t-il dans un rire, comme s'il attendait mon appel.
- Tu es chez toi ou à ton entreprise ? Demandai-je en ignorant sa question.
- Chez moi. J'imagine que si tu me demandes ça, c'est que tu as envie de passer me dire bonjour, plaisanta-t-il. Passe quand tu veux, j'ouvrirai une bonne bouteille de blanc rien que pour toi !
- J'arrive tout de suite, annonçai-je avant de raccrocher. »

Je reculai mon fauteuil et en sortis rapidement, prenant sur mon passage mon manteau que j'avais préalablement accroché sur le portemanteau et quittai mon bureau. Même pas une heure que j'étais à mon entreprise et pourtant, je partais déjà. Et personne ne pouvait me faire de remarque sur ça. Les joies d'être le patron !
Le trajet fut assez rapide, puisque comme à mon habitude, je ne respectais pas vraiment le code de la route. Je garai ma Mercedes devant la grande villa de mon futur hôte et descendis de cette dernière avant de venir sonner à la porte. Le battant s'ouvrit et laissa apparaître une jeune femme aux cheveux d'or que je reconnus comme étant Églantine, aka la Doll qui m'avait battu au billard.
« Monsieur Min vous attend dans le salon, m'invita-t-elle à entrer en me débarrassant poliment de mon pardessus. »

J'acquiesçai dans un hochement de tête, me déchaussai puis allai rejoindre l'homme à la chevelure courte, sagement assis dans son canapé. Lorsqu'il me vit arriver, un grand sourire s'afficha sur ses lèvres. Il attendit que je me place à côté de lui avant de me cuisiner avec ses questions :
« Dis donc Jungkook, tu fais beaucoup parler de toi récemment, releva-t-il en posant son bras sur le dossier du meuble afin de se tourner vers moi confortablement.
- Pas plus que d'habitude je dirai, répondis-je en haussant les épaules. Mais bon, si tu me fais une telle remarque, c'est que tu dois savoir pourquoi je t'ai appelé, ajoutai-je sérieusement. »

Il ne répondit pas tout de suite, puisqu'une de ses Dolls arriva pour déposer deux verres de vin blanc devant nous, comme il me l'avait promis au téléphone. Attendant une réponse de sa part, j'attrapai le récipient que je portai aussitôt à mes lèvres, arquant un sourcil pour lui montrer que j'étais tout ouïe.
« On dit que tu as eu la mauvaise idée de troquer ta Doll et que maintenant tu regrettes, laissa-t-il entendre après avoir bu lui aussi une gorgée.
- Ce n'était pas une mauvaise idée et je ne regrette pas, rectifiai-je ses dires en me mettant à l'aise.
- Alors pourquoi vouloir la retrouver ? Fit-il avec un sourire en coin.
- Parce qu'elle m'appartient et que je n'aime pas prêter mes affaires à des inconnus, répondis-je avec le même rictus.
- Et tu comptes t'y prendre comment ? J'ai cru comprendre que tu n'avais pas été invité ce soir, ricana-t-il en portant à nouveau son verre à sa bouche. »

Le problème avec Yoongi, c'était qu'il était comme moi : un maniaque de l'information. Il savait beaucoup de choses et cherchait toujours à en savoir plus, car comme j'avais déjà pu le dire à Crystal, le savoir c'était le pouvoir. Je ne lui laissais jamais rien savoir sur moi. Il connaissait que la surface de moi-même, mais rien en profondeur et c'était pour cela qu'il s'intéressait beaucoup à ma vie. Qui ne voudrait pas me connaître ? Lorsque j'étais avec lui, je faisais toujours extrêmement attention à ce que je disais. Mais le problème était que pour obtenir de l'aide de sa part, je devais apporter des informations sur moi. Et aujourd'hui, j'allais devoir marchander des vérités à mon propos pour qu'il m'aide.
« Tu as été invité au dernier gala mais tu étais en voyage d'affaires. J'imagine donc que tu as été de nouveau invité pour ce soir, dis-je en observant sa réaction.
- Effectivement, j'ai été invité et je m'y rendrai, répondit-il calmement.
- Laisse-moi t'accompagner, continuai-je en passant ma langue sur mes lèvres.
- Je ne savais pas que tu avais envie de devenir ma compagne, plaisanta-t-il malicieusement.
- Crois-moi que si je devais être attiré par les hommes, tu serais le dernier sur ma liste, répliquai-je sur le même ton. Plus sérieusement. Dans une réception, on a toujours le droit d'amener une personne avec nous. Donc, emmène-moi avec toi.
- Et comme ça tu pourras plus facilement récupérer Crystal, lança-t-il en hochant doucement de la tête. Mais je crois que tu oublies quelque chose dans l'équation. Graham ne te laissera pas partir avec elle, souleva-t-il le problème de l'histoire. »

