Colorpoint (1)

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Nous nous rendons tout de suite compte quand Dean et Déborah reviennent avec les crêpes. Bon aussi c'est assez simple vu la circulation qu'il y a dans le village. Même sans regarder par la fenêtre, nous savons quand quelqu'un arrive. En plus, ça s'entend plutôt bien le moteur d'une moto. Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre sur Dean, portant les boîtes de la crêperie, suivie par Déborah. Ils reprennent les mêmes places qu'avant leur départ et font la distribution des crêpes... et de la gaufre d'ailleurs, vu que Déborah en a pris une. Elle a d'ailleurs l'air très bonne, il est fort probable que la prochaine fois où j'irais à La Bretonne, j'en prenne une.

Assez vite, je récupère ma crêpe au chocolat. Bon ce n'est vraiment pas le goût le plus orignal que propose la crêperie, mais j'ai décidé de goûter chacun d'entre eux et pour l'instant, c'est ma cinquième en neuf jours. C'est un résultat plutôt raisonnable à mon avis, surtout vu le goût d'enfer des crêpes. En attendant, leur pâte à tartiner est super bonne, il faut bien l'avouer, rien à voir avec leur praliné, mais tout de même délicieux.

Par contre, je ne suis toujours pas douée pour manger ces crêpes, je m'en suis encore mis plein les doigts et sur le nez. Espérant ne pas être la seule à m'en mettre plein partout, je regarde tous les autres, qui s'en sortent plutôt bien. Sauf Déborah qui galère clairement avec sa gaufre, elle vient tout juste de faire couler, sans faire exprès, du caramel sur son pull blanc, elle ne paraît même pas s'en être rendu compte. Ça va, finalement, je m'en tire mieux qu'elle... à part si une de mes mèches de cheveux trempe dans le chocolat. Tentant d'éviter la catastrophe, je repousse mes boucles... avec mes mains pleines de chocolat...

Je suis un boulet ! Non seulement j'ai dû m'en mettre sur les cheveux, mais en plus, maintenant j'en ai aussi sur le front, je le sens bien ! Le pire, c'est que je ne peux même pas m'essuyer le visage avec ma serviette pour l'instant puisqu'elle est inaccessible. Je me mets alors à rire de ma propre bêtise, manquant au passage de faire tomber ma crêpe. Je ne suis définitivement pas douée aujourd'hui, je n'aurais peut-être pas du boire autant, j'aurais dû en rester à mon quatrième verre de Rhum. En attendant, je n'arrive pas à arrêter de rigoler avec ces conneries de pensées, je ne peux même pas finir ma crêpe par peur de m'étouffer avec, ce serait le comble de la malchance...

Dès que je suis calmée, je me dépêche d'engloutir le reste de ma crêpe, rien qu'au cas où je repartirais dans une crise de fou rire sous peu, je suis peut-être plus alcoolisée que ce que je crois. Pourtant c'est bon, je peux même reprendre ma discussion avec Ann là où nous l'avions laissée avant l'arrivée de la nourriture. Mais cette dernière finit par rentrer chez elle avec Mike, elle est déjà restée bien plus tard – ou bien plus tôt – que ce que j'aurais pensé au début. C'est vraiment génial qu'elle soit restée si longtemps, c'est toujours trop bien de passer beaucoup de temps avec toutes ses amies.

Après avoir fait mes au revoir à la vétérinaire, je retourne dans la maison de mon frère, au chaud, entamant maintenant une discussion avec Déborah. Au bout d'un moment, nous finissons par parler de la Côte d'Ivoire, un sujet qui pourrait paraître ennuyeux, mais qui est en fait assez captivant. Surtout que c'est parmi les pays où ma petite sœur rêve d'aller et je suis sûre qu'elle sera intéressé d'avoir des informations sur le lieu dans ma prochaine lettre, surtout si ces dernières viennent d'une personne vivant là-bas. J'écoute alors Déborah parler un peu de tout, répondant à mes questions quand je lui en pose.

Assez vite, nous atterrissons sur une discussion par rapport au braconnage des éléphants en Côte d'Ivoire, qui semble d'être un sujet qui passionne Déborah ou du moins, qu'elle connaît sur le bout des doigts. C'est toujours quelque chose que je trouve fascinant d'écouter une personne passionnée par un sujet. J'apprends à chaque fois de nouvelles choses. Et pour le coup, je n'avais pas conscience que la chasse des éléphants pour leurs défenses était à ce point monnaie courante dans un pays qui a son nom grâce aux pachydermes et qu'il y en a même de moins en moins.

