~Midi~

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Tout est noir.

Je pense encore.

Continue de penser.

Ça me permettra peut-être de rester en vie.

Respire, Rebecca, respire.

Il ne faut pas que tu meurs.

Allez.

S'il te plaît.

Je sens soudainement sur ma poitrine un crochet qui s'accroche et qui me tire vers le haut. En un instant, la lumière blanche revient et je me sens pour la première fois respirer.

-Le coeur a recommencé à battre, dit une voix.

Une lumière différente arrive vers la gauche.

-Elle réagit. Beau travail, tout le monde.

Un « bip » régulier sonne à mes côtés. C'est mon cœur. Les sons commencent à mieux me parvenir. Il y a peut-être une ou deux personnes dans la pièce avec moi.

J'essaye de prendre une plus grosse respiration, mais mes poumons me brûlent et m'obligent à tousser. J'ai l'impression qu'il y a de la poussière à l'intérieur d'eux. Mes membres me chauffent aussi. Peut-être que j'ai été touchée par les flammes.

Mes yeux clignent d'eux-mêmes. Mes yeux prennent leur temps pour s'habituer à la lumière. C'est flou. C'est à cause de mes larmes. Je peux les sentir rouler sur mes joues.

Je tourne la tête pour regarder mes bras. Ils sont branchés d'un peu partout. J'ordonne à mon cerveau de les faire bouger un à un. Mes bras bougent. Je suis rassurée.

Je suis vivante.

-Rebecca, tu es réveillée. Bouge la main gauche si tu es réveillée.

J'essaye d'abord de répondre par ma voix, mais je tousse à nouveau.

-N'essaye pas de parler, tes poumons sont encore en train de se régénérer. Bouge ton bras gauche pour confirmer.

Je le soulève.

-Bien. Te sens-tu assez bien pour voir ta famille? Ta mère et tes deux frères sont là. Bouge ton bras gauche si tu veux les voir.

Je le soulève à nouveau.

-Je vais les chercher.

Cela prend à peine quelques secondes avant que je ne les entende venir autour de moi. Je regarde ma mère qui vient prendre ma main gauche dans ses mains.

-Oh, ma chérie... j'ai tellement eu peur pour toi, snif...

Elle pose son front contre le dos de ma main. Elliot lui tient l'épaule et me regarde.

-Salut, dit-il.

Je vois aussi Gabriel près de lui. Je fais de mon mieux pour lui sourire.

-On a pas mal paniqué quand on a vu les nouvelles de l'incendie... t'étais toujours pas rentrée, continue mon frère aîné.

-T'as pas trop mal, j'espère? demande Gabriel.

Je lève mon bras droit pour lui faire un pouce en l'air. La douleur est supportable.

-Tu n'as pas trop été touchée par le feu, heureusement... tu as eu une sacrée chance... non, c'est plutôt un miracle. De ce que les pompiers nous on dit, tu es restée dans l'immeuble en feu pendant 45 minutes.

45 minutes? C'était long, 45 minutes... Ce n'était que quand je suis sortie de la pièce du sous-sol que j'ai su que le feu était toujours présent.

Mes yeux commencent à se fermer d'eux-mêmes. Je vois ma mère observer rapidement le moniteur. Tout va bien.

Je m'endors.

***

À mon réveil, ma mère est en train de lire sur une chaise. Je tousse pour lui faire savoir que je suis réveillée. Mon dos me fait mal à force que je suis couchée dans cette position.

Elle referme son livre.

-Tu as dormi... comment te sens-tu? Mieux que tout à l'heure, j'espère?

J'hoche la tête. Elle sourit.

-C'est bientôt l'heure de la fin des visites. Je vais devoir partir. Mais je travaille demain à l'hôpital, alors j'essayerai de passer te voir. En attendant...

Un homme, un policier d'après ses habits, entre.

-En attendant, ce policier voulait te poser quelques questions.

-Je sais que cet accident s'est passé récemment, mais cet incendie reste un mystère pour la police. Si tu ne te sens pas bien, je peux revenir demain pour que tu m'en parles.

Je fais quelques signes. J'espère qu'il comprend que je peux répondre.

-J'imagine que cela veut dire oui?

Je lui fais un pouce en l'air.

-Madame, je vous demanderais de partir afin que toutes les réponses que mademoiselle Anderson me donneront seront sans gêne.

-Je le comprends.

Ma mère se lève et m'embrasse tendrement le front. Elle prend sa veste et quitte la chambre entourée de mur en tissus.

Le policier sort un calepin et un crayon de sa poche. Il s'assoit.

-Commençons.

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