Je terminai cul-sec ma boisson fruitée et alcoolisée, avant de me lever et de faire quelques pas en direction de la cheminée éteinte. Je fis parcourir mon regard sur la structure en pierre pour ensuite l'arrêter sur le tableau d'un paysage paradisiaque accroché au-dessus. Je connaissais déjà le prix de ce que j'allais lui demander, et cela me dérangeait de faire appel à lui. Seulement, si je voulais récupérer le plus rapidement possible Crystal sans avoir de problèmes à régler après, je ne pouvais que me reposer sur lui. Plantant mes mains dans mes poches, je pris une profonde inspiration avant de lui répondre enfin :
« C'est pourquoi je suis venu. J'ai besoin de toi pour me débarrasser de lui, dans les normes, terminai-je en le regardant par-dessus mon épaule.
- Tu sais que je ne fais pas ça gratuitement, me prévint-il en croisant lentement les jambes.
- Je sais, et c'est pour cela que je te laisserai une question à me poser à laquelle je répondrai sincèrement, sans mensonge. »

Yoongi savait que lorsque je proposais un marché, je m'y tenais parce que j'étais peut-être un connard, mais j'étais un homme de parole aussi. Bon, je ne disais pas la vérité telle quelle, mais je ne mentais pas. Lorsqu'on veut cacher la véracité des choses, on la cache derrière des mots bien amenés, de belles tournures de phrases et un peu de manipulation pour faire croire qu'on a dit la vérité. Seulement, cette technique avait tout de même sa faiblesse : elle cachait mais ne transformait pas, alors elle restait tout de même la vérité. Ainsi, lorsque je répondais aux questions de Min, je lui donnais tout de même ce qu'il voulait et c'était à lui de décortiquer la coquille qui masquait la vérité pure. En soi, le marché semblait inéquitable et pourtant, j'étais presque le perdant dedans. Yoongi obtenait sa réponse et moi je perdais une information sur moi que je voulais garder secrète. Et plus on savait de choses sur moi, plus je devenais vulnérable. C'était la terrible loi de notre monde. Le mystère protégeait des attaques, et quand il n'existait plus, on ne devenait plus rien et on devenait surtout faible. Je refusais que cela m'arrive.
« Tu sais que pour te débarrasser de lui sans avoir affaire à la loi, il faut que justement tu démontres qu'il est hors la loi, souffla-t-il en sifflant son verre.
- Je sais et c'est pour cela que je veux que tu cherches son point faible, déclarai-je en lui faisant face.
- Deux questions.
- Je te demande pardon ? Fis-je en fronçant les sourcils.
- J'accepte de t'aider, de chercher ces informations et de t'emmener avec moi, à condition que tu répondes à deux questions avec sincérité. Une avant que je ne t'aide, l'autre après, imposa-t-il sérieusement.
- C'est d'accord, acceptai-je sans attendre. Alors, que veux-tu savoir de moi ? Demandai-je en m'adossant contre la cheminée.
- Où se trouve ton frère ? »

Il fallait l'avouer, sa question me prenait de court. Pourquoi voulait-il savoir quelque chose à propos de Nolan ? Il fallait l'avouer, de tous les Jeon, c'était le plus inintéressant. Tout de même, un mauvais pressentiment me prit, me faisant froncer les sourcils de réflexion. Yoongi cherchait à savoir quelque chose, et j'avais ma petite idée sur ce que c'était. Malheureusement pour lui, il ne fallait pas qu'il sache. Et malheureusement pour moi, j'allais devoir me débrouiller ingénieusement pour masquer la vérité dans ma réponse.
« J'en ai aucune idée, mais si tu veux, je peux te passer son numéro pour que tu lui demandes toi-même, prononçai-je sur un ton ironique. »

