Chapitre 13

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Harry.

De retour de la cuisine, Drago a le teint blafard, le nez dans le parchemin, mais avant que je puisse l'interroger sur son contenu, il s'échappe vers son atelier.

— Je dois répondre. C'est important.

Je bascule la tête en arrière sur le coussin du sofa et soupire longuement.

Qu'est-ce que je déteste qu'on se dispute pour des bêtises !

Sauf que Scorpius m'a pris au dépourvu.

J'étais pas prêt.

Pas prêt à assumer.

Pas prêt à m'expliquer.

Pas prêt à prendre le risque qu'il en parle à Albus.

Je me lève à mon tour et descends la volée de marches qui donne sur leur petite cour.

Si je fumais, je me serais bien grillé une clope rien que pour me détendre !

J'ai essayé après la Guerre, histoire de me donner un air rebelle, mais ça avait un goût franchement dégueulasse...

Dans le petit cocon de verdure, un bruit me fait soudain sursauter.

Au-dessus de moi, les boucles de Scorpius dépassent du toit. Il lève les mains en signe de défense, et je réalise que j'ai sorti ma baguette par pur réflexe.

Je grimace un peu pour m'excuser et pars à la recherche d'un support solide.

J'ensorcelle le couvercle en ferraille de leur poubelle, y grimpe dessus et me fais lentement léviter jusqu'à lui.

J'enjambe la rambarde de fortune pour me hisser sur le toit où une petite terrasse a été sommairement aménagée.

Scorpius tient son mug de chocolat chaud contre lui, emmitouflé dans un plaid duquel dépasse son pyjama et des chaussons.

Pour me soustraire à son inspection insistante, je jette un oeil à son installation de fortune : un banc fait de quelques caisses retournées, des grimoires ouverts, une petite lanterne magique et une impressionnante lunette astronomique pointée vers le ciel.

— Tu y vois quelque chose avec toute cette pollution ?

Il renifle un peu, réajuste son bonnet, mais se rapproche de la lunette pour me montrer.

— À la moldue, pas grand-chose. Avec quelques sorts, j'ai parfois de jolies surprises...

Il me fait signe de regarder, mais quand je m'y penche, je n'y vois que des amas d'étoiles. La netteté est belle, certes, mais je n'ai jamais été très assidu, ni passionné par les cours d'astronomie, aussi ce que je vois me laisse perplexe.

— Quand on a de la chance, on peut observer des nébuleuses et parfois même des étoiles multiples !

J'ai aucune idée de ce dont il parle. Al aussi a ce genre de lubie en ce moment, je me sens complètement dépassé.

— C'est... sympa comme installation !

— Je ne suis pas censé y grimper seul.

Le silence s'étire quelques secondes avant qu'il ne se racle la gorge.

— Je ne vous espionnais pas, mais j'ai entendu votre dispute...

— Ce n'était pas vraiment une dispute.

Il hausse les sourcils, peu convaincu.

— Vous ne l'aimez pas assez pour venir vous installer ici...

Sa lucidité me prend de court.

Je pourrais inventer un mensonge, une énième pirouette pour m'en sortir, mais son regard vif me scrute.

— Je l'aime beaucoup ton père, ce n'est pas la question...

Scorpius ne m'interrompt pas, il n'est absolument pas surpris par mon aveu qui me chauffe les entrailles.

— C'est juste que si je viens chez vous... ça risque d'être invivable entre les paparazzis et les journalistes.

— On sait se défendre avec Pa, me coupe-t-il en relevant le menton.

— Justement, je ne veux pas que vous ayez à vous défendre, pas à cause de moi !

Il m'observe quelques instants, et finit par secouer la tête.

— Vous êtes comme Al. Parfois vous réfléchissez trop. M. Potter.

J'ai une boule de la taille d'un souaffle dans la gorge.

Scorpius se penche une dernière fois sur sa lunette astronomique, referme son grimoire et jette un plaid sur son épaule.

— Vous avez promis de le rendre heureux, n'oubliez pas.

