Puppy Lover (1)

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

Quatre jours sans Déborah, c'est tristement long et ça me fait presque paniquer que ce soit aussi long et que je supporte aussi mal son absence vu qu'il ne nous reste plus qu'une semaine ensemble et que bientôt, je passerai ma vie sans elle. Je trouve ça déprimant rien que d'y penser, je me demande presque ce que j'ai fait pour rencontrer une personne parfaite pour moi et qu'elle vienne du futur... La facilité ne doit sans doute pas vouloir avoir affaire à moi vu la complexité générale de ma vie... J'aurais presque pu deviner que je ne tomberais pas amoureuse de la bonne personne ou de moins pas de la bonne personne au bon moment, parce qu'après tout, Déborah est parfaite pour moi, j'en suis convaincue...

Et en attendant qu'elle revienne, du coup, j'en ai profité pour passer plus de temps avec Warren, je dois avouer que je l'ai un peu délaissé ces derniers temps malheureusement. Bon, heureusement, maintenant, il comprend pourquoi je l'abandonne un peu et il m'a promis qu'il aurait fait comme moi à ma place, vu qu'il a conscience que Déborah vient du futur et qu'il ne me reste qu'une semaine avec elle. Mais quand même, ce n'est pas une raison pour l'abandonner encore plus, juste parce qu'il ne m'en veut pas, il mérite un peu mieux quand même.

En plus, vu qu'elle n'était pas là, ça me permet de profiter un peu de mon frère, il commençait à me manquer à force... Avant je n'avais clairement jamais passé une semaine sans être toute une journée juste avec mon jumeau, c'était un peu perturbant de le délaisser autant, même si ce n'était pas au centre de mes priorités. Maintenant, je me suis rattrapée, c'est déjà ça, on va dire, après tout, c'est bien de trouver un avantage à l'absence de Déborah...

Ça fait du bien aussi de ne plus avoir à lui mentir, je déteste lui cacher quelque chose, maintenant, il sait tout de Déborah et ça m'a fait du bien de lui en parler, ça m'a retiré un poids. Je pense d'ailleurs que je lui aurais de toute façon tout dit pendant ces deux jours, même s'il ne m'avait pas interrogée le Premier de l'an parce qu'il avait des soupçons sur Déborah et qu'il pensait qu'elle était en train de me mentir plus qu'il ne le croyait de bases. J'avais alors « dû » lui dire la vérité pour le rassurer, même si je n'avais pas pris le temps de rentrer dans les détails et que j'ai tout expliqué qu'un peu plus tard.

— Elle doit arriver à quelle heure ? demande Warren pendant qu'il fouille dans mon frigo à la recherche de nourriture pour son petit déjeuner, parce que lui, il n'a plus rien en stock.

Bon, je crois vraiment que dans cette famille, nous avons de graves problèmes avec les courses, nous sommes irrattrapables, l'un comme l'autre. Je crois que nous nous sommes un peu trop habitués à faire les courses chacun son tour... Aussi, en cinq ans, nous avons pris des habitudes à force. Moi je dis, heureusement que nous ne voulions pas trop nous éloigner l'un de l'autre et que nos maisons sont à vingt mètres l'une de l'autre, sinon, je ne sais pas comment nous survivrions. Je crois d'ailleurs que nous ne survivrions pas, ce qui explique la proximité que nous avons gardée.

— Elle revient à dix heures.

— Flemmarde, juste parce que tu ne veux pas te réveiller tôt, se moque-t-il en me connaissant pourtant beaucoup trop bien pour croire en ce qu'il est en train de dire.

— C'est sûr que je suis définitivement le genre de personne qui fait des grasses matinées, jamais tu ne me vois debout tôt.

— Absolument jamais, d'ailleurs, tu n'étais du coup pas du tout insupportable quand tu te réveillais avant moi. Et pour te voir debout avant neuf heures, ça relève de l'impossible.

Après neuf heures, par contre, là, ça relève vraiment de l'impossible, je ne sais même pas quand c'était la dernière fois que c'était arrivé.

— En vrai, je suis pressée de la revoir... lui confié-je en changeant de sujet.

— Je te comprends... Je trouve ça tellement triste pour toi qu'il y ait cinquante ans qui vous séparent... tu mériterais tellement une personne comme elle, qui t'accepte et qui t'aime, j'espère presque que tu trouveras vite quelqu'un autre, quelqu'un de plus simple...

— Je dois avouer que je n'ai pas trop envie d'y réfléchir pour l'instant... je verrais bien ce que l'avenir me réservera... en attendant, j'ai encore une semaine...

— Ouais... Bon, à part ça, je vais sans doute aller faire des courses ce matin, tu veux que je te ramène un truc ?

L'art et la manière... je crois qu'il n'a pas la manière pour détourner la conversation, tant pis, il m'a fourni un moyen de ne plus trop penser au futur, c'est déjà ça...

Warren reste encore plusieurs minutes avec moi, le temps de prendre son petit déjeuner en discutant, puis il part pour Londres, me laissant donc seule en attendant Déborah... Je ne sais pas si je dois lui être reconnaissante pour ça ou non, d'un côté, il me laisse seule avec mes pensées, alors que je flippe un peu, mais d'un autre, il me permet de retrouver Déborah tranquillement en étant juste toutes les deux.

Les aiguilles de ma montre indiquent à peine dix heures que je suis déjà à la fenêtre à surveiller son arrivée. Elle n'est pas là malheureusement, pourtant, elle ne peut pas être en retard, c'est une heure fixe à laquelle elle est censée arriver. J'imagine déjà le pire, qu'elle ait eu un imprévu qui l'empêche d'utiliser un voyage pour venir me voir, qu'elle ait eu un accident, qu'il lui soit arrivé quelque chose, qu'il y ait un problème, qu'elle se soit trompée de date, d'heure, de lieu. Tous les scénarios sont déjà en train de se former dans ma tête, me faisant paniquer. Si jamais je ne peux plus jamais la voir, que tout ça soit déjà fini, qu'il n'y ait plus de suite...

Mon cœur se serre. Je veux la revoir. Je ne suis pas encore prête à ce qu'elle me quitte. Je veux la retrouver. Je veux que nous ayons encore du temps. Je ne peux pas déjà devoir me séparer d'elle sans même un adieu. Je ne suis pas encore prête, ce n'est pas encore le moment... Je veux encore repousser l'inévitable d'une semaine. Je ne veux pas que la fin soit tout de suite. Il me faut encore du temps.

Et j'étais déjà presque complètement désespérée quand je la vois enfin à quelques mètres de chez moi. Oh mon dieu, j'ai eu peur ! J'y ai bien cru cette fois. Mon cœur aussi d'ailleurs vu comme il bat à deux cents à l'heure. Ça me fait tellement plaisir de la revoir, elle me manquait terriblement, je n'en avais même pas assez conscience, c'est seulement là, en la voyant, que je m'en prends vraiment l'ampleur. Tout chez elle me manquait terriblement, elle toute entière me manquait. J'ai l'impression de ne plus pouvoir me passer d'elle, elle est devenue comme une drogue pour moi et le sevrage avait été très dur, même si je n'en avais pas eu vraiment conscience sur le moment.

Je me précipite presque dehors pour la rejoindre, mais quand elle se retourne en m'entendant sortir, je me rends compte qu'elle est en pleurs... Je ralentis un peu, ne sachant pas comment agir ni même comment la réconforter... Presque d'instinct, je la prends dans mes bras, la laissant pleurer sur mon épaule sans parler, lui permettant de laisser aller un peu à sa peine avant de l'interroger.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? finis-je par demander presque hésitante, ne sachant pas trop à quoi m'attendre ni si je dois m'inquiéter ou non.

— J'ai modifié le passé sans le faire exprès et ma mère est morte maintenant et mon frère est de nouveau dans le coma et les médecins veulent le débrancher et je n'ai déjà plus mon père... Je n'ai plus rien, j'ai tellement envie de tous les revoir... Je n'en peux plus de toute cette histoire, je veux que ça s'arrête, je veux que tout soit fini et que je reprenne ma vie normale... je ne supporte plus tous ces allers-retours dans le passé sans savoir ce que je vais retrouver en retournant dans le présent... ce n'est plus possible...

Je sais qu'elle dit ça sur le coup de sa tristesse et c'est complètement normal, après tout, ça fait déjà plusieurs semaines qu'elle vit entre le passé et le présent et qu'elle se trouve face au deuil incessant de ses proches sans y être préparée vraiment et surtout en n'arrêtant pas de les perdre et de les retrouver. Ce n'est donc clairement pas pour me blesser qu'elle dit ça, c'est évident, mais ses paroles me font quand même presque du mal tant j'ai l'impression d'être impuissante et de ne pouvoir rien faire pour elle, d'être inutile... Pourtant, je voudrais vraiment pouvoir l'aider, je voudrais être utile au lieu d'être dans son passé où je ne peux pas vraiment l'aider avec ses problèmes présents...

Je ne réponds rien, ne sachant pas trop quoi dire ni même comment agir pour elle, même si j'ai vraiment envie de la réconforter... À la place, je lui caresse les cheveux, tentant d'au moins lui montrer que je suis là pour elle, même si je n'ai pas de mots pour lui exprimer et que c'est une bien piètre consolation...

Nous devons rester comme ça plusieurs minutes, mais ce n'est pas grave, pour elle, j'ai tout mon temps. Elle finit quand même par s'écarter un peu de moi en murmurant un merci presque gêné tout en essuyant un peu ses yeux rougis.

— Ça va aller ? vérifié-je un peu hésitante.

Elle hoche la tête, mais elle ne me convainc pas pour autant...

— Ça ne va sans doute pas te réconforter beaucoup, mais n'oublie pas que dans une semaine, tout ça sera fini et tu rentreras chez toi, définitivement, et tu pourras enfin rétablir la situation et reprendre ta vie comme avant, avec toute ta famille...

— Mince consolation... ça n'effacera pas ce que j'ai vécu... Et je suis peut-être indécise, mais même si dans une semaine, je les aurais retrouvés, je t'aurais perdue toi, alors je serai quand même triste...

— Moi, tu ne m'auras pas perdu complètement... je serai toujours vivante, tu pourras encore me voir, on pourra peut-être au moins se revoir... même si ça n'ira pas plus loin, juste pour qu'on se revoie.

— Non, je pense vraiment que c'est mieux qu'on se fasse des adieux définitivement dans le passé, on se ferait trop de mal en se revoyant... Tu n'imagines peut-être pas vraiment, se retrouver dans environ cinquante ans et que je n'ai pas du tout changé alors que toi si ? Ce ne serait vraiment pas bon pour nous, ça, c'est certain...

Je sais qu'elle a raison, c'est évident que c'est impossible, mais c'est un peu dur de l'assimiler, au fond de moi, je n'ai toujours pas vraiment pris conscience de notre énorme différence d'âge... Notre fin est dans une semaine, c'est tout, il n'y a rien à discuter et il y a très peu de moyens raisonnables pour que ça change. Conclusion, notre dernier moyen de s'aimer, c'est de profiter complètement l'une de l'autre et de se dire au revoir définitivement dans sept jours... Parce que d'ici là, j'aurai plus du triple de mon âge, j'aurai eu une carrière dans la musique, peut-être aussi dans la physique, je serai célèbre, j'aurai l'âge d'être sa grand-mère. Alors qu'elle sera exactement la même, comme si rien n'avait changé alors que j'aurai vécu toute une vie.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro