Chapitre 28 (partie I)

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« Intelligence artificielle.

Intelligence artificielle.

Intelligence artificielle... »

Mon cerveau répète en boucle la seule information qu'il a été capable de procéder tandis qu'Aksel s'est tu, accroupi à côté de moi, son regard surveillant attentivement ma réaction. Enfin « ma » réaction. Comment puis-je être sûre que c'est bien la mienne ? J'ai un robot dans le cerveau. Un robot que mes propres parents ont implanté dans ma tête alors que je n'avais que neuf ou dix ans, peut-être onze. Pourquoi ? Qu'est-ce qui aurait pu les pousser à faire une chose pareille à leur propre enfant ? Et je n'aurai probablement jamais cette réponse parce que mes parents sont très certainement morts et enterrés à l'heure qu'il est. Je suis condamnée à vivre avec ce truc dans ma tête, parce que je doute qu'il y ait le matériel ici pour retirer cet engin de ma tête. Même à l'hôpital ils n'ont pas essayé de supprimer cette petite tache dans mon cerveau. Au moins, je comprends pourquoi je suis vivante quand le reste des enfants de onze ans sont morts : c'est cette intelligence que les robots voulaient. Ou en tout cas, c'est « grâce » à elle que je suis encore là aujourd'hui. Et je ne sais pas comment je suis censée accepter ça. Je sens le jeune homme se baisser pour être face à moi et tourne ma tête pour le dévisager.

— Tu n'as pas à avoir peur petit tigre. Cette intelligence t'a gardée en vie jusqu'ici, tes parents savaient clairement ce qu'ils faisaient. Cela explique pourquoi ni eux ni toi n'apparaissez dans la base de données que nous avons. Si tes parents travaillaient sur une technologie aussi avancée, la moindre trace dans une data base auraient eu de graves conséquences, androïdes ou non, déclare soudainement Aksel.

Je grimace face aux paroles du jeune homme malgré l'utilisation du surnom qu'il m'a trouvé. Soi-disant mon prénom signifierait « tigre » dans une très vieille langue ou quelque chose comme ça. Je ne suis pas sûre de vraiment vouloir voir mes parents comme des héros en ce moment. Ils ont implanté quelque chose dans mon cerveau et je ne sais même pas si j'avais donné mon consentement ! Il n'y a rien qui puisse excuser ça, en tout cas rien qui n'ait un sens. Et qu'est-ce que ça veut dire pour mes souvenirs ? Y a-t-il une chance de les récupérer ? Ou est-ce qu'ils ont été définitivement effacés de mon « disque dur » ? Je ferme les yeux, refusant de penser à la possibilité d'avoir perdu ma mémoire pour toujours, mais l'idée est tenace et continue son chemin à travers mes neurones jusqu'à ce que je craque et que je fonde en larmes, me laissant en même temps choir dans les bras ouverts d'Aksel. Comme il l'avait fait la veille dans les miens, je me laisse aller sur son torse tandis que ses bras me serrent tendrement. Le jeune homme a cependant un peu plus de force que moi —et je suis plus légère que lui — et parvient sans problème à me retenir dans ma « chute ». Je ne sais pas combien de temps je reste comme ça, à larmoyer sur l'épaule d'Aksel, dans le silence du laboratoire.

Après quelques minutes, je ne sais même plus pourquoi je pleure. Est-ce pour mes souvenirs disparus ? La « trahison » de mes parents ? Le dégoût que je ressens pour moi-même ? Le futur rejet des autres survivants quand ils apprendront ce que j'ai dans le cerveau ? Cette dernière question agit comme une claque, arrêtant net mes pleurs lorsque mon cœur semble tomber dans mes chaussures et que la peur prend le contrôle de mon esprit. Ethel va me tuer, souffle ma conscience. Et je ne peux pas lui donner tort. M'écartant alors du jeune homme qui a n'a pas l'air d'avoir compris la raison de ma soudaine détresse, je prends ma feuille pour y noter mon problème, le cœur battant un tout petit peu plus vite que la normale dans ma cage thoracique. Aksel lit par-dessus mon épaule et je peux l'entendre inspirer fortement avant d'avaler sa salive lentement. Je me tourne juste à temps pour le voir essayer d'effacer la grimace qui déforme ses lèvres qu'il tente de déguiser en un sourire « rassurant ». Je hausse un sourcil pendant que le jeune homme passe une main dans ses cheveux, le temps de réfléchir à sa réponse.

— Connaissant Ethel... Si on lui en parle, tu risques de retourner en Cure ou pire, expulsée du QG. On peut garder ça pour nous pour l'instant, faire des tests et leur présenter la situation une fois qu'on en saura plus. C'est plus prudent, admet finalement le jeune homme.

Je secoue aussitôt la tête de gauche à droite. Non. Je refuse de cacher ça à Ethel. Déjà, parce que je pense qu'il est difficile de lui cacher quoi que ce soit et ensuite parce que j'ai déjà mis du temps à gagner un tout petit bout de sa confiance, je ne tiens pas à la perdre. Je sais d'avance qu'elle ne prendra pas bien la nouvelle et que je risque de graves conséquences, mais il faut lui dire. Elle m'a acceptée dans son groupe de Survivants et maintenant, elle est techniquement ma « boss ». Et je ne crois pas qu'il soit autorisé de mentir ou cacher des choses aussi... énormes à quelqu'un qui vous a accepté malgré leurs réticences et qui commence à vous apprécier. Qui plus est, si jamais ce truc dans ma tête est dangereux, je m'en voudrais énormément de causer des problèmes aux autres. Et je n'imagine même pas les conséquences pour Aksel si Ethel apprend qu'il a gardé ce secret aussi ! Je refuse de le mettre en danger par ma faute. J'attrape la feuille et y note mes remarques, insistant sur le fait que je refuse de le mettre en risque auprès d'Ethel ou du reste des Survivants. Aksel sourit et efface mon message, le reposant sur la table. Il hoche la tête doucement tout en posant ses mains sur mes bras. Il attend quelques secondes en silence, peut-être pour choisir ses mots et assembler ses phrases —ce qui m'arrive beaucoup trop régulièrement —.

— Je te remercie de ton inquiétude à mon égard, mais je suis un grand garçon, je peux gérer Ethel. Ce n'est pas aussi compliqué qu'on le croit. Quand on la connaît, elle devient plus agréable. Cependant, je suis aussi très impressionné par ta maturité petit tigre. Trois semaines après mon arrivée, j'ai fait exploser un tube dans les toilettes et je crois qu'encore aujourd'hui, Ethel se demande encore qui est responsable, avoue le jeune homme avec humour.

Je plisse les yeux devant ce mensonge éhonté. Si cette situation a pu arriver, je pense qu'Ethel a très bien deviné qui était derrière cette « explosion ». Tout simplement parce qu'Aksel a déjà admis être le seul à manipuler les tubes depuis les débuts du Labo. Donc je vois mal Ethel penser qu'il puisse s'agir d'une autre personne qu'Aksel. En voyant mon expression, le jeune homme soupire et admet son mensonge. Je souris face à son admission, la peur diminuant devant la bonté du jeune homme, qui invente des mensonges juste pour me faire sentir mieux. Pour un peu, j'en oublierai presque l'énorme nouvelle de la journée : ma tête est prise en otage par une intelligence artificielle. « Prise en otage c'est un peu exagéré. Je suis supposé te rendre plus performante, c'est tout », proteste-t-elle et je n'ose cette fois la rendre silencieuse. Je repense à toutes les fois où je l'ai entendue et rendue muette, commençant presque à me sentir malade. J'aurais dû m'en douter, avoir quelqu'un qui parle dans sa tête est tout sauf normal. « En parlant de quelqu'un, ça serait bien que tu y penses un tout petit peu plus fort. », souffle la voix de manière assez cryptique, ce que je décide d'ignorer.

« Fais-les venir ici », je signe au jeune homme qui hoche la tête sans un mot de plus.