Dans son silence, je voyais qu'il analysait méticuleusement ma réponse, tout en faisant tourner le peu de liquide aux teintes jaunes dans son verre. Puis il but la fin et reposa délicatement la verrerie sur la petite table basse.
« Je veux bien son numéro, accepta-t-il avec un sourire.
- Je te le passerai, soufflai-je en roulant des yeux. À toi maintenant de respecter ta part du marché.
- Laisse-moi passer un coup de fil, me dit-il en se levant tout en prenant son portable en main. »

N'ayant pas le choix, j'allai retrouver ma place sur le canapé pendant que le châtain quittait le salon afin de passer son appel avec je ne savais qui. Croisant les jambes, je tapotai l'accoudoir de ma main avec impatience. Les minutes défilaient et ça m'agaçait, parce que je voyais mon temps pour préparer un plan d'attaque diminuer. J'aimais être parfaitement prêt lorsque je m'apprêtais à détruire quelqu'un, mais à chaque fois je m'y prenais bien à l'avance pour avoir la satisfaction à la fin d'être plus intelligent, plus fort et plus sadique que les autres. Je rejetai la tête en soupirant. Dans cette société, lorsqu'on avait de l'argent, on n'était pas parfait. Alors, Graham devait avoir fait des choses sombres pour obtenir cette richesse et Yoongi allait le découvrir. Moi, j'étais hors système puisque ma famille était proche de la famille royale. Je pouvais commettre des erreurs, on n'allait pas pouvoir envoyer un effaceur pour m'exterminer puisque j'étais un des effaceurs du roi. J'étais intouchable, mais pas Damien. Je jouissais d'avance de le voir à genoux devant moi !
« Mauvaise nouvelle Jungkook, le gars est clean, m'informa Min en revenant dans la pièce.
- Quoi ? Comment ça clean ? Répétai-je en rabaissant ma tête vers lui.
- L'argent qu'il a récolté tout au long de sa vie jusqu'à maintenant, il l'a durement gagné et surtout, légalement. Il n'a aucun casier judiciaire donc pas suspect au niveau de la police. Pas d'excès de vitesse, pas de violence, pas de drogue, de problème d'addiction à l'alcool. Rien, nada, énuméra-t-il en poussant un à un ses doigts.
- C'est impossible de trouver une personne comme ça, répliquai-je, n'y croyant pas un mot.
- Et pourtant, mes sources sont fiables. Je ne sais pas ce que tu avais prévu pour te débarrasser de lui, mais tu ne pourras pas compter sur son mauvais comportement, lança-t-il en s'adossant contre le cadre de la porte.
- Oh mais si, fis-je avec un sourire. Il vient de me porter sur un plateau d'argent sa soumission, terminai-je sûr de moi.
- Aurais-tu l'amabilité de m'expliquer ce qu'il se passe dans ton cerveau de génie ?
- Il n'y a rien de suspect chez lui ? Et bien, il suffit d'en inventer, expliquai-je en prenant encore plus mes aises dans le canapé. Je vais le faire rentrer dans les dossiers de la police et lors de sa soirée, je vais le faire arrêter pour détention de drogues illégales.
- Mon contact peut s'occuper du dossier, me proposa-t-il en hochant positivement la tête.
- Je m'occupe de trouver de la drogue qu'on cachera chez lui, dis-je à mon tour en me levant. Tu passes me prendre à dix-huit heures ? Ajoutai-je avec un rictus amusé.
- Ne sois pas en retard ma jolie, plaisanta-t-il à son tour. »

Je savais que ça allait lui plaire de détrôner un idiot avec moi !

Je me tenais fièrement devant la villa de Graham. Élégamment habillé de mon costume noir favori, celui que j'avais mis le jour où on m'avait légué mon empire, et détenant dans la poche à l'intérieur de la veste, l'arme qui allait détruire celui qui détenait Crystal : un sachet de la meilleure cocaïne du pays que m'avait remis en main propre Lionel. Yoongi se tenait à ma droite, vêtu dans un ensemble d'un bleu marine, ses cheveux châtains très courts proprement relevés avec du gel. Un vrai duo d'hommes séduisants nous étions.
« Tu vas la cacher où ta drogue ? Me questionna-t-il en lissant les quelques plis sur son pantalon.
- Un endroit cohérent qui poussera à croire que c'est un drogué, répondis-je en reniflant une fois. Tu n'as pas oublié ce que tu dois faire j'espère.
- Dès que tu m'envoies un message, j'appellerai les flics pour qu'ils viennent l'arrêter, répéta-t-il notre plan sans hésitation. Tout reposera sur toi et ta mise en scène. Le sachet contient ses empreintes ?
- Oui. Fraîchement récoltées sur le contrat. Et dire que c'est ce contrat qui causera sa perte. Je m'en réjouis d'avance ! Ricanai-je.
- Attends d'avoir récupéré Crystal avant de déclarer victoire, me reprit-il sérieusement.
- Je ne perds jamais Yoongi, tu devrais le savoir, assurai-je avec un rictus arrogant. »

