Chapitre 14

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À l'étage de la Justice Magique, le secrétaire me fait patienter comme un vulgaire sorcier.

Au bout de longues minutes, la porte s'ouvre enfin, laissant sortir plusieurs personnes. Avant qu'Hermione ne s'engouffre à nouveau dans son bureau, je me lève avant même que le secrétaire m'autorise à y aller et entre à sa suite sans prévenir.

Je referme la porte d'un geste un peu vif avant de me tourner vers elle.

— Harry ? Ça fait longtemps !

— Il fallait que je te voie...

— Tu peux passer à la maison quand tu veux me voir, tu sais. Tu n'es pas obligé de poireauter en salle d'attente...

— C'est juste que... je savais pas quoi faire... et comme vous êtes proches, je me suis dit... j'en sais rien...

— Ralentis, Harry. Assieds-toi. Et dis-moi ce qu'il se passe.

Je me laisse tomber dans un des fauteuils, essaie de calmer l'angoisse qui menace. J'inspire, expire.

— C'est Drago. Il a disparu.

— Disparu ?

— Il s'est pas pointé hier pour notre interrogatoire. Pas de nouvelles ce matin. Ni cet aprem. Il n'est pas chez lui ni chez les Potionnistes...

Elle ouvre un calepin, vérifie son agenda.

— Il a pris des congés pour raisons personnelles. Il ne t'a rien dit ?

Son calme à toute épreuve m'irrite un peu.

Tandis que l'inquiétude me bouffe, Hermione ne semble pas alarmée le moins du monde. Pire, elle semble au courant de cette absence inexpliquée.

Elle se mord la lèvre.

— S'il ne t'a rien dit, je ne devrais probablement pas t'en parler...

— Tu sais où il est ?

Elle hoche la tête.

Je soupire, me frotte les yeux, plutôt soulagé malgré tout.

Sauf que j'aurais dû être au courant, moi aussi. Je suis un partenaire de merde ! Ne pas savoir où est son mec est pathétique. J'aurais dû être plus attentif, moins égocentrique, être là pour lui, à son écoute.

La bouffée d'angoisse remonte dans ma gorge. J'essaie de respirer calmement pour la faire passer.

— Je vais le perdre, hein ?

— Il tient à toi.

— Je le vois bien, mais je tire sur la corde... Il en a eu marre, c'est ça ? Il s'est barré loin de moi, et de mes conneries ?

— Tout ne tourne pas toujours autour de toi, tu sais.

Je me mords la langue, un peu vexé par la pique bien méritée.

— Tu sais s'il va bien ?

Elle pose ses mains sur son bureau, hésite un peu.

Je vois dans son regard une lueur qui ressemble à de la pitié.

Et puis, elle penche la tête, plus compatissante.

— Il est au Manoir...

— Au Manoir ?

Elle lève les yeux au ciel, visiblement agacée par mon manque de compréhension.

— Au Manoir des Malefoy.

Oh.

J'essaie de comprendre pourquoi il aurait eu besoin de rentrer dans cet endroit qu'il déteste. Et une seule chose me vient à l'esprit.

— Mince, sa mère ?

— Non, Lucius.

— Lucius ?

— Son père est mort, Harry.

Hermione me détaille, un peu sévère. Elle a parfois des airs de Minerva quand elle s'y met.

— Je le croyais déjà mort. Drago n'en parle jamais.

— Il était Azkaban. À perpétuité. Mais il était encore en vie jusque là. Si on peut appeler ça être en vie dans ces cellules. Vous ne discutez jamais ? Vous ne faites que baiser ?

Un poids en fonte tombe dans mon ventre.

Comment j'ai pu passer à côté de cette information ?

Un sentiment de honte me grignote.

J'aurais dû être au courant.

Est-ce que Drago ne me fait pas assez confiance pour m'en parler ?

Est-ce que je ne suis pas assez ouvert à la discussion ?

— J'ai peut-être été un peu sous l'eau ces derniers temps, je tente pour me justifier.

— Je vois.

L'époque où Hermione et moi étions proches me manque. L'époque où on pouvait se parler sans nous engueuler. L'époque où je ne percevais pas constamment cette pointe de désapprobation dans son regard.

Je sais qu'elle et Ron n'ont pas choisi de camp après mon divorce avec Ginny, mais j'ai souvent la sensation du contraire. Comme si elle avait arrêté de me soutenir. Comme si elle désapprouvait, elle aussi, mes choix de vie.

Notre complicité d'antan me manque.

— Parle-moi, Mione. S'il te plaît.

Elle me jette un regard sévère, soupire et rassemble sa tignasse en un chignon lâche avant de s'enfoncer dans son fauteuil.

— Tu as déjà demandé à Drago comment il avait survécu à Azkaban ? Est-ce que tu imagines seulement ce que c'est que de vivre une année entière dans cette prison ? Il t'en a parlé ? De sa cellule humide et minuscule ? Des brimades, des humiliations ? Tu sais dans quel état sortent les sorciers d'Azkaban, quand ils en sortent ? Tu es peut-être le Survivant malgré toi Harry, mais Drago, lui, est un vrai survivant. Il a lutté pour tenir dans cet endroit horrible. Puis, il a bataillé pour en guérir à sa sortie, ça ne s'est pas fait dans un claquement de doigts ! Et là, il doit de nouveau affronter ce passé qu'il avait soigneusement mis derrière lui...

Je déglutis péniblement.

Je sais tout ça, dans les grandes lignes, mais effectivement on n'en a jamais vraiment parlé. Je déteste ressasser les souvenirs de la Guerre, alors j'en ai déduit égoïstement que c'était aussi le cas de Drago. Peut-être à tort.

C'est toujours Drago qui me tire vers le haut quand les angoisses me poussent vers les ténèbres. Il est toujours là pour me ramener à la surface. Derrière sa force de caractère et sa patience infinie, j'ai préféré ignorer que, lui aussi, avait peut-être des traumas bien enfouis.

Je me sens tellement à côté de la plaque.

Derrière son bureau, le regard de Hermione s'est radouci.

— Je sais que tu es loin d'être le connard égoïste qu'on dépeint. Mais de l'extérieur, ça donne l'impression que tu ne penses qu'à toi.

Je me mords la langue jusqu'à avoir un goût de sang en bouche.

— Tu as tort, je suis complètement ce connard égoïste, ils ont raison...

Hermione secoue la tête.

— Je sais bien que non. Mais tu oublies parfois que les autres ont leurs propres soucis à gérer. Tu n'es pas le seul à être hanté par les fantômes du passé...

Elle s'enfonce dans son fauteuil, laisse le silence filer quelques secondes avant de reprendre.

— Tu es mon ami, Harry. Mais depuis qu'on travaille ensemble, je tiens beaucoup à Drago aussi.

— Je tiens à lui, aussi !

— Alors, montre-lui, par Morgane ! Il n'attend que ça. Que tu le rassures sur votre relation. Que tu lui montres qu'il compte pour toi.

— Évidemment qu'il compte pour moi. Il compte plus que tout !

— Ce n'est pas moi que tu dois convaincre Triple Idiot !

J'opine du chef. Sur le papier, ça a l'air si simple.

Évidemment que je tiens à lui, évidemment que je veux pas le perdre. Sauf que je sais pas comment m'y prendre.

Alors, je remercie Hermione, qui malgré mon caractère de merde reste une amie précieuse. En quittant son bureau, je fais la seule chose qui me semble sensée, la seule chose que j'aurais dû faire l'autre soir : je transplane pour rejoindre Drago.

*

L'air de la campagne anglaise est complètement différent de l'air pollué de Londres.

La terre est meuble sous mes bottes, l'atmosphère humide, un brouillard tenace s'attarde sur les collines qui entourent le petit village. Le Manoir se dresse plus loin, à l'écart du patelin, mais ma destination est de l'autre côté du bourg. Au bout du chemin, derrière l'église, un petit cimetière s'étend derrière des grilles.

Je pousse le portillon qui grince dans le silence sinistre.

La brume s'accroche aux stèles qui s'élèvent au-dessus des tombes, comme si des Détraqueurs erraient encore dans les parages. Un frisson irrationnel me parcourt l'échine, mais je m'avance dans le cimetière.

Au bout de l'allée principale, je bifurque sur ma gauche.

Plus loin, je devine deux silhouettes, drapées dans de longues robes de sorciers, penchées sur une pierre tombale.

Je reste à distance, mais malgré ma discrétion, Drago tourne rapidement la tête vers moi.

Il prend le temps de rasseoir Narcissa dans un fauteuil roulant et de la couvrir d'un plaid, avant de venir à ma rencontre.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

Il a les traits tirés et le teint plus pâle que d'habitude.

Je hausse les épaules

— T'aurais dû me le dire, pour ton père. Je t'aurais accompagné...

— Ce n'est rien, on ne se voyait plus depuis un moment, dit-il en esquissant un sourire qui se veut sarcastique.

— Ça ne change rien, Drago. T'aurais dû me le dire.

— Il a essayé de te tuer. Plusieurs fois.

Il baisse les yeux, comme si c'était sa faute.

J'ai soudain envie de tendre la main, pour le rassurer, chasser ses idées à la con qui lui traversent peut-être l'esprit, mais j'ignore s'il a envie de gestes affectueux, là, dans ce cimetière glauque, à la vue de tous.

Le silence s'éternise, comme à chaque fois qu'on évoque le passé et ses fantômes qui n'en finissent pas de nous hanter.

— Je n'ai pas eu le temps de te répondre, mais j'en ai pour quelques jours. J'ai dû aller récupérer sa dépouille, organiser des funérailles sommaires, et je dois encore régler quelques affaires au Manoir.

Il a dû retourner à Azkaban. Seul.

La culpabilité me dévore. J'aurais dû l'accompagner. Être là.

Je me sens tellement mal.

J'imagine à peine le calvaire de devoir remettre les pieds dans cette prison atroce.

Et puis, je me souviens à quel point il déteste aussi le Manoir.

— Est-ce que tu veux que je t'accompagne ?

— Au Manoir ? Non, je... c'est inutile. Je ne veux pas que tu... non, c'est trop plein de souvenirs horribles...

— Est-ce que je peux juste présenter mes condoléances à Narcissa, alors ?

— Mauvaise idée. Ça fait beaucoup d'émotions pour elle. Elle est déjà fragile ces derniers temps et là, c'est la goutte d'eau...

J'enfouis mes mains au fond des poches, je me sens tellement inutile.

— Je vais me prendre une chambre à l'auberge du village pour...

— Rentre à Londres, il me coupe.

— Pas question. Je reste près de toi.

— Tu n'as pas à...

Il passe une main sur son visage, la laisse quelques instants sur ses paupières fermées.

— Pourquoi tu es venu, Harry ?

— Parce que c'est ce que font les gens qui s'aiment. Ils se soutiennent dans les épreuves de la vie. Je suis là, si tu as besoin de moi. Et je reste là, si tu veux juste qu'on boive un verre en silence.

Drago reste un moment à m'observer, sans un mot, avant de pencher la tête dans un soupir fatigué.

— Entendu. Je te retrouve ce soir à l'auberge, alors.

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