Chapitre 19

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

Harry.

Au centre de la serre, le gosse est maintenu sur sa chaise par des sangles en cuir.

Je jette un oeil aux différentes issues, je jauge l'état de la structure métallique en cas de combat, j'avise les volumes de la serre pour anticiper la puissance des éventuels sorts pour une intervention maîtrisée. Mais, avant même que j'établisse ma stratégie, Drago surgit de notre planque pour se ruer au centre de la serre, sans même invoquer sa bulle de protection.

Sa cape claque et quelques enjambées plus tard, son poing s'écrase sur le menton de Cillien O'Brien, qui lui non plus n'a rien vu venir.

Je reste interdit une seconde devant cette attaque physique, purement moldue, puis je me ressaisis rapidement. Tandis que Drago se penche vers le gamin, je me redresse pour invoquer une bulle fine pour les protéger avant de lever ma baguette en direction du père.

- Cillien O'Brien, vous êtes en état d'arrestation. Vous pouvez encore vous rendre sans encombre. Posez votre baguette, lentement.

Le père lance un regard vers Drago qui a battu en retraite pour éloigner le gosse et lève sa baguette.

Mon instinct prend rapidement le dessus et je lui lance un premier sort pour qu'il s'occupe de moi et laisse Drago tranquille.

Le type est étonnement réactif et bloque mon attaque. Son niveau de magie me prend au dépourvu, alors je me concentre pour analyser sa posture et esquiver les sorts qu'il commence à me jeter.

Un de mes contresorts rebondit contre la verrière et l'un des carreaux explose sous la puissance. Le petit se met à pleurer, et j'aperçois Drago agenouillé à ses côtés derrière une table retournée.

Je décide qu'il est temps d'achever cette arrestation avant qu'il y ait un blessé. Je redouble d'efforts pour immobiliser le type, mais il se défend et lutte comme un beau diable.

Au bout de plusieurs échanges de sorts, il met un genou à terre quand l'un d'entre eux finit par le toucher. Il essuie la sueur de son front d'un revers de manche, essaie de me surprendre, mais je contre-attaque, insiste jusqu'à le faire reculer contre les caisses où sont enfermées les créatures étranges.

Quand il marmonne un sort du bout des lèvres, les verrous s'ouvrent soudain dans un bruit sec.

Certaines des créatures quittent leurs cages pour s'élever dans les airs, en déployant paresseusement de longs tentacules. Leurs contours éthérés ressemblent à des Patronus mal formés et je ne comprends pas comment ces ectoplasmes peuvent l'aider dans son combat, alors je me concentre sur O'Brien qui peine à reprendre son souffle derrière une bulle de protection.

Quand Drago hurle mon prénom, je ne saisis pas tout de suite son avertissement.

Cillien O'Brien est à distance, quasiment au sol, et l'étrange créature qui se rapproche de moi me semble inoffensive. Je suis persuadé de pouvoir la tenir éloignée.

Jusqu'à ce que son tentacule se déroule et manque de me toucher au niveau de la clavicule. Je fais un saut en arrière, prépare des sorts pour m'occuper de la bestiole, mais elle semble étrangement attirée par ma magie.

Soudain, une fiole de Drago explose au sol, libérant un écran de fumée qui semble ralentir la créature, mais ses longs filaments éthérés claquent dans l'air et l'un d'eux est encore dangereusement proche.

Je n'ai pas le temps de charger un sort que Drago surgit entre moi et la bestiole pour lancer une autre fiole de son cru.

La manoeuvre fonctionne, la créature se recroqueville et bat en retraite dans sa cage.

Je m'apprête à féliciter Drago pour l'efficacité de ses potions, sauf qu'il est en train de se débattre contre des filaments enroulés autour de sa manche, le tissu de sa robe fume sous la brûlure, son visage est déformé par la douleur et avant que je ne puisse faire quoique ce soit, il s'écroule au sol.

Je tombe à genoux au-dessus de lui, et une panique sourde m'envahit.

Les grimaces de douleur ont laissé place à un masque de marbre, comme si toute trace de vie avait quitté son corps.

Plus loin, je perçois le garçon qui pleure sous la table, son père qui essaie de le rejoindre en rampant, et puis Drago, inerte sous mes mains.