Il a un air revêche qui me fait mal au cœur.

— Il se fait tard, je devrais redescendre dans ma chambre. Bonne nuit, M. Potter.

— Bonne nuit, Scorpius.

Alors qu'il remet en place l'échelle de fortune pour regagner l'étage, il fait une pause.

— Vous savez, mes amis m'appellent Scorp. Vous aussi, vous pouvez...

*

De retour dans la cuisine, Drago a la mine soucieuse.

— J'ai cru que tu t'étais encore barré sans rien dire.

— J'ai failli. Et puis j'ai croisé ton fils, sur le toit. Il me montrait sa lunette magique...

Drago tend l'oreille vers la chambre de Scorpius.

— Il n'a pas le droit de rester éveillé aussi tard. Et encore moins de monter seul sur le toit !

Je soupire, on a fait tellement pire que de veiller tard quand on avait son âge.

— Il sait pour nous deux. Il nous a entendus nous disputer. Ton fils est intelligent...

— Ça a l'air de te surprendre !

— J'ai pas cette relation avec James ni avec Albus, ça me surprend de pouvoir être franc avec un gamin...

Drago se pose au comptoir de la cuisine et se frotte les yeux.

— Parfois la situation est simple et on se complique la vie. Est-ce que tu parles seulement avec tes enfants, Harry ?

Je prends sa remarque comme une attaque personnelle.

Ma relation avec James, Al et Lily, n'a rien à voir avec la complicité qu'entretiennent Drago et son fils.

Je pourrais me laisser bouffer par la jalousie et les remords d'être un mauvais père, mais je ne veux pas attiser les tensions qui se tissent de nouveau entre Drago et moi.

— Scorpius a compris que je tenais à toi. Mais il veut pas non plus que t'en souffres.

— C'est un fidèle protecteur, dit-il en esquissant un sourire, mais il en fait parfois un peu trop.

— Il a raison, de te protéger. Peut-être que je ne vous ferai pas du bien en m'installant ici...

Drago laisse filer sans même me regarder.

Je sais que c'est dur à entendre, mais si assumer d'être avec lui est déjà un grand pas aux yeux du reste du monde, emménager chez lui est aussi vertigineux que de se tenir au bord d'un précipice.

Comme il reste silencieux, le parchemin serré dans son poing, j'essaie d'atténuer la situation compromettante sur le toit interdit.

— Pour Scorpius, c'est moi qui lui ai posé des questions sur sa lunette magique, il n'allait pas s'attarder sinon...

— Je trouverai une punition adéquate.

— Ne sois pas trop sévère avec lui.

— Il faut savoir poser des limites et garder le rôle du parent. Un peu de discipline n'a jamais fait de mal...

— On croirait entendre Lucius !

Drago ricane, amer.

— J'éduque mon fils comme je l'entends, pour son bien. Tu gères tes gamins comme tu veux...

Les secondes s'étirent, bien loin d'apaiser les tensions.

Accoudé au comptoir de la cuisine, Drago est ailleurs. Loin d'ici, loin de moi.

Il se frotte de nouveau les yeux, comme accablé d'une fatigue nouvelle.

— Tu sais quoi, si tu es là juste pour qu'on se dispute, tu devrais rentrer chez toi pour cette nuit, Harry.

— Alors quoi, je ne suis plus le bienvenu finalement ?

— S'il n'y a que les joutes verbales et des piques entre nous, je suis trop crevé pour ça.

Le regard qu'il lève vers moi est voilé d'amertume.

— Je suis crevé, Harry. Crevé de te tendre la main. Crevé de me battre pour nous deux.

Et puis, sans un mot, il abandonne la cuisine, et moi avec, pour monter à l'étage.

Je devrais le suivre, le rassurer, lui dire que oui, évidemment j'ai envie d'être avec lui, que c'est le reste du monde qui fait chier.

Mais dans le silence du salon des Malefoy, je me sens soudain comme un étranger.

Alors, je bats retraite en ayant conscience de piétiner la promesse faite à Scorpius.

