Hearsay (2)

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

 — Oh shit ! Warren ! Je te déteste ! hurle Terrie en me sortant du sommeil.

Pendant deux secondes, je ne comprends pas ce qui se passe et après je repense à la menace de Warren hier matin. Je ne peux pas m'empêcher d'exploser de rire, je ne pensais pas qu'il disait ça sérieusement, que ce n'était qu'une blague. Mais vraisemblablement non vu le réveil en douceur de Terrie. Ils sont désespérants, moi je les trouve désespérants, j'ai l'impression qu'ils passent leur vie à se disputer plus ou moins gentiment.

Depuis hier – vu que Warren a presque passé la journée avec nous –, j'ai l'impression d'être en plein milieu de clips de Hearsay. Un clip où on les voit s'amuser ensemble à travers une maison, comme un couple le ferait, même si dans leur cas, tout le monde remarque facilement que c'est plutôt un frère et une sœur qui rigolent à deux aux limites de la dispute. J'avais toujours cru que la vidéo avait été faite pour faire scandale. À une époque, pour x ou y raison idiotes, il y avait eu des rumeurs disant que les Jumeaux Century n'étaient pas vraiment jumeaux, et qu'ils sont plutôt amis voire amants – j'adore l'imagination des théoriciens, comment tu peux te dire rien que deux secondes qu'ils étaient en couple plutôt que jumeaux, sinon le monde serait déjà au courant de leur vrai nom, ça paraît évident.

En attendant, eux, ça les avait un peu moins amusés et ils avaient même fait une musique presque entière pour se moquer des journalistes et un peu en jouer pour que chacun puisse bien se rendre compte de l'idiotie qu'il y a derrière.

Mais justement, j'avais toujours cru que c'était presque un jeu d'acteur dans le clip, que dans la vraie vie, ils n'étaient pas comme ça, mais pas du tout, ils sont toujours en train de se chercher. Je l'avais déjà remarqué hier pendant notre longue partie de Monopoly – oui, quand la partie sûre plus de cinq heures c'est long. On pourrait croire que c'était ennuyeux, mais au contraire entre les scandales, les accusations de tricheries, les redéfinitions de règles, les arnaques en série et les changements à répétition de banque, c'était mouvementé. Mais il ne faut pas croire, ils n'ont pas foutu le bordel qu'à deux, j'y ai clairement mis mon grain de sel.

Là, pourtant, c'est bien « pire » qu'hier, un seau de neige au réveil, c'est le level au-dessus. Le pire c'est que je suis certaine que c'est ce qu'il vient de se passer vu les traces de neige sur ma fenêtre et le manteau blanc qui recouvre l'extérieur. Pauvre Terrie... D'ailleurs, je l'entends se plaindre à juste titre de son réveil beaucoup trop brutal, tandis que Warren est tordu de rire – je crois qu'il est sans cœur ou alors vraiment très fier de sa blague.

Maintenant que je suis réveillée, je me lève et m'habille rapidement avant d'aller rejoindre les Jumeaux Century. Quand je sors, Terrie s'est déjà un peu calmée, mais je l'entends tout de même menacer son frère de lui rendre la pareille dès le lendemain matin et pour tout le reste de l'année. Honnêtement, elle est beaucoup trop gentille, je serais à sa place, ce serait pour le restant de leurs jours, juste pour être sûre de lui faire passer l'idée de recommencer. En plus, elle est bien mouillée à cause de son frère...

— Tu n'es pas très marrante quand même ! Ah te voilà Déby ? Tu dormais bien pourtant, tu n'as même pas été réveillée quand j'ai lancé des boules de neige contre ta fenêtre, remarque Warren, tout sourire.

— Mais tu es insupportable avec la neige toi ! Vraiment, je suis sérieuse ! C'était mieux à Londres quand il y avait du sel partout et plus assez de neige pour que tu fasses tes conneries ! Tu n'es qu'un sale gamin insupportable ! remarque Terrie en commençant tout de même à rire.

— C'est mon premier hiver avec de la vraie neige ! Laisse-moi en profiter un peu !

