IV- Apprendre

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-J'ai quelque chose à te montrer, viens

-Qu'est-ce que c'est ?

-Tu vas voir...

Il était environ trois heures du matin. Dee m'avait donné rendez-vous à notre point de rencontre habituel, mais cette fois-ci bien plus tôt qu'à l'ordinaire. Elle avait l'air un peu plus sombre, moins rieuse ; elle semblait se forcer à afficher un air morne, car je ne lui reconnaissais pas ce visage si grave. Les couloirs étaient plus obscurs que d'habitude, mais certaines lampes luminescentes brillaient encore à certains endroits. Nous marchâmes le plus silencieusement possible, car malgré l'heure si tardive - ou si matinale -, nous savions que tout le monde ne dormait pas.

Elle me fit passer par des couloirs que je ne connaissais pas, et nous descendîmes si bas qu'à un moment je crus que nous étions arrivées sous terre. Les portes que nous prenions étaient de moins en moins évidentes, de plus en plus cachées. Le chemin était plus exigu, plus étrange, plus inconnu. Je me demandai même à un moment si j'avais bien fait d'avoir confiance en Dee. Elle me cachait peut-être quelque chose. Je préparais dans ma tête un plan de défense, au cas où mon amie se retournerait d'un coup contre moi, mais mon corps était trop frêle et trop endormi pour être capable de la battre ; elle était plus grande et plus forte que moi. J'essayai de rester à l'écart, assez loin d'elle.

-Tu as peur ? dit-elle sans se retourner

-Non

-Je peux sentir ta peur d'ici. Tu recules depuis tout à l'heure. Tu n'as vraiment pas à t'inquiéter. Puis, nous sommes bientôt arrivées.

Elle souleva une dalle dans le sol, et se glissa par l'ouverture. Je la suivis, et repositionnai la dalle après mon passage. Nous traversâmes un long tunnel creusé dans la terre qui nous mena au dehors. Nous étions sorties du bâtiment. » 

« -Et après ? demanda le docteur

-Après...après...je...mais...mais lâchez moi ! Lâchez-moi tout de suite ! Détachez-moi !

-Le poison s'est écoulé, remettez lui une dose ! cria le docteur.

-Impossible » intervint un autre médecin. «  Elle aura des séquelles, elle pourrait en mourir...

-Laissez-la pour l'instant, on s'occupe d'elle tout à l'heure » dit le docteur avec agacement. Il sortit de la pièce, entraînant à sa suite sa horde de scientifiques.

La suite, Jay s'en souvenait parfaitement, mais elle essayait de contenir ces souvenirs en elle pour ne pas les dévoiler. Les images défilaient dans sa tête, toujours fraîches et claires...

Dee et Jay s'avancèrent parmi les ruines, éclairant leur chemin à la lampe torche. Aucune des deux ne parlaient, elles n'avaient rien à dire. Jay observait tout autour d'elle, bouche bée, les bâtiments abandonnés, abîmés, dont certaines parties s'effondraient. Tant de questions se posaient dans sa tête, et tant de tristesse, de peur, et d'incompréhension l'envahissaient.

Dee se retourna, pour la première fois depuis le début. Elle regarda ce qui se trouvait dans le dos de Jay ; alors celle-ci se tourna à son tour. Ce qu'elle vit la choqua, bien plus que ce qu'elle avait vu par la fenêtre. Un immense bâtiment, gigantesque, démesuré, incommensurable ; on n'en voyait pas les limites. C'était une énorme forteresse cylindrique, une cité gigantesque. C'était le plus grand bâtiment jamais construit.

-Mais...

-Je t'expliquerai, enfin...on t'expliquera. Viens.

Elles continuèrent leur chemin dans la pénombre, écrasant sous leurs semelles la poussière qui recouvrait le sol. Arrivées près d'un immeuble désaffecté, Dee s'avança et se faufila par une ouverture tout juste assez grande pour la laisser passer. Elle marcha à travers un couloir et vint frapper à une porte, quatre coups, une pause, trois coups, puis un coup de pied. La porte s'entrouvrit, un homme d'une quarantaine d'années à son seuil. En voyant Dee, il s'apprêtait à ouvrir grand la porte, mais lorsqu'il aperçut Jay, juste derrière, il arrêta subitement son geste.

-C'est qui ? dit-il dans un dialecte étranger que Jay ne pouvait pas comprendre.

-Une amie, elle est digne de confiance

-Sûre ?

-Sûre

Alors l'homme ouvrit la porte.

Jay entra, et découvrit un endroit, bien plus énigmatique que tout ce qu'elle avait pu voir auparavant. C'était un très grand appartement, qui prenait quasiment tout l'étage. Au fond, un escalier, qui laissait deviner que tout l'immeuble était occupé. Il était rempli par toutes sortes de gens, des jeunes, des vieux, des petits, des grands, habillés de toutes sortes de manières différentes. Le lieu n'avait rien à voir avec l'hôpital. Pas de murs blancs, pas de carrelage, pas de lumière éblouissante, et surtout, pas d'appareils technologiques. Il faisait froid dans cet appartement, mais l'atmosphère qui y régnait était très chaleureuse. Il y avait des gens partout, qui arboraient des sourires, qui parlaient fort, des enfants qui jouaient. C'était un endroit où on se sentait chez soi aussitôt qu'on y entrait.

Dee et l'homme la conduisirent  dans une petite pièce à part, et l'homme commença son récit.

-Donc, résumons : Tu t'es réveillée dans un «hôpital », on t'as fait un speech sur ce qui t'était arrivé, en t'expliquant que tu étais malade et qu'on avait dû t'opérer, puis on t'a présentée à tes parents, que tu ne reconnais pas, puis on t'a installée dans un bel appartement, on s'est occupé de toi et chaque jour tu enchaînes sport, exercices physiques et psychiques, et on t'a fixé des règles claires sur des endroits que tu ne dois pas franchir, n'est-ce pas ?

-C'est Dee qui vous a tout raconté ?

-Elle ne m'a rien dit, mais je n'ai pas besoin d'être devin pour connaître ton histoire en détail. Ne pense pas que tu es un cas unique, ici, un bon nombre de personnes sont comme toi. Perdus, manipulés, entraînés à l'excès, c'est assez commun.

-Je...Non franchement je ne comprends rien...

-Tu ne sais rien, absolument rien de ce qui t'entoure.

« Arrête d'appeler chez toi « l'hôpital ». Tu es ici en 2426. Cet immense bâtiment que tu as vu au dehors, c'est la Cité d'Argent. Dirigée par des scientifiques du monde entier qui ont détruit le monde. Ils ont tout pollué, détruit, ils ont énormément tué, la population a diminué, cessé de se reproduire, pour tomber malade, mourir, et disparaitre. Désormais l'Humain ne réside qu'ici, dans cette gigantesque cité. Mais ça n'est plus un Humain hétérogène, différent et mélangé. C'est une race unique qu'ils ont créée, ils l'appellent la Race Première. Composée principalement de gens supérieurement intelligents, sportifs, beaux et en bonne santé. Ils ont sélectionné ceux qu'ils trouvaient « parfaits ». Ils les ont transformés, pour les rendre plus performants, et ils ont effacé leur souvenir et leur vie passée, et ils ont abandonné ceux qu'ils ne trouvaient pas à la hauteur. Nous sommes des rescapés, nous avons fui ce régime pour survivre, et désormais, nous faisons proliférer ce que nous nommons « la Race Contraire », composée de tous, et de n'importe qui. Nous sommes des résistants, des imparfaits, nous essayons de combattre ceux qui écrasent et divisent la race humaine. Il existe encore certains membres de la race inférieure, mais ils ont moins de droits, ils sont exploités par le gouvernement. La terre est presque morte, il n'y avait plus de place pour tout le monde, alors ils ont du faire de la place.

Jay restait coite, bien trop brusquée par tout ce qu'elle venait d'entendre.

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