*

La nuit est froide, mais au lieu de transplaner, je rentre chez moi à pied, le coeur au bord des lèvres.

Arrivé à la City où s'élève l'immense tour de verre cachée aux yeux des moldus, je m'engouffre dans le hall impersonnel, adresse un doigt d'honneur habituel aux quelques paparazzis en planque qui se croient encore discrets.

Je les entends râler parce qu'ils n'auront rien de croustillant à publier dans leurs torchons demain matin, même si la plupart trouveront sûrement à dire que le Sauveur, agressif et insultant, est encore une fois au bord de l'implosion. Rien à foutre, toujours la même rengaine !

L'ascenseur magique me monte rapidement jusqu'aux derniers étages où se dissimulent de grands lofts hors de prix pour sorciers célèbres et fortunés. Il n'y a pas à dire, l'appartement payé par le Ministère est idéalement situé à Londres, en plein cœur du quartier des affaires sorcières, à deux pas du Ministère et à peine plus loin de Sainte-Mangouste.

Sans même allumer la lumière, je défais ma cape, laisse tomber ma baguette sur la desserte de l'entrée et abandonne mes bottes dans le couloir.

Les grandes baies vitrées offrent une vue plongeante et vertigineuse sur la ville qui ne dort jamais. Par endroits, on devine les reflets de la Lune sur la Tamise qui sillonne entre les quartiers. Le ciel s'étend à l'infini, jamais tout à fait noir, constamment éclairé par les lumières artificielles de la ville. Cette nuit, de gros nuages orageux donnent au tableau un air dramatique.

Du haut du gratte-ciel, la ville s'étend jusqu'à l'horizon.

Il y a de quoi se sentir minuscule.

Et infiniment seul.

Sous mes orteils, le carrelage est froid.

J'erre jusqu'à la cuisine toujours plongée dans la pénombre pour sortir une bouteille de whisky pur-feu.

Le verre que je me sers me brûle la gorge et ne calme pas la sensation de ne pas se sentir à la maison.

La solitude me tord les entrailles.

Comment je m'y prends pour tout foirer à chaque fois ?

Les remords de ne pas être resté avec Drago me picotent le ventre.

Quel idiot...

Je pourrais transplaner et retourner chez lui, des excuses toutes prêtes pour me faire pardonner. Sauf que ça ne se fait pas de déranger les gens au beau milieu de la nuit.

Surtout quand ils nous ont mis à la porte quelques heures avant.

Je n'essaie même pas de me glisser dans les draps froids de mon lit trop grand.

Je tire un plaid qui m'accompagne sur le sofa et m'affale comme le sorcier pathétique que je suis.

Je n'espère même pas arriver à m'endormir, je sais que c'est peine perdue.

La chaleur de Drago me manque.

La douceur de sa peau sous mes doigts.

L'odeur de ses cheveux quand il vient se coller tout contre moi.

Comme une cuillère qui s'assemble parfaitement à l'autre.

Je me tourne sur le côté, puis me retourne, dans une lutte habituelle pour trouver le sommeil.

Au bout d'une heure de lutte vaine, je me traîne jusqu'à l'immense et indécente salle de bain incluse dans le loft luxueux. Le marbre est froid sous mes pieds, la robinetterie dorée qui orne la double vasque tape à l'oeil. Dans le noir, j'ouvre la petite armoire à la recherche des fioles de Drago.

Il ne m'en reste plus qu'une, bien entamée, alors j'hésite toujours à utiliser la potion.

Comme un crétin, j'ose pas lui en redemander, de peur qu'il me croie accro.

Sur la fiole, je souris en parcourant du pouce l'écriture fine et délicate de Drago.

Drago toujours si prévenant.

Drago qui me manque tellement dès qu'il n'est pas à mes côtés.

Drago que je fais souffrir dès qu'il est avec moi.

Je glisse quelques gouttes de la potion sous la langue et je regagne le canapé où je finirai par m'endormir grâce aux brumes artificielles de la potion.

*

Au petit matin, j'ai une douleur lancinante qui me martèle le crâne à cause du manque de sommeil, mais je me prépare péniblement. J'ai du boulot et nous avons un créneau de travail avec Drago.

Hors de question de le rater si on ne se voit plus après cette dernière mission.

Il a beau promettre qu'il ne quitte que les missions liées aux Aurors, j'ai la désagréable sensation, que dès qu'il ne sera plus tenu par les obligations, les occasions de se voir vont s'espacer, les moments ensemble se faire rares et qu'au final, il se rendra compte que je ne lui manque pas plus que ça...

Rien que l'idée me comprime la poitrine.

En sortant, de nouveaux paparazzis font le pied de grue devant l'immeuble. Comment lutter contre ces parasites qui se relaient sans se lasser ? Je lève la main devant moi pour gâcher le cliché que l'un d'eux essaie de prendre, puis je transplane directement à Sainte-Mangouste.

Dans l'immense sas d'accueil du centre hospitalier, ça bouillonne de sorciers das tous les sens. Je fais un crochet à la petite échoppe pour prendre un café et un thé à emporter, et je choisis quelques mince pies. Pas certain que Drago raffole de ces pâtisseries autant que moi, mais j'espère qu'il considérera le geste comme un signe de paix.

Je sais que j'ai déconné. Encore. Et que ma relation avec Drago ne tient qu'à un fil.

Pas certain qu'un petit-déj improvisé suffise, mais j'espère qu'il sera sensible à l'effort.

Ce matin, j'ai envoyé une note à Drago pour lui donner rendez-vous directement à l'étage des guérisseurs experts. Je profite d'un créneau de consultations libres du Docteur Patel pour qu'il nous donne des éclaircissements sur ce sort de Vol de Magie. En espérant que ça nous oriente sur les suspects passés en revue la veille. J'aurais pu m'adresser à un autre médicomage, mais les rapports ne mentent pas : Damian Patel est visiblement excellent dans son domaine. Ça serait idiot de porter préjudicie à l'enquête juste parce que la gueule de ce type ne me revient pas.

Dans la salle d'attente, j'avise la grosse horloge murale. Ça ne ressemble pas à Drago d'être en retard.

Mais les secondes s'égrènent, deviennent des minutes, et aucun hibou ne me prévient d'un quelconque empêchement.

Étrange.

Même après une dispute, Drago répond toujours présent pour une mission. C'est son côté intègre et professionnel si agaçant qui permet à notre collaboration inattendue de fonctionner sur le terrain.

Au bout de très longues minutes, son thé à la bergamote est froid et j'abandonne les pâtisseries sur le comptoir de l'accueil : il ne me reste plus qu'à gérer Patel seul.

Contrairement à la salle d'études glauque, la pièce est ensoleillée grâce à de grandes fenêtres qui déversent une lumière magique artificielle. Son grand bureau est entouré d'étagères pleines à craquer de bouquins à faire pâlir n'importe quel serdaigle.

Quand Patel m'invite à prendre place sur le fauteuil face à lui, je me sens maladroit et dépenaillé. L'enfoiré est tiré à quatre épingles, un sourire avenant aux lèvres et le teint radieux. C'est peut-être mieux que je sois seul ce matin, pas certain que 'j'aurais supporté ses regards charmeurs sur l'homme que j'aime.

Je sors mon calepin pour relire mes notes et la théorie de Drago sur le vol de magie.

— Avec les conseils du Bureau de Régulation des Créatures Magiques et les dernières avancées de l'enquête, nous avons écarté la piste d'une créature qui volerait intentionnellement la magie à un sorcier. On a creusé votre piste sur un sort de médicomagie détourné. Ça pourrait coller. Vous saurez m'en dire plus sur le profil d'un sorcier qui pourrait pratiquer ce genre de sort ?

Patel prend le temps, comme pour rassembler les informations pertinentes qui me seraient utiles.

