Poésie

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La première fois que j'ai fais une crise d'angoisse c'était au collège, en fin d'année de 4ième.
Je suis vraiment mauvais avec les dates et les souvenirs, vraiment. J'ai tendance à mélanger les événements, ou à ne me souvenir que du superflus... Mais ça devait être un jour mémorable, sans doute.

C'était une année un peu étrange, qui a eu son lot de bons et de mauvais souvenirs. Le plus impactant étant que je faisais partie d'un groupe d'amies très instable. J'en ai gardé quelques bons souvenirs, mais beaucoup de mauvais.

Vous savez qu'au collège, l'esprit humain est un peu comme la boîte de Pandore. Lorsqu'elle s'ouvre, elle libère toutes les tares et les maladies du monde.
Les adolescents sont méchants entre eux. Mais ils le sont parce qu'ils sont eux-mêmes tourmentés et instables, et reportent leur mal-être sur les autres.

En 4ième, j'avais 14 ans et j'en faisais partie aussi, et notre groupe d'amies aussi. Mais l'amitié était une tournante, et chaque semaine les liens changeaient. Un jour deux des filles s'adoraient et ignoraient les autres, l'autre jour elles se détestaient et ne parlaient plus à personne, puis elles se liaient d'une amitié plus forte avec une autre fille du groupe et ainsi de suite.

Dans mon cas, le problème n'est réellement survenu que lorsque le lien le plus fort que j'entretenais avec l'une des filles du groupe fut à son tour fragilisé. Je m'étais plus ou moins habitué à cette atmosphère toxique au fil des mois et j'avais toujours des amies, mais perdre un des piliers relationnels les plus importants que l'on a durant l'adolescence, c'est dur.

La veille, j'étais fatigué. Je stressais car il fallait apprendre un poème pour le cours de français du lendemain, mais mon esprit était incapable de se concentrer sur autre chose que les problèmes liés à mon groupe d'amies.
C'était un poème de Rimbaud, je crois. Je restais debout dans ma chambre, jusqu'à 4h du matin, pour répéter encore et encore les vers et les imprimer dans ma tête. Mais à chaque fois que je regardais l'écriture sur le papier, elle me rappelait que j'étais incapable de me rappeler d'elle. Elle empoisonnait mon esprit.

Alors je suis allé me coucher. Le lendemain après-midi, c'était le cours de français. Je ne me sentais pas particulièrement bizarre ou faible; en fait j'étais tellement fatigué que je me sentais presque serein d'assumer le fait de ne pas pouvoir réciter ce poème devant la classe.
J'étais assis au centre de la rangée du milieu, entre les deux filles du groupe qui étaient encore mes amies, tandis que les deux autres étaient plus loin. Je ne sais plus où exactement.

Mais plus l'heure passait, plus les élèves récitaient le poème, et plus la pression montait. Mais je ne stressais presque pas pour le fait de ne pas le connaître; je savais la prof gentille et sans doute compréhensive car j'étais habituellement sérieux.
Non, je stressais parce que je sentais que si je me levais, si j'allais devant la classe pour avouer que je n'étais pas capable, je m'exposais aux regard de ces deux filles. À ma place, j'étais entouré du rempart de l'amitié. Au tableau, j'étais en première ligne de regards qui me haïssait, et qui se moquerait, parlerait de moi. Est-ce qu'elles me détestaient ? Je ne sais pas. Sans doute, puisque nous étions des adolescents.

Le stress est devenu de l'angoisse. La chaleur, des sueurs froides. Quand l'élève avant moi est retourné s'asseoir sous les applaudissements des autres, mon corps tremblait. Quand la prof a appelé mon nom, des larmes ont coulé.

Les filles qui m'entouraient m'ont demandé si j'allais bien, et ont fait signe à la prof qu'il y avait un problème.
Je lui ai dis que je ne voulais pas passer, que je ne pouvais pas. Elle m'a répondu avec un regard gêné qu'il fallait que je me force, parce qu'il lui fallait une NOTE.
Alors je l'ai supplié, je lui ai répondu de me mettre un 0 si elle le souhaitait, mais que je ne pouvait pas répondre à ses exigences.
Elle a finalement demandé à un autre élève de passer, mais m'a dit d'aller la voir à la fin du cours.

Je ne me souviens pas qu'elle m'ait demandé si ça allait, ou pourquoi je me sentais comme ça, ou si j'avais besoin d'en parler. Mais je me souviens qu'elle me parla d'un devoir Non noté dans mon bulletin et que si j'étais incapable de passer à l'oral pour réciter un poème, ce serait problématique pour avoir mon BAC.

- " Tu devrais aller consulter. "

Dire ça à un adolescent qui vient d'expérimenter la première d'une longue série de crises dans sa vie, je trouve ça cruel et déplacé. Le futur révélera qu'elle avait sans doute raison, mais à quel prix ?
Je ne savais pas que c'était une crise d'angoisse; pour moi c'était juste beaucoup de stress, de fatigue et des raisons pitoyables liées à une amitié fragile. Alors je ne suis pas " allé  consulter " et je suis rentré chez moi. De toute façon, les cours étaient bientôt finis et avec, ce groupe d'amie toxique.

Quand je suis rentré chez moi, j'ai raconté l'épisode en pleurs à mes parents. Je me souviens que mon père était furieux qu'un enseignant ait suggéré à un enfant qu'il devait aller consulter un psy simplement parce qu'il n'avait pas réussi à réciter un poème devant une classe, une seule fois dans sa vie.

Alors l'été s'est déroulé sans accros. Pas de crise, aucun signe de stress. L'amitié revenait, les piliers se reconstituaient.

Mais leurs fondations s'étaient fragilisées.

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