D'un signe de tête, je l'invitai à me suivre vers l'entrée. J'avais hâte de me mettre en action. Mon aîné frappa quelques coups contre le battant en bois qui s'ouvrit peu de temps après sur une Doll masquée à la chevelure brune et aux iris noisette. Mon regard se porta sur son pendentif qui contenait une fleur de lavande, ce qui m'indiqua son nom, à défaut de ne pas pouvoir voir son tatouage sur sa clavicule.
« Je suis Monsieur Min et voici mon accompagnateur, nous présenta mon collaborateur. »

La poupée acquiesça dans un léger hochement de tête, avant de s'écarter pour nous laisser entrer. Nous entrâmes ensemble et tout de suite, discrètement, nous nous mîmes à observer notre environnement. Étant déjà venu ici deux semaines auparavant, je ne me sentais pas dépaysé par la maison. Dans des murmures discrets, je présentais chaque recoin que j'avais déjà pu visiter à Min, afin qu'il se repère rapidement. Nous n'avions pas de temps à perdre.
Mon regard se promenait parmi la foule de personnes autour de nous. Je cherchais le visage familier de ma Doll et malheureusement, je ne la voyais pas. Même si toutes les poupées ici portaient des masques, je connaissais les traits de Crystal sur le bout des doigts. Même les yeux fermés, je pouvais reconnaître l'odeur de sa peau. De plus, elle possédait une particularité unique : ses prunelles cristallines.
Une, deux, trois, quatre. Il n'y avait que quatre Dolls dans la salle de réception...
« Monsieur Jeon ! M'interpella-t-on. »

Sans avoir besoin de me tourner, je savais que c'était Damien qui m'avait rapidement repéré. Je pivotai sur mes talons, étirant mes lèvres dans un sourire parfaitement hypocrite qui trouvait presque son reflet sur sa bouche.
« Quelle surprise de vous voir alors que vous n'étiez pas invité, continua-t-il en levant son verre de whisky dans ma direction.
- Je suis venu accompagner Monsieur Min. Il ne pouvait pas faire tache en se ramenant seul ici, donc il a demandé à l'homme le plus sexy du pays de venir avec lui, laissai-je entendre en lui volant son récipient, portant ce dernier à mes lèvres en arquant arrogamment un sourcil.
- Et où se trouve-t-il ? J'aimerais lui parler, me demanda-t-il en perdant son air amusé.
- Sûrement au bar. Oh, et aller lui parler, il adore raconter des choses indiscrètes sur moi, murmurai-je la fin sur un ton taquin. »

Je le vis se mordre l'intérieur de la joue, sûrement pour s'empêcher de répliquer quelque chose qui jouerait en ma faveur. Voyant que je n'allais pas lui rendre son verre, il se pinça les lèvres en me saluant d'un hochement de tête et me quitta enfin, peut-être pour aller retrouver Yoongi. Au moins, j'avais le champ libre pour mettre en place mon plan. Je me frayai doucement un chemin entre les invités, me dirigeant vers un coin de la demeure que j'appelais le coin travail. Car si mon instinct était bon, son bureau devait se trouver là-bas. Je me rapprochai soigneusement de mon but, et une fois devant la porte, je testai la poignée. Malheureusement pour moi, elle était verrouillée. Rapidement et d'un œil aiguisé, j'analysai le type de serrure qui me posait problème. J'avais déjà forcé une serrure, une fois, pour une cause débile qui m'avait fait être puni quand j'étais gosse, de ce fait, je ne savais pas si j'étais capable de le refaire.

