13. Mason | Salle d'attente

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Hello hello ! Je sais que ça fait un petit moment mais avec la sortie de Nos Musiques fin août il y a eu pas mal de taf (travail édito, promotion, etc.) mais me revoici avec la suite d'Iced Love et comme mon but est de finir le manuscrit avant la fin de l'année, je vais devoir passer à la vitesse supérieure donc vous allez avoir de mes nouvelles !

13. Mason – Salle d'attente

Je tapote du pied, impatient de sortir d'ici. L'horloge au-dessus de la porte me nargue. Et tic et tac. Et tac et tic. Si je reste une demi-heure de plus assis sur cette chaise en plastique, je risque de fusionner avec. J'avais rendez-vous à neuf heures avec le médecin du sport pour la première visite de l'année, celle censée m'octroyer mon sésame pour le début officiel de la compétition. Sans elle, pas de match. Sauf qu'il est déjà neuf heures trente et la personne avant moi a été appelée quand je suis arrivé. Moi qui espérais qu'en étant convoqué tôt, il y aurait moins de retard, c'est raté ! Je ne serais jamais avant midi au centre. Les différents examens vont bien prendre trois quarts d'heure et, comme c'est ma première fois ici, l'interrogatoire risque d'être plus poussif.

Je n'arrive pas à me concentrer sur autre chose que sur l'aiguille qui tourne inlassablement sur le cadran. Chacune de ses rotations est une nouvelle minute de perdue à l'entraînement. Dire que je pourrais être en ce moment-même sur la glace, avec le reste de l'équipe, à taper des palets en direction de la cage de but, au lieu de poireauter dans cette salle d'attente. J'ai bien essayé de lire un des magazines posés sur la table basse, histoire de détourner mon attention sur autre chose que sur l'entretien qui m'attend mais je n'ai fait que le feuilleter rapidement avant de le reposer à sa place. Les exploits des footballeurs ou les interviews de champions de motocross ne me passionnent pas.

Je déteste les examens médicaux. Surtout quand ils me font perdre une bonne matinée de préparation alors qu'on a le premier match de présaison en fin de semaine. Je connais pourtant le deal : si je m'entends bien avec le médecin, il me soutiendra dans l'intensité que je souhaite mettre dans mes entraînements. Je ne veux pas qu'il aille raconter au staff que je ne suis pas à la hauteur ou qu'il faut me laisser un temps d'adaptation. Je veux être sur la glace dès vendredi, face à l'équipe adverse, prêt à tout donner pour défendre mes nouvelles couleurs. À Megève, le médecin me connaissait bien, on avait établi une relation de confiance lui et moi au fil des années mais c'est toujours la même chose, on me pose trop de questions et je ne sais jamais lesquelles sont pièges. Je veux juste qu'on m'autorise à patiner et, pour ça, il faut que je réussisse à passer le questionnaire de surmenage pour éviter la mise au banc à cause d'une suspicion de burnout. Je ne suis pourtant pas un fichu cadre en chemise cravate qui n'arrive pas à gérer ses heures derrière un ordinateur et qui a besoin qu'on lui prescrive des anxiolytiques.

Alors que je jette un nouveau coup d'œil à la pendule, la porte s'ouvre, me tirant de mes pensées et de la liste de bonnes réponses à débiter qui défile dans mon esprit :

¤ Non, je n'étouffe pas à Grenoble.

¤ Oui, je suis très content d'avoir intégré les BDL.

¤ Oui, je mange à ma faim.

¤ Non, je ne souffre pas d'insomnies.

¤ Oui, je cherche à m'intégrer dans l'équipe.

¤ Non, je ne me fais pas bizuter.

Je m'active, prêt à attraper mes affaires afin de suivre le médecin jusqu'à son bureau mais me fige quand je me rends compte que ce n'est pas lui. La déception et la frustration laissent place à la perplexité. La patineuse qui nous a surpris les gars et moi en train de jouer aux cons sur la piste vendredi soir se tient dans l'encadrement de la porte. Manquait plus que ça. Main sur la poignée, elle ne semble pas m'avoir remarqué, trop occupée à regarder son téléphone. Elle relève soudain la tête et semble prendre conscience qu'elle n'est pas seule.