L'horreur me prend à la gorgée.

Non, non, non !

Il ne peut rien arriver à Drago, pas comme ça, pas après des dizaines d'enquêtes à mes côtés ! C'est tout simplement impossible !

- Drago, Drago ! je lui hurle en le secouant pour le réveiller.

Je passe une main sur son visage, essaie de soulever ses paupières, lui tapote les joues, mais je n'ai aucune réponse en échange.

La colère arme mon bras et je jette un dernier sort vers le sorcier qui se traîne péniblement, pour le clouer au sol et l'immobiliser à l'aide de liens magiques.

Je jette un oeil aux créatures éthérées, bien plus dangereuses que je ne l'imaginais, et invoque mon Patronus sans même savoir si son pouvoir sert vraiment à quelque chose.

Je remonte la tête de Drago sur mes genoux, essaie de trouver ses battements de coeur, mais je n'entends rien à cause de l'angoisse qui tambourine dans mes oreilles.

J'hésite à transplaner immédiatement, mais laisser le gosse avec le sorcier - bien qu'immobilisé - avec des créatures de magie inconnue serait une grave faute professionnelle.

Transplaner sans réfléchir avec un sorcier inconscient sur les bras serait aussi un risque énorme. Mais il s'agit de Drago, et je suis prêt à tout pour le sauver.

La panique brouille mes pensées et ma logique habituelle.

J'essaie de calmer ma respiration pour réfléchir, mais le corps sans vie de Drago sur mes genoux me donne envie de vomir.

Je porte la main à mon amulette enchantée pour appeler des renforts.

Ce que j'aurais dû faire bien plus tôt.

C'était inconscient de pister ce sorcier sans prévenir personne.

Si Drago... Si ma négligence... Jamais je pourrais...

J'ai la gorge nouée tandis que les pensées noires tourbillonnent dans ma tête.

Drago, s'il te plaît !

Mon cervidé translucide monte la garde en marchant lentement autour de nous, mais je ne me suis jamais senti aussi impuissant.

Je passe en revue tous les sorts que je connais, mais aucun ne semble convenir à cet instant.

A quoi ça sert d'être le sorcier le plus puissant de sa génération, si on ne peut pas guérir la personne qu'on aime ?

J'aurais dû étudier la magie réparatrice ! Que toute cette magie dont je dispose serve au moins à quelque chose !

Je me penche tout contre Drago et m'accroche à sa cape pour le supplier de tenir bon, parce que je ne peux pas penser à une autre éventualité.

J'ignore au bout de combien de temps, trois Aurors apparaissent dans des plop discrets, et l'un d'eux accourt à mes côtés.

Je désigne le sorcier, ligoté magiquement, et le gamin plus loin, recroquevillé sous sa table.

Des sorts fusent, et puis, un Auror vient prendre le pouls de Drago, inspecter ses blessures inhabituelles et me prévient qu'il va transplaner à Sainte-Mangouste avec un protocole de médicomage.

J'avise les autres Aurors qui ont récupéré le fils et son père avant de boucler la scène selon la procédure standard et je transplane avec eux jusqu'à l'hôpital sorcier.

**

Dans la chambre impersonnelle de Sainte-Mangouste, Drago est étendu entre les draps blancs, comme mort.

Je sais bien que ce n'est pas le cas parce que les médicomages sont venus l'ausculter et m'expliquer qu'ils le plongeaient dans une sorte de coma artificiel pour suspendre les effets inconnus du sort, mais en attendant sa main dans la mienne semble sans vie.

Je rapproche le fauteuil destiné aux visiteurs et assis tout contre son lit, j'enlace mes doigts aux siens comme si ça pouvait le ramener ou l'empêcher de plonger trop profond dans cet étrange sommeil protecteur.

J'ai la mâchoire douloureuse à force de serrer les dents et une migraine lancinante à force d'imaginer le pire.

- S'il te plaît, accroche-toi, je lui murmure.

Ses paupières sont désespérément closes, ses traits immobiles, de longues traces de brûlures lui lacèrent l'avant-bras, seules marques tangibles prouvant qu'un combat a bien eu lieu.

Après la panique première et les angoisses sourdes, la culpabilité me ronge à présent doucement.

J'aurais dû faire quelque chose pour empêcher qu'il ne s'interpose.

J'aurais dû faire mieux.

C'est moi l'Auror.

Ce n'était pas à lui de me protéger, comme il le fait toujours.

C'est moi le plus puissant de nous deux. Peut-être même de toute la société sorcière, d'après ce qu'on dit.

Ça n'aurait pas dû arriver.

Et s'il ne se réveille pas ? Et si ce putain de coma le gardait loin de moi ? J'ai envie de vomir rien que de l'imaginer.

Drago cloué, inerte, dans ce lit, est une foutue erreur de la nature. Et je ne veux même pas envisager le pire des scénarios.

Je pose lourdement la tête contre lui, les larmes au bord des yeux.

- M'abandonne pas, s'il te plaît. Je saurais pas quoi faire sans toi.

Quand la poignée de la porte s'enclenche, je sursaute et éloigne le fauteuil du lit de Drago.

La petite infirmière s'affaire autour du lit, vérifie ses constantes, relance quelques sorts.

- Comment est-ce qu'il va ?

- D'après les premières analyses, c'est une forme rare de magie. On a ralenti sa propagation étant donné qu'on ignore ses conséquences, mais elle est toujours présente dans son organisme. Le médecin de garde a demandé un avis complémentaire à un guérisseur spécialisé. Pour l'instant, il faut juste attendre. Peut-être, pourriez-vous en profiter pour aller faire soigner vos propres blessures, Auror Potter ?

J'affiche un masque conciliant avant de me rasseoir auprès de Drago dès qu'elle a quitté la chambre.

Plus tard, lorsque le médecin assigné revient dans la chambre, il est accompagné de Damian Patel, ce qui ne me surprend même pas.

Sous son air impeccable, il masque difficilement son inquiétude quand il se penche sur le corps de Drago, mais reste professionnel dans son approche.

Une plume griffonne des données sur un parchemin à mesure qu'il les énonce. Tandis que les sorts qu'il jette me sont inconnus, je me sens profondément inutile.

Quand il a fini son auscultation, il daigne enfin lever les yeux vers moi pour me donner une explication.

- La forme de magie qui l'a touché est atypique, on a réussi à l'identifier, mais il reste encore à décider comment limiter les dégâts, en mesurant les risques des différentes interventions possibles.

La boule dans ma gorge est douloureuse.

- Je l'emmène quelques étages plus hauts pour des analyses plus poussées...

Je hoche la tête, prêt à les suivre, mais Patel arrête mon geste.

- Vous restez ici. Je le ramène dans le service dès qu'on a terminé.

Dans la salle d'attente aseptisée de l'étage, la tête plongée entre mes mains, je me noie dans mes ruminations.

L'attente me semble interminable, jusqu'à ce que Ron débarque.

Que le chef de section des Aurors se déplace pour un blessé sur une affaire en cours est plutôt inhabituel, mais Ron est le meilleur des amis.

Il m'offre une accolade, s'assoit à mes côtés sur les sièges inconfortables et me tend la perche pour débriefer l'affaire plutôt que de rester focalisé sur le corps sans vie de Drago.

- Le père a avoué avoir utilisé un sort complexe pour essayer d'apporter davantage de magie à son fils cracmol. Dans la serre, des enquêteurs passent tout au peigne fin, on a récupéré les bestioles - les marsupiums - pour analyser les magies volées. Pour l'instant, pas sûr qu'on puisse rendre leur magie aux victimes, mais je dois voir Damian Patel pour explorer cette éventualité. Ce genre de magie nous dépasse complètement.

Puis, Ron redevient silencieux quelques secondes.

- Et Drago, il va s'en sortir ?

- Il est plongé dans un étrange coma, ils ont essayé de limiter la propagation du sort. Physiquement, ils disent que ça ira, magiquement j'en sais rien.

Ron est tout pâle, mais il fait des efforts pour me rassurer.

- On est à Sainte-Mangouste, tous les meilleurs spécialistes bossent ici !

- Je sais, je sais, Patel est le meilleur des guérisseurs, impossible de ne pas être au courant !

Ron lève un sourcil interrogateur devant mon ton amer.