Alors que je tergiversais sur comment j'allais m'y prendre, je sursautai d'un coup en entendant quelqu'un racler sa gorge dans mon dos. Je pivotai vivement et attrapai la personne par le cou pour la plaquer contre le mur, posant ma main sur sa bouche pour ne pas qu'elle émette le moindre son, mais je me rendis bien vite compte que c'était une Doll à la chevelure platine. Soupirant de soulagement, je la relâchai et reculai par la suite de deux pas.
« Que faites-vous près du bureau de mon Maître ? Me questionna-t-elle avec une étrange lueur de peur. »

Je tiltai à l'expression apeurée dessinée sur son visage. Ce n'était pas moi qui lui avais fait peur mais mon action, ma main pressée quelques secondes sur sa gorge. Étrangement, cela me ravissait autant que cela m'inquiétait. Je laissai un doux sourire étirer mes lèvres dans l'intention de la rassurer et pris la parole calmement, voulant utiliser son angoisse liée sûrement à son Maître à mon avantage :
« Pour être tout à fait sincère, je cherche un endroit, commençai-je en détaillant avec attention son visage presque juvénile. Pour vous, quel serait l'endroit le plus sécurisé pour cacher des choses et bien sûr, sécurisé au goût de Graham ? Lui demandai-je sans laisser disparaître mon faux rictus bienveillant. »

Je vis l'hésitation s'installer dans ses prunelles. Son regard alternait entre moi et les deux côtés nous entourant, vérifiant que nous étions bien seuls. Sa bouche s'ouvrit puis se ferma la seconde suivante, avant qu'elle ne s'ouvre à nouveau pour enfin laisser entendre sa voix.
« Sa chambre, chuchota-t-elle en pointant le plafond de son index. »

Je plissai les paupières avant d'acquiescer dans un hochement de tête silencieux. Je passai à côté d'elle, tapotant doucement son épaule pour la remercier et partis en direction de l'escalier que j'avais remarqué en entrant dans la villa. Une fois sûr que personne ne me regardait, je gravis rapidement les marches pour arriver à l'étage qui contenait cinq portes. Vu l'agencement, le plus logique serait que sa chambre se trouve au bout du couloir. Alors sans réfléchir plus, je me dirigeai vers cette porte, abaissai la poignée discrètement et pénétrai dans une pièce plongée dans le noir. Je cherchai à tâtons l'interrupteur et finis par allumer la lumière au plafond. Je découvris alors une chambre aux couleurs crème, ne contenant qu'un lit King size et de ses tables de nuit, une porte menant à une salle de bain et une autre à son dressing.
Si j'étais quelqu'un d'idiot qui voulait cacher quelque chose qu'il ne fallait absolument pas trouver, je le cacherais sous le matelas. Essayant de réfléchir comme Graham, je me dirigeai alors vers ce dernier que je soulevai rapidement pour me rendre compte qu'il n'était pas si idiot que ça.

Et si... Et s'il avait la même cachette que moi ?

Je remis correctement le lit pour ne pas que l'on suspecte mon passage ici, puis partis en direction de son dressing. J'ouvris le battant et entrai dans le petit espace clos en zieutant tout autour de moi. Au bout d'un moment, je m'abaissai au sol, effleurant le parquet du bout des doigts avant de cogner sur une certaine lame. Ça sonnait creux. Glissant le peu d'ongles que j'avais dans les rainures, je finis par arriver à soulever le parquet et à voir un léger trou rectangulaire. Le con n'avait même pas mis de code. Je relevai la petite trappe et découvris avec surprise ce que contenait cette cachette. Un sourire victorieux étira mes lèvres lorsque je me rendis compte que mon sachet de cocaïne n'allait pas servir à grand-chose. Damien s'était lui-même fait un stock. Je pris mon portable en main et photographiai ma petite trouvaille, avant d'envoyer cette dernière à Yoongi, lui signalant qu'il pouvait contacter la police. Moi, je devais maintenant retrouver Crystal.

Après avoir effacé mes traces, je redescendis au rez-de-chaussée et me faufilai parmi la foule pour ne pas éveiller les soupçons sur ma personne. Mes iris noirs cherchaient la silhouette de la jeune femme et plus le temps passait, plus je trouvais cela anormal que je ne la croise pas une seule fois. Je repérai la figure d'une Doll que je n'avais pas oubliée et je me précipitai vers elle. Je l'attrapai par le bras et l'entraînai dans un coin avant de la plaquer contre un mur, retirant par la suite son masque pour que je puisse voir entièrement son visage. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais je lui intimai le silence en posant mon doigt sur mes lèvres.
« Je pose les questions, tu réponds, imposai-je en fronçant les sourcils. Je te reconnais, tu es la Doll qui a embrassé Crystal donc tu dois bien la connaître. Où est-elle ? »

