Chapitre septième

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Je suis face au bahut, une clope fumante à la main, mon sac sur mes genoux, le dos posé contre le dossier froid d'un banc de bois tagué. Je crapote un coup, tapote sur le bout de la cigarette et laisse couler les cendres à mes pieds. Je clos mes paupières quelques secondes, une bourrasque de vent glacée ébouriffe ma chevelure rebelle, et je passe une main tremblante entre les mèches pour tenter de coordonner le tout. Je souffle un bon coup, la fumée s'écrase dans l'air, une odeur âcre s'étale autour de moi. La rue est vide, le portail noir est clos, il fait si sombre que l'enseigne de la boulangerie s'est allumée. 

Enfin un peu seule. 

La journée a été longue. Depuis le midi, se sont enchaînées quelques mésaventures. Andrew n'a quasiment pas adressé la parole à Bradley, ce dernier s'est quelque peu énervé de l'attitude distante de celui-ci. Je ne sais pas vraiment s'il est sérieux, car à ce que j'ai cru comprendre, c'était plutôt le style de Bradley d'être loin du « groupe » et de se détacher de tout, sauf de ses clopes, d'après Arthur.

Toute l'après midi, Abigail m'a racontée quelques événements qui s' était passés l'année précédente. Bradley s' était fait virer de son ancien bahut, il y a deux ans de cela, parce que le directeur avait démantelé son trafic de drogue, mais ça n'avait pas l'air de l'inquiéter, elle m'avait d'ailleurs glissé à l'oreille que tout son marché avait reprit depuis, et que les affaires marchaient bien.

-Je peux m'asseoir ?

Je tourne la tête brusquement, et tombe sur un sourire narquois, que l'on aurai pu décrire timide si celui à qui il appartenait n'était pas Bradley. 

-Oui, vas y. 

Il se pose à coté de moi, sa veste en cuir crisse quelque peu, et il sort une cigarette, plaquant ensuite ses mains sur les poches de son jeans gris. Soupir. 

-T'aurais du feu ? 

Je souffle, sors mon briquet rouge et le lui tends. Il ne me remercie pas, coince sa clope entre ses deux lèvres rosées, protège le bout avec sa grande main longiligne et l'allume. Il souffle un grand jet de fumée grisâtre et rejette sa tête en arrière et fermant les yeux, faisant apparaître une pomme d'Adam parfaitement dessinée. Il tourne un petit regard vers moi et affiche un sourire, je détourne le regard, gênée, et jette ma cigarette à terre, l'écrasant avec le talon de ma chaussure. Récupérant mon briquet, j'empoigne mon sac, et me relève. 

-Tu fous quoi ? 

-Je m'en vais.

-Pourquoi ? 

-Pourquoi je resterai ? 

-Parce que je veux être avec toi. 

Je prend un mine ironique et le regarde dans les yeux, croisant mes bras sur ma poitrine. 

-Et pourquoi ? 

-T'as pas finis avec tes pourquoi ? 

-Allez, salut. 

Je commence à partir, et je sens une main enfermer mon poignet, envoyant un courant électrique à travers mon bras. Je fais volte face et il plante son regard bleuté dans le mien d'un air suppliant. 

-Reste ? 

-C'est quoi ton problème, Bradley ? 

-La solitude.

-La solitude, vraiment, tu sais que c'est pathétique comme excuse ? 

-Non, ça ne l'est pas. 

-Tu n'as pas la tête de ce genre de mec qui subit la solitude. Tu l'a choisie.

-Peut être bien, mais c'est pas une raison pour que parfois, elle me laisse un peu tranquille, n'est ce pas ? 

Je souffle et croise les bras sur ma poitrine. Il plante son regard écumant dans le mien, et je finis par m'asseoir à coté de lui. 

-Tu vois, quand tu veux.

-Si c'est comme ça, je me barre hein. 

Il rigole et crapote un coup. Il est vraiment incroyable. Je m'attends à ce qu'il se mette à me parler, mais il continu à fixer le portail, impassible, clope coincée entre les lèvres. Je ne sais pas vraiment quoi faire, de mon coté, j'ai déjà fumer et je n'ai absolument rien à dire, et discuter avec lui d'un sujet profondément cliché n'est pas vraiment quelque chose que j'ai envie de tester.

-Pourquoi tu es dans ce bahut ? Enfin, t'étais pas là l'année dernière.

Je sursaute quelque peu, sa voix suave m'a extirpée de mes pensées, et je bafouille un peu avant de répondre.

-C'est à dire que....ma mère est dans sa folie des vieilles bâtisses, et elle en a dégoter une pas loin d'ici, un grand manoir bien glauque. Donc voilà. Il n'y avait pas vraiment d'autre lycée dans les environs, si ce n'est celui ci. 

- On dit que ton père est mort, que t'as eu pas mal de problème par la suite. C'est vrai que tu as le physique de l'ado' déprimée. 

- Je ne sais pas qui t'as donné cet info, mais tu lui dira qu'il y a un minimum de vie privé à respecter chez autrui. Tu colles toujours des étiquettes sur les gens ? 

-Toujours.

-Et ça ta jamais créé d'ennui ? 

-Bien sur que si, mais j'en ai rien à foutre.

Je n'aime pas ce genre de personne. Qui ont besoin de placer les personnes dans des cases en fonction de leurs fringues ou de leurs goûts. C'est pathétique. Je souffle un coup. Il commence à faire froid, la lune est haute dans le ciel et les réverbères sont tous allumés.

-Pourquoi tu ne parles plus ?

-J'aime pas les gens comme toi. 

Il hausse un sourcil et sa bouche se tord en un sourire narquois. 

-Très bien, alors va-t-en.

-Au revoir Bradley. 

Il ne répond pas, mais n'a pas l'air frustré pour autant. Il continue de fumer, fixant encore devant lui comme si je n'avais jamais été là. Ce gosse à vraiment un problème. Et ce n'est pas la solitude.

-

19 Octobre 2015.

Clémence gcn.

Je vais devoir réduire la publication journalière des chapitres, car je suis en manque d'inspiration, et les idées se font de plus en plus rares.

Donc, la suite est prévue pour le Jeudi 22 Octobre 2015.




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