— C'est un sort de médiomagie avancée. Il s'enseigne en second cycle, uniquement aux étudiants déjà bien expérimentés. Il est d'usage de ne le pratiquer que sur des patients pour qui tout autre sort a échoué. Ce n'est pas anodin de transfuser de la magie d'un humain à un autre. Le risque est grand pour les deux personnes, souvent la magie est réfractaire et peut faire de sales dégâts. C'est en général à ce moment-là que j'interviens, quand tout le reste a échoué.

Je me rends soudain compte de l'étendue de mon ignorance en magie.

Au fil de nos enquêtes à travers le monde, j'ai appris que les communautés sorcières pratiquent la magie sous diverses formes, et que se limiter à notre perception d'occidentaux est déjà une grave erreur. Que Patel évoque des sorts qui me sont inconnus ne me surprend pas, même si ça blesse mon ego.

— N'importe qui peut transférer sa magie à un sorcier, comme ça ?

— Non, il faut que les magies s'accordent. Qu'il y ait un lien filial le plus souvent, parfois sentimental.

— Et qu'est-ce qu'il se passe si les magies ne s'accordent pas ?

— Le réceptacle - le corps du sorcier dans ce cas - peut se défendre en pensant à une attaque, retourner sa magie contre le sorcier...

— Et c'est... dangereux ?

— Ça peut être mortel.

Je déglutis, j'ai déjà connu des baguettes récalcitrantes, la sensation était déjà bien désagréable.

J'imagine même pas si toute la magie contenue d'un sorcier se retourne contre son hôte. C'est si... étrange à envisager.

— Ce corps que vous avez examiné - la coquille - c'est ce qui lui est arrivé, vous pensez ?

Il secoue la tête.

— Ce n'est pas une magie récalcitrante qui l'a tué. Il ne restait pas une once de magie. C'est comme si... on avait aspiré toute sa magie, pas seulement une simple ponction pour une transfusion, toute sa magie.

Rien que l'idée est dérangeante.

— Votre sort, il peut faire ça ?

— Il n'a jamais été conçu dans cet intérêt. Ça n'a pas de sens de vider un sorcier de sa magie. Même aux pires criminels, on bride leur magie, mais jamais au point de les vider...

— Alors quoi ?

— Sans doute, un sorcier qui ne maîtrise pas son sort.

Drago a donc la même théorie.

À ce moment, je suis bien content que Drago ait eu un empêchement et de ne pas avoir à subir leur échange complice sur le sujet. Patel continue sur sa lancée.

— Votre type n'arrive pas à transférer la magie. La source est vidée, et le réceptacle qu'il veut soigner ne reçoit probablement rien...

— C'est un simple sort ? Il aurait besoin de quoi d'autre ?

— C'est un sort de haut niveau ! S'il n'arrive pas à le maîtriser, il peut essayer de trouver un intermédiaire, un animal ou une créature magique qui lui serve de "poche" en attendant de récupérer assez d'énergie pour finaliser le transfert... mais c'est risqué s'il ne maîtrise pas le sort de base ou s'il manque de puissance... en tout cas, en dehors d'une procédure encadrée, c'est dans tous les cas extrêmement risqué.

— Vous pensez donc que c'est le même sorcier qui expérimente et que ces différentes coquilles sont ses... échecs.

— C'est terrible, mais... oui. Ça y ressemble.

— Drago a la même théorie, je marmonne. Je voulais avoir la version d'un guérisseur. Et visiblement, ça concorde.

Patel croise les mains sous son menton en m'observant.

— Drago a eu des cours de médicomagie en parallèle de son cursus de potionniste, ça lui parle évidemment. Mais ces sorts ne sont pratiqués qu'après plusieurs années d'étude, quasiment au terme des stages appliqués...

Je n'aime pas comme il insinue qu'il connaît Drago mieux que moi, mais je fais un effort pour ne pas rebondir sur sa remarque.

— Il n'y a que les médicomages qui l'étudient ?

— Ce sont principalement les guérisseurs qui se spécialisent. Les médicomages peuvent s'en servir, mais c'est rare. Il y a aussi les magizoologistes qui peuvent avoir un double-cursus...