Ses yeux océan devinrent plus froids, plus coléreux en entendant ma question. Elle repoussa mes bras, ce qui me surprit légèrement de sa part mais je ne le montrai pas. Saphir, du moins je devinais ce nom avec son collier, semblait ressentir de la rage... contre moi.
« Pourquoi devrais-je vous le dire ? Vous l'avez abandonnée, répliqua-t-elle en fronçant les sourcils.
- Je ne l'ai pas abandonnée mais juste prêtée quelques jours. Maintenant je viens la récupérer, soupirai-je. Donc, où ?
- Elle vit déjà un enfer ici, je ne la laisserai pas avec un autre homme qui la fera souffrir.
- Comment ça un enfer ? Répétai-je sérieusement mais elle garda le silence. Que lui a fait Graham ? Insistai-je en l'attrapant par les épaules. Saphir que lui a-t-il fait ? Où elle se trouve ! M'exclamai-je en comprenant que quelque chose de grave se passait. »

Ses yeux furent inondés de larmes qu'elle tenta de masquer en détournant son visage sur le côté, ce qui m'inquiéta d'autant plus. Mon souffle s'accélérait tout comme mon cœur. Je devais savoir où elle était.
« Saphir dis-moi où elle est ! Je suis venu la libérer. Graham va pourrir en prison et vous serez libres mais j'ai besoin de savoir où se trouve Crystal, articulai-je en essayant de garder un ton calme.
- Si je vous le dis, vous allez lui faire du mal vous aussi, fit-elle la voix tremblante.
- Saphir... Je ne lui ai jamais fait de mal. Dis-moi.
- Dans... dans la cave, avoua-t-elle finalement.
- Va prévenir les autres que votre Maître va être arrêté très bientôt par la police. Si vous ne voulez pas être ramenées à Domination's scent, partez maintenant, la prévins-je avant de partir en courant. »

J'étais partagé entre une inquiétude qui déréglait mon rythme cardiaque et une colère qui brûlait mes veines sur son passage. La cave, je devais trouver la cave. Voilà pourquoi de la peur s'était trouvée dans son regard quand je l'avais revue... Mais quel idiot ! Pourquoi je ne l'avais pas obligé à me suivre ! Je trouvais rapidement la porte de la cave qui se trouvait écartée de la salle de réception. Malheureusement, la porte se trouvait être du verre trempé... Je commençai à faire les cent pas en tirant nerveusement mes cheveux dans lesquels je passais mes doigts. Comment allais-je faire pour entrer ? Je ne pouvais pas attendre que la police se pointe ! Qui savait dans quel état Crystal se trouvait ?!

Vérifiant que la musique soit encore forte, je pris une grande inspiration avant de donner un grand coup d'épaule dans le battant. Je n'allais pas pouvoir briser le verre, alors je comptais sur le fait de casser la serrure. J'enchaînais les coups, de plus en plus forts, de plus en plus douloureux jusqu'à ce que miraculeusement la porte cède, s'ouvrant d'un coup et manquant de me faire dévaler les trois marches en dessous. Une souffrance sans nom se réveilla dans tout mon bras mais je l'ignorai, mon attention avait été tout de suite happée par la silhouette d'une jeune femme agenouillée au sol, torse-nu, les bras ligotés au-dessus d'elle.
Crystal.

Sans attendre une seconde, je me précipitai vers elle avant de me jeter à genoux en face d'elle. Délicatement, je pris son visage écorché entre mes mains, caressant ses joues pour qu'elle reprenne connaissance.
« Crystal ? Crystal réveille-toi... »

Mais je ne reçus aucune réponse de sa part. Sa respiration était si faible, ses lèvres sèches et craquelées démontraient sa déshydratation, son teint pâle montrait qu'elle avait perdu du sang et ses joues creuses, le manque de sommeil et de nourriture. Je pris l'initiative de la libérer de ses cordes et doucement, je la pris contre moi, l'appelant encore et encore pour qu'elle ouvre les yeux.
« Crystal, ouvre les yeux, continuai-je à lui parler. C'est terminé, je ne le laisserai plus te faire du mal alors ouvre les yeux. Allez, ouvre les yeux, la pressai-je avant de me pincer les lèvres. »

