Chapitre 12

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Drago.

Pour une fois, Harry est à l'heure.

Il se tient droit et fier dans son uniforme d'Auror devant la porte de mon bureau.

D'un signe de tête, il salue Demelza qui passait me donner quelques notes.

— Salut, toi, il me sourit quand nous sommes enfin seuls. Ron m'a donné l'autorisation et des mandats pour aller interroger les anciens suspects à leur domicile. Comme tu l'avais anticipé, j'ai écarté ceux qui ne sont plus dans le pays. On peut se limiter à ceux toujours à Londres, où se déroulent les attaques. Ça nous fait une liste de six suspects. Je peux aller mener les interrogatoires seul dans la semaine, mais on avait un créneau de travail aujourd'hui, alors si tu veux m'accompagner... Enfin, si tu as du temps. Et si ça te dit, évidemment. Je veux pas te forcer. Mais si c'est notre dernière enquête ensemble, je me suis dit que tu serais peut-être intéressé d'obtenir des réponses...

Je le laisse se débattre avec ses justifications comme un officier maladroit.

Qu'il prenne des pincettes autant qu'il peut, ça le rend touchant quand il essaie de me ménager.

Je ne devrais pas m'y habituer, mais j'aime quand il est à l'écoute et qu'il prend en considération mes ressentis.

— Je t'accompagne toute la journée, je lui réponds. Je peux passer la main à Ugo pour les leçons du jour.

Il esquisse un sourire satisfait, bien qu'un peu hésitant.

J'ai douloureusement envie de tendre la main pour le rassurer, mais je ne veux pas lui rendre la tâche facile.

Il soupire, jette un œil aux classes, puis me détaille.

— Tu es prêt ?

J'attrape ma cape et lui fais signe d'ouvrir le chemin vers la sortie de Sainte Mangouste tandis que j'ajuste ma ceinture de fioles.

Après avoir quitté l'étage des Potionnistes, pris l'ascenseur toujours bondé à cette heure-ci et traversé le hall animé de Sainte-Mangouste, il prend une grande inspiration à l'extérieur du bâtiment avant de ralentir le pas pour revenir à mon niveau.

— Tu veux qu'on s'arrête pour prendre un thé avant de commencer ?

Je lève un sourcil narquois.

— Ne dis rien et accepte juste ce foutu thé que j'ai envie de t'offrir !

À l'échoppe sorcière du coin de la rue, il commande un café serré et un thé à la bergamote, sans même me demander si c'est ce que je veux. Comme c'est ce que j'ai l'habitude de prendre, je l'accepte, touché de l'attention.

Puis, il avise un banc dans le square attenant et me propose qu'on s'y pose.

Le parc est calme en ce début de journée, les rayons du soleil ont encore du mal à percer les branches fournies des arbres. Quelques joggeurs courent le long des sentiers, des hommes d'affaires pressés traversent le parc pour atteindre la sortie de l'autre côté. Peu de gens s'attardent sur les bancs en cette matinée fraîche d'automne. La boisson me réchauffe, Harry resserre ses mains enveloppées de mitaines autour de son gobelet.

Quand il sort un parchemin d'une poche de sa cape, il se penche vers moi pour que je puisse le lire, et son genou frôle ma cuisse.

Il m'a tellement peu habitué aux gestes intimes en public ces derniers mois que son genou contre le mien me semble impudique.

Mais il est étonnement calme, ne jette aucun regard autour de nous. Il semble à l'aise avec l'idée que l'on est tous les deux assis sur un banc, bien visibles aux yeux du reste du monde.

Plutôt que de relever ce changement d'attitude, je me contente d'en profiter. C'est réellement agréable de collaborer avec lui quand sa paranoïa et sa nervosité restent au placard.

Je me concentre sur le parchemin qu'il a déroulé. Il a repris les noms que j'avais griffonnés, une courte liste de noms accompagnés d'adresses. Il les a ordonnés selon leur zone géographique.

— Je pensais commencer par celle-ci, juste à côté à Kensington. Puis ceux-là à Shoreditch, et si on le temps, ceux-là à Brixton.

— Ça va être chargé comme journée !

— On fait ce qu'on peut ensemble aujourd'hui, et je continuerai demain en solo ceux qu'on n'aura pas eu le temps d'interroger.

Tandis que je termine mon gobelet de thé chaud, il se lève et prend le temps de m'observer. Je crois un instant qu'il va tendre la main pour m'aider à me relever, mais il se contente d'un sourire crispé.

— On y va ?

*

La vieille bicoque d'Araminta Flynd sent le renfermé.

Le couloir que l'on remonte est si obscur que je marche sur les talons - littéralement - de Harry qui avance devant moi avec prudence. Une vieille elfe nous ouvre la voie jusqu'à un salon d'apparat qui semble avoir été figé dans le temps.

Dans l'un des fauteuils, une vieille dame, tout aussi ridée que son elfe de maison nous reçoit.

Elle a le port de tête distinguée d'une vieille aristocrate, un col en dentelles qui lui remonte sous le menton et se tient le dos droit, accrochée à sa canne sculptée dans du bois noir.

D'un geste, elle nous invite à nous asseoir sur le canapé, duquel quand nous nous asseyons se soulève une fine couche de poussière. Une quinte de toux me prend à la gorge, aussi je sors un mouchoir pour me protéger le nez. La vieille elfe revient avec un plateau de biscuits qui me semblent tout aussi secs et poussiéreux que le reste du salon. Elle nous sert des tasses de thé que Harry accepte poliment, mais qu'il laisse prudemment de côté avant d'exposer la raison de notre venue.

— Araminta Flynd, nous enquêtons sur une affaire où des sorciers ont été vidés de leur magie. Avez-vous déjà eu vent de ce genre de sorts ?

La vieille dame contente de nous observer de longues secondes, avant que la vielle elfe ne se racle la gorge.

— Si ces messieurs veulent bien hausser un peu leur voix pour que Madame puisse les entendre...

Alors, Harry reprend sa question un peu plus fort.

Araminta Flynd lève des sourcils condescendants.

— J'en ai vu des choses terribles pendant ma longue vie. Que voulez-vous que je vous dise exactement ? Ça ne me dit rien, mais vous vous fieriez à votre mémoire à 120 ans, messieurs ?

Harry remue un peu sur les coussins.

Il a l'habitude d'interroger des suspects, mais le plus souvent ce sont des malfrats ou des types peu recommandables.

La dame qui nous toise, même malentendante et recluse dans un salon poussiéreux, reste sévère et impressionnante.

— Je lis que vous avez étudié la médicomagie. Vous connaissez donc des sorts de soins magiques... ajoute Harry en criant un peu.

Elle acquiesce.

— J'ai été infirmière, avant d'être secrétaire puis trésorière.

Puis, le silence s'étire. Elle détaille Harry comme si elle ne le voyait que flou jusque-là.

— J'ai été médicomage réserviste dans l'Ordre du Phénix, vous le saviez ?

Harry se raidit un peu sur la méridienne, tandis que la vieille dame poursuit.

— J'ai connu vos parents, et tous ces jeunes gens qui pensaient être de nobles résistants...

— Vous ne l'étiez pas vous, résistante ?

Elle hausse des épaules frêles, se perd quelques instants au-delà de la fenêtre avant que son attention ne revienne vers nous.

— J'ai seulement rejoint l'Ordre par amour, rien d'autre. Et pour quoi au final ? Est-ce que toutes ces morts ont seulement été utiles...

Ce n'est pas une question, plutôt des ruminations qu'elle évoque pour elle-même. Pourtant, Harry ne peut s'empêcher de lui répondre.

— Ils ont fait ce qu'ils pensaient être juste.

Elle lui jette un œil las comme si elle avait oublié que nous étions dans son salon.

— À quoi bon ? Vous-Savez-Qui est revenu quinze ans plus tard, et encore plus fort...

— Et nous l'avons vaincu ! s'emporte Harry.

J'essaie d'intercepter son regard pour l'inciter à retrouver son sang froid, mais la vieille dame continue sur sa lancée.

— Et à quel prix ? Combien d'autres vies sacrifiées ?

Harry a serré les poings sur ses genoux, prêt à répliquer et à défendre sa cause, mais je colle ma cuisse contre la sienne dans la méridienne étroite, avant de reprendre le contrôle de la conversation.

— Mrs Flynd, sauriez-vous lancer des sorts de transfert de magie ?

Elle se tourne doucement et fiche ses yeux clairs sur moi de longues secondes.

J'ai soudain la désagréable sensation d'être scruté par ma mère, quand elle avait encore toute sa tête et qu'elle désapprouvait dans un silence éloquent mes choix de vie.

— Ce sont des sorts de haute magie et encadrés par les Autorités Médicales. Croyez-vous, jeune homme, que j'amuse à mon âge à sortir pour lancer des sorts complexes à tout va ? Allons, bon !

Elle se lève avec difficulté, s'appuie péniblement sur sa canne sculptée dans du bois d'ébène et fait un signe à son elfe.

— Si ces messieurs n'ont pas d'autres questions, je vais retourner me reposer dans la véranda...

Les muscles de la mâchoire de Harry se serrent et se desserrent, mais il n'a pas d'autre choix que de la remercier avant que l'elfe ne nous fasse retraverser le couloir plongé dans le noir jusqu'à la porte.

Dans la rue, Harry sort le parchemin et raye le premier nom.

— Quelle vieille pie ! Pas très conciliante, mais je ne vois pas comment elle pourrait être la coupable à son âge...

— Garde-la comme suspecte. Tu as croisé McGonagall récemment ? Elle aussi a dépassé la centaine, mais elle est en pleine forme !

Harry acquiesce en riant.

— Minerva nous enterrera tous !

*

Après un transplanage, nous nous retrouvons dans une ruelle de Shoreditch, à l'est de Londres.

Les maisons en brique rouge s'alignent, simples et modestes dans cet ancien quartier industriel.

Harry nous mène jusqu'à l'allée sorcière qui se révèle derrière un grand panneau publicitaire.

De l'autre côté, rien ne différencie au premier coup d'oeil qu'il s'agit d'un quartier sorcier. Les maisons sont toutes aussi modestes, quelques hiboux sur les grilles pourraient attirer l'attention des moldus. Sur quelques maisons, des girouettes magiques s'agitent toutes seules, mais rien de tape-à-l'œil.

— Duff Somhairle, me briefe Harry sur le pas de la porte.

Quand celle-ci s'ouvre, une jeune femme essaie de calmer le bébé qu'elle a dans les bras. Le gamin pleure, s'agite en des cris stridents et la mère s'excuse en battant en retraite pour aller le déposer dans son parc. Quand elle revient, elle s'excuse de nouveau et réarrange ses vêtements de travers.

— Est-ce que nous pouvons voir Duff Somhairle ? demande Harry.

Elle lève un sourcil inquiet.

— Est-ce que Duff a des soucis ?

— Nous avons juste quelques questions. Peut-on entrer ?

Elle nous invite dans la salle à manger, qui semble être la seule pièce de vie de la maison. Dans son parc, le bébé tape bruyamment sur des jouets qui lévitent dans les airs. Dans la chambre attenante, au moins deux garçons hurlent entre rires et colère. La mère nous rejoint avec des verres d'eau qu'elle dépose sur la table ronde. À sa suite, un homme trapu et renfrogné vient à notre rencontre.

— M. Somhairle ?

Il nous toise avec méfiance et hoche la tête.

Alors que nous nous asseyons tous les quatre à table et que Harry s'apprête à poser ses questions, un des gamins que l'on entendait brailler à côté surgit dans la pièce et se met à courir autour de la table. Son frère sur les talons, rit à gorge déployée en enchantant un ballon en forme de dragon qui crache des flammèches magiques.

— Les enfants !

La mère essaie de les calmer, en vain. Soudain, Duff Somhairle hausse la voix.

— Dans votre chambre ! De suite !

Les gamins stoppent immédiatement leur manège. Ils obéissent, filent dans leur chambre et le silence se fait. Puis, à peine quelques secondes plus tard, le nourrisson se met de nouveau à pleurer et ses hochets se mettent à s'agiter tous seuls autour de lui.

Avant qu'il ne se lève, sa femme le devance pour prendre l'enfant dans ses bras, et s'excuse encore une fois d'une grimace avant de battre en retraite dans la chambre des gamins.

Quand le salon est de nouveau calme, l'homme nous dévisage, la mine patibulaire, et Harry pose enfin ses questions.

— Des sorciers attaqués et vidés de leur magie, est-ce que ça vous dit quelque chose ?

Le type est un peu nerveux sur sa chaise.

— Aucune idée de ce que vous parlez, mais je n'ai rien fait, rien vu, ce n'est pas moi ! J'ai promis à la juge de me tenir à carreau et c'est vrai ! J'ai rien fait !

— Votre dossier dit que vous avez étudié la médicomagie...

Il nous regarde un moment avant de comprendre.

— Quand j'étais jeune, oui. Il y a peut-être vingt ans. Deux mois à l'Académie, et puis j'ai abandonné. J'étais pas encore avec Maryse à l'époque, j'avais de mauvaises fréquentations. Pire qu'aujourd'hui, je veux dire. Mais je suis pas un mauvais type, vous savez. C'est juste que je suis souvent mal entouré. Maryse dit toujours que je me retrouve dans des embrouilles parce que je sais pas dire non. Mais j'ai promis à la juge, je vous le jure, je me tiens à carreau !

— Et ces études de médicomagie ?

Il hausse les épaules, défaitiste.

— J'étais pas très assidu à l'Académie. Si j'avais pas abandonné les cours, ils m'auraient sûrement viré... Après ça, non, j'ai fait des petits boulots, mais plus rien dans le milieu médicomagique...

Harry fait mine de relire le dossier assez succinct de Duff Somhairle, mais avant qu'il ait pu prendre congé, un des gamins dans la pièce d'à côté se met à hurler, bientôt rejoint par les remontrances de sa mère.

Nous quittons alors leur domicile sans trop tarder et Harry griffonne quelques notes sur son carnet.

— Tu veux aller manger quelque chose avant le prochain suspect ?

— Qu'est-ce qui t'arrive, Potter ? Tu ne préfères pas enchaîner pour boucler les interrogatoires ?

— Je veux te ménager, si c'est une des dernières fois qu'on se voit...

Je lève les yeux au ciel, mais lui réponds d'un sourire pour le rassurer.

— Tu n'as rien écouté de ce que je t'ai dit, Tête de Noeud ! On continuera de se voir, évidemment. C'est juste les missions sur le terrain que j'arrête. Pas nous, tu m'entends ?

Il hoche la tête, mais je vois bien qu'il ne me croit pas.

— On enchaîne le prochain suspect, et ensuite on se prend de quoi manger ?

Harry acquiesce et nous fait transplaner dans une autre allée.

*

L'après-midi file, les interrogatoires s'enchaînent et ne se ressemblent pas.

La fatigue commence à se faire sentir, mais il ne reste finalement plus qu'un suspect à interroger, alors nous transplanons de nouveau pour finir cette journée qui n'en finit pas.

La maison de Cillian O'Brien est calme et modeste.

Il nous guide jusqu'au séjour où nous nous installons sur un canapé moelleux.

Un garçon de six ou sept ans peut-être, nous observe maladroitement caché derrière la porte à l'autre bout de la pièce.

Tandis que l'homme fait léviter un plateau enchanté pour approcher des verres et une carafe d'eau, il s'excuse pour son fils.

— Désolé, il est passionné par les uniformes. Vous devez lui faire forte impression avec votre tenue d'Auror !

Le garçon, un pouce fourré dans la bouche, dévisage Harry depuis le pas de la porte.

— Tu nous laisses discuter entre adultes et tu montes dans ta chambre, Fergus ?

Harry sort son calepin moldu et commence son interrogatoire.

— Votre dossier dit que vous travaillez dans des serres de botanique...

— Si c'est à cause des jeunes qui squattent la vieille serre, je fais de mon mieux, mais ils sont incorrigibles ces gosses !

— Des soucis à votre travail ? Vous êtes gardien...

— ... des anciennes serres. Le Département de Botanique m'a engagé pour surveiller leurs locaux et l'ensemble des serres. Elles sont inoccupées depuis quelques années. Un projet de reprise est en cours, mais ça traîne. Et en attendant, des jeunes moldus viennent y squatter après les cours. Certains ont abîmé certaines verrières, je m'occupe de les retaper... Est-ce que j'ai des ennuis ?

Il jette un oeil à son fils, toujours planqué timidement derrière la porte.

— Tu montes dans ta chambre, Fergus ?

Comme le petit ne bouge pas, Harry hésite à continuer l'interrogatoire.

— Votre dossier dit aussi que vous avez étudié la médicomagie et ensuite la zoobiologie. Vous y connaissez quelque chose en transfert de magie, M. O'Brien ?

Le jeune Fergus nous observe avec de grands yeux noirs fascinés, tandis que son père remue nerveusement sur son siège.

— En transfert de magie ? Si je maîtrisais ce genre de sorts, je ne serais pas un simple gardien, vous ne croyez pas ?

— Est-ce que vous avez étudié la médicomagie pendant vos études, il y a vingt ans ?

— Un peu. C'est le tronc commun avec les Potionnistes et la Zoobiologie. J'ai plutôt étudié la Zoobiologie, et puis j'ai dû arrêter en cours de route pour commencer à travailler...

Alors qu'il jette de nouveau un œil à son fils qui ne rate pas une seconde des échanges, je prends l'initiative d'accompagner le garçon à l'étage pour que Harry puisse développer ses questions.

— Tu me montres ta chambre, Fergus ?

Le petit lève un regard hésitant vers moi, avant d'acquiescer et de grimper les escaliers.

Dans la petite chambre, les rayons de soleil percent doucement à travers le voilage de la fenêtre.

Quelques jouets traînent sur un tapis au sol, des livres ouverts sont étalés sur le lit sur lequel je m'assieds en poussant quelques affaires. Au-dessus d'un bureau d'écolier, des affiches sont accrochées. Je reconnais Arnór Delmar, le célèbre patineur sorcier, capturé sur l'affiche dans une pirouette infinie sur un lac glacé.

— Tu aimes le patinage ?

— Un peu, dit-il en haussant ses petites épaules.

— Tu sais en faire ?

Il hoche vigoureusement la tête, des étoiles dans les yeux.

— Avec des patins enchantés ?

— Non, à la moldue. Mais Papa aime pas trop ça.

Le garçon me rappelle soudain Scorp avec ses mèches blondes qui rebiquent.

Un besoin de protection immense m'envahit.

— Ton père t'aimera quoi que tu fasses, tu sais...

— C'est vrai ? demande-t-il en levant ses grands yeux vers moi.

— Bien sûr !

Je sais que c'est un mensonge, mais je me prends à espérer que son père n'est pas trop étroit d'esprit ni aussi sévère que l'était le mien.
Le petit Fergus me rejoint en grimpant sur son lit, un peu trop grand pour lui, et s'attelle à me dévoiler ses trésors cachés dans un coffret en métal.

Puis, il part à la recherche d'une boîte à musique qu'il ramène sous mon nez.

Il tourne la petite clef et deux danseurs se mettent à tourner lentement sur le mécanisme.

Je pointe alors ma baguette pour enchanter les figurines qui se mettent à s'élancer et patiner au rythme de la ritournelle.

— Woooh ! laisse-t-il échapper.

Il lève ses grands yeux impressionnés vers moi.

La fierté gonfle ma poitrine. Je me souviens à quel point c'était facile d'impressionner Scorp à cet âge.

— Tu sauras le faire bientôt...

— J'en sais rien, fait-il dans une moue boudeuse.

— Tu apprendras à Poudlard, comme tous les petits sorciers d'Angleterre.

— Je sais pas trop, ça énerve un peu Papa...

— Quoi donc ?

— Quand je fatigue vite et que j'ai pas envie d'essayer.

— Oh, tu n'es pas obligé bien sûr. Ça vient un peu plus tard parfois, ça ne veut rien dire.

— J'ai envie de lui faire plaisir, mais... c'est si dur !

Avant que je trouve les mots pour le réconforter, j'entends qu'au rez-de-chaussée, la conversation entre Harry et le père s'est déplacée dans le couloir.

Alors que je me lève pour quitter sa chambre, le petit Fergus saute de son lit et me retient.

— Vous savez quoi, je l'aime bien votre uniforme, aussi !

Il esquisse un grand sourire avec ses quelques dents en moins qui me fait fondre.

Je lui tapote le haut du crâne, faute de mots plus appropriés, avant de redescendre l'escalier avec lui.

Dans le salon, le père passe une main dans ses cheveux et le remercie d'avoir été sage. Lorsque nous quittons leur foyer, j'espère fort que le petit Fergus grandira entouré d'amour et de bienveillance, même s'il préfère le patinage sorcier au Quiddicth.

*

Sur la table basse du salon, je décale soigneusement les parchemins pour déposer les portions de nourriture qui viennent d'être livrées.

Harry en saisit une et quitte le sofa pour s'asseoir directement sur le tapis moelleux.

Sa manie de s'asseoir n'importe comment n'importe où me fait toujours lever les yeux au ciel.

Il retire ses chaussures, les balance plus qu'il ne les range sur le côté et fait jouer ses orteils sur le tapis.

Je me moque de lui, mais savoir qu'il se sent à l'aise à la maison me réchauffe un peu le coeur.

Je prends à mon tour mes nouilles sautées et m'installe correctement dans le sofa pour les piocher avec mes baguettes.

Entre deux bouchées de son pad thaï, il réfléchit à haute voix aux interrogatoires de la journée en reprenant ses notes, étalées sur la table basse.

— La vieille Araminta Flynd est sourde comme un pot et incapable de se lever de son fauteuil. Sauf si elle joue un rôle, je l'enlèverai des suspects.

J'approuve en piochant une crevette dans ma portion.

— On peut quand même vérifier la véracité de son état de santé auprès de son entourage.

Harry se penche pour griffonner une note sur son carnet, et déplace le parchemin concernant la veuve Flynd sur le côté.

— Duff Somhairle. Un peu fuyant, pas très net...

— Il flippait juste d'être arrêté. Il a déjà eu des ennuis avec la Justice...

Je me penche pour récupérer sa fiche et parcours les lignes le concernant.

— Il est en probation. Ça ne serait clairement pas dans son intérêt de pratiquer des sorts interdits ou de se retrouver mêlé à une enquête en cours...

— Il correspond pas au profil d'après toi ?

— C'est un sorcier de bas étage, qui trempe dans des magouilles, trafic de mandragores notamment. Il peut être en contact avec quelques malfrats, mais il n'est pas assez futé pour maîtriser le vol de magie, d'après moi...

Harry replie ses genoux, pose un coude sur le sofa et griffonne une nouvelle entrée sur son carnet.

— Je le garde quand même dans ma liste, à surveiller...

Il racle le fond de son carton, bascule la tête en arrière pour faire tomber les dernières bouchées de sa portion puis se fige quand il voit que je l'observe.

— Tu manges comme un troll !

Il fronce le nez, me fait une grimace, mais je tends la main pour passer mes doigts dans sa tignasse, attendri.

Il penche la tête pour venir à mon contact, pose sa joue contre ma cuisse pour que je continue mes caresses capillaires.

La journée d'interrogatoires a été longue, on est tous les deux crevés, mais il faut qu'on finisse le passage en revue de nos conclusions.

— Encore deux suspects, après on fait une pause, si tu veux...

Il soupire exagérément comme un gamin, mais se redresse, en profite pour se rapprocher de moi, pose sa portion sur la table basse et s'empare des derniers parchemins.

— Cillian O'Brien. Terriblement banal. Une petite vie bien rangée, rien à signaler pour moi...

J'abandonne ses boucles brunes dans lesquelles j'adore pourtant passer mes doigts et me penche vers lui pour lui prendre le parchemin des mains.

— Et le fils ?

— Timide, réservé, rien de significatif. Pourquoi ? Tu as passé du temps avec lui là-haut, tu as remarqué quelque chose ?

— Je n'en sais rien...

Harry se tourne vers moi, hausse un sourcil moqueur derrière ses binocles.

— Drago Malefoy aurait-il une intuition ?

Possible. Il y avait un truc louche avec ce gosse. Mais je n'ai aucune preuve factuelle, aucune logique à lui présenter, rien qu'un étrange ressenti.

— Tu n'as rien trouvé bizarre chez eux, toi ?

Harry secoue la tête, mais redevient sérieux.

Il se tourne vers moi, s'accoude sur le sofa tout contre moi et m'invite à développer.

— Il accorde une grande importance à ce que pense son père, il veut le rendre fier ce qui peut être normal à cet âge. Mais la façon dont il en parlait était... étrange.

— Continue, tu penses quoi au fond de toi ?

— Est-ce qu'on pourrait vérifier qu'il est inscrit à une école de sorciers ? Ou s'ils lui font l'école à la maison ?

Harry griffonne une nouvelle entrée dans son carnet.

— Tu as une idée en tête, Malefoy. Dis m'en plus...

— Écoute j'en sais rien, mais si c'est un jeune cracmol et que le père lui met la pression...

— S'il ne maîtrise pas sa magie, il y a peu de chances qu'il sache pratiquer un vol de magie.

— Je parle du père.

— Pourquoi le père volerait... Oh. Tu sous-entends que le père pourrait voler de la magie pour son fils ?

Harry fronce les sourcils, ce genre de magie lui échappe.

Rien d'anormal, c'est un cas extrêmement détourné d'un sort d'un haut niveau d'expertise. La mise en pratique m'échappe, Damian saurait nous dire plus, lui...

Mais si le père modèle essaie de "réparer" son fils...

Rien que l'idée me glace le sang.

Harry reste silencieux quelques secondes, parcourt à nouveau le parchemin où rien d'étrange n'a été relevé.

— Ça serait terrible pour le gamin. Est-ce que c'est seulement faisable de lui transférer de la magie ?

— Aucune idée, je ne suis pas médicomage, mais l'idée est possible sur le papier. Peut-être qu'à force de tests et d'expérimentations...

Je me frotte les yeux, je ne devrais pas me laisser porter par des bribes d'intuitions qui ne riment à rien.

Est-ce que j'extrapole parce que le petit Fergus me fait penser à Scorp ? Parce que le petit Drago que j'étais a souvent voulu rendre son père fier, en vain ?

Que c'est douloureux de comprendre que l'on n'est pas tel que son père voudrait que l'on soit.

Harry a peut-être suivi mes cogitations puisqu'il tend la main pour presser ma cuisse d'un geste réconfortant.

Au même moment Scorp descend les escaliers en trombe.

— 'Pa, je me fais un chocolat chaud, tu en veux ?

Il s'arrête derrière le comptoir de la cuisine et jette un oeil au salon.

Son regard va des portions de nourriture empilées sur la table basse aux chaussettes de Harry qui s'enfoncent dans le tapis épais.

Harry s'est écarté un peu trop vite et une rougeur coupable s'étend jusqu'à ses oreilles.

— Merci, Scorp, ça ira. On doit travailler encore un peu...

Scorp hausse un sourcil amusé en me regardant.

— OK, travaillez bien alors...

— Ne veille pas trop tard, entendu ?

— C'est les vacances, 'Pa ! Au fait, il y avait un petit hibou énervé avec une lettre du Ministère à ta fenêtre, je te la dépose là...

Je le remercie, et l'invite à filer dans sa chambre.

Quand je l'entends remonter bruyamment les marches avec sa tasse de chocolat, je me tourne vers Harry qui s'est prudemment éloigné de moi. Il a rassemblé les parchemins, remis ses chaussures et range son calepin moldu dans une des nombreuses poches de sa cape.

— Il se fait tard, je vais rentrer. On continuera le debrief demain si tu veux bien. Je vais creuser la situation magique du gamin O'Brien.

— Tu peux rester, Harry.

— Ton fils est là...

— Même s'il a compris ce qu'il y a entre nous, il ne dira rien. Et même si le tiroir que je t'ai dégagé reste désespérément vide, j'ai bon espoir de finir par te convaincre que tu ne risques rien ici, promis.

— Et peut-être qu'à trop insister, tu vas produire l'effet inverse !

Je retiens difficilement l'agacement qui bouillonne en moi.

Je me lève du canapé pour aller chercher la lettre, tout en soupirant.

— Bientôt, ça va être ma faute si tu vas voir ailleurs.

— Je ne vais pas "voir ailleurs" ! Bon sang, ne m'accuse pas de choses qui n'ont jamais existé !

Je fais glisser la missive sur le comptoir.

En effet, ce n'est pas le sceau des Potionnistes, mais bien celui du Ministère.

Je déroule le parchemin bien abîmé par les intempéries.

Le mot est succinct.

Je relis plusieurs fois la ligne et un frisson glacé me remonte l'échine.

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