— Bon...jour.

Son attitude change lorsqu'elle croise mon regard. Si son bonjour était de base poli, comme toute personne bien élevée qui entre dans une salle d'attente, il s'éteint dans sa gorge quand elle me reconnaît. La surprise se lit sur son visage mais, bien vite, elle reprend ses esprits. Je hoche la tête, ne sachant que répondre d'autre alors qu'elle prend place à l'autre bout de la pièce. Elle ne pouvait choisir chaise plus éloignée de la mienne et je ne vais pas me plaindre. La situation est déjà assez gênante.

Je tente de ne pas lui prêter attention mais je n'avais déjà pas de distraction avant qu'elle n'arrive, à part une fixation obsessionnelle sur une horloge des années cinquante, au moins. Je ne peux donc pas m'empêcher de suivre ses gestes. Elle pose son sac sur le siège d'à côté pour y chercher un baume à lèvre, couleur jaune citron. La même teinte que la doudoune qu'elle portait il y a trois jours. Je me demande un instant si ses lèvres ont le goût d'un bonbon acidulé alors qu'elle se l'applique avant de se concentrer à nouveau sur son écran de téléphone, écouteurs dans les oreilles, comme si elle regardait une vidéo.

J'ai l'impression que je devrais m'excuser. Pour vendredi. Avec du recul, j'aurais sans doute dû intervenir, mettre fin à la discussion, au lieu de laisser les gars gérer le problème alors qu'ils avaient un verre de trop dans le nez. Je n'ai jamais été doué avec les interruptions. Je chasse la sensation désagréable qui me prend au ventre en donnant une nouvelle chance aux magazines. Cette fois, je mise sur un hebdo spécialisé en sports d'hiver. Peu de chance que j'y trouve mon bonheur mais ce sera forcément plus intéressant que les reportages sur le Tour de France et si ça peut me permettre de détourner mes yeux de ses mèches caramel, qui réchauffent son visage, autant essayer. À peine je saisis le magazine qu'elle reprend la parole.

— Tu devrais aller directement aux pages du milieu, ça te permettra de perfectionner ton arabesque piqué.

Ou alors je ne vais pas m'excuser. Ce n'est pas non plus comme si j'avais commis un crime. Oui j'ai exagéré, caricaturé, parodié certaines de ses figures. Oui, je me suis inspiré librement de son programme parce que je ne savais quelle pirouette exécuter. Je n'y connais rien en patinage artistique et les gars attendaient, persuadé que je finirai par abandonner. C'était un pari stupide, certes, mais on était bourrés et on s'amusait. On n'a fait de mal à personne. Elle n'était même pas censée se trouver là. On pensait être seuls dans la section pro de la patinoire.

— Tu penses qu'un magazine peut m'apprendre à faire une figure ? C'est aussi simple que ça ? Je lis un article et je deviens expert ?

Je ne devrais sans doute pas rajouter de l'huile sur le feu mais je m'ennuie et elle n'a même pas pris la peine de relever la tête pour me faire la remarque. Elle soupire, semble arrêter sa vidéo, retire un écouteur avant de plonger son regard dans le mien. Un bleu polaire me transperce alors que j'ai enfin toute son attention.

— Non, ce n'est pas simple mais vu ton niveau, je crois que tout conseil est bon à prendre. Tu ne pourras de toute façon pas empirer les choses.

— Il me semblait pourtant que tu n'étais pas friande de démonstration.

Je m'enlise sans m'en rendre compte, juste parce que j'aime avoir le dernier mot ? Son ton n'est pas revanchard, pourtant. Il n'y a aucune intonation hostile dans sa voix, juste un léger ennui. Elle m'invite à poursuivre cette conversation, ne la clôturant pas comme elle aurait pu le faire, comme si elle aussi n'aimait pas perdre son temps dans cette salle d'attente.

— Et c'est toujours le cas. Tu ne l'as peut-être pas remarqué mais je suis une athlète de haut niveau et non une poupée créée pour agir à votre bon vouloir. Je sais que c'est difficile pour un hockeyeur de ne pas toujours avoir ce qu'il veut, tu n'as pas l'habitude, mais tu t'y feras.

Elle sourit en coin alors que je comprends que si je ne suis pas le plus grand fan de patinage artistique, elle n'en pense pas moins du hockey. Très bien, ça nous fait au moins un point commun. Le médecin passe la tête à travers l'ouverture de la porte alors que j'allais lui répondre et le sourire de l'athlète de haut niveau que j'ai en face de moi s'élargit en comprenant que ça coupe court à notre conversation.

— Mason Brun ?

— Oui !

Je me lève, et suis le médecin, mes affaires sous le bras. J'ai bien envie de rajouter quelque chose mais rien ne me vient en tête. Je sens son regard sur moi alors que je passe devant elle mais décide d'oublier cette brève entrevue pour me concentrer sur l'entretien qui va suivre. Tout comme le club, le cabinet est plus grand, plus moderne, plus hightech.

— Asseyez-vous, je vous en prie. Je vois qu'on m'a transmis votre dossier. Vous venez d'arriver chez les brûleurs, du coup ? Félicitations ! Vous étiez à Mégève avant c'est ça ?

Je prends place sur le siège en simili-cuir, bien plus confortable que la chaise de la salle d'attente et hoche la tête. Je vois bien qu'il use de tout son capital sympathie pour me mettre à l'aise mais je n'aime pas les cabinets, je n'aime pas parler de moi et j'aime encore moins qu'on m'ausculte alors que je ne me suis pas blessé. Tout est marqué dans le dossier qu'il tient entre les mains, j'espère juste qu'il a bien fait ses devoirs.

— Belle équipe, Megève !

Il doit comprendre que ses commentaires ne l'emmèneront pas loin vu qu'il ouvre mon dossier, prend un stylo et commence le jeu des questions réponses.

— Aujourd'hui, je vais te faire faire un test d'efforts, je vais aussi t'examiner, voir si la reprise n'a pas été trop dur et on va parler de ton arrivée chez les brûleurs.

On est passé du vouvoiement au tutoiement en quelques secondes, comme si c'était tacite. Je sais que c'est pour instaurer un climat de confiance alors je ne dis rien. Il faut que je lui montre que je suis avenant, fiable et robuste. Tout un programme !

— On va commencer par l'auscultation. Tu peux enlever tes vêtements, tu gardes tes sous-vêtements et tu passes sur la table d'examen.

Je ne traîne pas. Je ne suis pas pudique et bientôt mon tee-shirt est posé sur la chaise, dévoilant mon torse. Je m'allonge sur le siège, les bras derrière la tête alors qu'il commence à regarder mes articulations des genoux.

— Beaucoup de chocs la saison passée ?

— Autant de chocs qu'il peut y avoir dans des matchs de hockey.

Il sourit à ma vanne, il doit avoir l'habitude. Les hockeyeurs sont connus pour leur franc-parler et leur sarcasme.

— Ce que je voulais dire c'est s'il y a eu plus de chocs que d'habitude ?

— Rien d'alarmant.

— Ok, plie et déplie les jambes l'une après l'autre s'il te plaît.

Je m'exécute et on passe ainsi en revue toutes les parties de mon corps. Il s'attarde sur une ou deux cicatrices, des bleus récents dû à l'entraînement et me pose des questions sur la liste d'éventuelles fractures que j'aurais eu.

— Tu aimes le contact on dirait ! Et niveau nutritionnel, comment ça se passe ? Des allergies, un régime en particulier ?

— Pas d'allergies connues et sinon je suis la base 421 GPL pour l'alimentation.

— Des changements récents ?

Un intérêt soudain pour les agrumes ? Est-ce que ça compte comme changement dans mon alimentation ?

— Non. Les habitudes ont la vie dure. 

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