Dear Love (1)

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Petite, j'avais toujours beaucoup de mal avec le réveil au matin, je trouvais le retour à la réalité après une nuit de rêve horriblement dur. En grandissant, ça s'était un peu estompé, ne me le faisait plus qu'avant des compétitions ou des examens importants où j'imaginais avoir réussi avant d'y aller. Mais là, c'est de loin le pire retour à la réalité que je n'ai jamais vécue, j'ai passé l'une des meilleures soirées de ma vie. C'était juste génial de passer autant de temps avec Her Majesty. Sauf que maintenant que je suis éveillée et qu'il y a l'enterrement de mon père, ayant lieu aujourd'hui, tout me revient dans la figure d'un coup, la chute n'est même pas rude, elle est dure et violente, c'est pire que tout...

Une fois que je suis bien tombée du septième ciel et que je suis revenue sur terre, je me lève et m'habille, enfilant mon unique robe noire – qui est malheureusement flambant neuf. Dans un autre contexte, j'aurais sans doute été heureuse de mettre un nouveau vêtement, mais là, j'aurais préféré ne jamais l'avoir acheté...

Je n'ai qu'une envie, c'est de ne pas aller à Abidjan avec Arthur, je veux juste rester chez moi, à écouter de la musique pour me remonter le moral.

Mais en y réfléchissant, cette option non plus n'est pas une bonne idée, même si je pouvais, je dois avoir presque un quart des chansons sur mon ordinateur qui sont de Her Majesty. Et me rappeler le groupe me mettrait plus en colère qu'autre chose, pas en colère contre les voyages dans le passé. En colère parce que j'ai beaucoup trop passé du temps avec Terrie et ce n'est pas bon d'aimer autant une personne avec laquelle je ne vais bientôt plus jamais parler. J'ai l'impression de gâcher ma vie, c'est atroce, je ne sais même pas comment m'en sortir. Le pire, c'est que j'ai déjà perdu contact avec des amies, je sais que c'est terriblement désagréable de ne plus pouvoir parler avec quelqu'un auquel on tient. Je vais déjà ne plus jamais voir mon père, je n'ai pas besoin de perdre une amie en plus. Et c'est clairement ce qu'est en train de devenir Terrie Century, une très bonne amie que je ne verrai plus dans très peu de temps. Mieux vaut que je me la sorte de la tête au moins le temps de la journée.

Une fois prête et presque remotivée, je sors de ma chambre et vais dans celle de mon frère pour l'aider à se préparer. Mais quand j'y rentre, il est déjà en train de se battre avec son pantalon pour l'enfiler tout seul. Arthur est définitivement désespérant, il faudrait même l'attacher au lit pour qu'il arrête de tenter de tout faire tout seul.

— Vu que tu es là, est-ce que tu peux m'aider, je galère un peu... avoue-t-il, presque honteux.

Je pourrais lui répondre qu'il n'avait qu'à attendre mon arrivée, mais je ne le fais pas, ça ne changera rien, ça ne l'empêchera pas de recommencer dès demain matin.

Je le rejoins alors et l'aide à finir de mettre son jean, ayant aussi un peu de mal à l'aider à s'habiller, c'est vraiment dur d'enfiler un pantalon à quelqu'un, hier c'était bien plus simple de lui mettre un jogging. Dès que j'ai fini, il est prêt et je l'aide à traverser le couloir et à descendre les escaliers jusqu'à son fauteuil roulant. Une fois assis, il se débrouille tout seul, ne voulant déjà plus que je ne le pousse, le pire c'est que je le connais, ce n'est pas par ego, c'est pour être plus libre.

Nous prenons alors notre petit déjeuner en silence, ne mangeant pas vraiment, étant plutôt en train de grignoter, ayant sans doute tous les deux le ventre noué à la pensée de l'enterrement de notre père... Et dès qu'il est huit heures, nous nous dirigeons, presque en même temps vers la sortie, toujours dans le même silence – ce n'est pas vraiment un silence lourd, mais plutôt triste. Je l'aide à monter en voiture et je plie son fauteuil roulant pour le mettre dans le coffre avant de le rejoindre et de prendre la route vers l'hôpital récupérer notre mère, qui a eu l'autorisation de sortir toute la journée pour pouvoir assister à l'enterrement de son mari.

Arrivée au CHU, nous allons directement à l'accueil annoncer que nous venons chercher Élisabeth Sekongo et la personne derrière le comptoir nous annonce qu'elle appelle une infirmière pour descendre notre mère avant nous donner les indications de dernières minutes – qui très honnêtement ne doivent pas avoir changé depuis vendredi vu le temps de négociation et la liste interminable de précautions que nous a fournie son chirurgien ainsi que les nombreuses autorisations de sortie journalière à signer.

Après un certain temps, les portes de l'ascenseur à proximité s'ouvrent sans doute pour la cinq ou sixième fois, mais cette fois-ci, c'est sur le visage pâle de ma mère. L'infirmière dernière elle pousse son fauteuil et nous rejoint. L'aide médicale nous explique alors de nouveau toutes les précautions, pendant longtemps, très longtemps, au point qu'à la fin, j'ai du mal à tout écouter – étant encore très fatiguée, même si cette nuit, j'ai dormi un peu plus que d'habitude. J'ai honte, je n'arrive même pas à rester concentrée pour écouter quelque chose d'important – même si c'est long et un peu inintéressant, ce n'est pas une raison, je dois écouter, c'est à moi de m'occuper de ma mère et de mon frère en ce moment.

Je ne sais pas depuis combien de temps l'infirmière parle, mais à force, je commence vraiment à avoir envie de surveiller l'heure, ayant presque peur d'être en retard à l'enterrement de mon père à cause de toutes ces explications – nous avons prévu assez large niveau horaire, finalement, nous ne serons pas si larges que ça.

Heureusement, quand nous partons enfin de l'hôpital, il nous reste encore trente minutes pour arriver au cimetière, je me suis « stressée » pour rien. Enfin non, pas pour rien, je stresse surtout parce que je ne suis pas prête mentalement à enterrer mon père, je ne me suis toujours pas faite à l'idée qu'il est vraiment mort, pour moi, ce n'est qu'une sorte d'horrible cauchemar et je n'ai qu'une envie : me réveiller. Mais je sais très bien que je ne rêve pas, j'ai vraiment perdu mon père...

Le plus dur, c'est sans doute de retenir ses larmes en arrivant à la chambre funéraire, je ne veux pas pleurer, pas maintenant, je dois être forte, au moins pour une heure ou deux, le temps que la cérémonie se termine... Une fois garée, j'aide mon frère et ma mère à descendre avant de rejoindre ma grand-mère dans la pièce où se trouve le cercueil. Je reste un peu à l'écart, n'osant pas m'approcher, n'étant pas prête à voir mon père allongé dans un cercueil.

Ma mère, quant à elle, est toute proche ayant demandé à Arlene de la reprocher de son mari, voyant bien que je n'ai pas la force de le faire. Je ne refuse pas voir le cadavre de mon père, je sais très bien que si je le vois, je ne pourrais pas retenir mes larmes, déjà que j'ai beaucoup de mal à ne pas pleurer et je veux au moins tenir le coup jusqu'au début de l'enterrement, je sais que je ne pourrais pas tenir beaucoup plus longtemps.

Nous restons cinq ou six minutes comme ça, dans un silence lourd de tristesse. Puis ma mère finit par poser une simple lettre dans le cercueil, je ne sais pas du tout ce qu'elle dit dedans, ça sera sans doute pour toujours entre mon père et elle. Sachant bien que nous allons bientôt refermer le cercueil avant d'aller au cimetière, Arthur dépose à son tour un objet, une photo de nous quatre prise devant chez nous le jour de l'entrée à la fac de mon frère. Ma mère annonce alors qu'on peut fermer le cercueil après m'avoir lancé un regard interrogateur.

Quand elle m'a regardée, j'étais certaine de ne pas vouloir m'approcher, mais maintenant que je vois l'agent de la chambre mortuaire s'avancer pour obéir à ma mère, je ne suis plus si sûre de moi.

— Attendez ! affirmé-je en me rendant compte que je suis en train de refuser de voir mon père une dernière fois.

Je m'approche alors du cercueil de mon père avec un peu d'appréhension, ayant peur de ce que je vais y voir. Finalement, de voir mon père, allonger là, les yeux fermés, paraissant presque dormir, ce n'est pas si horrible. Il a bien plusieurs coupures recousues apparentes sur le visage et les mains, mais rien de traumatisant contrairement aux atrocités que je m'étais imaginées. Mais le pire, c'est quand même de voir qu'après plusieurs secondes, il est toujours aussi figé, étant raide... mort...

Je sens des larmes couler le long de mes joues, ne pouvant plus les retenir, c'est beaucoup trop dur. Avant de les laisser refermer le cercueil, je décide de moi aussi y laisser un objet et même si je n'ai rien amené exprès pour ça, je sais exactement quoi y mettre : mon collier; ça fait déjà plusieurs années que je l'ai, mais il n'a aucune valeur particulière à mes yeux, ce n'est même pas un cadeau, c'est quelque chose que je me suis auto-offert à une époque où je n'avais aucune amie. Par contre, mon père a toujours adoré le pendentif représentant deux valseurs. Je décroche alors la chaîne de mon cou et la pose près de la main de mon père, veillant tout de même à ne pas effleurer sa peau froide.

Je recule de quelques pas et les laisse refermer le cercueil. Voyant sans doute ma peine, ma grand-mère me prend la main et pendant quelques secondes, je l'admire, je ne sais pas comment elle fait pour tenir encore le coup, alors qu'elle a déjà perdu son mari et, maintenant, son fils unique. Elle arrive encore à se tenir droite et à réconforter sa petite fille.

Nous regardons alors quatre personnes porter le cercueil hors de la pièce, puis nous sortons à notre tour tandis que le corbillard part pour le cimetière. Nous prenons alors la voiture pour faire le trajet et le temps que nous arrivions sur place, le cercueil est déjà dans la tombe, mais il n'y a encore aucun de nos proches d'arrivées, ce qui est normal, il n'est pas encore l'heure, mais ils ne devraient plus tarder à débarquer maintenant.

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