- Patel, c'est l'ex de Drago. Du genre, relation sérieuse. Il tient encore à lui. À coup sûr, il va le sauver et ils vont se remettre ensemble...

- T'es pas sérieux, Harry ! Mets ton ego de côté pour une fois, et laisse-le soigner Drago !

- Bien sûr que je vais le laisser faire. Je ne suis pas un abruti !

Ron me glisse un regard qui se veut ironique, mais en vérité, je flippe.

Je vais laisser faire Patel, évidemment, mais j'ai terriblement conscience du risque.

Je ne fais pas le poids face à Docteur Parfait.

Je pousse un soupir long et bruyant, alors Ron change de sujet.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé pendant l'arrestation ?

Il y met les formes, comme le meilleur ami qu'il est, alors que je lui dois certainement un rapport détaillé pour expliquer ce fiasco.

- On a sous-estimé ce type, Drago avait raison, il avait une magie puissante sauf qu'il savait pas la canaliser. Il s'est bien défendu, mais ses contresorts n'étaient pas maîtrisés, et quand il a enchanté ces créatures, ça a dérapé. Elles ne lui répondaient plus et mes sorts d'attaque n'y pouvaient rien.

- Ton enquête a relevé qu'il a étudié la zoobiologie, mais il était en double cursus, il a aussi étudié la médicomagie, avant de devoir abandonner. Ensuite, il a continué à fréquenter l'Académie en candidat libre sans jamais obtenir de diplôme.

- Laisse-moi deviner, c'était il y a 20 ans ?

- Tout juste !

- Il se pourrait qu'il ait expérimenté ces sorts de transfert de magie à l'époque, sans y parvenir, laissant les premières coquilles sur son passage. Et pourquoi reprendre aujourd'hui ? Pour réparer son fils ?

- Ça collerait. Dans sa cellule, il n'arrête pas de clamer qu'il voulait juste soigner son fils pour qu'il devienne le sorcier qu'il mérite d'être. J'aurais besoin que tu reviennes l'interroger et finir votre enquête, une fois que Drago sera sorti d'affaire.

Je secoue la tête de tristesse pour le gosse.

- Les jeunes cracmols sont des sorciers, ce n'est pas parce qu'ils ne maîtrisent pas de baguette qu'ils ne sont pas sorciers !

- Je le sais bien Harry, mais tout le monde n'est pas de cet avis. Souviens-toi, il y a encore quelques années, ça restait honteux d'être cracmol dans les vieilles familles sorcières, on cachait ce genre de choses.

- Que va devenir le petit Fergus ?

- On va étudier les possibilités, voir si quelqu'un de la famille peut le recueillir, sinon on lui trouvera un foyer adapté. Et puis, Hermione connaît des gens, on a fait des progrès en vingt ans sur l'intégration des sorciers cracmols ! Il n'y a rien qui cloche chez eux, ils manient juste la magie différemment. Aujourd'hui, ils peuvent être accompagnés dans des écoles de magie, plus appropriées, mais

L'idée même que le père voulait réparer son fils est glaçante.

À quel moment la paternité fait-elle chavirer dans ce genre d'obsession ?

Je ne suis peut-être pas le meilleur des pères, mais je sais qu'on ne peut pas façonner son enfant à son image.

Vouloir le réparer ou le faire rentrer dans une norme pour soulager sa conscience relève d'un égoïsme détestable.

La colère manifeste de Drago sous la serre face à ce père me tord les entrailles. Je donnerai tout pour apaiser ses mauvais souvenirs avec son propre père. Être là, à ses côtés, s'il a envie d'en parler, de partager son fardeau.

- Il risque quoi le père O'Brien ?

- Son procès nous le dira, mais ça sera certainement de la prison ferme. Il ne pensait peut-être pas à mal, mais pour le bien de son fils, il a sacrifié sans sourciller la vie de jeunes sorciers innocents.

Ron garde le silence, tout à ses pensées. Les miennes dévient sur Al, James et Lily.

Puis au bout d'un moment, Patel nous rejoint dans le couloir et me prévient que Drago est de retour dans sa chambre.

Ron en profite pour lui demander une entrevue à propos des magies volées, et je m'éclipse de la conversation pour rejoindre Drago.

Sur le lit, il est toujours aussi blême. Rien à changer.

