Chapitre 11

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Harry.

- Je voulais t'en parler avant que tu l'apprennes par Weasley. Je vais lui demander de rompre mon contrat avec les Aurors.

Mon cœur se serre.

La suite, c'est qu'il me quitte, j'en suis certain.

J'essaie de ne pas m'effondrer devant lui.

- T'es pourtant excellent en déductions...

- J'ai eu un bon professeur.

Il quitte la lunette magique, mais j'ose pas le regarder en face, alors je reste les yeux rivés sur les parchemins qui s'étalent sur la table.

- Je croyais que t'aimais les missions sur le terrain...

- J'aime ça. Traverser le monde à tes côtés a été vraiment été une bouffée d'air cette année. Découvrir de nouveaux pays, de nouvelles cultures, participer à des enquêtes d'envergure... Mais, les cours me prennent de plus en plus de temps, les travaux avec le Ministère deviennent plus exigeants, sans compter les consultations juridiques avec Granger que je ne veux pas refuser... et je n'ai pas de retourneur de temps. Je dois faire des choix, Harry.

- Dis-le si tu me supportes plus.

Je me mords l'intérieur de la joue, je ne suis pas certain de vouloir entendre sa réponse.

Il quitte la fenêtre d'observation, fait quelques pas vers notre table d'études.

- Tu as toujours été insupportable...

Son sourire sarcastique empêche mon angoisse de s'emballer.

Puis, il s'assoit en face de moi.

- Et ça ne m'a pas empêché de succomber à tes charmes...

Pourquoi est-ce qu'il fait autant durer le supplice ?

Qu'il m'achève rapidement qu'on en finisse !

- Si c'est moi le problème, tu peux changer de binôme.

- Tu es le meilleur Auror de ta génération. Je ne vais pas me coltiner n'importe qui !

Il croise les mains sur la table, les fixe un moment qui me semble interminable.

- Je t'en veux, Harry. Beaucoup. Je ne comprends pas ce que je fais de travers, ou pas assez pour toi...

- Ce n'est...

- Laisse-moi finir, il me coupe. S'il te plaît.

Il prend quelques secondes de silence qui s'étendent à l'infini.

- Parfois, ça fait vraiment mal d'être avec toi...

Je me mords la langue, je sais ce qu'il me reste à faire, mais il enchaîne.

- ... mais je ne veux pas que ça se termine comme ça. Je veux que ça marche entre nous, Harry. Et si nos embrouilles de couple débordent au boulot, je préfère qu'on lève le pied et qu'on compartimente davantage. Et puis, si t'as besoin de voir d'autres mecs que tu pioches sur le terrain, je ne veux pas le savoir...

- Quand je disais que ça ne signifie rien, je le pensais. Pour moi, flirter, c'est juste... un jeu, mais il n'y a rien, pas de sentiments. C'est toi le plus important, ça a toujours été toi.

Une boule désagréable gonfle dans ma gorge.

Je suis prêt à arrêter de jouer avec des inconnus, rentrer dans le rang et mettre Drago en numéro un de mes priorités.

Meme si je ne suis pas certain que ça suffise à le garder encore un peu.

Je pose mes paumes contre mes paupières fermées. Ma dernière insomnie n'aide pas. Les restes de la migraine s'accrochent au fond de mon crâne.

- Je ne veux pas te perdre Drago, mais j'ai réfléchi et je crois que...

- Arrête, je ne veux rien entendre.

Je lève les yeux vers lui. Son regard est sévère, ses lèvres pincées.

- Comment ça ? Toi, qui prônes la discussion, et le partage des sentiments à tout va...

Il secoue lentement la tête et renifle.

- Je connais ton refrain par cœur et je ne veux pas l'entendre. Pas ce soir.

- Tu ne sais pas ce que je vais dire...

Il soupire et se renfonce dans sa chaise en croisant les bras.

- Tu vas dire qu'on n'est pas faits pour être ensemble. Que ça ne marche pas. Qu'on se fait plus de mal que de bien.

Il me connaît décidément trop bien.

Et pourtant, j'en suis convaincu, même si je tiens à lui plus que tout, il serait mieux sans moi.

- Ne prends pas de décisions foireuses sur un coup d'angoisse, Harry. S'il te plait.

Je me lève pour aller vérifier la lunette magique, juste histoire de me soustraire au regard de Drago.

Je me frotte la tempe, remets mes lunettes en place.

- Tu ne peux pas sauver le Sauveur, Drago...

- Qu'est-ce que ça veut dire, au juste ?

- C'est pas ce que tu veux au fond de toi ? Me réparer. T'y arriveras pas. Si t'es avec moi juste pour réparer ce que la Guerre m'a fait, pars. Retourne avec Patel. Ne reste pas avec moi.

Il tend le bras pour attraper ma manche, attire la chaise à côté de la sienne et me force à m'asseoir juste en face de lui. Ses yeux clairs fichés au fond des miens luisent d'une détermination qui me dépasse.

- Je ne veux pas te réparer, Harry. Mais je sais ce que tu as vécu. Mieux que personne. Je te connais par coeur, je sais ce que tu as traversé. Tu es l'homme le plus résilient que je connaisse. Je sais le poids que tu avais - et que tu as toujours - sur tes épaules. Tu es celui qui a fait passer le bien de tous avant le sien. Et je t'admire, je t'ai toujours admiré pour ce que tu as fait - ce que tu asfaire. Je sais combien ça a été difficile. Je le sais et je t'aime pour cette force brute qui est en toi. Je sais aussi qu'aujourd'hui encore tu luttes, que rien n'est facile, mais je veux être là. Pour prendre soin de toi.

Les yeux me piquent, mais je ne veux pas craquer devant lui. Le foutu Héros du Monde Sorcier ne devrait pas fondre en larmes pour un rien.

- Je n'ai pourtant rien de spécial, Drago...

Il prend ma main dans la sienne, me la presse doucement.

- Bien sûr que tu es spécial ! Tu crois que je serais tombé amoureux d'un gars insignifiant ? Que j'aurai passé mon adolescence à fantasmer des scénarios à la con, à essayer de me racheter toutes ces années pour obtenir ton pardon, puis m'embarquer dans des enquêtes foireuses à l'autre bout du monde, si tu étais un gars insignifiant ? Tu es le Sauveur, Harry !

Je bats des paupières pour faire refluer les larmes que je sens monter.

- M'appelle pas comme ça, pas toi.

Il avance son front pour le poser contre le mien.

- Si je suis prêt à supporter tes humeurs massacrantes et à déployer des trésors de patience, c'est parce que justement tu es spécial, Harry. Tu es spécial pour moi, tu l'as toujours été. Et je ne veux pas baisser les bras. Pas maintenant. Pas après toutes ces années à fantasmer ce que j'ai aujourd'hui !

Les larmes traîtresses coulent le long de mes joues, et je les efface d'un revers de manche.

- Parfois, tu dis vraiment n'importe quoi, Drago ! C'est toi qui as traversé le pire. C'est toi qui as vaincu tes démons. C'est toi qui excelles dans ton métier de potionniste tout étant un père bienveillant et dévoué. C'est toi qui restes dramatiquement élégant au fil des années. C'est toi que j'aime avoir comme binôme sur le terrain parce que tu es doué et réfléchi. C'est toi qui me fais tomber un peu plus amoureux à chaque affaire qu'on mène ensemble. C'est toi le plus fort de nous deux. C'est toi qui me maintiens en équilibre et qui me fais tenir face au reste du monde...

Quand il s'écarte un peu, ses yeux sont brillants.

Il porte à ses lèvres mon poignet pour y déposer un baiser, mais je l'arrête.

- Mais c'est moi qui arrive à foirer la plus belle chose qui me soit arrivée. T'es pas déçu, d'être avec moi ?

Il tend la main pour effacer les traces de larmes sur ma joue.

- Absolument pas. Tu peux être insupportable, imprévisible et terriblement agaçant, mais je t'aime avec tes défauts, tout entier. Je dirai même que je suis tombé amoureux de toi parce que tu es loin d'être parfait, Potter !

Une question continue pourtant de me tordre le ventre.

- Est-ce que je te rends heureux, Drago ?

- Je peux te répéter encore et encore combien je t'aime, s'il le faut.

Je secoue la tête.

- Aimer et être heureux, c'est différent. On croit être heureux, mais peut-être qu'on aime pour de mauvaises raisons, ou qu'on aime une personne toxique...

Il se redresse imperceptiblement.

- Je ne te suis pas, si on parle encore de Damian...

- Je parle de nous. Est-ce que je te fais du bien ?

Il se lève, s'étire en soupirant.

Il va jeter un oeil à la lunette magique, puis me contourne, vient dans mon dos, passe une main dans mes cheveux dans un geste terriblement agréable.

Je laisse tomber ma tête tout contre lui.

Les pulsations de la migraine se calment légèrement, alors je profite de la sensation avant de reprendre.

- C'est une vraie question, Drago. Est-ce que tu ne mérites pas quelqu'un qui te rende heureux ? Quelqu'un qui ne se pose pas mille questions, qui ne doute pas sans cesse et qui ne foire pas tout à la moindre angoisse ?

Il arrête son massage crânien, se penche pour déposer un baiser sur mon front puis me contourne pour venir s'agenouiller devant moi.

- Quoi que je dise, tu ne m'écouteras pas, Tête-de-Noeud...

Il passe une main contre ma joue, bouffée par ma barbe mal taillée.

- Ces angoisses que tu rumines, ce n'est pas la réalité, Harry. Ces pensées noires qui tourbillonnent, elles ne sont que dans ta tête. Écoute-moi, et crois-moi. Je suis avec toi parce que j'en ai envie et je ne me barrerai pas.

Je fais courir ma main sur sa joue, remonte du bout des doigts la ligne de sa mâchoire, sa peau est si douce.

Je m'accroche à sa nuque et l'attire pour poser mon front contre le sien.

Il respire doucement, les yeux fermés.

- On savait que ça ne serait pas facile, Harry. On a des hauts et des bas, comme dans tous les couples. Sauf que nous, on se coltine nos traumas, ce qu'on a vécu quand on était des gamins. Mais je suis là malgré tes humeurs massacrantes, malgré ta réputation, malgré tes silences butés...

Il fait une pause.

- Malgré les mecs que tu ramènes dans ta garçonnière.

- Je suis désolé, Drago. J'ai déconné, mais...

- Je m'en fiche de ce mec, Harry ! Je veux juste que tu me parles ! Je me fiche que tu vois des mecs pour t'amuser, même si ça me fait mal à en crever. Mais jeveux que tu me dises que c'est moi qui compte. Rien que moi. Parce que j'ai envie de rester. Donne-moi une bonne raison de rester. S'il-te-plaît. Parce que j'aime me réveiller à tes côtés, partager de nouvelles choses avec toi, me tenir dans ton ombre quand tu affrontes le reste du monde.

C'est lui, et ça a toujours été lui, évidemment.

J'ai envie de me blottir contre lui, parce qu'il sait diablement chasser les angoisses, mais je sais que je ne le mérite pas.

- Et puis, qu'est-ce que tu en sais, il continue, peut-être que c'est toi qui me sauves un peu chaque jour, depuis tout ce temps. Et l'idée de m'accrocher malgré tout, de surmonter les épreuves ensemble, et de vieillir à tes côtés, ça me rend heureux, Harry.

- T'es vraiment maso, Malefoy ! J'ai l'impression qu'on est des vieillards quand tu dis ça...

Il s'écarte un peu, pour qu'on puisse se regarder dans les yeux. Son regard clair est déterminé.

- Ces angoisses, elles seront toujours là tant que tu ne les traites pas, Harry. Et si j'ai besoin de te rappeler combien je t'aime et combien j'aime être avec toi, je le répéterai. Le temps qu'il faudra.

J'inspire et j'expire, prends le temps d'intégrer cette putain de déclaration d'amour qu'il est en train de me faire malgré mes conneries.

- On dirait un psy quand tu parles comme ça...

- Mais je ne le suis pas. Je ne peux pas endosser ce rôle. Je n'ai pas les ressources pour t'accompagner sur tes traumas... Et je ne peux pas t'aider à les gérer si tu ne veux pas les affronter et que tu te contentes que de les mettre sous le tapis, ou de fuir dans ta garçonnière...

- Les psys assermentés du Ministère sont à chier !

Il hausse les épaules.

- Alors, change ! Je n'ai pas trouvé la mienne du premier coup. Mais une fois que tu as instauré un lien de confiance, ça aide vraiment...

- Tu la vois toujours ta psy ? je demande, curieux.

- Moins souvent ces dernières années. Mais de temps en temps, quand j'ai besoin de parler de certaines choses...

L'idée de voir quelqu'un pour lui parler m'horripile. La thérapie qui a suivi la fin de la Guerre a été un fiasco. Impossible que quelqu'un comprenne ce qu'il s'était passé avec Voldemort, Dumbledore, les Horcruxes et la responsabilité immense qu'on m'avait foutue sur les épaules. Mais si ça peut sauver notre relation, je suis prêt à réessayer.

- Peut-être qu'avec une thérapeute comme la tienne, ça marcherait. Tu me donnerais son contact ?

- Ce n'est pas une bonne idée de voir la même psy...

- Tu lui parles de moi ?

Drago esquisse un sourire.

- Parfois, oui.

- Tu lui racontes à quel point je suis casse-couilles ?

Il rit doucement.

- Entre autres choses...

Puis, il redevient sérieux.

- Il faut que tu trouves un professionnel de confiance qui te corresponde.

- Il va vouloir me garder des plombes. Je suis un cas désespéré, tu l'as bien vu !

- Tu verras bien, mais ça te ferait du bien de parler.

- Tu crois que ça débloquerait des choses ?

Je tends la main pour caresser son menton imberbe du bout des doigts.

- Comme pourquoi je foire la plus belle chose qui m'arrive. Et pourquoi j'ai peur de te dire que je t'aime...

Il sourit sous la déclaration détournée.

- Peut-être parce que tu as perdu beaucoup trop de gens que tu aimais. Peut-être que tu as peur de me perdre et que tu préfères saboter ce que l'on a pour maîtriser les choses... Je n'en sais rien, Harry, je ne suis pas psy.

Il ne l'est pas, mais il réussit en deux phrases anodines à cerner l'essentiel de mes angoisses.

Il se penche pour m'embrasser tendrement, puis râle en se relevant complètement.

- Bon sang, je me fais vieux, j'ai les genoux en compote !

Je me lève à mon tour et le retiens.

Je le prends dans mes bras et enfouis ma tête au creux de son épaule. Pardon, pardon, pardon, je lui répète.

Il est mon ancre, mon repère, celui qui m'empêche de sombrer, et s'il faut s'accrocher à ses mots et sa confiance en nous, je le ferai.

Quand je mets fin à l'étreinte, je le tire vers le lit qui prend le reste de la pièce, le pousse sur le couvre-lit et me hisse sur lui à califourchon. J'ai terriblement envie de conclure cette conversation sur l'oreiller. Sauf que Drago m'arrête.

- On est mission, je te rappelle. Sans compter que je suis claqué et qu'on doit se lever tôt demain...

Je jette un œil à l'heure pour constater qu'il est terriblement tard.

- Même rapidement ?

- Quel romantique !

Il me repousse un peu et je m'affale à ses côtés dans le lit, un bras sous ma tête. Je faufile une main sous sa chemise et la pose sur son ventre.

- J'ai envie de toi, Drago.

Il tourne la tête vers moi, esquisse un sourire malfoyen.

- Tu as toujours envie de moi...

- Pas toi ?

- Je peux me contenter d'une soirée sans sexe de temps en temps. Et ça ne veut pas dire que je ne t'aime pas, loin de là. J'aime ce qu'on fait au pieu, vraiment. C'est juste que je veux davantage. J'ai envie de m'endormir à tes côtés, de réveils câlins, de dimanche ensemble... De moments simples à partager.

Le tableau est tentant. Terriblement accessible que c'en ait vertigineux.

- Tu penses que je comble quelque chose avec le sexe ?

Drago tourne la tête vers moi, les yeux fatigués, un sourire en coin.

- Tu en parleras avec ta psy, Harry...

Je réduis l'écart entre nous, il m'enlace et vient planter un baiser sur ma tempe.

Je pose ma tête sur sa poitrine qui se soulève calmement.

Tout contre lui, les angoisses se retirent, la migraine tend à disparaitre.

Je ne suis qu'un idiot qui ne mérite ni son pardon, ni sa patience.

Au diable, la créature à surveiller, je ne troquerai ce moment pour rien au monde.

***

Merci pour votre fidélité. N'hésitez pas à me dire si l'histoire vous plaît jusque-là !

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