Now Remined Me (3)

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Je monte en voiture et elle prend la place passagère. Une fois dans l'habitacle, un silence s'installe, un silence presque gênant, comme si nous n'avions rien à nous dire alors que je meurs d'envie de lui parler. Après quelques minutes, n'en pouvant plus du mutisme, je ne supporte vraiment pas ça, je finis par demander :

— Tu es à Londres pourquoi d'ailleurs ?

Je suis presque sûre que Warren a posé la question, ce serait son genre, mais je n'ai pas dû écouter à ce moment-là.

— Pour... une compétition de danse, elle n'est pas tout de suite... mais je suis arrivée en avance pour visiter un peu Londres.

— Tu fais de la danse en couple ou du ballet ?

— En couple, mais... mon frère n'est pas encore arrivé, il a des examens.

— Tu danses avec ton frère ?

— Oui, avec mon petit frère pour être plus précise, ça fait des années.

— J'ai toujours trouvé que la danse de salon était magnifique. Tes parents font de la danse aussi ? demandé-je en rentrant dans le cliché, je déteste ça, je sais bien que les parents n'ont rien à voir avec leurs enfants, personnellement, les miens, je ne suis même pas sûre qu'ils sachent ce qu'est le rock, c'est pour dire.

— Oui, ma mère était ballerine à l'Opéra de Paris et mon père faisait... enfin fait de la danse en couple. Ils... ont une école de danse, en Côte d'Ivoire, affirme-t-elle hésitante, une lueur de mélancolie dans la voix.

— Donc pour ton frère et toi, la danse, c'est une évidence

— Clairement, rigole-t-elle souriant vraiment pour la première fois depuis que je l'ai rencontré, par un sourire forcé, un vrai sourire franc, même si de la tristesse reste cachée dans ses yeux.

— C'est quand ta compétition d'ailleurs ?

— Le vingt... mais tu ne pourras sans doute pas y aller, les places sont à réserver en avance et c'est dans un tout petit théâtre, affirme-t-elle très vite, comme si elle avait peur que je dise quelque chose avant qu'elle ait fini de parler

— Dommage...

— Oui. Ce sera peut-être une prochaine fois, il y aura d'autres compétitions à Londres, si tu veux, je pourrai te prévenir prochain coup.

— Pas la peine, mais merci quand même, affirmé-je en me garant devant le grand hôtel de brique rouge.

— Merci de m'avoir conduit, c'est vraiment gentil... remarque Déborah en posant sa main sur la poignée de porte, mais elle ne sort pas.

— Déborah ? Tu as quelque chose de prévu demain ?

J'ai vraiment envie de la revoir, je n'ai pas la moindre raison, mais je veux la revoir.

— Euh, non ?

Même si elle ne le dit pas, je sens le pourquoi sur ses lèvres.

— Ça te dit qu'on se revoit ?

— Oh que oui ! s'exclame-t-elle dans un souffle. Je serais ravie. En plus, je ne sais pas trop quoi faire en ville, je ne connais pas du tout le coin et je ne sais pas ce qui vaut le coup d'œil.

— Marché conclu alors. On n'a qu'à se retrouver au Westminster bridge, demain à neuf heures, je te montrerai deux ou trois endroits, j'offre mes services de guides.

— Moi qui pensais que tu étais uniquement musicienne, voilà que j'apprends que tu fais aussi guide touristique !

— Officiellement, je suis aussi chercheuse en physique quantique accessoirement.

— C'est vrai, j'avais oublié ! Bon, il faut vraiment que j'y aille maintenant, il se fait tard. On se retrouve demain de toute manière. Encore merci de m'avoir ramené, conclut-elle en sortant de ma voiture, un grand sourire aux lèvres.

Je la regarde quelques instants s'éloigner vers l'entrée de l'hôtel, paraissant presque danser même si elle ne fait que marcher. Puis raisonnablement, je rentre chez moi en prenant la longue route sinueuse que je ne connais pas encore très bien. En arrivant, je remarque qu'il y a déjà de la lumière chez mon frère, qui habite juste à côté de ma nouvelle maison, définitivement, il n'a pas été à la soirée ou sinon, il y est passé plus qu'en coup de vent, pour arriver avant moi, alors que je n'ai pas non plus énormément traîné.

