✨~[II/23]~✨

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng


Livre II : Chapitre 23


Après le cours d'Histoire du Pr. Riks, ils eurent droit à une longue séance de Contrôle en compagnie d'un Cave passivement énervé qui passa tout le cours à somnoler derrière son bureau après leur avoir donné des exercices à pratiquer avec un entrain assez maladif qui ne convainquit personne. Larrow excellait de plus en plus avec les enchantements, et il passa très vite à se transformer en Stryge au fond de la salle pour essayer de repousser les limites de son Élémentarisme ; il était censé se transformer en chauve-souris, mais n'y parvenait pas. Pour une fois, Lym, Shay, Kosh et Elyra ne furent pas les seuls à se concentrer vainement pour essayer de se transformer.

Le lendemain, après un sommeil agité durant lequel Lym passa plus de temps à dessiner des fanarts de ses livres préférés qu'à dormir, elle alla jusqu'au cours d'Étude avec Amel, puis rejoignit les autres aux Galeries pour le Soin, passant plusieurs heures en compagnie de Laxy. Elle dut prendre sur elle pour ne pas dévaler les escaliers de craie et rejoindre la plage de galets pour aller visiter le Glacyés possédé. Là encore, Amel et Zale avaient l'air totalement épuisé et firent le maximum pour ne pas avoir à leur exposer leurs cours, préférant leur donner des exercices avec un air ensommeillé. Zale les envoya même nourrir les bébés dragons dans le nursery, ce qui était d'habitude interdit et réservé aux enseignants. Le mercredi, en revanche, Markus Luis était toujours aussi enthousiaste et joyeux que d'habitude, distribuant des sourires contagieux et des encouragements à tout bout de champ. Grâce à son allégresse communicative et son don pour rendre toutes ses classes passionnantes, ils furent très vite tous capables de galoper à cheval sans trop tomber, ou bien en se faisant flotter par Télékinésie sur la selle pour éviter une chute lorsqu'il leur arrivait de basculer en arrière. Rapidement, ils furent même capables de donner des coups d'épée, de machette ou de glaive tout en étant lancés à toute allure dans une course à dos d'équidé. Ils firent aussi plusieurs cours passionnants sur les tactiques d'espionnage et de communication, abordant les méthodes de la Seconde Guerre Mondiale, et ne s'ennuyèrent pas un seul instant.

Les jours suivants, heureusement, les professeurs étaient de nouveau pleins d'entrain, peut-être contaminés par l'allégresse de Markus, car ils reprirent leurs cours avec une poigne de fer.

Le weekend suivant, ils fêtèrent l'anniversaire de Lym, qui avait enfin seize ans. Alors qu'elle se réveillait, aussi fatiguée et bougonne que tous les matins, dans sa chambre de l'Académie, Elyra et Shay arrivèrent dans sa chambre en chantant à tue-tête « joyeux anniversaire » tandis que Kosh brandissait avec un air fier un gigantesque gâteau qu'il avait lui-même concocté. Larrow venait derrière en essayant de chanter aussi malgré la montagne de cadeaux qui vacillait entre ses bras. Lym, très touchée car elle n'avait jamais vraiment eu de fête d'anniversaire avec autant de gens – les invités se résumaient souvent à Sofy et Mar – souffla les bougies en écrasant discrètement une larme et remarqua que le gâteau, à la menthe et au chocolat, était de sa couleur préférée, vert foncé, et surmonté d'une construction en sucre qui ressemblait à un gros livre, à une palette de peinture et à des pinceaux. Émue, elle voulut remercier ses amis mais ils affirmèrent que c'était parfaitement normal et la menèrent jusqu'à la cafétéria, encore en pyjama et les cheveux ébouriffés ; là l'attendaient Ash, Lukas et Joy, qui se mirent à leur tour à chanter (très faux) une reprise de joyeux anniversaire tandis qu'Ash grattait sa guitare et Shay une vieille basse qu'il avait dénichée on-ne-sais-où. Ils commandèrent au Distributeur une montagne de sucreries, puis allèrent s'asseoir sur la plage d'Eleuth, où il aurait dû faire un froid de canard, mais où il faisait plutôt bon à cause du climat tropical de l'île.

- C'est vraiment pas la peine, essaya d'insister Lym, mais elle fut immédiatement coupée par sept voix qui rétorquèrent ;

- Si ! Allez, ouvre les cadeaux !

