Live Free And Happy (3)

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Je parle avec Terrie un sacré moment. Et comme à chaque fois que je parle avec elle, je suis bluffée de voir à quel point nous nous entendons bien. Je n'aurais jamais parié là-dessus, surtout pas à ce point ni aussi vite. Le pire, c'est que je suis presque certaine de ne pas avoir parlé aussi librement à mes amies la première semaine et pourtant là, avec Terrie, je suis obligée de me retenir de dire certaines choses pour éviter les anachronismes. Ça doit déjà faire une bonne demi-heure que je parle avec Terrie quand Dean nous annonce à tous :

— Il est sept heures cinquante ! La crêperie ouvre bien à huit heures, je ne me trompe pas ?

Attends, ils sont tous restés réveillés jusqu'à huit heures pour aller manger des crêpes ? Ils sont sérieux ? Ils sont fous ! Il faudrait vraiment qu'elles soient vachement bonnes pour que j'attende à ce point ! Bien que... si l'on change de point de vue – ou plutôt d'aliment – pour des beignets, je serais largement capable d'attendre toute une nuit éveillée, surtout avec une soirée pareille, ça ne me dérangerait pas du tout. D'ailleurs, vu le peu d'heures de sommeil que j'ai actuellement, je dois clairement avoir enchaîné les nuits blanches juste pour cette soirée.

— Oui... Tu serais motivé pour aller en chercher pour nous tous ? demande Warren presque suppliant.

— Allez, je vais être sympa, j'y vais, en plus, je suis venu en moto alors ce sera plus simple. Vous voulez quoi ? C'est moi qui régale !

Ils disent alors tous un parfum, presque tout différent, à croire qu'il y a un choix monstrueux, heureusement pour moi, presque tous les goûts ont un nom transparent – sinon je ne vois pas du tout ce que pourrait être praline hormis praliné et c'est loin d'être le seul exemple. D'ailleurs étonnamment, aucun ne parle de goût salé comme le voudrait le petit déjeuner à l'anglaise. Mais les traces de français ne m'aident pas à savoir ce que je veux prendre, ce qui fait que quand Dean me pose la question, je n'ai toujours aucune idée, j'hésite encore entre beaucoup de propositions – citron et caramel beurre salé principalement – et c'est sans compter sur les noms un peu particuliers que je ne comprends pas comme Vergeoise, je ne vois pas ce que ça peut être.

— Aucune idée... il y a trop de choix et je dois avouer ne pas savoir à quoi tout correspond...

— Si tu veux, tu peux m'accompagner, comme ça, tu pourras prendre le temps de réfléchir et voir à quoi tout ressemble. En plus, ça me fera des mains en plus pour tout porter.

— C'est vrai que si ça ne te dérange pas, ce sera sans doute le plus simple...

Je suis Dean jusqu'à l'extérieur et monte derrière lui sur sa moto, qui n'est pas très moderne, mais reluisante. Je dirais tout de même que sa modernité n'est pas son plus gros défaut, la place pour le passager est vraiment toute petite, m'obligeant à me coller à Dean alors que je ne lui ai presque jamais parlé. Et quand il démarre, je me rends compte que je n'ai pas de casque et que lui non plus d'ailleurs – aucune idée si c'est parce que ce n'est pas encore obligatoire ou si c'est qu'il ne respecte pas cette règle aussi... Après tout, il n'a déjà pas le permis...

Qu'est-ce que je suis en train de faire là ?! Je suis sérieusement derrière la moto d'un mec à qui je n'ai presque jamais parlé et qui n'a pas le permis, alors qu'il a clairement bu plusieurs bières dans la nuit ? Et tout ça pourquoi ? Aller chercher des crêpes ? Mais je suis suicidaire ma parole !

En plus, je suis parfaitement consciente de ce que je fais, je ne peux rien accuser, je sais parfaitement que je suis en jupe sur la moto d'un mec bourré qui n'a pas le permis, que je n'ai pas de casque et que c'est définitivement dangereux.

Et après une accélération de la part de Dean, je manque de tomber du véhicule parce que je n'ai rien pour me tenir, je me retrouve donc forcée à m'accrocher à sa taille. Déjà que j'étais gênée d'être collée à lui, mais maintenant, c'est encore pire.

Je suis même soulagée quand il s'arrête devant une enseigne, dont le comptoir est ouvert sur la rue, où il y a déjà une petite queue bien qu'il soit encore très tôt. Je descends alors de moto, avant de regarder plus attentivement la crêperie, qui fonctionne à la manière d'un fast-food puisque tout est préparé en direct, devant les yeux des clients.

Dès que j'avance un peu au côté de Dean, je sens une odeur envoûtante provenant de la boutique, c'est celle des crêpes, mais en mille fois mieux que celle qui emplit ma maison quand ma mère en fait – et pourtant Dieu sait qu'elle en prépare des délicieuses, sans doute grâce à ses origines bretonnes.

Une fois plus proche, je me rends compte que ce n'est pas seulement une crêperie, mais aussi une sorte de boulangerie vu le nombre de viennoiseries qu'ils proposent en plus. Tandis que nous faisons la queue, je regarde le menu, affiché au milieu de la boutique, et je suis vraiment bluffée par tout le choix qu'il y a, il y a même des gaufres et des crêpes salées.

C'est seulement quand je lis qu'ils servent des gaufres avec parfum au choix et supplément glace maison, à l'un des dix arômes proposés, que je sais exactement ce que je veux : gaufre au caramel beurre salé avec une boule au même goût – il faut bien l'avouer, les glaces, c'est mon deuxième péché mignon, après les beignets bien sûr, mais ils n'en proposent pas... Il ne fait pas vraiment le bon temps pour une glace, mais je m'en contre fiche, je ne compte pas manger dans la rue, mais dans une maison au chaud, alors ça passe.

