Chapitre 10

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Drago.

J'avise l'heure, sans surprise, Harry est en retard.

Je dépose sur la table ronde les dossiers que j'ai récupérés aux Archives et me concentre sur les hypothèses que je voulais lui présenter. La petite planque n'est pas aussi glauque que je m'attendais, et la soirée pourrait ne pas être si terrible.

Weasley nous a demandé de creuser une piste lancée par Shacklebot.

Une dénonciation de voisinage sur une créature qui aspirerait de la magie de façon incontrôlable.

Un Moremplis. J'ai potassé le guide de Dragonneau, la créature est censée être introuvable à Londres. Pire, elle ne devrait même pas pouvoir survivre sous nos latitudes. Une belle piste foireuse d'après moi, mais sait-on jamais.

J'ai installé le matériel fourni par les Aurors, que Harry aurait dû amener avec lui s'il avait été à l'heure.

La lunette magique va enregistrer non seulement les images, mais aussi les ondes de chaleur et de magie qui émanent de la cabane où serait planquée la créature.

Aucune chance qu'un sorcier puisse planquer une créature de cette envergure au fond de son jardin, mais Weasley a tenu à ce qu'on passe une nuit en planque avec Harry pour prendre des mesures et écarter tout risque.

La chambre qu'il a dégotée dans l'immeuble attenant pourrait être qualifiée de coquette avec son lit double, sa petite cuisine et sa table ronde en bois, et j'espère sérieusement que Weasley n'a pas essayé de jouer d'une pierre deux coups avec nous deux.

Pas besoin de ses conseils en relations conjugales, merci bien !

Comme si ce que nous avons Harry et moi pouvait être qualifié de relation conjugale.

Je ricane tout seul, un peu amer.

Granger pense que je devrais le quitter juste histoire de lui mettre un coup de pression.

J'y ai songé. Mais, et si cette manoeuvre produisait l'effet inverse ?

Et s'il se sentait définitivement abandonné et que ça nous séparait pour de bon ?

Le risque est trop grand.

Sauf que si je ne dis rien, je laisse passer. Et bon sang, que ça fait mal !

Est-ce que je ne lui suffis pas ? Est-ce qu'on ne baise pas assez pour lui ?

J'ai conscience que je vieillis et que je ne serai plus jamais à la hauteur des jeunes gars qu'il lève.

Quand je me regarde dans le miroir, le reflet n'est pas tendre. Il me renvoie mon nez toujours trop pointu, mes sourcils sévères, mon menton imberbe, et ma peau trop pâle...

Harry peut avoir qui il veut, pourquoi il s'en priverait ?

Comment lutter face au jeune archiviste avec son ventre plat, ses muscles parfaits et l'arrogance de la jeunesse ?

Quand Harry entre dans la chambre, il est essoufflé, et bordel, malgré l'agacement qui court dans mes veines, je ne peux pas m'empêcher de le trouver canon dans son uniforme en cuir, les cheveux en bataille, les joues rougies.

— Désolé du retard !

Je mets de côté mes ruminations personnelles pour revêtir la posture plus professionnelle du consultant-potionniste que je suis.

— Pas de souci, il ne passe strictement rien pour le moment...

Je détache mon regard de sa prestance agaçante pour lui montrer la lunette de surveillance magique qui capte les ondes d'énergie du garage où le sorcier cacherait la créature d'après la dénonciation.

Il s'approche, y jette un oeil, mais comme je lui disais : il n'y a aucun signe, ni de magie, ni de mouvement.

Il retire son écharpe, suspend son manteau à la patère.

Je le sens fuyant. Et pour cause, on ne s'est pas vraiment reparlé depuis l'épisode de sa garçonnière.

J'enfouis les mains dans mes poches. Je sais ce que je veux lui dire, j'ai tourné mon discours dans ma tête, mais j'aimerais que lui fasse le premier pas.

Qu'il daigne au moins me donner des explications, qu'il se rende compte qu'il piétine mon coeur à chaque fois qu'il fait ça.

Sauf que son regard s'attarde sur tous les recoins de la chambre sauf sur moi. Il se penche sur les dossiers étalés sur la table, alors je mets notre vie privée entre parenthèses et me concentre sur le boulot.

— Les notes de Damian évoquaient un vol de magie via une possible usurpation de sortilège. Alors je suis passé aux Archives pour croiser les filtres. Je me suis concentré sur des sortilèges complexes pratiqués par des médicomages, et j'ai fait ressortir les témoignages et les suspects de l'époque...

Je sors un parchemin d'un des dossiers pour lui montrer la liste de noms que j'ai griffonnés.

— Ce sont les personnes qui auraient dû être interrogées à l'époque. Certaines sont décédées pendant la Guerre, d'autres ont déménagé, mais certaines sont toujours à Londres. J'ai recoupé leur domaine d'études, certains ont étudié de près ou de loin la médicomagie. La liste est assez courte au final, ça vaudrait le coup de s'y pencher. Peut-être juste pour écarter complètement ces pistes. Qu'est-ce que tu en dis ?

Harry tapote nerveusement un stylo moldu sur la table, les yeux dans le vide. Je me demande s'il a écouté un foutu mot de ce que j'ai dit, mais il finit par esquisser un sourire.

— J'en dis que tu devrais être Auror...

Il lève enfin les yeux vers moi, derrière son sourire affiché, j'y vois une inquiétude qu'il sait mieux cacher d'habitude.

— C'est à toi qu'on devrait remettre des médailles. Tu le mérites. C'est une bpnne idée de revenir aux bases. J'en parlerai à Ron, si on peut commencer les interrogatoires rapidement. On a quoi ce soir du coup, on perd notre temps ?

Je hausse les épaules.

Clairement, oui, c'est ce que je pense. Mais comme la piste a été lancée par Shacklebot via Weasley, autant la traiter.

— C'est juste histoire d'écarter la piste.

— Tu es bien sûr de toi.

— Je ne crois pas en la théorie d'un Moremplis, ça serait vraiment inquiétant.

— Parce que la créature ne vit pas sous nos latitudes ?

— D'après le manuel de Norbert Dragonneau, c'est une créature exotique extrêmement dangereuse. Les derniers spécimens sont étroitement surveillés, il n'y a aucune raison qu'on en trouve à Londres. Encore moins dans une cabane au fond d'un jardin. Mais, écoute, la surveillance de ce soir nous permettra d'exclure définitivement cette piste, et de nous concentrer sur les interrogatoires et sur la façon dont le sorcier s'y prend...

— Le sorcier ? Tu as déjà exclu la possibilité d'une créature incontrôlable ?

— Dans les notes de Damian, il évoque la possibilité d'un vol de magie. J'en ai parlé au Bureau des Créatures Magiques, ils m'ont précisé que le vol de magie était impossible par des créatures. Pas d'elles-mêmes en tout cas. Elles n'ont pas d'intention de nuire. Il est par contre tout à fait possible qu'un sorcier détourne leur capacité pour siphonner de la magie. Et ça, c'est plus probable. Enfin, d'après moi.

Il reste silencieux de longues secondes.

Je tapote la table en attendant qu'il me dise que j'aurais dû l'attendre avant d'échafauder mes théories. Mais il ne me fait aucune remarque, ce qui en soi n'est absolument pas normal.

— Tu penses que ça pourrait être un sortilège à base de magie noire ?

— La classification magie noire et magie discutable est assez fine, tout est une question de perspective. Ce n'est pas si binaire, tu le sais !

— Il fonctionnerait comment ce sortilège ?

— Il est tout à fait possible de faire don d'une petite dose de magie à quelqu'un qui en a besoin. Je sais que c'est une pratique utilisée dans le milieu médicomagique, mais qui est très encadrée. Il faudrait les explications plus poussées d'un médicomage... D'après ce que j'en sais, les dérives peuvent être trop importantes pour être pratiquées par n'importe qui.Mais si un médicomage détournait le sort à de mauvaises fins...

— ... il pourrait tout à fait aspirer de la magie d'un autre sorcier.

Je hoche la tête, rassuré qu'il ait suivi mon raisonnement sans le remettre en question.

— Tant qu'il n'en fait pas un usage public répréhensible, il ne serait pas inquiété. C'est difficile à classifier, surtout s'il n'y a pas de trace ou s'il pratique ces activités sous le radar des autorités...

— Sauf qu'ils visent des gamins, et qu'il aspire toute leur magie...

— J'ignore pourquoi il les a laissés comme des coquilles, ça n'a pas de sens. Peut-être un sorcier puissant qui maîtrise mal son sort ?

— Tu penses à un sorcier de sang pur, alors ?

— Un sorcier doué, je n'ai rien dit sur le sang du sorcier.

Harry esquisse une moue, mais n'essaie même pas d'argumenter. Il n'est décidément pas dans son assiette.

Il y a vingt ans, je lui serai rentré dedans, juste pour le faire réagir. Il faut croire que je me suis assagi avec le temps.

— Ce n'est pas suprémaciste de reconnaître que certaines magies sont plus puissantes que d'autres, j'espère que tu fais la différence depuis tout ce temps. Ta magie est plus puissante que la mienne par exemple, elle l'a toujours été.

— Ah oui ? C'est comme ça que tu la ressens ?

Je le détaille quelques instants, son regard troublé par le verre de ses lunettes, ses boucles mal domptées, sa sinistre cicatrice lui mange une partie du visage. C'est déroutant qu'une telle puissance puisse sembler si vulnérable parfois. J'ai envie de le prendre dans mes bras pour le protéger du reste du monde, mais aussi de lui-même.

— Ta magie est forte, sauvage et indomptable, Harry. Et quand tu lâches prise au pieu, elle me submerge complètement.

Une rougeur s'étale sur ses pommettes tandis qu'il reste les yeux rivés sur les parchemins étalés sur la table.

— En tout cas, ce sorcier est assez doué pour voler de la magie, et assez intelligent pour ne pas s'en vanter et passer inaperçu...

On est d'accord.

Ce qui le rend plutôt dangereux.

Reste à savoir pourquoi les attaques reprennent vingt ans après.

Pour avancer davantage, nous avons besoin d'interroger les témoins de l'époque, et les suspects qui résident encore à Londres. Avoir l'avis éclairé d'un médicomage aussi. On ne pourra clairement pas avancer plus pour la soirée, bloqués dans cette planque.

Je me lève, prend le temps de m'étirer, avant d'aller me penche vers la lunette magique pointée vers l'appentis où se cacherait le Moremplis. Toujours rien à signaler.

— Je voulais t'en parler avant que tu l'apprennes par Weasley. Je vais lui demander de rompre mon contrat avec les Aurors. Les coquilles, ça sera notre dernière enquête ensemble.

Mon cœur se serre quand Harry lève un regard paniqué vers moi, mais je sais que je prends la bonne décision.

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