25. Troyan

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Une image sanglante traversa mon esprit. Je voyais Elyse et son visage complètement détruit, allongée sur le sol sans bouger. Elle était morte, brisée physiquement et mentalement. Uniquement parce que j'avais préféré partir plutôt que de l'aider. Ne supportant plus cette vision, j'ouvris les yeux. Face à moi, Segik farfouillait dans une sorte de coffre géant pour trouver ce dont il avait besoin pour m'accompagner. Après Elyse, il est la seule personne en qui j'avais confiance. C'est presque un frère pour moi. Segik est un Torghol également, un grand garçon blond aux yeux verts. Ses parents avaient été faits prisonnier après la guerre qui avait mis "fin" à notre espèce, puis transformé en soldats. Segik, comme moi, avait été soumis aux tests. Enfin, il n'y a jamais été vraiment soumis.

Lorsque nous sommes arrivés pour passer ces fichus tests, j'étais déjà dans les plus âgés. Segik avait à peine six ans, il était seul et terrifié. Je n'avais pas le cœur à le laisser subir toute cette violence... Alors une nuit, j'avais réussi à le faire sortir. C'était es débuts de la Grande Prison, le système de sécurité était mal fait, je n'avais eu aucun mal à le faire sortir. Lorsque les soldats sont arrivés, j'étais seule près de la barrière. Ils ont pensé que j'avais tenté de fuir, je me suis fait salement amocher, j'ai passé trois jours dans la cage et le lendemain je subissais les premiers tests. Segik n'en a jamais rien su, pour mon plus grand bonheur. Je pense qu'il me verrait différemment sinon. Pour lui, je suis resté le jeune garçon loyal et protecteur que j'étais à onze ans.

- Tu es prêt ? Demandai-je en le voyant sortir la tête de son coffre pour la première fois depuis une heure.

Segik se tourne vers moi et souris. Il a grandi certes, mais il reste un garçon de quinze ans. Lui demander de m'accompagner est totalement idiot de ma part, même s'il est capable de se battre, au vu de sa jeunesse. Mais cette décision a été prise malgré moi en quelque sorte. Je me suis habitué à avoir une présence à mes côtes et cela me manque.

- Mo setan! A fi nigba ti ?

Je n'avais pas vraiment le cœur à lui répondre dans notre langue. Déjà, cela fait un moment que je ne l'ai pas parlée, sauf lorsque j'avais rencontré Elyse... Et ensuite, cette langue ne fait remonter que des mauvais souvenirs. De la guerre, du sang, de la souffrance. Rien dont je veuille réellement me souvenir.

Je le contente donc de hocher la tête avec un demi-sourire forcé. Je n'ai pas totalement récupéré mon statut "d'humain" et malheureusement, Segik s'en apercevra un jour ou l'autre. Il est jeune, mais pas idiot pour autant. Il passe par la porte de derrière pour sortir de chez lui, moi sur ses talons.

- Pourquoi tu m'as demandé de venir ?

Sa question me fait revoir ma vision précédente, le visage d'Elyse sur cette table, comme dans une morgue... Je secoue la tête pour chasser ce souvenir. Elle a pris sa décision, je peux gagner du temps, c'est bénéfique pour sauver la Terre. Je ne dois pas penser aux vies laissées serai moi mais à celles que je peux encore sauver. L'armée m'a appris cette phrase.

- Parce que je vais avoir besoin de compagnie.

Je n'ai pas d'autres explications à fournir. Je ne suis plus habitué à la solitude. Rien que le trajet pour venir jusqu'à lui m'avait semblé long et difficile. Se cacher dès que je vois une patrouille, dormir à moitié dans des endroits isolés pour ne pas se faire prendre, ce n'est pas une vie que je vie seul. Qui plus est, avoir un compagnon me permettra de dormir, avec quelqu'un qui surveille à ma place. Faire des tours de gardes en sommes.

- Troyan, tu as toujours était solo ! Même à onze ans, tu restais seul ! Je n'ai jamais compris pourquoi tu m'as aidé moi alors que nous n'étions même pas amis.

Il se méfie de moi à présent. Je peux sentir dans sa voix de la méfiance, du doute. Il a compris que les enfants qui restent pour subir les tests n'en sont jamais sortis. Il a compris qu'il avait été le seul à s'en être réellement sortis vivant. Et maintenant, il m'en veut de lui avoir caché la vérité.

- Parce qu'à mes yeux, tu étais trop jeune pour subir tout ce que j'ai pu subir. Tu n'avais même pas six ans ! Tu aurais préféré mourir, comme les autres ?

Je n'ai pas vu qu'il me regardait dans les yeux tandis que je parlais. Mes yeux, qui ne reflètent rien d'humain lorsque je ne mets pas un masque. Segik s'arrête net, recula d'un pas et continue de m'observer.

- Je ne peux pas venir avec toi. Je ne vais pas accompagner un assassin du Gouvernement ! Je ne suis pas comme toi. Je ne le serais jamais.

Il pleure maintenant. Chaque larme qui coule le long de ses joues d'enfants me fait mal. La douleur. La seule chose que j'ai pu apprendre d'elle. La douleur, peut-être le vrai sens des mots loyauté et famille. A présent, j'aimerai montrer à Segik que ma loyauté n'est plus à l'armée, mais il ne me croirait pas. L'armée a fait de lui un orphelin solitaire et brisé, tandis que je devenais plus fort et insensible à toute forme de sentiment.

- Segik, je t'en prie...

Il me coupe dans ma phrase en me tournant le dos. Il coupe tout contact visuel avec moi. Je fais un pas en avant, pour réduire la distance qui nous sépare mais il en fait un également. Il ne veut plus me parler. Mais il peut toujours m'entendre.

- Segik, j'ai quitté l'armée depuis presque un an et demi maintenant. Je ne suis plus avec eux. Je ne le serrais plus jamais.

Je continue de marcher vers lui jusqu'à ce que ma main touche son épaule. A ce moment-là, j'espère qu'il se retourne et qu'il me parle, qu'il dise quelque chose. Mais non. Il se retourne vers moi, le visage clôt, les yeux brillants d'une fureur que je n'avais jamais vue. Il pointe une arme sur moi sans trembler. Je ne bouge pas. Segik, le petit garçon frêle et apeuré, ne va pas me tirer dessus. Même s'il m'en veut.

- Arrête d'essayer Troyan. Tu m'as peut-être sauvé, neuf ans plus tôt, pour me permettre d'avoir une vraie vie, mais tu as pensé à ce que je voulais ? Mes parents étaient devenus des armes, mes amis étaient morts. Toi, tu n'étais plus dans mes radars, j'ai vite compris. Quand tu es arrivé, tu m'as parlé comme si rien ne s'était passé en neuf ans. J'ai cherché à te retrouver tu sais, pour te dire merci. Et par ici, chercher ça veut dire trouver. Je sais que tu n'es plus dans l'armée depuis un an et demi. Mais je sais que tu y as été. Et c'est ma faute n'est-ce pas ? En me sauvant, tu as sacrifié ta vie.

Il ne tremble pas, mais je ne comprends pas où il veut en venir. Certes, le sauver a peut-être accéléré le processus des tests, mais c'est sur moi que tout cela retombait au final. Je fronce les sourcils, comme j'ai vu Elyse le faire quand elle ne comprenait pas quelque chose. L'arme vient de coller sur ma tête, je peux sentir le froid du métal remonter le long de mon crâne. Ma main droite passe dans mon sac en bandoulière, trouvé chez un marchand avant d'arriver ici pour y serrer les plans. Quitte à mourir, autant essayer.

- Segik. Dans mon sac, tu trouveras des plans. Si tu me tue, promet-moi de donner ses plans à Terren. Il saura quoi en faire.

Segik a un petit rire tandis que l'arme quitte ma tête. Son bras retombe mollement le long de son corps tandis qu'il me regarde. Est-il en train de me jauger ? Il regarde les plans, qui sortent à peine du sac. Seulement son regard est totalement vide, comme s'il passe à travers les plans sans même les voir. Un sourire triste se dessine progressivement sur son visage.

- Je ne vais pas te tuer Troyan. Tu ne mérites pas ça.

Je ne comprends plus rien. Son bras armé se soulève de nouveau et en une fraction de seconde, J'entends le bruit atroce d'une balle quittant un revolver. Je reste figé, debout, sans comprendre. Mes yeux se posent sur Segik et s'ouvrent en grand, tandis que nos deux corps chutent sur le sol. Je pose ma main sur le torse de Segik sans savoir quoi faire. J'ai tellement mal que je ne parviens pas à penser correctement. Tout ce que je parviens à me demander, c'était pourquoi ?

- Pourquoi Segik ?

Ses yeux viennent se poser sur les miens et il pose sa main sur la mienne. Je ne bouge plus, la douleur gagne tout mon corps.

- Je suis désolé Troyan. C'était trop dur...

Il tente d'esquisser un dernier sourire, avant que son dernier soupir ne s'envole dans l'air frais. Il a réussi à se libérer du poids qu'il pensait porter depuis neuf ans. Quant à moi, je reste assis sur le sol, perdant toute notion de temps. Segik vient de se tuer devant mes yeux et je n'ai pas su l'en empêcher. Ma joue est traversée par une larme, ma première larme depuis neuf ans. Je pose ma main dessus, regardant avec étonnement cette larme sur ma main. J'ai pleuré ?


Je suis prêt ! On part quand ? 

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