Ce jour-là, comme d'habitude, une petite tête bleutée était plongée dans un flot de livre, tellement qu'il en était difficile de la repérer.

Ses yeux passaient d'ouvrages en ouvrages, de dictionnaires à dictionnaires, et sa main notait avec agilité tous les mots qui attiraient son attention. On aurait pu facilement la surnommer "La femme qui lisait plus vite que son ombre", si bien qu'on voyait à peine son regard bouger, liquidant sans un retour en arrière tous les mots.

Levy était bel et bien une folle des livres. Sa passion pour la littérature égalait facilement celle de la musique, si ce n'était plus.

Ce qu'elle adorait en plus de jouer du piano, c'était d'écrire des paroles. Des paroles de chansons. Et pour cela, son imagination et sa motivation étaient subjuguantes. Elle était toujours dans son projet de paroles concernant uniquement la lumière, et elle tenait déjà un bon début qui la poussait à continuer.

Soudain, la jeune femme commença à tourner sa tête dans tous les sens, à la limite de l'épouvante. Elle semblait chercher quelque chose. Puis, comme si elle venait de se souvenir où se trouvait l'objet recherché, elle se leva d'un coup du tas de livres, avec un énorme sourire sur le visage.

La pianiste souleva sa tête vers les grandes étagères de la bibliothèque, semblant presque décrypter de ses yeux tous les ouvrages, pour enfin arrêter son analyse sur une dernière étagère.

Une étagère beaucoup trop haute.

Mais, rien ne pouvait empêcher la bleutée d'obtenir ce qu'elle voulait, surtout si cela concernait un livre. Elle se prépara donc à escalader le grand meuble.

Ses mains agrippèrent les planches en bois, avant de commencer à les escalader une par une à l'aide de ses pieds.

À priori, les bibliothèques servaient aussi d'accrobranches.

Avec une agilité causée par l'habitude, Levy était déjà à la moitié de son ascension, et fixait avec impatience la dernière rangée où se trouvait son objectif.

Plus que quelques secondes...

Brusquement, alors qu'elle n'était qu'à deux doigts d'obtenir le fruit de son aventure, sa main glissa d'une de ses prises. Un cris s'échappa de sa bouche. Elle était maintenant suspendue à une étagère qu'elle tenait à une seule main, main qui avait elle aussi commencé à glisser.

Complètement paniquée, la musicienne chercha du regard quelque part où s'agripper, tandis que ses ongles grattaient en vain le bois. Elle était tout de même à au moins deux mètres du sol, et une chute n'était pas la meilleure solution qui s'offrait à elle.

Alors, voyant qu'elle ne pouvait échapper à son sort, elle fit un dernier effort pour se soulever de quelques centimètres, puis attrapa précipitamment ce qui l'avait mis dans cette situation.

Levy se laissa tomber, fermant les yeux en appréhendant le choc de sa cascade tout en serrant le livre contre sa poitrine.

Je vais donc mourir ici, dans une bibliothèque, un livre dans les bras... Quel beau décès. Pensa-t-elle.

Un... Deux... Tro-

Un deuxième cris accompagna le sien, tandis qu'elle sentait son corps chuter sur quelque chose de dur et en même temps de... moelleux ?

Mais un gémissement de douleur la fit directement reprendre ses esprits, alors qu'elle sentait son corps tomber de ce qui lui avait miraculeusement servi d'airbag. Alors, quelle ne fut sa surprise quand elle découvrit un Gajeel courbé et le visage tordu par la douleur.

- Ga-Gajeel ?! Mais qu'est-ce que tu fais là ? s'empressa de demander la bleutée en se relevant pour s'approcher du brun qui continuait de grimacer.

- Tch. Figure-toi que j'étais venu ici juste pour voir à quoi ressemblait cette pièce, pas pour me recevoir une météorite sur le dos, lui répondit le bassiste, toujours cambré.

- Oh ! Désolé... Je ne voulais pas du tout te faire mal... s'excusa la jeune femme en prenant une mine larmoyante. Mais je dois te remercier de m'avoir éviter une grosse blessure...

- Pas grave, ça passera dans quelques minutes. Non mais d'ailleurs, c'est une habitude chez toi d'escalader les étagères ??

- Haha... Je dois bien me débrouiller. J'ai quand même réussi à récupérer ce que je cherchais, regarde, sourit-elle en montrant l'épais livre au jeune homme.

- Bah la prochaine fois, appelle quelqu'un plus grand que toi, minus. Ça doit pas être très dur à trouver et ça t'évitera de te fracasser le crane.

- Hé !!! Je suis pas un minus !

- Tu m'expliques alors pourquoi il faut que je plisse les yeux pour t'apercevoir ?

- Ce n'est pas ma faute si tu es myope.

- Ah oui ? J'ai une vue parfaite, j'ai juste du mal à voir les fourmis, continua de se moquer le brun.

- Pff. N'importe quoi.

Elle lui tourna le dos, et comme pour lui montrer qu'elle n'avait pas besoin de ses remarques, s'engloutit à nouveau dans la mer de livres.

Mais, sans qu'elle ne s'y attende, la grande silhouette de Gajeel s'avança vers elle et s'accroupit à ses côtés.

- Tu fais quoi ? Demanda le jeune homme sous les yeux éberlués de Levy.

- Je... balbutia-t-elle, mais elle se reprit immédiatement. Je cherche dans des dictionnaires et d'autres bouquins des mots se référant à la lumière. C'est pour des paroles.

- Ah ouais... C'est pas un peu compliqué ?

- Non, ce n'est pas compliqué. C'est plutôt long vu qu'il faut chercher un peu partout, et au final avoir toujours des paroles cohérentes, expliqua l'amoureuse des livres en reprenant son cahier.

Un petit silence s'installa, et la musicienne commença à feuilleter le dictionnaire qu'elle avait récupéré lors de son expédition.

- C'est du latin ?

Légèrement surprise que le brun continue à s'intéresser à ce qu'elle faisait, la jeune femme releva ses yeux de ses notes pour lui répondre.

- Oui. Au bout d'un moment, j'en ai un peu marre de chercher toujours dans la même langue, et puis les mots s'épuisent. Il faut donc avoir recours à d'autres langues. J'aime beaucoup le latin, donc je l'utilise assez souvent. Mais ce dictionnaire est assez dur à déchiffrer à cause de son grand âge, c'est pour ça que je ne le prends pas tout le temps et qu'il se trouvait assez haut, expliqua la petite bleutée en lui désignant l'ouvrage poussiéreux.

- Hm. Je peux t'aider ? Enfin, pas pour le latin mais pour trouver d'autres mots... proposa Gajeel en attrapant le regard de la femme. De toute façon, j'ai rien d'autre à faire.

Levy fut de nouveau grandement étonnée de voir le bassiste lui proposer son aide. Elle ne l'avait pas vraiment imaginé très « littérature », et ne l'avait jamais aperçu avec un livre à la main. Il fallait aussi dire que sa grande carrure, tous ses piercings et son allure plutôt sombre ne lui donnait pas tellement un air de bibliomane. Mais la pianiste se gronda mentalement d'oser se fier aux apparences, elle qui haïssait tant les préjugés. Elle accepta donc avec un sourire, tout en tendant au jeune homme un autre dictionnaire.

Étrangement, le musicien qui était d'habitude chahuteur et fauteur de trouble se mit à la tâche calmement, les sourcils froncés par la concentration, alors que ses yeux se baladaient attentivement sur les pages.

Les minutes défilèrent sans qu'ils ne s'en rendent compte. Les jeunes stars étaient toujours autant attelés à leur travail, même si leurs positions avait grandement changées. Levy était maintenant allongée sur le ventre, son bras maintenant sa tête et son attention reporté sur les mots latins. Quant à Gajeel, il était attablé nonchalamment contre des étagères mais continuait toujours ses recherches avec perspicacité.

Ce fut le bruit sec d'un livre qu'on referme qui les ramena à la réalité, et la petite bleutée se releva joyeusement.

-Bon ! C'est tout pour aujourd'hui je pense. On a bien travaillé, et tu m'as beaucoup aidé. Merci Gajeel, sourit-elle.

- Je t'en prie... minus.

- Raaaah, mais je ne suis PAS un minus !

- J'ai du mal à y croire, rigola le brun. Mais sinon, tu passes vraiment toutes tes journées ici ?

- La plupart du temps, oui. Bien sûr, je joue aussi souvent du piano et je participe aux compositions et tout ça. Mais j'adore l'atmosphère qu'engendre tous ces livres réunis au même endroit. La bibliothèque est mon lieu préféré du Niji, expliqua-t-elle doucement.

- Si tu viens dans notre bâtiment, tu verras qu'on a une bibliothèque beaucoup plus grande que celle-là.

- Vraiment ?!

- Si je te le dis.

Sans grande surprise, les yeux de Levy se remplirent d'étoiles, et ses lèvres s'étirèrent en un énorme sourire.

- Troooop bieeeeen !!! Quand est-ce qu'on va chez vous déjà, hein, hein ? Cria-t-elle en secouant le jeune homme.

- Depuis quand tu veux aller chez nous ? Fais gaffe à tes paroles, les autres dévergondées risquent de te mettre un coup, ricana Gajeel, hilare devant la tête que faisait son interlocutrice.

- Écoute, le pouvoir des livres ne peut être détruit par de simples chamailleries.

- Si tu le dis... Mais sinon je ne sais pas quand vous venez. Pas maintenant en tout cas, enfin j'espère...

- Comment ça tu espères ?!

- Je rigole crevette. Aller on y va, conclut-il en tirant la jeune femme par le bras.

- D'acco... Attends quoi ?? JE NE SUIS PAS UNE CRE-

Ce cris légendaire fut vain, puisque le crustacé se retrouva emporté par un énergumène aux piercings dont le rire s'accentuait de plus en plus...

Calme... Où es-tu ?

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Youhouuuuuuu !!! Voici le dixième chapitre de Fausses Notes, en l'honneur des 300 vues !!! Non en vrai je ne m'y attendais tellement paaas, merci énormément !!!!!!!!!!!

Ça me fait chaud au coeur de savoir qu'on s'intéresse à cette fanfiction, je suis encore plus motivée qu'avant !

Donc, merci merci merci merci.

Sinon, j'aime bien ce chapitre.

À très bientôt... ♫♫♫