Tandis que je sors un stylo moldu pour noter ces différentes pistes dans mon calepin, il garde le silence quelques instants.

— Il paraît que Drago voit quelqu'un. Vous le connaissez ?

Il me tend une perche parfaite pour que je marque mon territoire et qu'il arrête de marcher sur mes platebandes.

Je devrais lui dire la vérité, lui tenir tête, le garder à distance, le menacer s'il le faut...

Mais contrairement à ce que toute la société magique pense, le Sauveur du Monde Sorcier n'est pas très courageux dans certaines situations.

— Vaguement...

— C'est quelqu'un de bien ?

— Pourquoi ? Vous voulez revenir dans le jeu ?

Il esquisse un sourire agaçant.

— Je vois que Drago vous a parlé de nous.

"Nous", j'ai envie de lui foutre une baffe pour qu'il arrête de parler d'eux comme ça.

— On est binômes, on se parle. Alors quoi, vous allez lui casser la gueule à son mec ?

Contre toute attente, il se met à rire.

— La masculinité toxique, très peu pour moi. Et puis, Drago n'est pas le lot d'une tombola. S'il est heureux, c'est le principal. Mais oui, je tiens encore à lui.

Je serre les dents pour ne pas répliquer sur un coup de tête irréfléchi.

— C'est un grand garçon, il sait ce qu'il fait.

— Je n'en doute pas, c'est celui en face qui m'intéresse.

— Je ne vais pas parler à la place de Drago...

Patel se pince les lèvres, mais n'insiste pas.

— Si vous n'avez pas d'autres questions concernant les coquilles, je vais devoir écourter cette entrevue, je suis attendu pour une opération délicate...

Malgré la jalousie manifeste qui s'agite au fond de moi, je le remercie pour son aide et quitte son bureau pour le laisser à ses actions héroïques, quelles qu'elles soient.

*

De retour à l'étage des Aurors au Ministère, je file à mon bureau où je ne trouve rien.

Pas une note. Pas un courrier.

Je reviens vers les secrétaires postés à l'entrée du service, où des notes volantes de différentes couleurs patientent d'être traitées. Quand le jeune sorcier lève les yeux vers moi, je lui demande s'il n'a pas égaré une note de Drago Malefoy.

Il vérifie dans sa pile de parchemins, mais me répond par la négative.

Pour que Drago ne se déplace pas au boulot, c'est que quelque chose d'important l'a retenu. Je penche pour une intoxication alimentaire qui le cloue au lit. Ou peut-être une blessure pendant un cours de Potions. Même si je daigne espérer qu'il m'aurait prévenu si c'était une blessure grave.

Après avoir bouclé mes tâches en cours, je quitte le Ministère et transplane directement dans la contre-allée dans le quartier de Drago.

Je m'arrête devant le fleuriste un peu plus loin pour acheter un bouquet de lisianthus.

Quand je grimpe les quatre marches de son perron, je me sens un peu ridicule, mais je sais que Drago les apprécie particulièrement.

Je presse le bouton de la sonnette, les secondes passent, mais rien.

Je toque contre le battant.

Rien.

Je me penche contre le carreau de la fenêtre du salon. Tout est sombre à l'intérieur. La maison de Drago est vide.

Une bouffée de panique remonte dans ma gorge, mais peut-être que je m'emballe pour rien.

La paranoïa latente n'aide pas.

Les battements de mon coeur cognent jusque dans mes oreilles, mais peut-être qu'il est juste de sortie. À un gala. Ou chez des amis. Dont j'ignore l'existence.

Les doutes me grignotent.

J'arrive pas à ignorer un mauvais pressentiment.

Dès que je rentre chez moi, j'avise mon hibou, tire un parchemin que je griffonne.

Où es-tu ? Je suis désolé pour hier.

Est-ce qu'on peut se voir ?

Au petit matin, mon hibou n'est pas revenu.

Ce n'est peut-être rien, mais je n'arrive pas à calmer l'angoisse qui gonfle dans ma poitrine.

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