Avant même de déposer ma besace à mon bureau, je toque à la porte de Ron.

Il ouvre d'un geste de baguette et m'invite à m'asseoir sans même me regarder, penché sur des tas de parchemins dont il paraphe le bas avec une plume enchantée.

— Dis, tu as vu Drago depuis hier ?

Il lève le nez de ses dossiers.

— Non, mais pas plus que d'habitude. Pourquoi ?

— Pour rien.

Aucune envie de subir son jugement si je lui dis que j'ignore où se trouve mon mec.

— Il finit bien sa mission en cours avant de rompre son contrat ?

— C'est le deal, oui.

Il laisse la plume enchantée s'occuper de la pile des parchemins, avant de se tourner vers moi.

— À ce propos, ça va vous deux ? Tu veux en parler ?

Je secoue la tête en me relevant. C'est vraiment pas le moment.

J'en sais rien si ça va entre nous.

Pas après une énième dispute.

Mais dans l'immédiat, je veux juste m'assurer que Drago va bien.

*

J'avance d'un pas rapide à l'étage des Potionnistes.

Dans les salles vitrées, les cours ont déjà commencé. Je reconnais certains professeurs, mais aucune tête blonde à l'horizon. Au bout du couloir, le bureau de Drago a les stores baissés.

Avant que je puisse vérifier qu'il est vide, Demelza Williams m'intercepte depuis son propre bureau.

— Je peux vous aider, Auror Potter ?

Je pivote les talons pour aller dans sa direction.

Williams est la co-directrice du Département. Sa robe de sorcière est atypique et certainement pas conforme aux uniformes réglementaires. Ses manches courtes et coupées en biais dévoilent des épaules musclées sur lesquelles courent des tatouages qui s'animent imperceptiblement selon ses mouvements. Ses cheveux sont remontés en chignon et sa nuque est rasée court.

Elle a toujours été une forte tête et dirige son Département d'une main de maître. Toujours un peu impressionnante, je n'ai jamais vraiment pris le temps d'échanger avec elle.

— Je venais voir Drago. Pour les besoins de notre enquête en cours...

— Drago ? Il n'est pas là cette semaine.

— Toute la semaine ? Mais... et ses cours, ses étudiants ?

— Ugo prend la relève en son absence. Vous voulez lui laisser un mot ?

Je secoue la tête, ce n'est pas urgent, merci.

Une sensation glacée me remonte l'échine tandis que je la remercie en quittant son office.

Qu'est-ce que ça veut dire ?

Pourquoi est-ce qu'il a eu besoin de cette pause ?

Est-ce qu'il s'est barré ?

Est-ce qu'il en a eu assez de mes conneries ?

Je ne sais pas quoi faire, et mes oreilles se mettent à bourdonner.

J'inspire, expire, inspire, expire, mais la sensation douloureusement familière me comprime la poitrine.

La crise d'angoisse est imminente.