— Vivement que j'aie l'occasion de te faire une aussi belle déclaration. Mais par contre, avant, j'ai un point à éclaircir, c'est quoi cette histoire de banane et de sous-vêtement ? demandé-je à la fois amusée et intriguée.

— Une vidéo de toi que j'ai toujours adorée où tu te prépares pour un concert et où tu chantes une banane à la main en sous-vêtements au lieu de te préparer.

— Je ne sais même pas pourquoi ça ne m'étonne même pas de ma part. Je suis une putain de génie décidément, j'ai des idées juste géniales, je ferai ça un de ces quatre, ça doit être trop marrant, il y a vraiment du potentiel avec ça ! rigolé-je en étant clairement sérieuse au fond de moi, parce que je fais comme si c'était juste amusant, mais en réalité, je pense, vraiment tout ce que je viens de dire.

— Je compte sur toi, ce serait le drame de ma vie si je perdais cette vidéo, elle est vraiment excellente.

— Je n'en doute pas. Bon moi, je vais finir de me préparer, parce que ce n'est pas tout ça, mais on va être en retard à force, remarqué-je en me rinçant les jambes ayant tout juste abandonné de me les raser correctement, je mettrais des collants finalement, sinon nous allons être en retard, ça ne fait aucun doute.

— Attends, me retient Déborah alors que j'allais sortir de la salle de bain. Tu as de la mousse sur le menton, remarque-t-elle en l'essuyant avec son pouce. Voilà, c'est mieux comme ça, ajoute-t-elle avant de m'embrasser et de me laisser partir.

Je l'aime, c'est tout. Et mon Dieu, tout le monde mériterait d'avoir une personne comme Déborah dans sa vie, les humains se porteraient sans doute mieux avec ça, parce que c'est vraiment génial d'aimer et d'être aimé en retour par une personne aussi douce et attentionnée qu'elle. J'ai vraiment de la chance d'avoir pu la rencontrer et d'avoir pu avancer rien qu'un mois à ces côtés.

Une fois dans ma chambre, je m'habille rapidement, ayant déjà prévu ma tenue, et je fais quelque chose pour mes cheveux. Puis je rejoins Déborah, ne prenant pas le temps de me maquiller, plus par flemme que pour une autre raison, de toute manière, ça ira très bien comme ça, surtout que nous allons juste à un repas entre amis. Et nous sortons dehors après avoir enfilé un manteau. Nous montons en voiture et avant que je ne démarre, je vois Warren sortir en courant de chez lui, se ruant sur nous. Sentant bien qu'il veut me dire quelque chose avant que nous ne partions, je baisse ma vitre.

— Juste pour te prévenir que je vais à une soirée, alors ne t'étonne pas si je ne suis pas là quand vous rentrerez, normalement si tout va bien, je ne devrais pas être là avant demain matin.

— OK, amuse-toi bien alors.

— J'y compte bien !

Le connaissant, il n'y a aucun doute là-dessus.

Cette fois, nous voilà vraiment parties et nous arrivons à Londres une petite demi-heure plus tard avec même de l'avance et, à en croire les voitures sur le parking devant le restaurant, nous sommes même les premières. Mais nous ne restons pas seules pendant longtemps puisque nous sommes à peine descendues de voiture que Ann et Mike arrivent à leur tour.

— Oh mince, vous êtes déjà là ! s'exclame Ann en nous rejoignant. Moi qui voulais être là en première, c'est foutu !

Ça ne lui ressemble pas de vouloir à tout prix arriver avant moi comme ça, je crois que j'ai sous-estimé l'importance qu'avait ce rendez-vous à trois couples pour elle. Bon, j'aurais très bien pu le deviner vu qu'elle planifie presque ça depuis trois ans, mais je ne pensais pas que ça lui tenait autant à cœur. Bien que, si j'avais fait un peu plus attention, je m'en serais facilement rendu compte, après tout, elle m'a appelée le lendemain du Nouvel An et de l'officialisation du couple de Ruth pour prévoir le repas.

— Et encore, là, on vient juste d'arriver, mais normalement, je voulais être là plus tôt, la taquiné-je un peu. Tu aurais dû me prévoir plus d'avance. Franchement, tu ne me connais toujours pas avec le temps !

— J'espérais que Déby te retarde et je ne voulais pas attendre trop longtemps non plus !

— Allez, on rentre ? De toute manière, ce n'est pas grave, ça n'a pas d'importance, remarque Mike comme s'il avait déjà répété plusieurs fois à sa fiancée que ça ne servait à rien d'arriver avant les autres.

— Attends, je crois qu'il y a la voiture de Scott qui arrive, l'arrête-t-elle en ne disant pas clairement qu'il y a Ruth avec, mais en le pensant suffisamment fort pour que je l'entende dans sa voix.

Et elle a raison en plus, c'est vraiment la MGB de Scott qui arrive, je reconnais la plaque. Aussi, comment ne pas reconnaître la plaque alors qu'elle est faite avec les initiales du couple, je l'ai toujours pris par un signe et j'avais raison vu qu'ils sont ensemble maintenant. Il se gare à côté de nos deux voitures et le « jeune » couple sort du véhicule pour nous rejoindre.

— Ah bah moi qui pensais ne pas arriver en retard, c'est foutu, soupire Ruth en arrivant près de nous.

Je crois que nous avons un réel problème avec l'heure dans ce groupe, c'est assez effrayant, surtout quand on sait qu'il reste encore cinq minutes avant l'heure que nous avions décidée...

— C'est nous qui avions trop d'avance, s'amuse Déborah en souriant. Je crois qu'il y a eu une compétition imaginaire pour les premiers arrivés. Et franchement, tu es encore à l'heure, je pense même que tu es en avance.

Je crois que c'est la seule personne sensée de ce groupe, à croire que nous sommes vraiment irrécupérables au fond.

Du coup, cette fois, nous rentrons dans le restaurant qui est presque vide, comme souvent quand nous venons ici, et l'une des serveuses nous mène à une table un peu isolée des autres, nous permettant d'être dans un coin encore plus tranquille. C'est définitivement bien parti pour être une très bonne soirée entre amis tranquillement, à discuter sans pris de tête. Nous nous installons rapidement, faisant juste en sorte que les couples soient proches les uns des autres.

Bien sûr, Ruth se met à côté de Scott et je suis presque certaine qu'ils ont rapproché leur chaise pour être plus près l'un de l'autre. Et de toute façon, même s'ils ne l'ont pas fait, ils sont en train de se tenir la main discrètement sous la table, ça, c'est incontestable. Ils sont vraiment trop mignons avec la légèreté dont ils font preuve, ils s'aiment, ça crève les yeux, mais ils sont discrets, un peu comme un couple d'adolescents qui se cache alors que tout le monde est au courant.

Je suis tellement heureuse qu'ils soient enfin ensemble, Ruth mérite quelqu'un comme Scott et depuis le temps qu'ils s'aiment sans se l'avouer, c'est bien qu'ils aient franchi le pas vu comme Ruth est radieuse depuis qu'ils ont officialisé leur couple. J'espère vraiment qu'ils iront loin tous les deux, ce serait trop bien que notre couple probable préféré soit pour la vie, parce que moi j'y crois en ce petit duo tout innocent.

— Toi et Ruth, vous êtes vraiment trop mignons, remarque Mike à Scott lorsque Ruth quitte la table pour aller se laver les mains.

— Ah, on est d'accord, je ne suis donc pas la seule à l'avoir remarqué ! Ils sont trop mignons, on a presque l'impression de voir un couple d'adolescents ! interviens-je convaincue par ce que je dis.

— Tu nous prends pour des Puppy Lovers ? l'interroge Scott ne paraissant pas vraiment conquis pas l'idée.

— Peut-être pas des Puppy Lovers quand même... enfin bien que franchement pourquoi pas après tout. Juste, j'espère qu'entre vous, c'est plus sérieux qu'entre des ados, parce que si tu t'avises de la laisser tomber à la première difficulté, je te promets que je ne serai pas être tendre avec toi, j'espère que tu en as conscience.

Mike soupire, paraissant être désolé pour son ami d'avoir lancé involontairement la conversation. Scott, quant à lui, n'a pas vraiment l'air étonné de la promesse que je lui fais, comme s'il s'y attendait clairement. Il a presque même l'air soulagé que ça lui tombe dessus maintenant et pas plus tard.

— Je ne veux pas lui faire de mal et de toute manière, on n'est plus des adolescents, on a déjà eu notre phase Puppy Lover, on ne compte pas se comporter comme des cons l'un avec l'autre.

— Et comment tu peux être sûr qu'elle a déjà vécu sa phase Puppy Lover ? questionne Ann suspicieuse.

Apparemment, Ann et moi nous sommes mises d'accord inconsciemment pour protéger Ruth et nous avons décidé toutes les deux de profiter de l'absence momentanée de cette dernière pour être sûres de son copain, même si nous le connaissons depuis longtemps.

— Les filles, vous pouvez me faire confiance, vous savez ? En plus, rien n'a changé, je suis toujours le même et je tiens toujours autant à Ruth, je ne lui ferais pas de mal.

Nous restons silencieuses, sans rien dire, échangeant des regards en attendant la suite. Personnellement, c'est uniquement vicieux, j'ai entièrement confiance en Scott, mais je veux vérifier à quel point il connaît Ruth. Quant à Ann, je ne sais pas trop, je pense qu'elle me suit et me fait entièrement confiance.

— OK, c'est bon, soupire-t-il, je sais qu'elle a déjà vécu sa phase Puppy Lover parce qu'elle m'a parlé de l'histoire de la chanson, vous devez la connaître, je n'ai pas besoin de vous la raconter ?

— Parce qu'elle t'a parlé de la musique ?! m'étonné-je n'en revenant pas.

OK, je le testais, mais je n'y croyais pas. Et pourtant. Incroyable, mais vraie, Ruth a montré Puppy Lover avant sa sortie à quelqu'un. Plus impressionnant encore, elle a parlé de ce qu'il y a derrière. Alors que normalement jamais au grand jamais elle ne fait ça. Même moi j'ai de la chance si je suis prévenue en avance.

— Euh oui, ça n'a rien d'exceptionnel, elle vous en parle bien à vous non ?

— Oui, mais on est ses meilleures amies et moi, je suis dans le même groupe qu'elle, alors que toi, elle n'a pas de raison de t'en parler, c'est surprenant de sa part, c'est tout.

— Pourtant ce n'est pas la première fois, affirme Scott sincère.

— Sérieux ? Mais passe-lui la bague au doigt direct ! Je suis sérieuse, de base, je comptais envoyer mon bouquet à Terrie, mais c'est à Ruth que je dois l'envoyer ! Au moins, je vous donnerai un petit coup de pouce ! s'exclame Ann paraissant penser avoir eu l'une des meilleures idées imaginables.

Nous explosons tous de rire, sauf Ann qui elle est encore très sérieuse, nous rions sans doute tous pour une raison différente, mais c'est un détail ou presque. En vrai, moi, je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer, dure à dire, je penche quand même sur le triste puisque les projets d'avenir entre Déborah et moi sont complètement impossibles. Mais c'est tellement surprenant comme affirmation que ça en devient presque marrant.

— Tu es sérieuse ? Mais ça ne va pas bien, ma pauvre amie ! réagis-je n'arrivant pas à m'en remettre tant la situation globale est improbable.

— Et Ruth et moi, on est ensemble depuis trop peu de temps pour se marier, intervient Scott pour sans doute tenter de raisonner Ann

— Au moins, vous vous connaissez depuis longtemps, je signale que son idée de base était pour Terrie et moi alors qu'on s'est rencontrées il y a moins d'un mois ? remarque Déborah tentant de défendre un peu l'impossibilité d'un quelconque mariage entre nous.

Et c'est ce moment que choisit Ruth pour revenir, la pauvre, elle ne va rien comprendre à sa vie.

— C'est bon, j'ai compris, c'était une mauvaise idée, je ne le ferai pas, ne paniquez pas, soupire Ann en roulant les yeux, paraissant presque déçue.

— Qu'est-ce qui était une mauvaise idée ? demande innocemment Ruth.

— Vaut mieux pas que tu saches, affirme Scott sans même réfléchir à une excuse quelconque.

Effectivement, il ne vaut mieux pas savoir à quel point certain de ses amis ont un problème avec la perception de la réalité, c'est sans doute moins inquiétant comme ça.

En tous cas, elle accepte l'« excuse » et ne cherche pas à en savoir plus, c'est mieux pour elle. Aussi, elle doit bien se douter que ses amis peuvent partir très loin et qu'il ne faut pas toujours chercher à comprendre.