12. Mason - Discussion au sommet

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Deux chapitres en une journée , on peut dire que je vous gâte !


12. Mason – Discussion au sommet

— Je savais que je te trouverais ici.

Max s'assoit à côté de moi en me tendant une bière. Il serait plus sage de la refuser après la soirée d'hier mais ça me fait sourire de l'imaginer grimper jusqu'ici avec ses deux bouteilles à la main. Je ne vais quand même pas ruiner ses efforts. Je la décapsule grâce à son porte-clé et porte le goulot à mes lèvres tout en regardant au loin le vide. J'aime ce spot parce qu'il n'offre que monts et vallées sans village, des étendues d'herbe inhabitées. Le soleil est un peu descendu mais il tape toujours autant. J'aurais dû accepter la crème solaire d'Ana, un jour je vais réellement revenir rouge écrevisse. L'été n'est pas forcément ma saison préférée ici mais il offre un paysage apaisant, bien loin des crevasses de glace et du risque d'avalanche. Les arrêtes sont vertes, les chemins remplis de dryades, marguerites, gentianes et autres fleurs des montagnes. Il y a moins de touristes, moins d'abrutis sur les pistes. Bientôt, ce sera même quasi désert. Les feuilles s'envoleront et les arbres se coloreront d'orange, de marron et de rouge. Je bois une gorgée en réalisant que je vais louper les premières neiges.

— Ta sœur m'a dit que tu étais là pour le week-end.

Je suis parti en début d'après-midi, le temps de me remettre de ma soirée. Je voulais être sûr d'avoir assez dormi et d'être en état de conduire jusqu'ici. Certaines routes sont hasardeuses, traitres. Je les connais peut-être bien mais j'ai appris, avec les années, à ne pas surestimer mes capacités en montagne. On n'est jamais à l'abri d'un virage mal anticipé. Le restaurant d'Anaïs a été mon premier arrêt. Le service du déjeuner étant terminé, elle était dispo pour manger avec moi. Elle m'a fait son célèbre gratin de ravioles tout en se plaignant de l'absence de nouvelles. Je ne l'appelle pas assez, d'après elle. Elle n'a pas tort.

Je n'ai prévenu personne de mon retour. Ils savent très bien que je ne suis pas bon au jeu du messager et on vient d'un petit village, les nouvelles y circulent plus vite qu'un palet lancé vers un but de hockey. Je ne doutais pas que mon arrivée serait sur toutes les lèvres. Ça n'a pas loupé, j'ai dû éteindre mon portable pour qu'il arrête de vibrer sous les sollicitations incessantes. J'ai déjà trois soirées de programmées et je ne suis là que deux jours.

Ana a passé le reste du déjeuner à me bombarder de questions. Soi-disant pour rattraper le temps perdu. Tout y est passé : l'équipe, la saison qui arrive, mon appartement... Elle voulait savoir si je mangeais bien et si j'avais déballé tous mes cartons. Elle n'a que trois ans de plus que moi mais, parfois, j'ai l'impression qu'elle se comporte comme une mère avec moi.

— Comment ça se passe, d'ailleurs ?

J'arque un sourcil, le rictus moqueur, la bouteille en main alors qu'il tourne la tête, perdant son regard dans l'horizon. Touché, coulé. Mon sourire s'agrandit en comprenant qu'il n'est pas prêt de me narrer ses aventures avec ma sœur. C'est son point faible, son talon d'Achille. Il est raide dingue d'elle depuis le collège, alors qu'elle se tapait les plus gros connards de son lycée. Jolie, rousse, du mordant à chaque réplique, ma sœur se distingue. Elle attire l'œil et elle fait tourner Max en bourrique depuis des années maintenant.

— Arrête de te foutre de ma gueule. Tu sais très bien qu'il n'y a rien entre Ana et moi et qu'il n'y aura jamais rien.

— Hum hum.

Je hoche la tête tout en avalant une nouvelle gorgée. Je sais très bien qu'il ne me dit pas tout mais ce n'est pas moi qui vais lui sortir les vers du nez. Anaïs a changé de comportement en sa présence depuis quelques mois, comme si elle avait soudain réalisé quelque chose. Elle ne veut pas m'en parler mais je suis persuadé qu'il lui plaît.

— Parlons plutôt de toi ! Après tout, ce n'est pas moi la grande star ! Raconte-moi !

Une patineuse en doudoune jaune citron, les cheveux mouillés, en pagaille, une serviette à la main, en train de nous faire la leçon, s'impose dans mon esprit. Je ne pensais pas qu'on aurait une spectatrice quand j'ai accepté le gage. Je me suis endormi sur la contrariété qui peignait ses traits et c'est sans doute pour ça qu'elle est la première image qui me vient en tête.

— Tu sais comment c'est l'avant-saison. Beaucoup de tests, pas assez de piste.

— Tu n'aurais jamais assez de piste de toute façon. Si tu pouvais dormir sur la glace, tu le ferais sans aucun doute.

Je soupire. S'il exagère, il n'est pas si loin de la réalité. C'est d'autant plus vrai maintenant que je n'ai plus ces randonnées pour m'éloigner de la patinoire. Ce n'est pas le béton qui va détourner mes pensées de la glace.

— Tu t'entends bien avec les gars ?

— Ils sont réglo.

C'est à son tour d'hocher la tête, tout en prenant une nouvelle gorgée, laissant le silence s'installer entre nous. C'est agréable et ça m'a manqué, d'être assis ici avec lui et de ne pas avoir à chercher mes mots. Il me faut plus d'une semaine pour créer des liens, même si l'effet de groupe dans une équipe a tendance à accélérer le processus.

— Au fait, j'ai pris des billets pour tes premiers matchs !

— Tu exagères, je t'avais dit que je t'en donnerais !

Ça ne devrait pas m'étonner, il n'en fait toujours qu'à sa tête. Pas le genre à écouter qui que ce soit, même pas son meilleur pote !

— Que veux-tu, je claque mon fric sur ton dos, va pas falloir me décevoir, tu me coûtes cher !

La pierre qui s'est installée dans mon estomac avant l'été pèse soudain plus lourd. Elle exerce une pression sur mes entrailles, me donnant des nausées. Elle personnifie ma peur de ne pas être à la hauteur. Pour conjurer le mauvais sort, j'attrape un caillou et le lance dans le vide qui me fait face, comme si je m'entraînais à faire des ricochets sur un lac invisible.

— Je plaisante, Mase. Je sais très bien que tu vas tous les défoncer et montrer à tout le monde que ça fait plusieurs années qu'ils loupent ton potentiel !

— Tu comptes inviter ma sœur avec tes billets ?

Je change de sujet parce que c'est ce que je fais toujours quand j'ai l'impression d'être pris au piège. Je passe à l'offensive, c'est mon meilleur moyen de défense. J'attaque, crée une diversion et profite qu'ils s'engouffrent dans la brèche pour rajouter des couches supplémentaires à mon bouclier. Max n'est pas idiot, il sait très bien ce que je suis en train de faire mais il me connait. Il sait que ce n'est jamais bon de me confronter quand je suis borné. Alors il éclate de rire, dissipant le malaise qui m'a pris d'un coup.

— Ana compte venir voir tes matchs, avec ou sans moi. Elle n'aura aucun mal pour trouver quelqu'un pour l'accompagner.

— Invite-la. Qu'est-ce que t'y perds ?

— Tu sais que tu n'es pas censé me pousser dans les bras de ta sœur ?

— Tu n'étais pas mon premier choix, c'est vrai.

Il me bouscule un peu et je tangue sur le côté, en souriant. Il ne l'est peut-être pas mais il sera toujours mille fois mieux que les abrutis qui lui tournent autour.

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