Chapitre 25

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Lorsque mes paupières s'ouvrirent, j'étais allongé sur le canapé du salon. Je passais ma main sur mon visage, avant de me relever et prendre mon crâne entre mes doigts. Allez ! Il fallait que je me ressaisisse ! Je bondissais sur mes jambes, et me dirigeais vers la cuisine, qui faisait aussi salle à manger. Louise était en train de faire la vaisselle, tendis que Drag lisait un journal. Mon regard se posait sur Clémence, qui croquait joyeusement dans son croissant. Mon cœur se fendait quand je me rappelais qu'elle ne pouvait pas me voir. Mais je refusais d'y croire. Mon rituel de chaque jours depuis mon arrivée commençait maintenant. Je m'avançais vers elle, et m'asseyais sur le siège d'à côté.


- Salut Clémence !; souriais-je.


J'attendais comme cela quelques minutes avant de soupirer. Elle n'avait bien sûr pas réagit. Je baissais les yeux, avant de les relever vers Zac. Ce sale petit clébard... Depuis notre arrivée, c'est à dire une semaine, il ne quittait pas Clémence des yeux. Je dirais même qu'il la dévorait du regard, et ça me mettait hors de moi. Elle ne pouvait pas le voir non plus, donc je n'avais aucun soucis à me faire, mais le simple fait qu'il la regarde comme ça suffisait à me mettre en colère.


- Zac.; dis-je fermement.


Le concerné sursauta, en détachant enfin son regard de ma protégée pour le reporter sur moi. Je pouvais lire de l'incompréhension dans ses yeux. J'allais le rejoindre, en m'adossant au mur.


- Tu as un problème avec ma protégée ?; lui demandais-je en le fusillant du regard.


Il resta silencieux quelques secondes. Je voyais que quelque chose le tracassait.


- ... Non.; finit-il par répondre en détournant son regard du mien.; je me demande juste ce qu'elle a de spécial. Tous les jours tu essaies vainement qu'elle te remarque, pourquoi ? Pour moi, ce n'est qu'une humaine.


Je souriais nostalgiquement. En fait, je n'avais pas de réponse à ça. Elle était juste spéciale. Le simple fait d'entendre sa voix m'apaisait. Peut-être parce que nous étions liés. Je regardais mon téléphone, effleurant l'écran de mes doigts. Mon pouce glissais sur l'appareil, le déverrouillant, puis je relisais les règles d'un Gardien. Tout ça me rappelait le jour de ma rencontre avec ma protégée. Je donnerais n'importe quoi pour y retourner, pour m'attacher à elle plus tôt. Une note attira mon attention, celle que Satan m'avait envoyé concernant le fait qu'elle ne devait pas toucher mon téléphone. Il m'avait dit que sinon, ses enfants viendraient chercher Clémence. Pourquoi ? A ce que je sache, ses enfants ne chassaient que les humains pouvant nous voir. Étrange. Quand j'y pense, Est-ce qu'il existait des exorcistes ? Comme dans les temps anciens ? Rien que d'y penser, j'en avais le sourire aux lèvres. Je sursautais quand je découvrais avec stupeur que Zac n'était plus à côté de moi. Je le cherchais du regard, avant de grimacer. Il s'était assit en face de Clémence, et il la dévisageait encore. J'avançais vers lui d'un pas assuré, puis m'emparais fermement de son bras pour l'attirer dans la pièce d'à côté.


- Écoute-moi bien Zac, j'aimerais que tu arrête de la regarder comme ça.; déclarais-je.

- En quoi ça gène ? Elle ne peut pas me voir.

- Et bien ça me gène.; concluais-je en relâchant son bras.


Il plongea ses yeux rouges dans les miens, cherchant une explication à mon comportement, puis je retournais dans la cuisine. Clémence venait de finir de manger, et débarrassait sa tasse de café qu'elle déposa dans l'évier. Aussi étrange que ça puisse paraître, je pouvais désormais prendre mes distances avec Clémence. Mes jambes ne disparaissaient plus quand je m'éloignais trop. J'étais content de ne plus avoir cette contrainte, mais au fond de moi, j'aurai préférer rester prisonnier. Je ne sais pas pourquoi. Elle monta ensuite les escaliers pour aller s'habiller d'un jogging gris, et d'un débardeur blanc, ses cheveux rassemblés en une queue de cheval nette. Elle mit ses écouteurs, et cherchait dans son mp3 une chanson, avant d'aller courir. Je la suivais aveuglément. Ses mouvements étaient gracieux, et légers. Louise m'avait expliqué que Clémence avait fait beaucoup d'efforts pour entraîner son corps, et ça avait apaisé son asthme. Avant même de m'en rendre compte, je souriais niaisement, heureux d'apprendre que la santé de ma protégée s'était améliorée. Elle s'arrêta après quelques minutes dans un parc, avant de s'asseoir sur un banc, reprenant sa respiration. J'examinais les lieux, et une vague de souvenirs me submergeait. C'était le parc où Clém' avait fait ses premiers pas ...! Et où elle m'avait snobé aussi. Mais bon, ça ce n'est pas important... Son regard était perdu dans le vide. Est-ce qu'elle essayait de se rappeler de quelque chose ? Peut-être que ses souvenirs n'étaient qu'endormis ? Ce qui voulait dire... Qu'elle pourrait peut-être les retrouver. Cette idée raviva la flamme de l'espoir de mon âme. Je savais où je pouvais trouver des réponses : L'Inferno-boutique. Si ma mémoire ne me jouait pas de tours, je jurerais qu'elle se trouvait à quelques rues d'ici. Je lançais un dernier regard sur ma protégée, vérifiant qu'il y avait suffisamment de gens pour réagir si elle se retrouvait en danger. Je m'élançais à toutes allures vers la boutique. Si il y avait bien une chose qui était avantageuse avec ce corps, c'est que je pouvais sauter si haut que je volais presque. Ce qui permettait d'augmenter ma vitesse au passage. Après plusieurs bonds dans les airs, je pouvais apercevoir une vieille bâtisse qui avait l'air abandonnée. Sérieusement, aucun humains ne pouvaient la voir ? Ils passaient à côté comme si elle n'existait pas. Je posais les pieds à terre avec souplesse, mon dos se courbant tout en accompagnant mon atterrissage. Je relevais les yeux vers la poignée de la porte et me redressais en m'étirant. J'avançais ma main vers la poignée avant de m'arrêter brusquement. Mes jambes refusaient de bouger. Je baissais les yeux vers mes jambes qui s'étaient évaporées.


- Hein ?; soufflais-je en reculant.


Une sonnerie attira mon attention. Je plongeais ma main dans la poche de mon jean pour en extirper mon téléphone. L'écran était orange cette fois-ci, et une carte s'affichait, un point rouge s'éloignant d'un point bleu. Je déduis bien vite que le point rouge était Clém'. Mes yeux se posèrent sur une notification en haut de l'écran : " rayon de 1km dépassé". Et moi qui pensait que cette contrainte avait disparut. Je me retournais, désespéré, vers la porte de l'Inferno-boutique. J'étais si proche d'avoir des réponses ! Pourquoi a-t-il fallut qu'elle se remette à courir maintenant ? Je soupirais tout en me précipitant à en perdre haleine vers ma protégée. Décidément, elle me rendait toujours les choses difficiles ! Un grondement rauque s'échappait de ma poitrine, me surprenant moi-même. Depuis quand je pouvais grogner comme un démon ? Un sourire malicieux se dessinait sur mon visage. J'étais peut-être trop longtemps resté en Enfer. Des effets secondaires ? Peut-être. Je pouvais enfin apercevoir la silhouette de ma protégée, et toutes les questions que je me posais précédemment s'étaient échappées de mon esprit. J'atterrissais à ses côtés, me relevant en vitesse pour courir à ses côtés. Elle était vraiment asthmatique ? Wow. Je ne pouvais pas m'empêcher de rire, c'était juste fabuleux qu'elle soit aussi forte ! Ma protégée est juste fantastique ! Mais ce sourire disparut bien vite quand nous nous rapprochions de la maison. Zac m'attendait à l'entrée, et Louise accueillait à bras ouvert Clém'.


- Bien passé ton jogging ?; me sourit Zac avec ses petits yeux emplis de malice.


Je lui rendis un sourire forcé, avant d'entrer dans la maison. Louise annonça à Clém' qu'un bon bain chaud l'attendait à l'étage. Du chaud ? Après un jogging ? Qui aurait envie de ça ? Je suivais ma protégée jusque dans sa chambre à l'étage. Elle poussa une porte blanche qui donnait sur une salle de bain spacieuse. Au moins, personne ne se battait pour savoir qui devait aller aux toilettes le premier ici. Elle referma la porte derrière elle, et je compris que je ne pouvais pas la suivre derrière cette barrière. Je me retournais, passant mes mains dans mes cheveux, et posant mon téléphone sur la commode près de son lit où je m'étendais. Quand j'y pense, ça fait une semaine que je dors confortablement. Depuis mon arrivée dans le Monde des vivants, en somme. Je roulais de sorte en me mettre sur le flanc. J'étais si bien là... Je pouvais presque m'endormir, seul, avec comme berceuse le son de l'eau qui se déversait sur le sol de la douche. Je sursautais quand la porte s'ouvrit, avant que Zac ne débarque en trombe dans la chambre, se jetant sur mon téléphone. Je le dévisageais en me redressant brusquement.


- D'où tu te permets d'entrer dans cette chambre ?; grognais-je.

- Et toi ? Comment tu peux te permettre de laisser traîner ton téléphone comme ça ?; riposta-t-il en me le lançant.


La porte de la salle de bain s'ouvrit, pour laisser apparaître Clém' dans une robe de nuit blanche, se séchant les cheveux avec une serviette épaisse. Instinctivement, nous avions cessé de parler. Ce qui était ridicule puisqu'elle ne pouvait pas nous voir.


- Ça fait quoi que je le laisse là ou pas ?; soupirais-je en reportant mon attention sur Zac.

- Quoi ? Mais t'es fou ? Si elle le touche, c'est fini ! Elle pourra te voir et tu auras attendu toutes ces années pour rien !; s'écria-t-il en pointant du doigt ma protégée.

- Oh...; murmurais-je.


Je réalisais soudain ce qu'il venait de me dire. Si elle touchait ce téléphone, elle pourrait de nouveau me voir ? Sérieusement ? Je ne pouvais plus refouler mon rire plus longtemps. Zac ouvrit de grands yeux quand il devina mes intentions.


- Non... Vengeur t'es pas sérieux...; souffla-t-il en levant ses bras vers moi.


Je lui souriais niaisement. Son air inquiet m'amusait.


- Oh si.; lui répondis-je en me relevant.

- Non ?; gémit-il en se jetant sur moi.


Je l'esquivais de justesse, puis il m'agrippa fermement les poignets. Je sifflais entre mes dents, celle-là, je ne l'avais pas vu venir... La supplication se lisait dans son regard. Quoi. Il pensait vraiment que je n'allais rien faire ? Il venait de me servir mon rêve sur un plateau d'argent. J'inclinais brusquement mes bras vers la droite, le déstabilisant, avant d'enfoncer mon genoux dans son estomac. Il gémit de douleur, et je me sentais vraiment désolé pour lui. Le choc lui fit lâcher prise, et je m'empressais de lancer le téléphone sur Clémence, sous le cri déchirant de Zac.


 

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