Chapitre 18

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Drago.

Après avoir rangé ma salle de classe à l'étage des Potionnistes et délégué quelques tâches restantes à Ugo, je prends le chemin du Ministère mais très vite, un hibou m'intercepte. Sur le parchemin, les pattes de mouche de Harry me préviennent qu'un nouveau cas de coquilles a été signalé et que je peux finalement le retrouver à Sainte-Mangouste.

Dans une petite salle des hospices sorciers, un adolescent d'une quinzaine d'années, la frange dans les yeux, est en pleurs.

Au fond de moi, je suis soulagé de ne pas me retrouver à l'étage de la morgue, devant un autre corps d'enfant sans vie.

Enquêter sur des affaires complexes à l'autre bout du monde, je m'y suis habitué, mais je n'ai pas signé pour des attaques sordides contre des enfants sans défense. Ces cas de vol de magie me mettent profondément mal à l'aise et il devient difficile de rester professionnel sans que le côté émotionnel ne prenne le dessus.

Dans la pièce à la lumière tamisée, Harry est penché devant le jeune sorcier auprès d'une infirmière qui essaie de calmer ce qui ressemble à une crise d'angoisse.

Harry se redresse dès que je franchis la porte pour me donner plus de détails.

- Un ado, 15 ans, retrouvé errant cette nuit. Après son entrée à Sainte-Mangouste, ils se sont rendu compte qu'il n'avait plus une once de magie en lui. Le cas est ensuite remonté jusqu'à nous.

- Il a pu t'en dire plus ?

- Rien. Il est visiblement en état de choc. Il bat des mains, n'arrête pas de pleurer, je n'en tire rien. L'infirmière veut lui donner une potion calmante, mais j'espérais obtenir quelques informations avant qu'il soit complètement KO.

Je jette un oeil au gamin, en larmes et l'air complètement paumé.

Parfois, Harry manque clairement d'empathie. Comme s'il mettait un bouclier entre lui et le monde.

Sauf qu'on parle d'un jeune qui a subi une agression traumatisante.

- Je peux ?

Harry accepte que je prenne le relais.

Je m'agenouille devant l'adolescent, les joues baignées de larmes, les yeux écarquillés de panique.

Je n'imagine même pas la terreur de ne plus ressentir de magie en soi.

Le jeune agite ses mains devant lui, grimace en essayant de s'exprimer, mais seuls des râles sortent de sa bouche.

Je me demande un moment s'il n'a pas perdu sa voix en même temps que sa magie. Et puis soudain, l'un de ses signes chaotiques me semble familier.

Alors je tente un geste signé, quitte à paraître ridicule, mais l'ado se calme et renouvelle ses mouvements frénétiques.

Sauf que si j'ai quelques bases de langue des signes, je ne sais absolument pas les interpréter correctement.

À mes côtés, l'infirmière semble avoir compris aussi vite que moi.

- Je vais chercher un médecin qui pourra nous aider !

Quand je me redresse vers Harry, il observe la scène sans comprendre.

- C'est un jeune sorcier sourd, Harry, il ne peut s'exprimer que par signes. Peut-être par sorts quand il avait encore de la magie.

- Comment tu as su ?

- Damian m'a appris les bases, il y a quelques années.

Harry se crispe imperceptiblement, mais ne pose davantage de questions, pourtant je veux pouvoir en parler avec lui sans devoir prendre de pincettes.

- Il communique comme ça avec sa soeur malentendante, et comme je l'ai rencontré quelques fois à l'époque...

Harry se contente de hocher la tête sans rien dire.

De mon côté, j'essaie de calmer le gamin comme je peux jusqu'à ce que la porte s'ouvre de nouveau sur l'infirmière suivie de Damian.

Évidemment.

Harry ne peut pas s'empêcher de lever les yeux au ciel, et je suis aussi surpris de le voir, en blouse de travail, mais toujours disponible et élégant, l'infirmière sur les talons.

Je m'attendais à ce qu'il existe dans tout Sainte-Mangouste d'autres médecins qui connaissent la langue des signes, mais une fois la surprise passée, je suis plutôt reconnaissant que ce soit lui, le référent sur ces affaires de coquilles qui plus est, qui prenne le temps de rassurer le gamin.