Finalement, elle gémit avant de soulever ses paupières fébrilement. Ses iris cristallins, qui avaient perdu de leur vivacité, se posèrent sur moi et doucement, elle se mit à froncer les sourcils.
«Jun... Jungkook ? Articula-t-elle faiblement.
- C'est moi. Je suis là, assurai-je en caressant sa pommette. »

Mais son état de conscience disparut aussitôt, ses yeux se fermèrent à nouveau. Sentant qu'elle pouvait à tout moment perdre la vie, je passai rapidement un bras dans le creux de ses genoux et un derrière son dos, puis la portai en grimaçant de douleur. Elle avait un poids plume, mais mon épaule me faisait déjà regretter les coups que j'avais mis sur la porte. Je me retournai dans l'intention de quitter cette maison pour emmener Crystal à l'hôpital, mais je me figeai sur place en découvrant devant Damien devant moi.
« Écarte-toi, ordonnai-je en grinçant des dents.
- Tu crois vraiment que je vais te laisser ma Doll ? Ricana-t-il froidement.
- Ce n'est pas ta Doll mais la mienne. Vu comment tu t'occupes d'elle, tu penses vraiment que je vais te la laisser ? Maintenant écarte-toi, répétai-je de plus en plus sombrement.
- Dans tes rêves. Franchement, je savais que tu allais me causer des problèmes. J'aurais dû te tuer après avoir eu Crystal, déclara-t-il en sortant de l'intérieur de sa veste de costard un revolver.
- Fais attention, tu t'attaques à plus fort que toi, le prévins-je sans aucune once de peur face à son arme. »

Il chargea le pistolet et le pointa en direction de ma tête, tandis que je restais droit. La mâchoire serrée, j'espérai tout de même que Yoongi avait prévenu la police à temps, parce que je ne comptais que sur eux pour me sortir de ce pétrin.
« Fais tes adieux Jeon, lança-t-il dans un rire forcé. »

Gagner du temps, je devais gagner du temps. Sans réfléchir, je fis quelques pas dans sa direction, ce qui le surprit. Déstabilisé par mon action, il voulut me faire peur en tirant à quelques pas de moi, mais je ne m'arrêtais pas. Quand il comprit ce que j'essayais de faire, il repointa son arme sur moi et alors qu'il s'apprêtait à tirer sur moi, deux coups de feu résonnèrent dans la cave. Un gémissement suivit et la seconde d'après, il tomba à genoux, son arme tombant à terre et une grimace se dessinant sur le visage. Peu de temps après apparurent deux policiers, tenant eux-mêmes leur revolver contenant des balles tranquillisantes.
« Monsieur Jeon, vous allez bien ? Me demanda l'un d'eux en s'approchant de moi après avoir retiré l'arme de Graham.
- Je vais bien. Je vous laisse vous occuper de son cas. »

N'attendant pas de réponse de leur part, je remontai les marches de la cave et croisai tout de suite devant moi Yoongi, appuyé contre le mur.
« Je vais à l'hôpital. Crystal est dans un état critique, dis-je simplement.
- Tiens les clés, répondit-il en me lançant les tiges métalliques de sa voiture puisqu'on était venus avec la sienne. Mais avant que tu ne partes, ma question.
- Je t'écoute, soufflai-je pressé de partir.
- Qu'est-ce que tu ressens pour Crystal ? »

Son interrogation me surprit, il fallait l'avouer. Mes prunelles glissèrent sur le faciès de la concernée et je pris une inspiration en réfléchissant à la réponse que j'allais lui donner. Je secouai la tête en me rendant compte que celle que j'allais prononcer allait en même temps me perdre.
« Je ne sais pas. »

Et c'était la vérité, je ne savais pas ou du moins, je ne savais plus. Étrangement satisfait par mes mots, il me laissa partir.

« Tu sais quoi Jungkook ? Il n'y a pas qu'elle qui change, entendis-je ou du moins, je crus entendre. »

Hello hello !

Mais c'est qu'on se rapproche de plus en plus de la fin ! Plus que huit chapitres et on pourra clôturer ce tome de Domination's scent !

Un petit point de vue de Jungkook ! Ça faisait longtemps haha ! J'espère que vous aviez apprécié d'être dans sa tête !

Crystal a été libérée, bonne ou mauvaise chose ?

On verra dans la suite !

À très bientôt !

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