Ils la poussèrent sur le sable humide, où elle se laissa tomber, entachant son pyjama déjà en mauvais état, avec un grand sourire. Kosh commença à découper le gâteau avec un gros couteau de cuisine qu'il tenait à bonne distance de Shay qui essayait de le lui prendre, puis il mit une part sur chaque assiette en carton qu'ils avaient apportée et les distribua à la petite assemblée.

Elyra déchira un paquet de crocodiles Haribo et en mangea la moitié à elle seule avant de se faire voler le paquet par Joy et Shay qui coururent se réfugier derrière Kosh en enfournant de pleines poignées de bonbons. Lym, elle, avait commencé à ouvrir les paquets enveloppés de papiers colorés et chatoyants, n'osant pas en déchirer l'emballage qui avait souvent été fait avec un soin exagéré.

- Déchire ce foutu papier ou je le fais à ta place, soupira Lukas en agitant la main.

Elle finit par obtempérer à contrecœur et ouvrit toutes les boîtes que ses amis lui avaient offertes. Ash lui avait donné une cassette de musique de son groupe préféré, Joy un carnet de dessin à spirales, et Lukas un poster pour sa chambre.

- Oh, fut tout ce qu'elle parvint à dire, hébétée, en serrant les trois cadeaux contre elle comme s'ils allaient lui échapper. Oh, je...

Les mots refusant de former des phrases cohérentes, elle se contenta de serrer ses cadeaux plus fort encore contre son cœur.

- Ce n'est pas grand-chose, s'empressa de dire Ash.

- Pas la peine de nous remercier, sourit doucement Joy.

Sa sœur et elle n'avaient jamais été à proprement parler pauvres. En plus de l'argent de l'orphelinat, elles enchaînaient les petits boulots. Mais tout de même, leur argent devait être utilisé méticuleusement, et souvent leurs fêtes d'anniversaires se composaient d'un cupcake surmonté d'une bougie et d'un unique cadeau enveloppé de vieux papier craft.

- Je... merci beaucoup, je sais pas quoi dire...

- Ouvre les nôtres, maintenant ! s'exclama Shay en se précipitant vers elle en secouant comme un gamin le lendemain de Noël une grosse boîte mal emballée dans du papier rouge chatoyant.

Elle prit le sien et parvint pour une fois à l'ouvrir sans déchirer trop de papier ; il lui avait offert des places pour aller au cinéma regarder la première du nouveau volume de la saga qu'elle attendait impatiemment. Elle ne pouvait pas en croire ses yeux ; avec les moyens limités dont elle disposait lorsqu'elle vivait seulement avec sa sœur, elle n'aurait jamais cru avoir de quoi s'acheter des places aussi coûteuses. Mais le père de Shay, étant Conseiller, ne devait pas avoir trop de problèmes financiers. Elle se demanda s'il avait accepté de lui prêter de l'argent ou si Shay en avait pillé un peu dans le compte de son paternel, mais lorsqu'elle essaya de lui poser la question, il détourna vite le sujet. Larrow, lui, lui donna en rosissant une grosse boîte de pastels, ayant de toute évidence remarqué que les siens étaient presque épuisés, et Kosh et Elyra s'étaient cotisés pour lui acheter une véritable montagne de romans. Ne sachant pas comment les remercier, elle dut prendre sur elle pour ne pas fondre en larmes – elle détestait toujours autant pleurer. Elle se contenta donc de les serrer un par un dans ses bras en s'efforçant de ne pas penser à Sofy et Mar qui étaient d'habitude celles qui se réunissaient pour lui préparer des fêtes surprises qu'elle finissait toujours par deviner à l'avance.

Comme ils devaient tous rentrer chez eux, n'ayant pas le droit, selon les lois de l'Académie, de rester à Eleuth tout le weekend, chacun alla faire ses valises et ils se préparèrent à rentrer chez eux. Larrow allait peut-être passer un moment chez Elyra ou chez Kosh avant d'aller rejoindre sa ruelle floridienne, tandis que Lym devait faire un détour par la maison des Alley ; il fallait qu'elle aille récupérer l'argent régulier qu'elle recevait de la part de l'orphelinat et que sa sœur, par quelque procédé qui lui était inconnu, avait réussi à détourner de leur famille d'accueil pour qu'il vienne directement chez elles. En plus, même si elle avait l'impression d'être dans la maison d'une morte à cause de l'absence de sa sœur, elle devait bien retourner chez elle de temps à autres, pour tout organiser, balayer un peu et vérifier qu'aucun cambrioleur ne s'était infiltré à l'intérieur. Elle salua donc ses amis, alla au milieu de la grande clairière d'Eleuth, se percha sur une dalle et traça les symboles sur l'ardoise avant d'être téléportée chez elle.

Ses pieds heurtèrent le sol terreux des bois qui bordaient sa maison et elle s'extirpa des fourrés pour se diriger vers la bâtisse des Alley. Les toits légèrement affaissé par le temps et les murs mangés par le lierre donnaient toujours la même impression de réconfort, même si elle savait qu'il n'y aurait personne pour l'accueillir lorsqu'elle pousserait la porte. Les fenêtres aux carreaux dépareillés laissaient à peine voir les empilements de vaisselle dans l'évier, et elle soupira en songeant qu'elle allait devoir s'en occuper. En entrant, elle jeta son sac dans un coin et s'avachit sur le canapé. Elle resta un moment à regarder autour d'elle tristement, avant d'accumuler assez de courage pour se remettre sur ses pieds.

Après avoir passé la journée à remettre un semblant d'ordre, redonner vie aux plantes fanées et avoir dîné de vagues restes trouvés dans son frigo sans réel appétit, elle monta jusqu'à sa chambre et allait s'allonger pour s'endormir lorsqu'elle sentit le besoin irrépressible d'aller dans la chambre voisine.

Ce qu'elle fit, du pas hagard d'un fantôme. Par habitude, elle faillit toquer à la porte, puis se souvint que personne ne lui ouvrirait et baissa la poignée.

Les étagères chargées de produits de beauté, de bulletins, de photos avec des amis ou avec Lym et de livres de cours ou de philosophie surplombaient le bureau où se trouvaient, soigneusement rangés, des stylos, cahiers et autres matériels de travail. L'ordinateur portable était éteint et une tasse de café vide traînait à côté. Des mappemondes et des citations encadrées de grands hommes qu'admirait Mar se trouvaient aussi sur le bureau, et son sac de cours était nonchalamment posé sur un tabouret à trois pieds. Lym passa une main sur l'ordinateur portable et amassa sur la pulpe de ses doigts de petits amoncellements de poussière. Soufflant sur ses doigts pour s'en débarrasser, elle fit tomber de petits moutons de saleté sur l'ordinateur. Mar l'utilisait pour rendre ses devoirs à son lycée. Ses projets étaient de travailler dans l'architecture ou dans la philosophie, mais elle n'arrivait toujours pas à se décider. Avec l'impression d'entrer dans la chambre d'une morte, alors que, aux dernières nouvelles, sa sœur était toujours en vie, elle se laissa tomber sur le lit aux épais draps bordeaux, la couleur préférée de Mar, et se lova au milieu des couvertures en essayant de humer une dernière trace du parfum floral de sa sœur, mélangé à ses habituelles effluves de café noir, papier froissé et shampooing à la vanille. Mais les draps froids sentaient l'absence et la poussière.

Le lendemain, un petit rayon de soleil pâle et hivernal s'égara sur son visage pour la tirer de son sommeil. Dans un état de semi-conscience, elle alla jusqu'à sa chambre en évitant de s'attarder sur les détails de celle de Mar et se changea rapidement, enfilant une salopette en jean de jardinage déchirée avant d'attacher Prysm à son cou. Elle prit ensuite son téléphone et, tout en surfant sur les réseaux sociaux, elle dévala les escaliers, sachant parfaitement que sa sœur lui aurait interdit d'être sur son téléphone tout en descendant les marches.

Dans le salon, elle alla jusqu'à la cuisine et prit une barre de céréales qu'elle commença à ouvrir tout en allant vers la porte. Il lui restait encore toutes les fleurs de l'arrière de la maison à arranger après sa longue absence et, à en croire le ciel gris qui était à peine clairsemé par quelques rares rayons blancs, il n'allait pas tarder à pleuvoir. Autant le faire de bon matin. En frissonnant à cause du froid, elle prit une bouchée de sa barre de céréales, tout en délaissant l'arrosoir adossé au mur craquelé pour plutôt se tourner vers une grosse pelle, sachant que le ciel se chargerait de faire tomber quelques averses sur les fleurs. Alors qu'elle se dirigeait vers les pétunias mauves flétris par les premières gelées, son regard fut attiré par un mouvement dans la ruelle qui bordait la maison et elle fronça les sourcils. Se tournant vers la rue où étaient entreposés leurs deux vélos, elle sursauta en voyant un homme, vêtu de noir, un pistolet à la taille et deux dagues à la ceinture, qui regardait en direction de sa maison. Sur son bras, cousu sur le côté de son pull, elle vit un petit symbole représentant une tête de faucon, les ailes de l'oiseau croisées au-dessus de sa tête comme une couronne. Son cœur bondit lorsqu'elle le reconnut. Elle ne l'avait jamais vu, mais elle l'avait assez entendu décrire ; comme l'œil ouvert était le symbole des Dragomirs, le faucon en vol était celui de l'Empire de Drake, d'où le nom de leurs soldats.

C'était un Faucon.

Le cœur battant à cent à l'heure mais s'efforçant de rester calme, elle se glissa derrière le mur, lâchant sa barre de céréales dans les buissons bordant le mur. Apparemment, l'homme ne l'avait pas encore remarquée. Les doigts tremblant un peu, elle sortit son téléphone de sa poche en serrant le poing autour de l'hanse de sa pelle de jardinage et appela vite Elyra, la première dans son répertoire à cause de la place de son nom dans l'alphabet.

- Elyra, réponds, réponds, souffla-t-elle, les mains tremblantes, en collant l'écran contre son oreille. S'il te plaît, Lyra, réponds...

Il y eut une longue série de bip, puis une petite voix fluette résonna dans le combiné.

« Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur d'Elyra Djaili, je ne suis pas là pour le moment... »

- Merde ! jura-t-elle à voix basse.

Elle allait chercher à appeler quelqu'un d'autre, mais elle remarqua alors que l'homme s'était approché de la maison. Il était assez proche pour l'entendre si elle parlait. Elle raccrocha et rangea son téléphone dans sa poche.

Il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'Elyra ne réponde pas ; il devait être au maximum sept heures du matin, donc pas réellement une heure pour être réveillée durant le weekend. Lym jeta un coup d'œil vers le Faucon ; il s'était arrêté devant la fenêtre du salon et scrutait l'intérieur avec suspicion, les yeux plissés. Orion avait dû avoir vent des méchancetés qu'elle avait voulu lui faire parvenir au travers de la Nyx et avait décidé de se venger. Peut-être qu'il en avait assez de lui demander de le rejoindre, et avait décidé de la tuer à la place.

Elle crispa le poing de sa main gauche autour de la pelle dont elle se servait pour le jardinage, tout en portant la droite à son cou pour arracher le plus silencieusement possible son pendentif cristallin de son cou. Sa longue épée étincelante se déploya dans sa main et elle la brandit devant elle.

Le soldat d'Arcem avait de toute évidence vu les assiettes sales sur la table et les lumières allumées, en déduisant sa présence dans la maison, car il avait commencé à toquer à la porte. Ne recevant pas de réponse, il tira son pistolet de son fourreau noir et visa la serrure, probablement pour la faire sauter. Lym prit une profonde inspiration et baissa les yeux vers ses mains ; elles ne tremblaient plus, mais elles étaient crispées autour de son épée et de son arme de fortune comme si sa vie en dépendait... ce qui était sans doute le cas.

Elle se souvint des enseignements que lui avait prodigués Markus, prit une dernière inspiration, et bondit hors de sa cachette.

L'homme se tourna vers elle, abasourdi, mais sa stupeur fut vite remplacée par la détermination ; il pointa son pistolet vers elle. Vite, elle lui jeta sa pelle de jardinage dessus et elle percuta sa main qui tenait l'arme, détournant le coup de feu sans l'empêcher d'appuyer sur la gâchette. Le pistolet tomba par terre, dans l'herbe, et il porta une main à ses couteaux avant de les lancer. La main toujours endolorie à cause du choc avec la pelle, il rata sa cible la première fois, et, lorsqu'il s'apprêta à lancer le deuxième, Lym était déjà arrivée à sa hauteur, les deux mains crispées autour du manche de Prysm. Elle avait toujours préféré manier son arme à deux mains, ce qui lui donnait plus de rapidité et d'agilité. Ce qui fut assez utile dans cette occasion-ci. Avec une vitesse qui la troubla elle-même, elle planta fermement l'épée dans le ventre de son adversaire, l'enfonçant jusqu'au manche.

Les yeux, noirs, de l'homme s'éclaircirent légèrement et s'écarquillèrent. Il entrouvrit la bouche, qui se remplit soudain d'un sang rouge et épais, et Lym sentit sa main crispée autour de son deuxième couteau reposer sur son épaule. Si elle ne l'avait pas tué avant, il aurait enfoncé son poignard dans sa nuque, qu'il avait heureusement seulement éraflée.

Lym arracha Prysm du ventre du soldat vêtu de noir. Il tomba lourdement sur le dos, un trou béant dans le torse, et sa main devint flasque, relâchant le couteau qui tomba en tintant sur le dallage. Nauséeuse, elle recula d'un pas, regardant son épée dont le cristal s'était teinté de rouge sang, lui donnant un reflet de rubis. S'efforçant de reprendre ses esprits et de ne pas penser à l'acte immonde qu'elle venait de commettre, elle prit une profonde inspiration.

- Prysm, siffla-t-elle.

La lame se rétracta, devenant de nouveau un petit prisme étincelant. Elle avait toujours l'impression de voir des reflets de sang sur ses facettes multicolores, mais elle l'attacha malgré tout à son cou et s'engouffra à l'intérieur de la maison.

Lym prit son sac, le mit à son épaule et réunit toutes ses affaires les plus essentielles dans sa chambre, puis elle dévala les escaliers. Elle passa dix bonnes minutes à essuyer le sang sous ses ongles, ayant l'impression de voir toujours plus de reflets rouges impossibles à gommer. Puis elle rouvrit la porte en grand et la referma à clef derrière elle.

Son regard tomba tout de suite sur le cadavre.

C'était le premier homme qu'elle avait tué. Sans doute y avait-il eu des blessés à St Petersburg. Peut-être même des morts, mais dans ce cas ils avaient été écrasés par les débris de l'usine.

Elle n'avait jamais tué, de sang froid, de ses propres mains, un être humain.

Jamais.

Elle comprenait mieux l'expression « avoir du sang sur les mains », à présent. Même si elle avait effacé jusqu'à la dernière goutte de sang, elle avait encore l'impression d'avoir les doigts poisseux, lourds, couverts de mort.

Si elle avait suivi les conseils de Markus, elle aurait caché le corps, mais elle ne se sentait même plus capable de le regarder. Elle devait s'éloigner – vite. Tant pis si l'on le voyait. Elle préférait courir le risque en attendant qu'un Dragomir ne vienne s'en charger.

En courant dans le jardin pour se réfugier derrière un massif épineux, dans la forêt, elle serrait toujours un poing autour de son pendentif tout en appelant avec son téléphone son deuxième contact de l'alphabet des favoris ; Kosh.

Après plusieurs sonneries, il finit par répondre d'une voix ensommeillée.

- Lym... ? Tout va bien ?

- Non, murmura-t-elle, n'osant pas parler trop fort de peur de voir arriver d'autres soldats. Elle s'agrippait à son collier comme à une bouée de sauvetage, sachant que c'était une arme qui pourrait à nouveau lui sauver la vie.

Immédiatement, l'inquiétude de Kosh prit le dessus sur son engourdissement dû au sommeil et il demanda d'une voix empressée ;

- Qu'est-ce qu'il y a ? Il t'est arrivé quelque chose ?!

- Un Faucon, répondit-elle, s'étonnant elle-même du calme qui transparaissait au travers de sa voix qu'elle aurait pourtant crue fébrile et effrayée. Chez moi.

- Il est entré ? Il est dehors ?

- Je l'ai tué, souffla-t-elle tandis que l'horreur de ces mots lui apparaissait soudainement.

Il y eut un silence, et il devina qu'il était allé jusqu'à la chambre d'amis réveiller Shay lorsqu'elle entendit celui-ci marmonner quelque chose d'une voix ensommeillée.

- Tu as bien fait, affirma Kosh. Sinon, il...

- Je peux venir avec vous ? le coupa-t-elle.

- Bien sûr, viens, mais...

Elle éteignit vite son téléphone après avoir raccroché et s'adossa à un arbre, attendant les larmes. Pourtant, elle ne pleura pas, toujours sous le choc. Elle repensait encore à ses mains poissées du sang de cet homme, et la facilité avec laquelle elle l'avait tué.

Lymerya Alley venait de faire sa première victime. Ce ne serait pas sa dernière.

(chapitre corrigé ✔)

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro