✨~[II/51]~✨

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Ce chapitre est un gros chapitre qui n'est PAS du tout un chapitre marrant. Mais c'est avec celui-ci que l'on atteint les 10k lectures, alors j'en profite pour vous remercier maintenant quand vous êtes encore mes amis, parce qu'après ce chapitre je risque de me faire découper en morceaux au moindre mot. Sur ce, je vais de manière assez commode me réfugier dans une grotte en Sibérie. Allez, à plus ✌


Livre II : Chapitre 51


Lym se précipita devant le panneau de verre, abandonnant son pistolet par terre. Une affiche était placardée juste à côté de la vitre, indiquant Elymara Alley, sous la supervision du docteur Elina Prince, mais elle n'avait pas besoin de la lire pour reconnaître sa grande sœur. C'était bien elle ; Mar...

Elle était adossée au mur du fond, le menton retombant sur sa clavicule, comme si elle avait essayé de s'endormir le plus loin possible de la vitre. Ses cheveux roux sombre étaient plus longs que la dernière fois qu'elle les avait vus, atteignant ses épaules, et striés de mèches argentées, comme si elle avait vieilli soudainement. Elle portait ce qui ressemblait fort à une blouse d'hôpital blanche trop grande, les pieds nus. Ses traits étaient tirés, ses yeux ornés de cernes et ses lèvres fendillées et sèche, mais sa poitrine se soulevait lentement au gré de ses respirations ; elle était en vie, et c'était tout ce qui comptait. Par terre, le dos contre un mur dans une cellule, mais en vie. N'écoutant pas Larrow qui lui criait quelque chose, elle tapa sur la vitre désespérément, de toutes ses forces, jusqu'à ce que Mar relève brusquement la tête, comme tirée d'un mauvais rêve. Elle regarda autour d'elle et, soudain, croisa son regard. Ses yeux étaient rougis et fatigués, mais c'étaient les siens, bruns et chaleureux comme un petit feu de bois, avec ses étincelles d'or, et lorsqu'elle la reconnut, ils s'écarquillèrent et sa bouche s'entrouvrit comme si elle n'en croyait pas ses yeux. Puis elle se leva d'un bond et, flottant dans sa blouse trop large, elle courut jusqu'à la vitre contre laquelle elle se plaqua, des larmes dévalant ses joues osseuses.

- Mar ! cria Lym, sentant à son tour ses yeux lui brûler en s'efforçant de retenir ses larmes. Mar, c'est moi ! Je vais te sortir de là !

Elle continua à taper contre le verre, tandis que sa sœur articulait quelque chose que la vitre étouffait. Lym se concentra, essayant de faire éclater le verre télékinésiquement, mais il resta immobile, enfin, aussi immobile qu'il pouvait l'être avec Mar qui le frappait de ses poings. Perplexe, Lym essaya de le brûler de ses mains, de le trancher de son épée, de tirer des balles dedans ; elle essaya tout et n'importe quoi, mais rien ne fonctionnait. Même du verre blindé aurait cédé à ses pouvoirs.

Interloquée, elle se tourna vers Larrow pour quérir son aide et vit qu'il avait cessé de lui crier des mots incompréhensibles ; à la place, il brandissait son fusil, visant... Le plafond ? Elle suivit son regard et vit avec effroi, dans la salle de contrôle vitrée au-dessus de la porte, un homme qui la regardait d'un air narquois. Orion Elgar.

Aucune des balles de Larrow ne faisait effet, bien qu'elles atteignirent toutes leur cible ; de toute évidence, le verre était aussi surnaturellement blindé que celui des prisons et fortifié par de très nombreux sortilèges. Lym lança un regard interloqué à Larrow, sans comprendre. Les bras croisés derrière son dos, Orion les toisait avec un sourire horrible tordant ses lèvres, les narguant silencieusement.

- Ça ne marche pas ! cria Larrow en pestant et jetant son fusil par terre. Ce sont des vitres incassables, des dizaines d'enchantements sont nécessaires pour les créer, ainsi que de la main d'œuvre féerique. Elles ne peuvent être traversées que par des Nyx...

- Mais quelle importance ? s'étonna Lym. On trouvera bien une solution pour ouvrir les portes...

- Ce ne sont pas les portes qui m'inquiètent...

Lym fronça les sourcils tandis que Mar, derrière elle, martelait toujours le verre de ses poings, ses cris étouffés par la vitre enchantée. Soudain, Orion retira ses mains de derrière son dos et adressa un sourire glacial à Lym, avant de pianoter sur le panneau de commandes, pressant plusieurs boutons et abaissant un levier. Larrow prononça quelques jurons supplémentaires, et Mar se mit à taper plus fort et plus vite.

Lym se tourna vers elle et vit tout de suite pourquoi elle s'affolait ; des émetteurs à gaz coincés dans les coins de la cellule étaient en train d'émettre des nuages d'une vapeur mauve à la couleur maladive. Mar pleurait sans s'arrêter, suppliant Lym du regard et frappant de toutes ses forces contre la vitre tout en balbutiant des choses qu'elle ne pouvait pas entendre.

- INSPIRE PROFONDÉMENT, hurla Lym, mais soit Mar ne l'entendait pas, soit elle était trop paniquée pour l'écouter, car elle inspira entre deux cris une goulée de fumée violette.

Elle se mit à toussoter, fronçant les sourcils et cherchant de l'air, sans cesser de frapper le mur pour parvenir à sa petite sœur.

- Non, souffla la jeune fille en courant vers sa sœur, arrêtée par le mur transparent. Non, non, non...

Ce gaz était forcément inoffensif, elle ne pouvait pas perdre sa sœur juste au moment où elle allait la retrouver... Des points rouges flottaient devant ses yeux, sa gorge lui brûlait et elle ne comprenait pas pourquoi. Un hurlement lui vrillait les tympans, et il lui fallut une éternité pour comprendre que c'était elle qui criait. « Elle ne peut pas mourir ! » Et pourtant, les gestes et les cris de Mar commençaient déjà à faiblir. Elle tomba à genoux, les mains toujours plaquées contre le verre, cherchant de l'air, la bouche grande ouverte...

Levant les yeux vers là où se trouvait Orion, prête à échanger sa vie contre la fin de cette torture, prête à échanger ses pouvoirs, à échanger absolument n'importe quoi, elle vit qu'Orion avait déjà disparu. Larrow filait vers une porte de fer et essayait de la forcer, sans doute pour grimper jusqu'au panneau de commande et arrêter la diffusion du gaz.

Lym colla sa main contre celle de Mar, leurs deux paumes seulement séparées par le verre, des larmes coulant abondamment sur leurs joues à toutes les deux, leurs cheveux de la même teinte balayant leurs épaules. Mar continuait de taper de temps à autres contre la vitre, mais ses mouvements faiblissaient de plus en plus. Elle finit par rester immobile, le front et les mains contre la vitre, bougeant seulement les lèvres pour dire des mots que Lym ne pouvait pas comprendre. Lym pleurait, mais elle s'efforçait de garder les yeux ouverts pour soutenir le regard de Mar. C'était impossible. Tout c'était passé si vite... Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Son cerveau n'arrivait tout simplement pas à comprendre. De temps à autres, elle donnait un autre petit coup contre la vitre, désespérément, même si elle savait que c'était inutile et que, de surcroît, si elle réussissait à entrer, elle mourrait asphyxiée.

La main de sa sœur, contre la sienne derrière le verre, sembla soudain se détendre. Elle glissa le long de la vitre et retomba mollement par terre, et le corps suivit le mouvement. Mar était allongée sur le sol de sa cellule, les yeux dans le vague, ses cheveux étalés autour de sa tête comme une couronne de sang et d'argent.

- Non, balbutia Lym à nouveau en hoquetant des sanglots, tapant à nouveau contre la vitre désespérément bien qu'elle sache le mouvement inutile. Non. Reviens, réveille-toi...

Soudain, sans qu'elle comprenne ce qui c'était passé, elle abattit sa main pour donner un nouveau coup et elle traversa le cristal. Emportée par son élan, elle bascula en avant. Son corps agité de sanglots traversa la paroi de verre comme s'il s'était agit d'un mur d'eau. Elle se retrouva étendue à l'intérieur de la cellule, sonnée, mais elle n'eut pas le temps de s'attarder dessus. Elle se précipita vers Mar et la prit dans ses bras, tremblante. Les dernières volutes de fumée violette s'attardaient autour d'elles. Lym sentait une odeur acide de poussière et de fruits doux-amers, et elle avait déjà du mal à respirer, l'intérieur de ses poumons brûlant comme s'ils étaient remplis de piment, mais elle n'y faisait pas vraiment attention. Tout ce qu'elle voyait, c'était le visage crispé, empli de douleur, de sa sœur.

- Mar, balbutia-t-elle en la secouant doucement, la gorge en feu. Mar, réveille-toi... Mar...

Ses yeux se tournèrent vers elle et elle fronça les sourcils, l'air perdu.

- Merry... ?

Puis ses yeux semblèrent s'éteindre, comme deux petites braises sur lesquelles on aurait soufflé et dont il ne resterait plus que des cendres, et sa tête retomba tristement sur le côté. Sa main était mollement posée sur le sol de pierre.

Le visage de Sofy se superposa à celui de Mar. Les mêmes yeux bruns. Vitreux. Morts.

Sauf que c'était encore pire qu'avec Sofy. Elle avait trouvé Sofy morte chez elle, et tout ce qu'elle avait ressenti était une colère sourde. Ici, elle avait pu voir la vie échapper à Mar, sentir sa sœur lui glisser entre les doigts pour disparaître à jamais.

C'était forcément un cauchemar. Un ignoble, terrible cauchemar. Elle en avait déjà fait ; c'était possible... Tout était plus probable que ce qu'elle venait de voir.

Elle revoyait encore sa grande sœur qui l'encourageait lorsqu'elle était petite, lui disant qu'elle finirait par se faire des amis, complimentant ses dessins, lui lançant des polochons d'à travers la salle, la poussant sur le canapé pour la chatouiller jusqu'à ce qu'elle en pleure de rire, lui disant qu'elle aurait aimé avoir les même yeux verts qu'elle, l'aidant à démêler ses cheveux lorsqu'elle se décourageait... Comment cette petite fille vive qui riait sans arrêt pouvait-elle être partie ? Comment ces grands yeux vides et hagards pouvaient-ils lui appartenir ?

Pourtant, les néons de la cellule se reflétaient bien sur ses yeux vitreux, et elle était inerte. Et, lorsqu'elle posa une main contre son cou pour tourner son visage vers elle, elle ne sentit pas de pouls.

La porte de la cellule, et de toutes les autres, pivotèrent d'un même mouvement, ouvrant un rectangle vertical dans la vitre. Le gaz qui avait tué Mar finissait de se retirer par les mêmes émetteurs qui l'avaient diffusé, et elle devina que Larrow avait enfin atteint le panneau de contrôle, mais il était trop tard. Si elle avait respiré trop peu de fumée pour en être affectée, elle n'était pas arrivée à temps pour en préserver Mar.

Lym n'arrivait pas à croire ce que lui disaient ses sens ; tout c'était passé si vite... Elle n'avait même pas retrouvé sa sœur, et voilà qu'elle la perdait déjà. Elle avait l'impression d'entendre son cerveau vrombir, comme si on y avait enfermé une dizaine d'abeilles qui essayaient de s'en échapper. Sa vision se brouilla, son champ de vision recouvert d'un voile rouge, qui recouvrait également les sons, car à part le vrombissement à ses oreilles, elle n'entendait plus rien. Son corps tout entier la brûlait comme si on l'avait poussée dans un brasier, et elle n'aurait pas été étonnée de sentir ses vêtements partir en fumée. Elle avait des fourmis dans les mains, dans les pieds, partout, ne sentait plus rien à part la brûlure, ne voyait plus rien à part le voile rouge, n'entendait plus rien à part le vrombissement permanent. Tout était rouge autour d'elle.

Son esprit traversait des murs, les brisait, et elle se retrouva en train de voler à toute allure au milieu d'une clairière noire de poussière et de sable gris ; des pics fendillaient les nuages grondants, et elle se dirigea d'instinct vers le plus grand de tous. Elle se retrouva sans comprendre comment sur le rebord d'un cratère immense, et plongea à l'intérieur, tombant vers les tréfonds de la terre, jusqu'à être entourée d'une lave bouillonnante, aussi rouge que sa fureur, qui se mit à vrombir de plus belle...

Elle avait vaguement conscience de deux bras qui lui saisissaient les épaules et la secouaient comme un prunier, mais cela lui semblait tellement loin, si peu important, qu'elle n'y prêta pas attention. Elle était un nœud de fureur et de puissance, elle était une bombe en train d'exploser, et elle était la mort.

Larrow dévala les marches de fer qui faisaient un raffut insupportable et arriva enfin devant la porte qu'il avait défoncée. Ses manipulations sur le panneau de contrôle avaient marché, de toute évidence ; les portes des cellules étaient grandes ouvertes. Il n'en retira pas pour autant ses protections de ses oreilles. Un hurlement horrible, déchirant, constant, tranchait l'air comme un couteau et lui aurait sans doute percé les tympans s'il n'avait pas eu la présence d'esprit de se les protéger avec le casque qu'il mettait d'habitude lorsqu'il allait tirer avec son pistolet. Il aurait reconnu cette voix entre mille. Il courut vers la cellule du fond, celle qui était la plus proche de la porte, et entra sans se soucier des relents du gaz toxique qui devaient encore se trouver dans la salle. Elymara, la sœur de Lym, était allongée par terre, les yeux vitreux, de toute évidence morte. Quant à Lym...

Recroquevillée contre un mur, elle avait fourré son visage dans ses genoux, qu'elle entourait de ses bras, et elle hurlait de toutes ses forces. Ses cheveux semblaient flotter autour d'elle comme des flammes rougeoyantes, et les murs de pierre autour d'eux commençaient à se fissurer. Oh, non...

Il s'était douté que quelque chose dans ce genre finirait par se produire en faisant quelques recherches sur les Irisas ; les études d'Iris Keller étaient bien trop dangereuses ; la quantité d'enzymes qu'il voulait inoculer à ses patients n'aurait jamais été possible à contrôler, ou en tout cas pas en permanence. De toute évidence, Lym faisait une autre de ces crises qu'il avait redoutées, comme celle qu'elle avait faite contre Cléandra, dans la forêt... Seulement elle semblait être beaucoup, beaucoup plus puissante.

Il courut jusqu'à elle, paniqué, et s'agenouilla à ses côtés, l'attrapant par les épaules pour la secouer. Il remarqua alors que la petite trace au creux de son bras, qu'il avait prise pour une éraflure, avait en fait été faite par un objet pointu perforant la peau... Comme une piqûre. Il comprit presque instantanément ; Drake avait dû lui injecter des enzymes. Pourquoi ne lui avait-elle rien dit ?

Il la força à relever la tête et vit que ses yeux étaient aussi rouges et brillants que deux braises flamboyantes dans le noir. Seulement ils étaient bien plus sombres que ceux d'un videntis normal. Non pas du rouge orangé que lui-même arborait, mais d'un écarlate foncé ; et ce n'était pas que son iris qui brillait... Mais l'intégralité de l'œil. On ne pouvait pas discerner un seul millimètre de blanc, de vert ou de noir sous ce voile couleur sang. De ses yeux, comme un flot de larme, semblaient s'écouler des langues de brume elle aussi rouge, de volutes hagardes, comme si l'on avait fait tomber des gouttes d'encre dans un verre d'eau.

- Lym, appela-t-il sans cesser de la secouer par les épaules. Lym, arrête...

Ses cheveux, comme des vagues agitées par un courant sous-marin, s'emmêlaient entre ses doigts et flottaient autour de sa tête. Ses yeux brillaient tellement qu'il ne réussissait même pas à regarder son visage sans plisser les yeux ; le sol tremblait, les murs se fissuraient et des gravats tombaient par pluie sur le sol. Le verre avait fini par se briser, alors qu'il était censé être incassable. Il dut éviter d'un bond un gros morceau de toit qui se décrocha et faillit l'écraser.

- Lym, tu vas tous nous tuer ! Lym ! Réveille-toi !

Il ne savait plus quoi faire. Shay, Elyra et Kosh devaient être enfermés dans un autre cachot, près d'ici, et bien qu'il ne fût pas le plus grand ami de Shay Estrell, il ne les laisserait pas mourir aussi bêtement. Mais si Lym continuait à se déchaîner de cette façon...

Il eut soudain l'impression qu'un dard lui transperçait le crâne de part en part et ne put retenir un cri de douleur, portant ses mains à son front. Il avait l'impression que quelqu'un piétinait son cerveau pour le réduire en bouillie. Après la Télékinésie, voilà que Lym déchaînait ses capacités de Partage. Et ensuite, quoi ? Commencerait-elle à lire les pensées de tous les habitants de l'île, déchaînerait-elle un incendie dévastateur, prendrait-elle sa forme originelle pour se servir de ses nouveaux pouvoirs ?

- Lym ! hurla-t-il, la douleur l'empêchant de penser correctement. Arrête ça ! Arrête !

Enfin, la souffrance sembla s'atténuer, jusqu'à s'estomper et presque disparaître. Il avait envie de se laisser tomber en arrière et de ne plus jamais bouger, mais il devait sortir Lym et les autres de cet enfer. Un nouveau monceau de roche s'écrasa lourdement à un mètre d'eux en laissant des fissures tout autour de l'endroit où il était tombé.

Mettant de côté le désagréable sentiment d'avoir de la compote à la place du cerveau, il accourut de nouveau vers Lym, qui avait reprit, plus ou moins, ses esprits ; ses yeux avaient reprit leur couleur émeraude, et elle avait cessé de crier.

- Tu peux marcher ? demanda-t-il.

Elle se leva d'un bond, alors qu'il se serait attendu à la voir s'écrouler de fatigue après les efforts qu'elle avait fournis. Elle semblait fourmiller d'énergie, comme si on lui avait donné un choc électrique, et ses cheveux continuaient de voleter autour d'elle comme si elle était sous l'eau. Les volutes de brume rouge s'attardaient autour de ses mains.

- Que s'est-il passé ? souffla-t-elle en évitant un fragment de rocher qui éclata à côté d'elle.

- Pas le temps. On doit partir d'ici !

Elle acquiesça et esquissa un hochement de tête. C'était comme si toute la douleur que lui avait causé la mort de Mar avait été évacuée lorsque ses pouvoirs avaient éclaté ; si elle porta un regard triste au corps de sa sœur, elle le laissa derrière elle en sautant de la cellule, glissant sur les éclats de verre. Il lui emboîta le pas en jetant à son tour un coup d'œil navré au cadavre. Il aurait aimé le téléporter sur Eleuth, mais non seulement ils étaient sous terre, ce qui faussait les coordonnées, mais en plus, transporter un corps inconscient ne marchait pas, encore moins s'il était mort.

Les deux amis se dirigèrent vers la porte du fond qui menait vers le deuxième cachot. La salle de contrôle au-dessus d'eux avait elle aussi été réduite en miettes, et il ne restait plus un seul morceau de verre qui y était accroché. Le sol semblait couvert d'une fine couche de sable transparent ; les restes des vitres censées être incassables. Alors qu'ils s'approchaient de la porte, Lym se figea, et il fit de même à contrecœur.

- Je suis désolé, on ne peut pas emmener le corps de ta sœur, il...

- Non, répondit-elle en pointant du doigt une autre cellule. Regarde.

Il suivit son regard et découvrit, étendue au fond de la cellule, une masse assommée qui gisait par terre. Il lui fallut un instant pour reconnaître Cléandra Coff.

Elle avait été absente à Eleuth depuis des mois, mais dès qu'il interrogeait sa petite sœur ou bien Cave, ils disaient qu'elle était en mission. Une mission particulièrement longue. Il savait très bien que c'était un mensonge, mais il pensait que Cléandra était partie vivre avec Zacharia et Eliana Coff, ses parents. À bien y réfléchir, ce n'était pas très logique, car dans ce cas, sa sœur et son frère y seraient aussi allés, or ils étaient restés à Eleuth.

De toute évidence, elle avait été capturée durant sa mission, et emmenée sur Arcem.

Il ne tenait pas vraiment à elle. Il la détestait, parfois. Mais, d'un autre côté, il savait qu'elle était amoureuse de lui, qu'elle avait peur des gros chiens, que sa couleur préférée était le jaune et plein d'autre de détails qu'il n'aurait pas dû connaître. Des petites choses qu'il avait remarquées à force de traîner avec elle. Il avait fini par la considérer, ou presque, comme une amie, bien que ce qu'il ressente pour Lym soit bien plus important. Il se tourna vers cette dernière, tremblant comme une feuille à cause du sol qui n'arrêtait pas de se soulever comme s'il y avait un tremblement de terre.

- Il faut la libérer, fit-il d'un ton suppliant. Tu peux aller les autres si tu veux, je vous rattrape, mais je ne peux pas la laisser ici...

- Bien sûr qu'on va la sauver, s'écria Lym en le regardant comme s'il était fou. Elle va être écrasée, sinon.

Elle fit un vague geste vers Cléandra, qui se retrouva hissée dans les airs et flotta jusqu'à eux, la tête penchée sur le côté et enveloppée de volutes rouges brillantes. C'était comme si la lévitation ne lui coûtait aucun effort. Comment pouvait-elle se servir de ses pouvoirs après avoir déchaîné une telle puissance ? Il devait décidemment faire de nouvelles investigations sur les Irisas. Et qu'il lui pose des questions sur ce que lui avait fait Drake lorsqu'ils avaient été séparés, aussi.

Cléandra avait le teint particulièrement cendreux, et ses cheveux étaient touffus et emmêlés, comme quand elle était sur le point de se transformer en Neuri. Elle était aussi plus maigre, malgré ses épaules larges. Larrow s'approcha d'elle et traça vite avec l'enchanteur volé un enchantement sur son front, tandis que Lym allait chercher son pistolet qu'elle avait laissé par terre ; dès qu'il eut fini, Cléandra se réveilla en sursauts et Lym la fit retomber par terre – un peu plus rudement que nécessaire, peut-être.

- Larrow ? balbutia-t-elle d'une voix rauque, comme si elle avait avalé des cendres. Alley ?

- Oui, c'est nous, tes sauveurs, marmonna Lym en agitant la main comme pour chasser un moustique particulièrement énervant. Grouille, on n'a pas le temps.

Cléandra semblait perdue, mais elle ne posa pas de questions, voyant la voûte rocheuse qui était en train de s'effondrer et sentant le sol s'ébranler en-dessous d'elle. Larrow sortit un fusil de son sac et le lui tendit tandis que Lym s'éloignait déjà vers la porte de fer.

- Bienvenue dans notre misérable squad de sauvetage, lui lança-t-il avant d'emboîter le pas à Lym.

Yup.

Bonjour la Sibérie.

(chapitre corrigé ✔)

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