Il me salue d'un signe de tête, mais ne perd pas de temps.

Il s'agenouille auprès du jeune sorcier et signe avec lui pendant quelques secondes. Harry finit par se rapprocher pour lui poser les questions qu'il avait en tête et Damian sert d'interprète entre eux.

Au bout de quelques minutes, il se redresse et pose une main réconfortante sur l'épaule du jeune sorcier.

- Il a été attaqué en rentrant d'une soirée dans le quartier d'Hampstead. Il n'a pas vu grand-chose, il s'est juste figé, n'a rien pu faire. Il s'est recroquevillé dans un coin, terrifié et une patrouille l'a trouvé au petit matin pour l'emmener à Sainte-Mangouste.

La mâchoire de Harry se serre et se desserre face à manque cruel d'informations utiles, mais Damian finit par clore l'échange.

- Maintenant, il faut qu'il se calme avant qu'on l'ausculte pour voir comment on peut le soulager.

Dans le couloir, Harry le remercie et s'apprête à quitter le service quand Damian me retient.
- J'ai appris la nouvelle, pour ton père. J'imagine que ç'a été un moment dur à traverser, de retourner là-bas. Tu es bien entouré ? On t'a accompagné ?

Je me contente d'un sourire, Damian a toujours été prévenant et aux petits soins.

- Et ton mec, il est là pour toi ? Tu me fais signe si tu as besoin de parler, tu le sais.

Je n'ose pas jeter un oeil à Harry de peur de nous trahir, alors je pose ma main sur son avant-bras pour le remercier de son attention.

- Je vais bien, merci de t'en inquiéter, Damian.

**

Quand on sort de Sainte-Mangouste, Harry roule des épaules comme il le fait après un combat pour soulager ses muscles crispés.

Je l'entends inspirer et expirer lentement, et au bout de quelques pas en silence, il me jette un regard en coin.

- Je peux apprendre à signer, s'il le faut.

- Et pourquoi est-ce que tu ferais ça ?

- Pour être aussi cool que lui.

Son manque de confiance en lui est parfois surprenant.

Quand le reste du monde le prend pour un héros inatteignable, je suis l'un des seuls à percevoir sa vulnérabilité sous sa carapace et cette réalité me fera toujours craquer.

- Tu es déjà cool Harry ! Je te rappelle que tu es le Survivant et le Sauveur du Monde Sorcier, inutile d'en rajouter, ça risquerait même de devenir agaçant...

Harry se contente de grimacer.

- Ce n'est pas une compétition. Et surtout...

Je le retiens par la manche pour l'arrêter sur le trottoir.

- Je suis aujourd'hui avec toi parce que j'en ai envie, tu le sais, n'est-ce pas ?

Ma main s'attarde sur son bras, mais Harry ne s'écarte pas.

Des Londoniens pressés nous dépassent, des sorciers se mêlent sûrement aux moldus pour aller rejoindre le Ministère et le quartier d'affaires. Certains s'arrêtent devant le chariot des boissons à emporter, réputé comme le meilleur du quartier.

Que Harry ne fasse pas immédiatement deux pas en arrière est un énorme progrès en soi.

- Je sais, mais... il me gonfle tellement !

- C'est ton droit, je ne te demande pas de l'apprécier.

Harry reste silencieux un moment, les yeux au-dessus de mon épaule avant de revenir vers moi et de laisser échapper un rire.

- Sérieux, il est si parfait que c'en devient ridicule. Il doit bien avoir des défauts !

- Des tas, je t'assure !

La jalousie est peut-être toujours là au fond de lui, mais elle ne l'emporte plus dans des tourbillons d'angoisse.

- On se prend un thé ? il propose comme pour changer de sujet, je te l'offre.

Sur le chemin du Ministère, on savoure nos boissons chaudes en silence et j'en profite pour observer Harry du coin de l'oeil.

Les changements peuvent sembler infimes, mais il fait de gros efforts, j'en ai conscience.

Peut-être juste pour moi.

Peut-être juste pour ne pas me perdre, et des bouffées d'amour me gonflent la poitrine à cette idée.

Même s'il devrait changer juste pour lui, sans faire cas du regard des autres, pas même le mien.

Mais j'apprécie à leur juste valeur ces changements.

Personne n'a jamais fait autant d'efforts pour ma personne.

Je me sens parfois égoïste d'en être la cause, mais c'est si agréable de se sentir aimé à ce point.
Parfois, la peur irrationnelle de me faire abandonner resurgit du fond de mon ventre.Je pensais l'avoir traitée pendant mes années de thérapie, sans compter qu'elle n'a aucun fondement : j'ai Scorp, mes élèves, mes collègues, ma renommée de potionniste, je ne me retrouverai jamais véritablement seul, comme pendant ces années terribles au Manoir ou au fond de ma cellule.Mais, rien que l'idée de perdre Harry m'est insupportable.Encore parfois, je me demande si ma rédemption suffit à ses yeux.Je pourrais tout lui pardonner juste par peur de l'abandon, mais j'ai aussi besoin de savoir qu'on est ensemble pour les bonnes raisons.

Non pas par facilité parce qu'on a tous les deux survécu au pire, ni pour des raisons toxiques qui nous exploseraient en pleine face à la moindre dispute.

J'ai envie de construire une relation saine, autant qu'elle puisse l'être, parce que sa présence à mes côtés est devenue une évidence.

- Ça va me manquer, je murmure.

- Ce thé que tu adores ? je pourrais t'en apporter chez les Potionnistes, tous les matins s'il le faut.

Je souris en buvant une autre gorgée. Il peut être prévenant à sa façon lui aussi quand il veut.

- Les enquêtes à tes côtés, je précise.

Il garde le silence pendant quelques pas.

Je redoute qu'il me demande de rester, qu'il me mette au pied du mur ou qu'il me fasse un chantage affectif. Mais Harry continue de me surprendre.

- Rien n'est irrévocable, Drago. Tu as le droit de changer d'avis. Tu peux rester un consultant ponctuel et réduire juste un peu tes heures...

Je le regarde de nouveau en coin. Une bouffée d'amour me submerge et j'ai soudain besoin de le rassurer.

- Tu sais que cette décision n'est pas contre toi

- Je sais.

- Vraiment ?

- Ça m'a fait mal quand tu me l'as annoncé. J'ai cru que c'était le premier pas avant que tu te barres loin de moi et de mes conneries.

- Ce n'est pas ça, mais il faut qu'on ait de la place, chacun de notre côté, pour se construire une relation un peu plus saine.

Il ne dit rien, mais hoche la tête pour dire qu'il comprend.

- Je ne veux pas te perdre, Harry.

- Moi non plus, et je suis prêt à tout pour ne pas te perdre, vraiment.

Il est peut-être loin d'être doué pour évoquer ses sentiments, mais ses dernières actions parlent pour lui.

- Je pense que ça nous fera du bien.

Il acquiesce de nouveau.

- Je te fais confiance, aveuglément Drago, mais tu as le droit de changer d'avis, si les enquêtes te manquent trop.

J'ai la gorge serrée face à ce qui ressemble à une déclaration d'amour détournée.

- C'est noté, j'y penserai, promis.

**

Au Ministère, on reprend les fiches des suspects pour essayer de trouver des concordances avec le nouveau cas de coquille.

Harry râle dans sa barbe que rien ne coïncide, mais sur la grande carte de Londres qu'il a étalée entre nous, un nom attire mon attention : Hampstead Heath.

- Ça te parle ?

- Hampstead Heath est un grand parc dans le quartier où a été attaqué le jeune sorcier cette nuit. Il a une zone sorcière dissimulée aux yeux des moldus, où étaient abritées des serres botaniques fut un temps. Comme là où travaille comme gardien Cillian O'Brien, le père du petit cracmol.

- Tu le sens pas depuis le début ce type...

- Je n'en sais rien, mais tu peux vérifier sa fiche.

Harry part à la recherche du parchemin dans sa liasse de documents et parcourt les quelques lignes qu'il a sur O'Brien.

- Ce n'est pas précisé, à part qu'il bosse comme gardien pour l'Académie et qu'il surveille en effet un ancien campus sorcier.

- Tu demandes des renforts ?

- Sur une intuition ? Tu l'as dit toi-même, c'est peut-être une simple coïncidence. Par contre, on peut aller y jeter un oeil. Si tu es dispo...

- Entendu. Allons-y !

**

En cette fin de journée d'hiver, le petit parc botanique est sombre et silencieux.

Il fait déjà nuit depuis près d'une heure quand on se glisse discrètement par la grille fermée de l'entrée, un frisson d'adrénaline me court dans le dos. Les missions de nuit m'en rappellent d'autres, souvent à l'étranger, dans des cimetières glauques minés de goules ou des filatures dans d'obscurs passages secrets. J'ai un pincement au coeur en réalisant que c'est probablement ma dernière mission sur le terrain.

Au bout d'une impasse, un saule pleureur semble fermer le sentier, mais Harry écarte les longues branches de l'arbre, tapote sa baguette sur son tronc noueux et une haie d'arbustes serrés s'agite pour dessiner un passage vers le reste du parc.

Au bout d'une allée qui borde un étang, trois serres se dressent à l'abri des arbres, leurs contours délicats et leurs éléments architecturaux richement ornés se démarquant de l'obscurité.

Harry longe la première serre, sa baguette en main éclairée d'un Lumos.

Les fenêtres en verre dépoli, autrefois étincelantes, sont maintenant ternes et couvertes de poussière. Les plantes qui grimpaient jadis sous les serres ne sont maintenant que de longues tiges enchevêtrées sur lesquelles s'accrochent encore quelques feuilles parfois fanées et desséchées.

Le fer forgé de la deuxième serre semble rouillé par endroits et parcouru de fissures, donnant l'impression que la structure fragile pourrait s'effondrer à tout moment.

Et puis, tout au fond du parc, de la lumière émerge de la dernière serre, plus petite.

- Je croyais qu'elles étaient abandonnées, fait remarquer Harry.

- Elles le sont. Le département de Botanique a tout transféré, il y a quelques années, sur le campus de Kensington.

Harry souffle un Nox sur sa baguette et contourne la serre dont les vitres sales ne laissent passer rien qu'une lueur diffuse.

- Reste derrière moi.

- Ne prends pas de risques inutiles, Harry.

- Je sais ce que je fais, riposte-t-il en resserrant pourtant sa prise sur sa baguette.

- Tu es peut-être le meilleur des Aurors, mais si O'Brien est le sorcier que l'on recherche, tes sorts d'attaque ne serviront à rien face à lui.

Harry s'arrête pour me toiser.

- Redis ça un peu

- Si c'est bien un vol de magie, on a affaire à un sort de haut niveau qu'il ne maîtrise pas. Tu ne peux pas l'attaquer frontalement.

- Non, l'autre chose, "le meilleur des Aurors", tu le penses vraiment ?

- Évidemment, je te l'ai dit, je ne me coltinerais pas un binôme s'il n'était pas excellent.

Harry esquisse un sourire en coin.

- Tu me flattes, mais il y a des Aurors seniors bien plus chevronnés.

- Tu es un Auror senior Harry, on a plus vingt ans depuis longtemps !

- Tais-toi, tu me déprimes...

- Pourquoi ? Elle te va bien la quarantaine, je dirais même que tu te bonifies avec le temps.

Avant que je ne comprenne son geste, il s'avance, glisse sa main dans ma nuque et vient poser ses lèvres sèches contre les miennes.

- Tu crois vraiment que c'est le bon moment ? je lui demande, sans toutefois le repousser.

- Je croyais que tu flirtais.

- Ce n'était pas mon intention.

- Désolé, l'adrénaline me donne envie de toi, à chaque fois....

Harry se rapproche de nouveau en quête d'un autre baiser, mais je lui résiste et me contente de faire courir mon pouce sur ses lèvres.

- Dès le début, ce n'était pas une bonne idée qu'on soit binômes. Un jour, ton manque de concentration te sera fatal, Potter.

- Tu m'emmerdes, mon cher Malefoy.

- Je m'en fiche. Pas d'imprudence, ne joue pas les héros. N'oublie pas que sous son air débonnaire, il est puissant.

- Et je le suis aussi, contre-t-il avec malice.

Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel devant son arrogance assumée.

- Parfois, je me demande comment tu t'en sors avec autant de témérité.

- C'est un truc de gryffondor.

- Non, eux c'est de la bravoure. Ce que tu as aussi, sûrement quelque part planqué au fond de toi. Mais, tu as ce côté tête brûlée que je déteste. Contrairement à ce que tu penses, tu n'es pas un loup solitaire qui n'a rien à perdre, Harry. Tu as une famille, des amis, et accessoirement un mec qui espère bien un jour te voir emménager chez lui...

Je le dépasse pour enfin atteindre la porte entrouverte de la serre.

- Tu crois vraiment que c'est le bon moment pour remettre ça sur le tapis ? chuchote-t-il.

- Tant que tu ne me diras pas clairement que tu ne veux pas de moi, je continuerai d'insister.

Harry jauge la porte abîmée et reprend la tête de l'exploration en pénétrant dans la serre, sa baguette levée.

Il jette un oeil à l'état de la structure, avise les plantes qui s'y accrochent dans un chaos végétal avant de me faire signe de le suivre.

- Avoir envie d'être avec toi et emménager ensemble, ce sont deux choses bien différentes.

- Si tu le dis...

- J'ai envie, vraiment, d'être avec toi, tu le sais non ? Laisse-moi juste le temps de m'organiser, bon sang !

Après avoir enjambé des racines qui encombrent l'entrée, l'exploration se fait plus aisée. Des tables de travail ont été abandonnées en même temps que les serres. Du terreau et des pots en terre cuite s'entassent dans un coin. Et puis, des cages.

Je m'approche pour mieux examiner ce que contenaient ces drôles de caisses à l'époque où les étudiants en botanique travaillaient dans ce parc, et mon sang se fige.

Les cages entassées sur la vieille table de préparation ne sont pas vides.

Des créatures spectrales aux formes animales flottent lentement derrière les grilles. Certaines sont amorphes, à peine perceptibles, d'autres, plus éthérées, tournent en rond dans leur cage, avec au coeur de leur poitrine des boules d'énergie qui tourbillonnent. On pourrait croire à des patronus enchantés, mais il n'en est rien.

Je pose machinalement une main sur l'étui en cuir de ma baguette, et de l'autre, je défais le bouchon d'une potion de défense accrochée à ma ceinture.

Harry m'a rejoint près des cages et observe leur contenu sans comprendre.

Il fronce les sourcils et son manque de connaissance en magie élémentaire m'agace soudain.

- Ce sont des marsupiums !

- Comment tu connais ça ?

- Damian en utilisait pendant ses études.

Harry roule des yeux à l'évocation de son prénom, mais je le laisse évacuer sa jalousie, ce n'est vraiment pas le moment.

- Explique-moi ! enchaîne-t-il.

- Dans ses études de guérison chamanique, quand la magie est trop puissante ou difficilement contrôlable, il se servait de "poche" comme intermédiaire. Tu stockes la magie dans la créature, puis tu récupères ton niveau de magie, ton énergie, ta concentration - appelle ça comme tu veux - et ensuite tu continues ton transfert.

Harry se penche vers la créature dans sa cage bourrée de magie qui flotte entre les grilles.

- Ça peut aussi servir pendant les longues opérations, quand le médicomage a besoin de maintenir un haut niveau de magie sur plusieurs heures.

- Qu'est-ce que ça fiche là ?

- Aucune idée, mais cette serre n'est clairement pas à l'abandon...

Harry remonte le long d'un couloir qui a été débroussaillé quand soudain, une petite voix s'élève dans le silence.

- On rentre bientôt ?

- On y est presque, Fergus.

- Je suis fatigué, Papa.

- Encore un peu !

Derrière un rideau sale et partiellement déchiré, le petit cracmol est attaché par des sangles à une chaise. Le père, les manches retroussées, baguette en main, semble tenter un transfert de magie à l'aide de la créature spectrale qui lévite à ses côtés.

Harry me force à m'agenouiller pour prendre le temps de jauger la situation.

Je réalise soudain l'horreur de la situation. Mon intuition était bonne et je n'en tire aucune satisfaction.

Comment un père peut-il infliger cette expérimentation dangereuse à son propre enfant ?

Est-ce seulement possible de transformer un enfant cracmol en sorcier ?

À quel point faut-il vouloir changer son enfant pour se mettre en tête de le réparer, de le rendre plus acceptable à ses yeux ?

Des souvenirs glaçants et douloureux remontent soudain : la colère de mon père de ne pas avoir un fils assez brave pour exécuter froidement des moldus, et puis, la déception de ma mère de ne pas avoir un fils qui aime les femmes.

Je bats des paupières pour chasser la sensation qui infusait nuit après nuit, celle de ne pas être normal, de se savoir différent et de devoir vivre avec la déception dans les yeux de ses parents.

Harry pose sa main sur mon bras, et je me rends seulement compte que je tremble de colère, les larmes aux yeux.

Quand le père O'Brien pointe sa baguette vers la créature pour recréer un lien et tenter un nouveau transfert magique instable, mon corps bouge avant même que j'en aie conscience.

- Qu'est-ce que... ?

Le sorcier n'a pas le temps de digérer sa surprise, que je fonds sur lui et lui assène un vulgaire coup de poing à la moldue avant de me pencher sur le petit Fergus.

J'entends la sommation de Harry dans mon dos qui demande au père de se rendre sans faire de vagues, et puis un sort qui fuse, suivi d'autres.

Je me penche pour protéger l'enfant des sorts échangés, je peine à défaire les attaches à cause de la douleur lancinante qui remonte dans mes phalanges et je regrette de ne pas avoir usé de ma baguette que je n'ai même pas sortie.

Moi qui enseigne à Scorp la non-violence pour régler ses soucis, quelle ironie !

Alors que je m'agenouille pour inspecter le gamin, je perçois les échanges de sorts entre le père et Harry.

L'arrestation ne se fera donc pas dans le calme.

J'inspecte rapidement l'enfant qui se réfugie dans mes bras.

Je m'éloigne avec lui et le cache sous une table renversée, tout en essayant de le rassurer.

À côté, Harry réussit à faire battre en retraite le père en jouant de sorts d'attaque et de bouclier, mais le sorcier s'avère clairement plus puissant qu'on ne l'avait imaginé.

Un sort renvoyé fait exploser des carreaux de la serre, et je jette un oeil au petit Fergus pour m'assurer qu'il est protégé des bris de verre sous sa table.

Je resserre ma poigne sur ma baguette, jauge la rapidité du combat, les mouvements de Harry, avant d'estimer que je ferais plus de mal que de bien à intervenir au hasard.

Mais soudain, le père accroupi contre les caisses empilées, visiblement blessé et mal en point, déverrouille d'un geste les quelques cages de marsupiums. Les créatures spectrales vides continuent d'errer sans but, mais il enchante celles gorgées de magie.

L'air sous la serre vibre soudain d'une énergie magique poisseuse et menaçante.

Je le vois plus que je ne l'entends prononcer une formule complexe, et l'une des créatures tend soudain des tentacules inquiétants qui claquent dans l'air.

- Harry !

Cet idiot continue d'enchaîner des sorts d'attaque et des Finite Incantatem au lieu de se protéger.

Sauf que la créature libérée n'est pas maîtrisable et insensible aux sorts d'attaque.

Elle se rue sur Harry, comme attirée par sa magie puissante, alors je débouche d'un geste une fiole que j'explose au sol pour ralentir la créature et je m'interpose en deux enjambées.

Les effluves de ma potion semblent les engourdir, les créatures se calment, mais dans un dernier sursaut d'énergie, l'une d'elles fait claquer ses tentacules et je ne peux que lever le bras pour m'en protéger.

Des filaments brûlants traversent ma cape et ma couche de vêtements et s'accrochent à chaque parcelle de ma peau sans me lâcher.

Je fais quelques pas pour battre en retraite, mais la douleur est insoutenable.

Dans mon dos, les cris de Harry sont déchirants, puis la sensation de brûlure s'immisce jusque dans mes veines, et je m'effondre au sol.

Black-out.

***

Comme je n'ai plus d'avance, j'essaie de grapiller du temps comme je peux les soirs de semaine, mais ce n'est pas toujours évident, merci pour votre patience !

Il ne nous reste plus qu'un chapitre (et l'épilogue),

Je vous dis à bientôt !

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