— Je trouve ça toujours effrayant comme les Hommes sont monstrueux, personne n'en parle en plus, remarqué-je à un moment. Le monde va de plus en plus mal, ça me fait vraiment peur, je ne sais pas dans quelle direction on va, mais je la trouve terrifiante. On a tellement tendance à rester dans nos petites habitudes qu'on ne voit même pas que le monde a besoin de changer...

C'est grave si vers la fin, je ne parlais plus vraiment des éléphants ?

— Dans le monde... Tout n'est pas noir ni blanc, il y a toujours des touches de couleurs, des colourpoints, ne t'en fais pas, je te comprends.

J'avais remarqué plusieurs fois qu'elle utilisait parfois des phrases ressemblant à des strophes de nos chansons, mais ça pouvait s'attribuer au hasard. En plus, certaines de ces parties viennent de chansons déjà sorties, elle pouvait très bien s'en être servi pour faire passer une de ses idées. Par contre, là, je n'y crois plus, c'est vraiment la moitié du refrain, mot pour mot, d'une musique qui sommeille au fond de mon carnet et qui n'est pas près de figurer sur l'un de nos albums. Je ne vois pas comment c'est possible qu'elle ait utilisé exactement la même tournure pour une réponse qui n'avait pas forcément besoin d'être autant développée.

— Enfin, je comprends ton point de vue plutôt, affirme-t-elle comme si elle avait pris conscience qu'elle avait dit une bêtise.

Même si je ne vois pas comment ce serait possible, elle ne peut pas connaître Colourpoint. C'est juste impossible, elle ne peut donc pas avoir conscience d'avoir cité une partie du refrain de la musique. Bon, je ne sais pas vraiment comment c'est possible qu'elle dise ça par hasard, mais il n'y a pas le choix, c'est forcément du hasard, même si les paroles sont un peu particulières. Sinon je ne vois pas comment elle peut connaître une chanson que j'ai commencé à écrire avec mon jumeau dans l'avion en arrivant en Angleterre, mais que nous n'avons jamais finie.

— Et moi aussi, j'adorerais que les choses changent... mais je suis certaine que rien ne va changer avant des dizaines d'années... ajoute-t-elle un peu triste.

Elle se met alors à rougir, paraissant avoir honte de ce qu'elle vient de dire, elle me regarde alors, et explose de rire, mais rien de franc, juste des nerfs qui lâchent. Par contre, je ne vois pas ce qu'il y a de honteux, elle est seulement pessimiste, il y a bien pire. Je ne vois même pas ce qui pourrait la faire rougir à part ça, ça m'étonnerait qu'il y ait un sens caché dans ses mots, ce sont deux simples phrases.

— C'est possible oui que rien ne change avant plusieurs années, après tout, il y a des pratiques qui durent depuis des centaines d'années, mais le monde est en train de changer, je le sens, les choses commencent à évoluer, remarqué-je en chassant mes pensées complotistes et ne parlant définitivement plus de la situation des éléphants.

Au même moment, Ruth vient me dire en revoir, puisqu'elle part, ce qui est normal, il est presque dix heures du matin... Merde, ça fait presque vingt-quatre heures que je suis chez mon frère, hier je suis arrivée à peu près à cette heure-ci pour l'aider à tout mettre en place... Il va peut-être falloir qu'on songe à tous rentrer chez nous quand même. Non pas que ce soit gênant d'être encore presque tous là à parler, mais un jour, il faut dormir peut-être, ça peut être utile normalement.

En entendant l'heure de la bouche de Ruth, Déborah me regarde comme paniquer, exactement comme tout à l'heure quand elle est sortie prendre l'air vers cinq heures, c'est vraiment la même expression, c'est presque perturbant. Les cinq dernières personnes, prenant à leur tour conscience de l'heure, disent en revoir à mon frère tandis que je les accompagne vers la sortie. Déborah quant à elle, semble hésiter entre partir et rester encore un peu, mais elle nous suit tout de même à l'extérieur.

— Tu n'as pas de voiture ? demandé-je assez surprise, une fois dehors, en voyant clairement qu'il ne reste plus que quatre véhicules en plus de celui de Warren et du mien.

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