Chapitre 16

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Drago.

Toi et moi, ce ne sont que des parenthèses...

Qu'est-ce que ça veut seulement dire ?

Les jours sans voir Harry s'enchaînent.

La passation administrative après les funérailles m'a pris plus de temps que prévu, loin de Londres, et on ne s'est pas revus depuis.

Étrangement, ça m'a fait du bien.

Être loin de Harry est douloureux, mais je crois que c'est aussi bénéfique de ne pas être constamment l'un sur l'autre.

L'obsession s'effiloche, les sentiments restent. Avec eux, la crainte que ce ne soit réciproque.

Mais je ne peux pas faire plus.

Granger a raison. Je vais arrêter de m'obstiner et laisser Harry faire l'autre moitié du chemin.

Je n'ai de toute façon plus l'énergie de me battre pour tous les deux.

Sans compter que mon insistance a davantage tendance à le faire fuir qu'à le rassurer.

Je dois penser un peu à moi.

En ce dimanche matin, j'apprécie donc en solitaire le vent frais qui claque dans mes cheveux.

Je rassemble mes mèches en natte, la serre un peu plus fort pour qu'elle reste coiffée correctement, puis je remonte le col de mon manteau.

Depuis la tribune qui domine le terrain, le ciel est immensément bleu, l'air froid, presque glacial. Les conditions météo sont idéales pour un match de Quidditch.

Les rencontres scolaires de Poudlard ont beaucoup moins d'enjeux que des tournois nationaux, mais un simple transplanage suffit, l'accès y est libre, les bancs de supporters plus clairsemés. Et ça me donne toujours l'occasion de croiser Scorpius les week-ends où il reste à Poudlard.

Ce matin, les poursuiveurs pouffsouffles et serpentards s'échauffent, enchaînent des tours de terrain sur leurs balais pour se mettre en jambe. À l'autre bout, les batteurs travaillent leurs lancers et envoient leurs balles vers les gardiens. Les attrapeurs jouent de précision, accélèrent puis ralentissent à peine dans leurs virages serrés. Puis au bout d'un moment, les équipes retournent dans leurs vestiaires respectifs avant le coup d'envoi du match.

Dans la tribune des élèves, la petite fanfare se met à jouer pour soutenir les joueurs et les joueuses, et certainement pour réchauffer le public qui patiente sur les bancs inconfortables. On serait tentés d'invoquer un petit feu magique, mais leur usage a été prohibé après un malheureux accident qui a mis le feu à une tribune.

Plus loin, face aux anneaux, la tribune officielle continue de se remplir.

Il y a finalement du monde pour cet affrontement. J'ai déjà assisté à des matchs avec un public plus parsemé le dimanche matin.

Le beau temps joue certainement, mais la confrontation aussi. Le dernier match de l'équipe pouffsouffle a été une vraie surprise. Comme moi, plusieurs curieux sont là pour voir si leurs poursuiveurs sont aussi bons que la dernière fois.

Dans mon dos, des conversations surprises s'élèvent du brouhaha ambiant. Le plancher de la tribune grince sous les pas.

Peu de parents d'élèves ou de sorciers extérieurs au village prennent le temps de venir soutenir les équipes de l'école.

C'est d'ailleurs la raison qui me pousse à venir régulièrement les dimanches matins : l'ambiance y est tranquille, loin de la frénésie fatigante de Londres.

Derrière moi, les gens continuent de chuchoter, alors je jette un oeil au nouvel arrivant.

Harry se tient en haut de la tribune, drapé dans sa cape chaude, un peu perdu, les joues rougies par le froid. Il esquisse un sourire quand nos regards se croisent, l'air d'avoir enfin trouvé ce qu'il cherchait.

Il descend les dernières marches pour me rejoindre et vient s'avachir sur le banc à mes côtés.

— Salut toi, il me lance, l'air de rien.

La surprise me prend de court, et même si je m'en fiche, impossible d'ignorer les regards des curieux qui pèsent sur nous.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Tu devrais plutôt aller en tribune officielle.

— Ça me va d'être dans une tribune ordinaire.

— Avec la populace ?

Il rit en me donnant un coup de coude.

— Tais-toi donc !

Il a l'air en forme sous la nervosité qu'il s'efforce de masquer.

— Sérieusement, si tu veux une meilleure vue du match, la tribune officielle est mieux placée. Il me semble même que tu as une place à ton nom, réservée à vie, près de McGonagall.

Il ricane en secouant la tête.

— Je m'en fiche du match, Drago, je veux juste passer ce dimanche matin avec toi.

Une bouffée d'amour gonfle ma poitrine, mais je me contente de lever un sourcil et de jouer l'indifférence.

— Ma nouvelle psy dit que c'est bien que je fasse autre chose que bosser...

Je ne dis rien, mais je note mentalement l'effort de cette nouvelle initiative.

Soudain, la petite foule acclame les joueurs quand les équipes entrent sur le terrain.

Tandis que Harry se joint aux encouragements, je prends le temps de le détailler du coin de l'oeil. Il a l'air moins crevé que d'ordinaire. Il a toujours des cernes sombres sous les yeux, mais moins marqués que ces derniers mois.

— Tu soutiens qui ? Serpentard ?

Je fronce le nez.

— Officiellement, oui ! Mais sur le papier, la poursuiveuse pouffsouffle est vraiment audacieuse. Elle a tenté une charge de Chelmodiston au dernier match, qu'elle a raté de peu, mais c'était spectaculaire ! En face, ils sont moins tenaces, leur attrapeuse est vive, mais pas sur la durée. Les batteurs pouffsouffles sont endurants et précis, ils mériteraient de l'emporter...

Son regard amusé se plante dans le mien, me coupant dans mon analyse.

— T'es un vrai supporter, ma parole !

— J'ai toujours aimé ça.

— J'ai toujours cru que tu volais juste pour m'embêter à l'époque.

— Je suis trop vieux pour remonter sur un balai, mais regarder et apprécier les actions depuis une tribune est un plaisir dont je ne me lasse pas. À l'époque, par contre, oui, je ne volais que par jalousie. Juste pour être meilleur que toi, c'était vraiment puéril ! Tu as toujours été le meilleur, c'était juste rageant de le reconnaître...

Son regard est trouble derrière ses verres. C'est toujours compliqué pour lui de parler du passé et de notre relation malsaine de l'époque, mais quoi qu'il en pense, c'est elle qui a nous a forgés.

— Et toi, tu ne voles plus ?

Il hausse les épaules.

— À quoi bon ? Je ne peux plus voler sans qu'une demi-douzaine de groupies ou de paparazzis scrutent le moindre de mes gestes. Je peux bien privatiser un terrain pour être tranquille, mais ça n'a plus la même saveur qu'à l'époque de Poudlard.

Avant que le silence ne devienne gênant, un coup de sifflet lance officiellement le match.

Je me lève du banc en bois inconfortable pour me pencher à la rambarde d'où on voit mieux les actions.

À nos côtés, d'autres sorciers se pressent au bord de la tribune pour encourager les joueurs.

Les cognards sont lâchés, le souafle passe de main en main, l'adrénaline de la compétition est vivifiante, à moins que ce soit l'épaule de Harry tout contre la mienne.

La sensation est grisante, mais je préfère le prévenir.

— Il y a des photographes dans la tribune des élèves. Ce sont rarement pour des magazines nationaux, mais des pseudo-journalistes pour des gazettes locales. Si tu veux éviter les ragots, tu devrais vraiment aller sur la tribune officielle.

Harry garde le regard rivé sur le terrain.

Une acclamation court dans les tribunes, l'attrapeuse serpentard tente un virage serré le bras tendu, avant qu'un cognard ne la dévie de son objectif.

— Si un jour, on veut s'afficher officiellement en tant que couple, autant qu'ils s'habituent à nous voir ensemble.

Tout comme le balai de l'attrapeuse, mon estomac fait un looping.

— Rien ne t'y oblige, Harry. Ce n'est pas ce que je voulais dire l'autre fois.

— Je sais. Mais je te l'ai dit, ça ne suffit plus les parenthèses.

Il me regarde quelques instants, il a l'air terriblement sérieux.

Une autre exclamation monte dans les gradins quand un batteur pouffsouffle réussit à atteindre un poursuiveur serpentard. Le souafle revient dangereusement vers les buts pouffsouffles et traverse l'anneau, emportant avec lui la foule qui scande des hourras !

Par la suite, l'attrapeuse serpentard essaie de compenser le manque de précision de leurs poursuiveurs, elle se rapproche même plusieurs fois du vif d'or qui scintille à portée de doigts, mais rien à faire, l'équipe pouffsouffle est bien au-dessus.

Alors que le match a commencé depuis presque une heure, la poursuiveuse se saisit du souafle dans une passe parfaite d'un de ses coéquipiers, fait un tour de terrain la balle sous le coude avant de foncer vers les anneaux serpentards. Elle esquive ses adversaires un par un, et se prépare dans une position audacieuse que je reconnais.

— Je n'y crois pas ! Elle ne va quand même pas tenter...

— ... si ! Une fourberie de Finbourgh ! termine Harry.

Penché à la rambarde, tout le public attend, stupéfait, le geste réputé difficile techniquement.

L'action est rare dans les matchs scolaires, si elle réussit sa manoeuvre, non seulement elle marque, mais elle le fait avec panache, comme dans les plus grands tournois nationaux. Au plus près des anneaux, la poursuiveuse jette un oeil au gardien qui s'avance dangereusement, puis lance le souafle en l'air, s'élance avant de frapper de toutes ses forces dans la balle avec son balai, qui fonce sans pitié à travers l'anneau, laissant le gardien incrédule.

— Incroyable, elle a réussi ! je laisse échapper tout haut, véritablement admiratif.

Je me joins au public, en liesse. Même si l'attrapeuse serpentard réussissait à se saisir du vif d'or, le score est largement à l'avantage des pouffsouffle.

En face, l'équipe adverse se décourage peu à peu. L'attrapeuse fatigue, les batteurs renvoient les cognards sans conviction, les poursuiveurs peinent à atteindre les anneaux. Au bout d'une autre heure d'un match à la victoire écrasante, les deux capitaines se mettent d'accord : la victoire est à l'équipe noire et jaune !

Les tribunes déversent des applaudissements aux joueurs et joueuses qui font des tours de terrain pour la postérité, puis seulement quand ils quittent le terrain pour rejoindre leurs vestiaires respectifs, les vivats des supporters commencent à se calmer.

Je jette un oeil à Harry, lui aussi visiblement emporté par la liesse et le plaisir du spectacle.

Tandis que les sorciers quittent la tribune par petits groupes, Harry s'attarde entre les bancs et lève le nez pour profiter des rayons doux du soleil.

— On trouvera un endroit tranquille pour voler, si ça te dit...

— Rien que toi et moi ?

— Rien que toi et moi.

Il esquisse un sourire plein d'espoir, qui va sans doute au-delà de cette promesse de vol.

Dans les escaliers raides qui rejoignent les pelouses, je lui tends une perche l'air de rien.

— Est-ce que tu veux me parler de ta thérapie ?

— Peut-être un jour, oui.

Comme je ne veux pas paraître insistant, je laisse filer le silence.

Sauf qu'à mi-chemin de la descente, Harry poursuit.

— J'y vais tous les deux jours depuis la semaine dernière. On espacera par la suite. Elle est moldue, elle ignore qui je suis. Elle me prend pour une riche célébrité qui bataille avec son passé et le regard des autres. Je dois un peu adapter mon discours sur la forme, mais sur le fond ça ne change rien. Et ça fait du bien de ne pas être Harry Potter.

— Tu seras toujours Harry Potter, je lui glisse.

— Justement, on travaille sur ça. Qui je suis en fait ? Qui je veux être ? Quelle est ma place dans ce monde après... tout ça ?

— Comme ça, je dirai que tu as ton travail, tes enfants, tes amis... et puis, ton amoureux.

Il me regarde en souriant.

— Si c'était aussi simple, je ne la paierais pas une fortune, et je me contenterai de te parler, à toi.

— Je simplifie volontiers, Harry. Je sais que c'est plus compliqué que ça. C'est bien que tu vois quelqu'un d'extérieur pour en parler. Est-ce que ça te fait du bien ?

Il hoche la tête.

— C'est toujours dur les débuts. Le temps de tout raconter, mais c'est complètement différent de ceux qui m'ont suivi juste après la Guerre. Eux, je les voyais pour le stress post-traumatique. Là, c'est plus... large.
Il me jette un regard incertain, mais il sait que je comprends. Il n'a pas à s'expliquer plus que ça.

Sur les pelouses, Scorpius accourt depuis la tribune des élèves et vient à notre rencontre, emmitouflé dans une écharpe serpentard.

— Tu avais raison, 'Pa. Encore !

Il m'enlace et me colle un baiser sur la joue.

— Leur poursuiveuse est vraiment douée, à surveiller quand elle quittera Poudlard !

Puis il fait un pas en arrière et jauge Harry qui s'est retenu de faire un pas de côté.

— M. Potter, le salue-t-il.

— Scorpius, il répond d'un ton un peu trop détaché.

— Scorp ! il le corrige avec un sourire. Est-ce que je préviens Al ? Il sait que vous êtes là ?

— Non. Je me suis libéré à la dernière minute, et je suis pas certain qu'il ait envie de me voir dans son école...

— Dites pas de bêtises, je reviens...

Avant qu'il ne parte à la recherche de son ami, il se stoppe net et se retourne vers Harry.

— Ne filez pas sans rien dire !

Alors qu'il file vers la tribune, Harry me lance un regard moqueur.

— Parfois, c'est vraiment ton portrait craché !

Je me contente d'afficher un sourire discret et de le suivre sur le sentier qui mène au château.

Avant la bifurcation qui mène vers la sortie, Scorp finit par nous rattraper avec Albus sur les talons, l'air maussade.

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