— Pour moi aussi, je te signale ! Et pourtant, je ne fais pas pareil que toi !

— Mouais... Je te connais, tu fais la sérieuse, mais tu es quand même en joie au fond de toi !

Elle sourit presque comme une enfant prise en flagrant délit paraissant à la fois fière d'elle et presque honteuse.

— Bon, la fille sérieuse aimerait bien pouvoir s'habiller, comme ça, elle va mettre une raclée à son jumeau à grand coup de boule de neige, annonce-t-elle encore plus souriante.

Pour lui avoir mis une raclée, elle lui a mis une raclée, aucun doute. Je ne rigole pas, Terrie est une pro du lancer de boules de neige, elle est super organisée et stratégique, Warren a fini couvert de flocons et avec les joues complètement rouges, j'ai aussi été l'une des cibles et maintenant je suis définitivement gelée. Terrie n'a pas non plus été épargnée par la fraîcheur extérieure et elle s'est aussi pris de la neige dans la tête, mais moins que nous deux – et ce alors que nous nous sommes ligués contre Terrie, rien n'y faisait, elle est meilleure que nous en bataille de boules de neige. En vrai, quand j'y réfléchis, je pense que Warren faisait exprès de rater Terrie, juste pour ne pas avoir à subir la vengeance méritée de sa sœur demain, parce que sinon il est définitivement incapable de viser correctement... Après réflexion, je n'ai pas fait la bonne alliance... ou alors peut-être que si, je ne sais pas trop.

Dans tous les cas, c'est bon de rentrer au chaud. Nous sommes aussi heureuses l'une que l'autre de retourner à l'intérieur, il faut vraiment trop froid dehors, j'ai les doigts gelés, c'est horrible.

— Il fait chaud dehors dit donc ! s'exclame Terrie en commençant à remettre du bois dans la cheminée qui est morte depuis longtemps.

— Je ne dirais pas tout à fait chaud, mais bon.

— Moi non plus figure-toi ! Allez chauffe, foutue cheminée ! Je suis frigorifiée ! se plaint-elle en regardant le feu prendre beaucoup trop lentement. Attends, tu peux rester là à surveiller deux secondes ? Je dois aller chercher quelque chose, ajoute-t-elle avant de monter à l'étage.

Elle est bizarre quand même parfois, je ne suis sans doute pas beaucoup mieux, mais bon...

Finalement, je comprends sans problème ce qu'elle voulait aller chercher quand elle revient avec deux gros plaids épais, paraissant bien chauds et actuellement beaucoup plus attirant que le faible feu dans la cheminée. Quand elle me rejoint, elle me donne l'une des deux avant de s'emmitoufler dans le second. Ayant également froid, je fais de même, à la différence près que je ne disparais pas entièrement sous la couverture, parce que vraiment, je ne vois plus que son visage, elle a un talent incontestable pour se réchauffer comme ça – en fait, ce n'est pas une couverture, c'est une cape, ni plus ni moins.

Elle pourrait très bien avoir l'air bête ainsi, pourtant pas du tout, elle paraît à la limite enfantine, mais c'est tout et ce n'est pas vraiment un défaut, c'est presque une qualité. J'ai l'impression que comme ça, elle va déplier ses ailes de tissus et s'envoler en chantant Jump.

En vrai, c'est épatant, je ne sais pas comment elle fait ça, pour être si libre, si légère, si naturelle, je trouve ça à la fois fascinant et magnifique. Je ne peux même pas m'empêcher de l'admirer, je ne veux pas m'empêcher de l'admirer. Et dans d'autres circonstances, je n'aurais qu'une envie, ce serait la prendre par la main et la faire valser sur une musique qui n'appartient qu'à nous deux, que personne d'autre ne pourrait entendre.

Mais je ne peux pas, je pars définitivement demain matin et je ne veux pas nous faire du mal avec un quelconque rapprochement alors que j'ai limité tout contact exprès pendant trois jours. Je me contente simplement de l'admirer, me disant que c'est déjà plus que ce que j'aurais pu espérer.

Et là, au moment où je m'y attends le moins, elle se retourne, ne formant qu'une simple silhouette et pendant deux secondes, j'ai vraiment l'impression de voir l'ombre de mon expérience de mort imminente, comme si c'était Terrie qui m'avait donné le carnet, comme si c'était Terrie qui m'avait sauvée. Mais je chasse cette pensée d'un revers de main, c'est juste impossible, notre relation à des airs d'amour paranormal, mais pas à ce point, ça ne peut pas être ses yeux que j'ai vus ce jour-là, je ne veux pas y croire, même si je dois reconnaître que ça y ressemblait...

Dire que ça fait presque trois jours que je suis ici, je n'en reviens pas qu'ils soient passés à une vitesse folle, c'était presque inquiétant, maintenant, je repars déjà demain matin. Et je n'ai vraiment, vraiment pas envie, j'adore Terrie, je me suis éclatée avec elle pendant ces trois jours. C'était vraiment trop bien, trop agréable pourtant, je dois repartir, quitter cette bulle d'innocence. Et surtout, il faut que je dise adieu définitivement à Terrie... Je ne sais même pas comment je vais m'y prendre, j'ai l'impression d'en être incapable et je n'ai pas envie de lui faire de mal et sans me faire du mal. Mais j'ai beau tourner et retourner le problème dans tous les sens, je ne vois pas comment faire. Je sens que ça va partir en improvisation et que ça va mal se finir.

C'est donc sans aucun plan à l'esprit que je sors de la douche chaude sous laquelle j'étais pourtant rentrée pour trouver une idée. Je prends alors tout mon temps pour me sécher et m'habiller, espérant avoir une illumination de dernière minute qui n'arrive pas.

Quand je sors de la salle de bain, j'entends un air de violon venant d'en bas. Tout de suite, je reconnais l'air, c'est celui de Dear Love, aucun doute là-dessus.

Pendant une seconde, j'hésite entre l'écouter jouer et me montrer, mais dès le deuxième accord, ma décision est prise, c'est beaucoup trop beau pour que je prenne le risque d'interrompre le morceau, ce serait du gâchis. La musique est vraiment magnifique, plus belle que la version studio dans un sens, même s'il manque la poésie des mots, ce qui est presque dommage parce que j'adore les paroles.

Voulant mieux entendre, je me penche au-dessus des escaliers et comme ça, j'arrive même à la voir en train de jouer du violon à quelques mètres de moi. Mon Dieu, je n'avais jamais remarqué à quel point le violon pouvait être sexy, je n'y avais jamais prêté attention. Mais là, en la voyant jouer les yeux fermés, presque courbée sur son instrument à caresser les cordes avec son archet, ça me saute aux yeux. Elle est juste magnifique, j'ai presque envie d'aller la rejoindre et de l'embrasser, tant pis pour la musique.

Je ne le fais pas bien sûr, je n'ai pas passé trois jours à limiter les contacts physiques avec elle – pour faciliter notre séparation – pour lui sauter dessus douze heures avant de la laisser pour toujours.

Vers la fin de la chanson, Terrie rouvre les yeux et commence à se redresser, son regard se pose alors sur moi et elle arrête immédiatement de jouer, coupant court au morceau.

— Tu écoutes depuis longtemps ? demande-t-elle n'étant même pas accusatrice ou énervée, c'est juste de la curiosité.

— Suffisamment pour avoir reconnu la musique. Elle est vraiment magnifique d'ailleurs, ajouté-je en commençant à descendre les escaliers.

— Contente que ça te plaise. Qu'est-ce que c'est comme danse au fait ?

— Euh... Une rumba, je dirais, affirmé-je un peu surprise par sa question.

— Je ne vois pas du tout à quoi ça ressemble.

— Si tu veux, je peux te montrer des pas, je n'ai pas de cavalier, mais ce n'est pas un problème.

— Tu pourrais presque m'apprendre des pas, remarque-t-elle discrètement.

— Aussi oui si tu veux, accepté-je sans hésitation.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro