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 C'est moi où elle hésite plus que d'habitude ? Ce n'est peut-être qu'une impression après tout, mais ce qui est sûr, c'est que pour la première fois, je remarque que ses silences formeraient une super mélodie : noire, noire, croche, noire, noire, croche, croche, noire, noire, croche. Pour l'instant, ce n'est qu'une idée assez simpliste, mais je suis certaine que ça peut donner quelque chose de bien. Surtout si je mets le tout en gamme de si majeur, la note qui correspond le mieux à la voix de Déborah. Peut-être aussi que je pourrais la faire pour piano, c'est l'instrument qui lui correspondrait le mieux puisque c'est celui qu'elle pratique, en plus ça a un son très délicat qui irait très bien et il permet de composer des morceaux complexes assez facilement.

Ça va vraiment trop bien. Bon, il manque encore quatre-vingt-dix pour cent de la chanson, mais ça viendra plus tard. Je ne joue pas non plus de piano, mais Dean s'il y a clairement moyen de s'arranger. Peut-être même que si j'arrive à écrire une grande partie de la musique avant mardi, je pourrais la montrer à Déborah avant qu'elle ne parte, après tout, c'est elle qui m'a inspiré le début de la mélodie, elle mérite sans doute de l'entendre avant tout le monde.

Allez, reconnexion des neurones à la réalité, s'il te plaît Terrie, Déborah attend une réponse vue comme elle est en train de devenir rouge pivoine, alors maintenant, tu oublies ce fichu morceau dans cinq minutes. Mon Dieu, pourquoi je n'ai pas toujours un carnet et un stylo sur moi, ça me serait vachement utile là. Ou juste un stylo, je peux écrire sur ma main, il y a bien pire. Connexion Terrie !

— Oui, j'adorerais passer l'après-midi avec toi, répondé-je pas du tout naturellement, il faut vraiment que je me sorte cette chanson de la tête, ce n'est plus possible.

— Parfait alors ! On se retrouve à midi devant le bar de vendredi ? D'ailleurs, il est quelle heure ?

— Dix heures trois... dis-je après avoir regardé ma montre. Enfin quatre maintenant... Et oui, si ça te convient, moi ça me va, su...

— Déjà ! Et mon taxi n'est même pas encore arrivé ?! Je pense que je vais avancer vers lui... parce qu'il faut vraiment que je dorme... si jamais je ne rattrape pas mon sommeil... je vais rater ma compétition... je suis vraiment désolée de te laisser... À mardi ! affirme-t-elle en partant sur la route à pied.

C'est presque un soulagement d'entendre ces phrases, ça veut dire que ce n'est pas ma présence qui la gêne, c'est parce qu'elle est stressée pour son concours et qu'elle compte mettre toutes les chances de son côté. Ça reste très très bizarre d'être angoissé comme ça, c'est presque perturbant, mais au moins ça s'explique parce que vraiment, j'étais en train de me poser de grosses questions existentielles actuellement.

— Oui, bien sûr, à mardi alors et bonne chance, l'encouragé-je tandis qu'elle s'éloigne de plus en plus.

Je la regarde partir, jusqu'à ce qu'elle passe le virage, à quelques dizaines de mètres de moi et sors ainsi de mon champ de vision. Je me retourne pour rentrer à la maison et je vois alors Warren qui devait très clairement être en train de nous espionner de manière très peu discrète, puisqu'il est vraiment posté face à sa fenêtre. Même en remarquant que je l'ai vu, il ne se cache même pas, il me surveille juste en souriant. Il est désespérant parfois, il a presque de la chance que je l'adore.

Ne prêtant pas plus attention à mon jumeau, je rentre chez moi et je m'installe sur une chaise, face à mon carnet de musique qu'heureusement, j'ai réussi à retrouver depuis jeudi, sinon je m'en voudrais définitivement de ne pas l'avoir cherché plus sérieusement. Je commence alors à noter toutes mes idées de notes, d'accords et de paroles, même si je ne suis pas encore certaine du sujet que je veux faire figurer dans la chanson.

J'ai quand même une vague idée, mais je ne suis pas encore sûre de moi quant au sens de la chanson, je ne sais surtout pas certaine d'assumer le choix, c'est sans doute bien plus osé que tout ce que j'ai écrit jusque-là. Enfin, non, ce n'est pas aussi osé que Unpopular Song et Rainbow Color. Mais justement, ces deux-là ne sortiront jamais dans leur état actuel. En plus, ce n'est pas pareil, je les ai écrites avec Warren alors je ne serais pas la seule à en subir les conséquences si je peux appeler ça ainsi.

Alors que là, je suis toute seule. Et plus important encore, je veux vraiment l'écrire toute seule, ce n'est pas une option. Si je mets vingt ans à l'écrire, je mettrai vingt ans à l'écrire, mais je l'écrirai seule. Enfin, si je mets vingt ans à l'écrire, je n'aurai sûrement jamais l'occasion de montrer la musique à Déborah, alors ce serait quand même mieux que je le fasse en deux jours. Mais quoi qu'il en soit, même avec ce délai très juste, surtout pour moi, je n'ai pas le choix, je dois l'écrire seule. C'est ma chanson, pas celle de quelqu'un d'autre, surtout pas celle de quelqu'un d'autre et je refuse d'en partager les mérites avec qui que ce soit, c'est beaucoup trop personnel, même pour être créée par les Jumeaux Century. Je n'assumerai sans doute jamais haut et fort cette chanson, mais au moins, je saurai que je l'ai écrite et je saurai à qui elle est dédiée, c'est le plus important, plus important que tout.

Une fois la base de la chanson mise en place, je vais chercher ma contrebasse pour voir le rendu, même si elle ne correspond pas vraiment à l'instrument. Elle irait bien mieux au piano, peut-être aussi au violon, mais je ne peux pas en jouer en ce moment, je n'ai toujours pas de nouvel archet, c'est malheureux. Mais à peine les premières notes de transformées en musique, que je me rends compte qu'il manque quelque chose d'important : le rythme; accessoirement, ça peut être utile...

Je m'énerve moi-même de ne pas y avoir pensé plus tôt. Je n'ai pas de rythme, c'est pourtant l'une des bases de toutes les musiques, c'est accessoirement très important, après tout ça pourrait être utile d'en définir un. Même en y réfléchissant, je n'en trouve pas qui pourrait correspondre à Déborah comme les notes le font déjà, ça me fatigue. Je pourrais bien prendre le rythme de ses pas quand elle marche, mais je n'y ai pas vraiment fait attention et je ne suis pas sûre de pouvoir le retranscrire, en plus, c'est clairement du fanatisme, je n'aime pas trop l'idée.

À part ça, je ne vois pas d'autres rythmes lui allant, je ne sais même pas vraiment qu'est-ce que je cherche, un rythme lui correspondant, c'est beaucoup trop vague, ça pourrait correspondre à tout et n'importe quoi. Il faut que j'aie une idée plus précise... il me faudrait un rythme sur lequel je la verrais bien danser, ça, ça lui irait très bien. C'est même exactement ce que je recherche, un rythme où je verrais bien Déborah danser !

Et je vois exactement lequel irait le mieux, celui sur lequel son corps ondulait après Satisfaction, ce n'était pas celui de Help, c'en était un autre... le sien... elle était seule à danser sur sa propre musique. C'est ça que je veux retranscrire, le rythme de sa propre mélodie. Je me désespère un peu en pensant ceci, je sais que je ne devrais pas, je suis juste en train de me donner de faux espoirs, comme si j'avais la moindre chance. En plus, dans deux jours, elle retourne en Côte d'Ivoire et je ne la verrais sans doute plus jamais, alors ça n'arrange pas la situation... Ce n'est pas une simple chanson qui changera quelque chose. Mais au moins, elle sera au courant si l'on peut dire ça ainsi... c'est peut-être mieux que rien...

Ce coup-ci, je peux enfin jouer correctement le morceau, c'est vrai que c'est bien mieux avec une pulsation bien définie et finalement, il sonne plutôt bien à la contrebasse, peut-être que si un jour je l'enregistre en studio, j'y mettrai de l'instrument à quelques endroits.

Maintenant, je range ma contrebasse et je m'apprête à aller me coucher, quand je réalise que quand j'étais adolescente, j'avais écrit quelques vers, plus proche du poème que des paroles. Mais qui iraient tout de même très bien avec la musique que je suis en train de créer. Je fouille alors dans mon carnet pour retrouver le coin de page dans lequel j'ai noté les quelques mots pour m'en resservir presque comme tels dans la nouvelle chanson. Ça va fait quelque chose de très poétique et j'adore l'effet, elle mérite plus qu'une chanson, elle mérite un poème. Et quand j'ai enfin réellement fini, je vais vraiment me coucher, accueillant volontiers mon lit que j'avais quitté il y a bien trop longtemps.

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