J'inspire longuement, le cœur battant. Est-ce vraiment une bonne idée ? Oui. Sans discussion. Est-ce que pour autant, je suis prête à en assumer les conséquences ? Non. Absolument pas. C'est pour cela que je préfère les affronter ici, dans un endroit où je me sais à l'aise, plutôt que de monter dans le bureau d'Ethel où je suis toujours mal à l'aise. Et surtout, dans un endroit où je me sais soutenue par mon « professeur » et ami, Aksel. Cependant, je compte bien prendre les choses en main et annoncer la nouvelle moi-même. C'est mon problème, pas celui d'Aksel. Sortant de mes pensées, je prends conscience que je suis seule près de ma chaise. Je reporte mon attention sur Aksel, qui s'est écarté de la machine à radio pour revenir au centre du Laboratoire. Je le rejoins dans le silence, posant ma blouse, mes gants et les lunettes qui se trouvaient dans ma poche sur la table. Je ne sais pas si j'aurai l'occasion de les porter à nouveau. Aksel sort un petit appareil de sa poche, posant son majeur dessus. Aussitôt, une petite lumière bleue s'allume et s'éteint, signalant que la demande a été envoyée. Le jeune homme plante ses yeux dans les miens et je peux y voir la même appréhension que je sens monter dans mes iris.

Dix minutes. C'est le temps qu'il faut à Ethel et Calliste pour quitter leurs activités du moment et nous rejoindre dans le Labo. Nous attendons en silence avec le son de nos respirations régulières comme seule musique. Parfois, je peux entendre mes propres doigts pianoter sur la table, ou le pied d'Aksel frapper le sol avec régularité, trahissant nos stress. Pour me calmer et me concentrer, j'écris la phrase « j'ai une intelligence artificielle dans le cerveau » sur mon I-Feuille, me demandant comment l'annoncer aux deux leaders —s'il y a bien une chose que j'ai apprise ici, c'est que bien qu'Ethel soit la dirigeante, Calliste l'est tout autant, permettant de canaliser les excès de rage de sa compagne —. J'entends Aksel marmonner pour lui-même des choses que je ne comprends pas. Je ne sais pas vraiment pourquoi le jeune homme stresse comme moi, puisqu'il n'est pas celui en risque, mais je ne me pose plus la question lorsque la porte du Laboratoire s'ouvre sur deux visages familiers et impassibles. Calliste est le premier que je remarque, avec ses cernes sous les yeux et ses cheveux en bataille qui m'indiquent qu'il vient probablement de se lever. Ensuite vient Ethel, toujours impeccablement coiffée et réveillée, ses yeux balayant la pièce avec une certaine surprise —probablement peu habituée à la propreté de l'endroit —. Ils finissent par entrer dans la pièce et s'installer derrière la table centrale, juste en face de nous. Je remarque aisément le petit coup de coude d'Ethel dans les côtes de Calliste qui grimace en laissant échapper un gémissement. Pendant une courte minute, on se regarde tous en silence sans oser prononcer un mot.

— Vous aviez quelque chose à nous dire ou vous vouliez simplement vous assurer que nous étions toujours en vie ? J'apprécie votre inquiétude face à notre santé, plaisante Calliste avec une voix grave et rauque, passant une main dans ses cheveux pour discipliner les mèches rebelles.

J'entends Aksel rire à cette remarque tandis qu'Ethel lève les yeux au ciel. Ma respiration se bloque dans ma gorge et je renifle aussi silencieusement que possible pour retenir les larmes qui menacent d'arriver. J'aimerais pouvoir dire que cette remarque m'a amusée également, mais j'ai désormais les yeux rivés sur ma feuille, tournant et retournant la situation dans ma tête. Je ne sais pas comment aborder le sujet. J'entends Aksel se racler la gorge et je l'arrête en attrapant son bras. Je sens la main d'Aksel venir se poser sur la mienne et je lève les yeux vers lui, gagnant du courage en observant la sympathie dans son regard. Il me sourit et je fais de même, avant d'à nouveau tourner mon regard vers nos opposants. Face à nous, Calliste baille ce qui lui vaut une nouvelle petite tape sur l'épaule de la part d'Ethel, qui ne dit toujours rien. Elle nous observe sans un mot et je peux presque sentir son ennui émaner d'elle. Est-ce qu'on dérange quelque chose de plus important ? Me sentant perdre mon courage, je me mords la lèvre inférieure, hésitant une demi-seconde de plus. Finalement, j'inspire et tourne la feuille vers les deux nouveaux arrivants d'un geste sec, baissant ensuite les yeux vers le sol propre et dégagé du Labo. Curieuse, je relève les yeux après deux secondes pour voir qu'Ethel me fixe sans que je ne puisse déchiffrer ses expressions faciales tandis que Calliste observe la feuille avec stupeur.

— Oh, lâche finalement le jeune homme, attirant alors le regard de sa partenaire vers mon message.

Le visage d'Ethel devient tout de suite plus expressif : mâchoire contractée, le visage dur, ses poings se serrent et se desserrent à intervalles réguliers. Je peux sentir Aksel se tendre également à mes côtés, ce qui n'arrange en rien mon stress qui est à son paroxysme. Calliste est désormais parfaitement réveillé et ses yeux passent de moi à sa voisine, qui n'a toujours pas lâché mon message du regard. Aksel tend la main pour récupérer ma feuille, qu'Ethel bloque alors en appuyant la sienne dessus. Elle lève la tête vers le jeune homme et honnêtement, je crois que mon cœur s'arrête et tombe en même temps. Ses yeux noirs brûlent et je ne saurais dire si c'est de la colère ou du dégoût. Pour autant, Aksel ne lâche pas son emprise sur mon message, gardant le contact visuel avec la jeune femme. Conforme à son rôle de médiateur, Calliste passe une main dans le dos de sa compagne et lui murmure quelque chose à l'oreille. C'est suffisant pour qu'Ethel lâche la feuille et se redresse sans pour autant lâcher Aksel du regard. Ce dernier récupère et efface mon message tandis que je triture mon stylet, le faisant tourner entre mes doigts, incapable d'affronter le regard de qui que soit.

— Vous le savez depuis quand ? demande alors Calliste, qui semble être le seul capable d'entretenir la conversation.

Ethel émet une sorte de reniflement moqueur et baisse la tête vers ses poings, signe qu'elle est en proie à une intense réflexion. Ou qu'elle est à deux doigts de me frapper, ce que je n'exclus pas. Je me demande même ce qui la retient, parce que Calliste semble encore trop endormi pour être capable de retenir la puissance de la jeune femme. Aksel lance vers eux la radio que nous avons faite ce matin, sur lequel la petite tache me semble être devenue énorme. Je ne peux m'empêcher de la fixer avec un mélange de dégoût et de curiosité.

— Depuis environ une heure. J'aurais préféré faire des tests plus poussés avant de vous mettre au courant, mais Felidae a refusé au cas où cela pourrait mettre en danger les autres, siffle Aksel en retour, plus en direction d'Ethel que de son interlocuteur.

Cette information semble surprendre les deux dirigeants dont les regards convergent vers moi.

Ow, bébé Feli' ... Qu'as-tu fait ?
A votre avis, est-ce qu'Ethel va bien réagir ? 👀👀👀

Coucou les courginettes,
What's uuuppp ?

En ce moment, je suis dans un trend assez bizarre où je passe mes journées devant des vidéos de Brad Mondo (alors que mes cheveux et moi avons un lourd passif...) à faire des travaux manuels. Bref 😂😂

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Selon vous, que va faire Ethel ?
Comment va réagir Calliste ?
Comment Benny va-t-il apprendre ça ?
Que fera Aksel ?
Et Felidae, qu'est-ce qui l'attend encore ?

Dites-moi tout en commentaire, lâchez-vous, toutes vos théories peuvent être la bonne, who knows !
Bisous et à mardi prochain 🤗🌱🍁

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