Une fois garé, je descends de voiture et je récupère mon violon dans le coffre, je l'ai à peine refermé que Warren sort pour me rejoindre, un cigare entre les dents.

— Elle est gentille, ta nouvelle amie, je l'aime bien. Mais tu ne la trouves pas un peu bizarre ? Elle cherche ses mots pour des questions simples, alors qu'elle parle très bien anglais, et elle est complètement décalée, tu as vu ses vêtements ? D'où elle les sort, même dans les défilés, les mannequins ne sont pas habillés aussi étrangement.

Je suis étonnée à quel point mon frère est observateur, il remarque toujours tout, alors que moi, je n'ai même pas fait attention à la manière dont Déborah était habillée. Mais j'ai tout de même aussi remarqué ses hésitations, que j'avais attribuées à la différence de langue, pourtant Warren paraît penser qu'elle cache quelque chose et je dois bien lui donner raison puisqu'elle n'a quasiment pas d'accent français et qu'elle n'a quasiment aucun problème pour trouver ses mots.

Tout de même, malgré ça, il aime bien Déborah, comme si ça me rassure sur la sincérité de la fille, il a toujours senti avant moi quand une personne ne nous voulait pas du bien. Et de savoir qu'il n'a pas de problème avec elle, me fait penser que je ne prends pas de mauvaises décisions en lui faisant visiter la ville demain. Ça me fait même plaisir d'entendre l'avis positif de mon jumeau, même si au fond il la trouve un peu étrange, tout comme moi.

— D'ailleurs Terrie, je n'ai pas insisté tout à l'heure, mais elle t'a fait penser à qui cette fille ? Et ne va pas chercher à m'embrouiller, j'ai bien vu que c'était elle que tu regardais pendant le concert.

— Tu vas me prendre pour une folle.

— Rappelle-toi que parmi nous deux, c'est moi le fou, tu l'as toujours dit.

— Elle m'a fait penser à mon amie imaginaire.

Il lâche un petit rire, mais il comprend bien que je suis très sérieuse.

— Je reconnais que pour le coup, tu décroches la palme, félicitations ! J'ai toujours dit que tu me ressemblais plus que ce que tu voulais faire croire !

C'est sur cette note-là, que je rentre chez moi, violon sur l'épaule, ne comprenant toujours pas Déborah et ses « mystères ». Il y a un certain illogisme dans tout chez elle. Elle prétend que nous ne nous sommes jamais croisées, pourtant j'ai l'impression de la connaître. Elle ment sur plusieurs faits, pourtant ni mon jumeau ni moi ne la pensons mauvaise. Je ne comprends vraiment pas tout, mais j'espère sincèrement que j'y verrais plus clair demain après une bonne nuit de repos.

Bien sûr, une bonne nuit de sommeil ne m'a pas permis d'y voir plus clair, au contraire même, je suis encore plus dans le flou. Pourtant, ça ne me m'empêche pas de prendre ma voiture ce matin pour me rendre à notre point de rendez-vous. Je ne sais même pas vraiment ce que je suis en train de faire ni même si c'est intelligent, mais en tout cas, je tiens ma promesse, je suis une femme d'honneur. Tu parles, même sans promesse, j'y serais quand même allée pour tenter de percer les mystères de cette fille, même si je me rends bien compte que les chances pour que j'obtienne des réponses sont très très minces.

Quand j'arrive au Westminster Bridge à neuf heures tout pile, Déborah n'est pas là, ce qui a un peu tendance à m'énerver, je ne supporte pas les personnes en retard. Bon, ma mauvaise humeur vient aussi du fait que je ne sais toujours pas d'où je connais la jeune femme, j'en viens même à douter de réellement la connaître, c'est sans doute la possibilité la plus concevable, dans tous les cas, elle est plus crédible que celle de l'amie imaginaire qui apparaît dans la vraie vie vingt ans plus tard. J'attends un ou deux minutes et je regarde autour de moi, si elle ne serait pas arrivée maintenant et en me retournant, je me retrouve nez à nez avec Déborah, qui paraît aussi surprise que moi de nous retrouver aussi proches.

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