Et alors que nous sommes en tain de discuter en attendant dans la queue devant la boutique, j'entends Dean sifflet d'admiration.

— Jolie vieille dame ! remarque-t-il sans faire attention à mon étonnement.

Vraiment, je le regarde de plus en plus étonnée, ne comprenant définitivement pas la suite d'événements et commençant à me poser sincèrement de très grosses questions. Même quand il commence à rire, je ne comprends toujours pas mieux.

— La voiture ! s'exclame-t-il comme si c'était d'une évidence totale en m'indiquant un point pas loin.

Je me retourne et je remarque à mon tour la voiture, qui est effectivement une vieille dame, je ne sais pas de quand elle date, mais c'est une vieille Bugatti aux courbes marquées, ressemblant à s'y méprendre à celle de Cruella D'Enfer, version rouge et noir. Je suis bête, très très bête. Je sais pourtant depuis toujours que Dean Marsch est un féru de voitures. C'est pourtant normal. C'est même un grand collectionneur, même s'il n'a jamais passé le permis. Il a même affirmé plusieurs fois que s'il n'avait pas réussi en pharmacie, il aurait été mécanicien. Mais hors contexte, sa phrase est effectivement très étrange.

— Elle est effectivement très belle, affirmé-je.

Malgré le petit événement, nous reprenons notre conversation là où nous l'avons laissée. Et après plusieurs minutes supplémentaires, quand c'est notre tour, Dean récite la commande, ayant réussi à tout retenir, et une fois qu'il a dit les neuf parfums, je rajoute la mienne sous le regard étonné de Dean et du serveur, comme si j'étais une extraterrestre, mais je m'en fiche un peu, je dois bien l'avouer.

— Une glace ? Sérieusement ? rit Dean tandis que le restaurateur commence à préparer notre commande.

— Pourquoi pas ? Ce n'est pas interdit, même s'il ne fait pas trente degrés !

— Je ne te juge pas, tu fais bien ce que tu veux, tu es grande et en plus, j'ai fait la même chose que toi la semaine dernière.

Je n'arrive pas à savoir s'il affirme ça pour me faire plaisir ou si c'est la vérité, mais dans tous les cas, c'est gentil de sa part de me dire ça.

Nous continuons ainsi à discuter et pendant les quelques minutes d'attente, avant que les crêpes soient prêtes, j'apprends un peu à le connaître en vrai, ce qu'il est quand même très différent que sur des vidéos, il faut bien l'avouer. J'avais déjà remarqué ces petites différences avec les autres membres du groupe, mais c'est chez lui que c'est le plus frappant. Je l'ai toujours considéré comme une personne un peu simplette, qui fait des blagues un peu foireuses et qui débarque systématiquement au meilleur moment pour faire le pitre dans les coulisses des concerts.

Mais en fait, il est plutôt sérieux et surtout, vraiment gentil. Maintenant, je ne suis plus du tout étonnée qu'il soit avec la même femme depuis très longtemps – je ne sais pas quand est-ce qu'il l'a rencontrée, mais ce qu'il est sûr, c'est qui est déjà avec Becky et qu'il l'ait toujours quand il a plus de soixante-dix ans. J'envie presque cette dernière, moi qui suis encore une célibataire endurcie à vingt et un ans.

Dès que toute notre commande est prête, Dean paye, puis porte les deux cartons jusqu'à la sacoche de sa moto et de tente de les y faire loger. Une fois ça de fait, il enfourche l'engin et je monte derrière, avant qu'il ne démarre et fasse le chemin en sens inverse. Cette fois, je suis un peu moins gênée de me tenir à sa taille, sans doute parce que je le connais un peu mieux. Mais ce n'est pas pour autant que je suis à l'aise, je suis même assez contente en arrivant de redescendre définitivement de la moto – ce qui est peut-être principalement dû au fait que je sois encore en vie.

Je rentre dans la maison de Warren en suivant Dean et la nourriture et nous sommes accueillis par des personnes affamées – ce n'est pas complètement vrai, mais ils sourient quand même en nous voyant. Il y a alors une distribution de crêpes, je suis d'ailleurs la première servie puisqu'il ne faut pas non plus que ma glace fonde encore plus et que ma gaufre est sur le dessus, déjà que la glace est très dégoulinante puisqu'elle a été posée sur une gaufre chaude... Mais j'attends tout de même qu'ils aient tout leur petit déjeuner pour commencer à manger.

Dès la première bouchée, je suis envoûtée, le goût est encore meilleur que l'odeur, la gaufre fond en bouche et le caramel... une tuerie. C'est bien la première fois que je goûte une gaufre aussi bonne, elle concurrence presque les beignets, c'est peu dire. Par contre, le gros inconvénient, c'est qu'elle est vraiment trop grosse et que je sens que je m'en mets partout, entre la glace et le caramel, ce n'est pas la super idée de manger ça avec les doigts.

Mais pour me réconforter à la fin, je me dis que je ne suis pas la pire, je pense que ce droit revient aisément à Terrie, qui avait déjà du chocolat sur le nez et qui vient de décaler une de ses mèches de cheveux du visage, se mettant au passage une trace noire sur le front. Se rendant sans doute compte de sa bêtise, elle explose de rire, comme une enfant, paraissant très fière d'elle. Et je ne peux pas m'empêcher de l'admirer, j'ai toujours adoré la manière dont elle agissait parfois comme une enfant, paraissant complètement libre et innocente, n'ayant aucune contrainte. Là maintenant, je la verrais très bien commencer à chanter une musique comme Live Free And Happy.

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