III- Espoir

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Je me posais bien trop de questions auxquelles je n'avais pas de réponses. J'étais désespérée. Mais si tout ça était vrai ? Et si c'était moi qui n'y croyais pas ? Je pensais devenir folle, complètement délirante, cinglée, ou tout simplement malade.

Je tentai, un jour, d'expliquer à un médecin qui me semblait plus sympathique que les autres, que j'avais des doutes sur ma santé mentale, bien sûr en inventant de faux prétextes. Il sembla s'affoler, et on rajouta à mon emploi du temps des exercices psychiques et intellectuels avec des machines plus compliquées les unes que les autres. Ces rendez-vous étaient de nouvelles séances de torture, de longues heures durant lesquelles on calculait mon temps de réaction face à des vidéos qui s'affichaient sur un grand écran. On me posait toutes sortes de questions, sur des calculs, des exercices de logique, et des multitudes d'énigmes complexes. Je ne savais pas si je réussissais ces tests, ou si j'échouais lamentablement. Les médecins n'avaient pas l'air de s'inquiéter, alors je prenais leurs expressions pour un soulagement. Mais cela n'arrangeait rien à ma situation.

Ma « famille » était étrange. Des inconnus, vivant avec moi au quotidien. Ils jouaient leur rôle de parents parfaits. Chaque matin, mon « père » allait tranquillement travailler, tandis que mon « frère » se rendait au collège et que ma mère restait gentiment à la maison, telle une adorable mère au foyer. La magnifique petite famille sans défauts, quelle belle figure d'exemple. Mais j'étais déjà convaincue qu'ils jouaient la comédie. Je ne leur ressemblais même pas. Vivre avec eux chaque jour, tout en faisant semblant de ne me rendre compte de rien, était devenu assez insupportable. Il m'était dur de jouer également le jeu, en essayant tant bien que mal de compléter leur petit trio et d'être la quatrième pièce de la « Famille Perfection ». Je détestais devoir faire comme eux, juste pour ne pas passer pour l'intruse, ou pour ne pas attirer l'attention des médecins.

Dans les seuls moments de liberté qu'il me restait, je trainais seule dans mon appartement, ou déambulais dans les longs couloirs du bâtiment. On m'avait parfaitement indiqué les limites que je ne devais pas franchir lors de mes balades quotidiennes, et je n'avais droit qu'à quelques mètres autour de chez moi. C'est lorsque j'osai, un jour, franchir la limite, que je rencontrai celle qui deviendra ma seule amie dans cette prison. Je m'en souviens parfaitement, c'était un jeudi. Les médecins étaient occupés à autre chose et personne ne veillait dans les couloirs. La voie était libre. J'eus enfin le courage de pousser une porte que je voyais chaque jour, et que je savais interdite de franchir. Je la pensais fermée, mais je tentai tout de même de l'ouvrir. Dans ma main, la poignée s'abaissa, et la porte pivota. Sans surprise, je découvris dehors des couloirs totalement semblables, toujours aussi blancs que de l'autre côté. Je décidai tout de même de m'aventurer un peu plus loin. J'étais curieuse de savoir pourquoi elle m'était interdite. Il était sept heures moins le quart, il me restait donc trente minutes avant de devoir retourner chez moi. Je marchais sur la pointe des pieds, mais les semelles de mes baskets crissaient sur le sol. Les couloirs étaient longs, mon chemin incertain. A tout moment, un médecin pouvait débarquer, et je savais parfaitement ce qui se passerait ensuite. A un tournant, je la vis, assise par terre. Elle était blonde, et elle portait le même uniforme que moi. Seule, passant le temps à faire je ne sais quoi sur la commande de son téléprésence. Je m'approchai d'elle en silence, appréhendant sa réaction face à l'entorse que je faisais au règlement. Elle me vit à son tour, et me tendit directement la main, sans crainte. Elle avait un air fier et calme. C'était le genre de fille qui n'avait peur de rien. Elle s'appelait Dee, et elle avait environ vingt ans. Je lui dis à mon tour que je m'appelais Jay (c'est ainsi que tout le monde m'appelait), et que j'avais dix-huit ans (je n'en étais pas sûre, mais d'après mon visage et ma taille, c'est l'âge que je m'étais donné). Nous discutâmes durant quelques instants, faisant connaissance l'une avec l'autre, et nous nous donnâmes rendez-vous le lendemain à la même heure.

Peu à peu nous apprenions à nous connaître, débattant sur quelque sujet. Puis au détour d'une conversation, elle brisa la glace, et me présenta de but en blanc son avis sur les médecins et toutes les autres choses qui se tramaient autour de nous.

« Je ne sais pas ce que je fais là. » me dit-elle. « Tout ça c'est une mascarade. Mes parents ne sont pas miens, mes sœurs non plus. Je ne suis ni malade ni en réelle rééducation. Ils ne m'ont rien dit, rien avoué, mais je le sais. Je l'ai tout de suite deviné. Ils pensent nous mentir encore longtemps, parce que j'en ai vraiment marre de jouer le jeu. Ça devient agaçant tout ça. »

Enfin quelqu'un de mon avis ! Enfin une présence amicale ici !

-Je ne pensais vraiment pas trouver quelqu'un du même avis que moi ici... Je pensais vraiment être la seule à penser de cette manière... Mais attends, il y en a d'autres comme nous ici ? Des jeunes je veux dire...

-Je pense. Sinon ils ne nous auraient pas obligées à porter ces fichus uniformes. C'est vraiment horrible ! J'ai l'impression de vivre dans une pub de lessive...

-C'est exactement ce que je me disais !

Elle était là depuis plus longtemps que moi, mais sa situation était semblable à la mienne. Alors, je compris que je n'étais pas seule. Nous nous posions de plus en plus de questions. C'est à Dee que je me confiais dès que j'en ressentais le besoin. Dès notre rencontre je lui fis confiance, je savais qu'elle en était digne.

Trois fois par semaine, nous nous retrouvions à notre point de ralliement. Nous alternions, une fois sur deux elle passait de mon côté de la porte, et les autres fois c'était à moi de passer de l'autre côté. Nous nous débrouillions pour que les médecins ou les gardes ne nous voient pas. Deux personnes aux mêmes uniformes blancs ensemble, c'était sûrement interdit. Mais bizarrement personne ne nous trouvait. Nous passions notre temps ensemble, mais il était impossible de discuter par le télépresence. C'était un moyen trop peu sûr, nous risquions d'être remarquées trop facilement. Mais tant que personne ne nous voyait, nous continuions de passer régulièrement du temps ensemble, cachées dans les couloirs. Puis au fond, nous n'avions rien à perdre.

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