Domination's scent avait ouvert ses portes en 1995 et avait fait fureur dès son ouverture. La marchandise de qualité qu'elle proposait lui avait permis de s'imposer sur le marché national, tout en apportant une réponse instantanée aux désirs de sa clientèle, intense et quémandeuse de nouveautés. Les Dolls, ses créations, ses pièces maîtresses, étoffaient la fierté du gérant de la boutique, Hans Kerberton. Que représentaient ces Dolls ? De magnifiques jeunes femmes éduquées dès leurs premiers jours pour devenir des marionnettes. Des poupées vivantes et obéissantes aux claquements de doigts de leur maître. Des bourgeons à peine éclos qui finissaient dans l'assiette de l'insatiable homme, qui les utilisait comme un jouet et sans aucune once de compassion. Non. Elles n'étaient que des jouets, des pièces montées dans lesquelles coulait du sang rouge rubis dans leurs veines, mais qui n'avaient pas le droit de posséder la classification d'êtres vivants. Elles n'étaient que des Dolls, des objets de sexe, de violences, de défoulement. Ce qu'elles n'étaient pas : des femmes pouvant aimer et ressentir la moindre émotion humaine.

Comment les femmes avaient pu être souillées de cette manière ? Que s'était-il passé pour en arriver là ? Personne ne le savait. L'histoire restait particulièrement floue sur les centaines d'années avant la création de la boutique.

Mais la position de la femme, limpide comme de l'eau de roche, laissait entrevoir deux catégories que personne n'oubliait : la femme mariée, vivante et libre, inférieur à l'homme ; ou la Doll, objet animé mais sans aucune sensibilité à la vie. Existaient-ils beaucoup de femmes mariées ? Bien sûr que non, ou bien ce n'était pas un mariage d'amour et de tendresse. La plupart furent des Dolls au départ et restaient ainsi même après une union. Si l'envie de regarder plus près nous prenait, nous constaterions qu'elles servaient pour une grande majorité d'entre elles de "pondeuses". Les hommes gardaient rarement les filles qui naissaient, souhaitant n'éduquer qu'un homme, et cet enfant de sexe féminin à peine voyant le jour, se retrouvait vivement envoyé à Domination's scent pour qu'on s'occupe d'en faire une parfaite Doll.
Dès que vous étiez placées dans cet endroit, vous perdiez tout : votre nom, votre naissance, votre vie libre. Vous deveniez des poupées et vous étiez enchaînées à ce nouveau statut. Le plus ironique là-dedans, c'était que vous ne vous en rendriez jamais compte.

Domination's scent était une prison et la vie à l'extérieur une condamnation.

Vivre en tant que femme était devenu un péché.