Quand Patel pousse la porte, il reste de trop longues secondes à observer Drago.

- Alors, ces tests ? je l'interroge.

Il se redresse imperceptiblement pour reprendre une posture plus professionnelle et me délivre un charabia complexe qui m'échappe.

- Est-ce qu'il a été vidé de sa magie ?

Il secoue la tête.

- Ce n'est pas la même situation que pour les coquilles laissées pour mortes. La créature a agi d'elle-même, attirée par de la magie, mais O'Brien n'a pas lancé de sort d'aspiration. Par contre, leur contact a suffi pour laisser Drago dans cet étrange coma.

- Est-ce qu'il a besoin d'une transfusion ? Est-ce que O'Brien peut aider ? Je peux aller l'interroger et lui faire cracher le morceau, s'il le faut !

- Non, l'hypothèse la plus probable est que la magie de Drago a réagi au contact de l'intrusion de la créature et qu'elle a coupé tous les capteurs sensoriels de son hôte, comme pour se défendre d'une agression.

J'ai du mal à suivre ses explications parce qu'une seule inquiétude tourne dans ma tête .

- Est-ce qu'il va perdre sa magie ?

Patel laisse passer un foutu blanc, les yeux rivés sur le lit de Drago.

- Je suis en train de faire des analyses, mais je n'ai pas l'impression qu'il a été drainé. En tout cas, ça ne ressemble pas aux traces trouvées sur les coquilles, je dois encore creuser d'autres pistes...

- Si je dois lui passer de ma magie, je peux !

Patel fronce les sourcils devant ma proposition.

- On ne transfère pas sa magie à n'importe qui, comme ça, sur un coup de tête !

Sans même réfléchir, je riposte :

- Drago n'est pas n'importe qui ! Et ce n'est pas un coup de tête ! S'il y a besoin de magie pour l'aider, prends la mienne !

- Non, ça serait trop risqué sans savoir comment la sienne pourrait réagir à une nouvelle intrusion. En revanche, pour tenter une guérison chamanique à base de magie élémentaire, j'ai besoin d'une décharge d'un membre de sa famille. Ce genre de manipulation magique est toujours risquée...

- Je la signerai !

- Ça ne marche pas comme ça, Potter

- Sa mère perd la tête, Scorpius n'est qu'un gamin. Drago n'a personne d'autre, et tu le sais très bien. Laisse-moi signer cette foutue décharge !

Damian pose ses yeux sur ma main que j'ai posée sur celle de Drago.

Hors de question que je la retire cette fois. Je rehausse même le menton pour me donner de l'assurance.

Patel ne dit rien, mais opine du chef avant de me tendre le parchemin à parapher.

- Très bien, je le fais monter en salle d'opération et je me prépare

**

Dans le couloir, je suis déchiré entre l'adrénaline de cette révélation inattendue et l'angoisse du risque pris.

Peut-être que Patel va s'empresser de le raconter à tout le monde, rien que pour me faire chier.

Peut-être que la nouvelle va se propager comme une traînée de poudre à cheminette.

Tout à mes pensées anxieuses, je n'entends pas Hermione s'approcher.

Quand elle pose une main réconfortante sur mon épaule, je me rends compte combien sa présence m'avait manquée.

Elle m'offre une accolade dans laquelle je me réfugie volontiers.

Sa longue chevelure cascade sur ses épaules et me chatouille le nez.

Je fais durer l'étreinte quelques secondes supplémentaires juste pour apprécier ce réconfort dont j'ignorais avoir besoin.

Ma complicité d'antan avec Mione me manque tellement.

J'ai été négligent sur bien des aspects de ma vie ces derniers temps, et je me promets intérieurement de faire des efforts à l'avenir.

- Comment il va ? elle demande en brisant notre étreinte.

- Damian Patel est en train de tenter une guérison chamanique. Je ne sais même pas ce que ça veut dire ni en quoi ça consiste, mais je suis bien obligé de lui faire confiance.

- C'est une procédure expérimentale qui s'adapte constamment au cas de magie rare. C'était assez controversé il y a encore quelques années, mais aux dernières nouvelles, son taux de réussite de guérison est excellent !

- Il dit que ça peut être lent de régénérer sa magie. Il n'était pas certain que Drago récupère toutes ses facultés...

La culpabilité me noue la gorge.

- Et après ça, il aura surtout besoin de repos.

Je bats des paupières pour ravaler les larmes qui menacent.

Hermione pose sa main sur mon bras et le presse doucement.

- Drago a de la ressource, il va s'en sortir. Et toi, comment ça va ? Tu devrais en profiter pour te faire soigner...

Je hausse les épaules, rien que des égratignures comparé à ce que subit Drago.

Mon uniforme m'a protégé des tentacules brûlants, même si on voit les marques de l'attaque sur les renforts de cuir.

Du sang a séché sur une blessure au menton et une autre à l'arcade sourcilière, là où des éclats de sorts m'ont atteint pendant le combat.
Je me frotte les yeux, soudain pleinement conscient de la fatigue qui tire mes muscles endoloris jusque là planqués derrière la terreur de perdre Drago, qui me tient éveillé depuis notre transplanage depuis les serres.

- Je vais arrêter les missions, me ranger...
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Je vieillis, je ne suis plus un jeune loup solitaire. J'ai les gamins, Drago, ça devient trop risqué.
- Ça a toujours été risqué d'être Auror. Tu as l'habitude et tu t'en sors toujours, tu es doué pour ça !

Une fatigue nouvelle pèse sur mes épaules.

- J'en sais rien. On m'a proposé de donner des cours à l'Académie, je trouvais ça ridicule, mais peut-être qu'il est temps que je lève le pied.

Hermione penche la tête, compréhensive.

- Ça peut être une bonne chose, mais tu n'es pas obligé de tout plaquer du jour au lendemain...

Soudain, ça s'agite au bout du couloir.

Un type fonce comme un foutu attrapeur, se rue entre les brancards et les médicomages, avec dans les mains un appareil photo au zoom démesuré.

Très vite, le service d'ordre intervient et le ceinture pour l'empêcher d'avancer et de capturer un cliché.

Hermione pousse un soupir de colère, les charognards !

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Des paparazzis sont sur le qui-vive. Ils savent que tu es là. Avec Drago.

Un frisson me glace.

- Alors Patel a déjà vendu la mèche ? Ça n'a pas tardé...

Hermione secoue la tête.

- Il est au courant pour vous ? Non, il semblerait qu'un infirmier de l'accueil t'a vu tenir la main de Drago quand vous êtes arrivés... mais je vais m'en occuper, promis !

Un poids en fonte tombe dans mon ventre.

C'était une mauvaise idée.

De venir ici, de rester auprès de Drago, de nous afficher ensemble aussi publiquement.

Sauf que j'aurais été incapable de rentrer chez moi, de rester loin de lui, ni de retourner bosser sans savoir s'il va s'en sortir.

- Tu n'y pourras rien, Mione. Ce sont des parasites, impossible de s'en débarrasser...

- Fais-moi confiance, je sais être menaçante quand il le faut.

Je secoue la tête en soupirant.

- Ignorer le regard des autres après avoir été au centre de la vie de tous les sorciers de ce pays, j'y travaille. Faire enfin ma vie comme je l'entends après avoir tout donné au monde sorcier, je crois que je peux le faire. Mais mettre Drago en danger, ça me rend malade rien que d'y penser, je préfère encore m'éclipser.

- Il connaissait les risques des missions sur le terrain. Ce n'était pas ta faute, sors-toi ça de la tête, Harry Potter ! Vous avez déjà été blessé chacun, lors de votre mission, il va s'en sortir, tu m'entends !

- Je parle pas des missions, Mione. Je parle de la suite, de nous deux, face au reste du monde.

Elle se mord la lèvre, mais son regard est déterminé.

- Je sais que c'est difficile, mais ne prends pas de décision foireuse sur une angoisse, Harry. Drago va avoir besoin de toi. Et si ça dégénère là dehors, on sera là pour vous protéger.

Elle consulte sa montre avant de se lever, me prend dans les bras et me serre de nouveau longuement contre elle.

- On est là, Harry. Tu n'es pas seul, je te le promets.

Dans les bras de ma meilleure amie, je laisse couler les larmes que je retiens, sans savoir de quoi demain sera fait.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro