Chapitre huitième

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Je ressers mon écharpe et enfoui mon visage dans le tissus doux. Le vent frappe mon visage et je souffle un petite bouffée de brume. Après avoir fini les quelques questionnaires habituels que les professeurs font remplir en guise de devoirs, je suis sortie du manoir. Ma mère a tentée de me retenir, prétextant le lien mère-fille.

Inutile.

Je suis dans les bois, et il fait nuit à présent. La seule lumière du salon aux travers des fenêtres illumine légèrement l'écorce des arbres et le sol terreux. Les arbres sont presque dénudés. La nature semble triste et morose.

J'ai besoin de réfléchir à je ne sais quoi. Juste de penser à des choses auxquelles je ne penserais pas en temps normal. Quelques jours seulement se sont écoulés depuis mon arrivé à Stradford Upon Avon. Quelques jours qui paraissent éternité. 

Mes journées s'étaient résumée à prendre le bus, passer huit heures dans un lycée stéréotypé, puis rentrer pour subir la pression de ma mère et de mon frère. Ce soir, j'aurais pu appeler Abigail, ou bien Andrew. Pourtant, j'avais peur de déranger. Et me voilà plantée dans la nuit, le regard dans la vide, à réfléchir à tout et n'importe quoi.

-Tempérance ?

- Matthew?

-Tu fais quoi là ?

-Rien, à ton avis, combien de kilomètres nous séparent des étoiles ?

-T'as finis avec tes questions stupides ?

-Et toi ?

Il souffle et se plante à coté de moi. Adossé à un arbre, il plante son regard dans le mien et se pince les lèvres. Je ne sais pas ce qu'il a en ce moment. Il ne me quitte plus, comme si il s'inquiétait pour moi. De toute façon, il est comme sa mère, toujours là, sur mes talons, à guetter le moindre de mes faits et gestes. Fallait bien que la connerie se transmette.

-Tu sais que ça fait une demi-heure que maman essaye de t'appeler ? 

-Je m'en fiche, j'ai pas faim.

Il soupire et commence à s'en aller, traînant des pieds, mains dans les poches.

-Alors, tu vas pas te battre plus longtemps ?

-Me battre pour quoi ?

Je ne lui répond pas et détourne le regard tandis qu'il s'éloigne. Il a toujours le dernier mot. Toujours le bon.

Je le suis, de loin, sur le chemin du retour. Ses veilles bottes marquent la terre boueuse d'une empreinte difforme, et je me surprends à rêver qu'elles s'élèvent vers les cieux et m'écartent de ce monde nonchalant. Alors que nous nous trouvons devant l'entrée, un bruit résonne dans le corridor.

Un bruit de porcelaine brisée. Matthew ouvre la porte avec force et s'arrête brusquement, regardant effaré, ma mère.

C'était une belle femme, ma mère, avant qu'elle ne pleure ses souvenirs et ses déboires après la mort de mon père. C'était ce genre de beauté froide, aux traits marqués et aux airs aristocratiques. Elle avait de beaux cheveux bruns, toujours soyeux, et un regard de fer, gris comme le pelage d'un loup, mais dur comme l'acier qui brûle sous l'outil du forgeron. Elle n'était pas beaucoup ridée, pour son âge et le temps ne l'avait rendu que plus belle.

Seulement, là, elle a tout perdu de son charme. Pendue à son téléphone, des morceaux de porcelaine éclatée à ses pieds. Elle est stoïque. Son visage offre l'allure même d'une biche effrayée par la venue des chasseurs : ses sourcils sont relevés, ses deux yeux écarquillés sont remplis de larmes fraîches et douloureuses, sa bouche rosée est béante et molle , ses traits se sont affinés, ses joues creuses semble pouvoir éclatés tant la peau est tirée.

Une larme glisse, en silence, sur sa pommette blanchâtre. Alors, elle lâche son téléphone, pendant au fil entortillé du vieux fixe blanc.


-

Jeudi 22 octobre.

Clémence gcn.

Suite prévue pour le dimanche 25 octobre.



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