Chapitre 6

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Drago.

Harry a potassé les notes de Damian à propos de l'étrange façon dont sont drainées les coquilles.

Il a pesté dans sa barbe, sur son jargon scientifique incompréhensible et a préféré suivre son instinct en creusant la piste d'une créature incontrôlée qui aspirerait la magie des sorciers.

A l'étage du Service de Régulation des Créatures Magiques, deux sorciers sont penchés au-dessus de grimoires. Dans leur dos, des parchemins épinglés au mur tressaillent. La lumière tamisée rend la pièce minuscule, mais il suffit qu'une lueur s'approche entre les rayonnages attenants, pour que je réalise l'étendue de leurs salles d'archives. La sphère lumineuse flotte paresseusement à côté du sorcier qui émerge de la pénombre, avant de rejoindre les bureaux au centre de la pièce.

L'un d'entre eux redresse la tête et réajuste ses lunettes quand Harry soumet notre requête.

— Auriez-vous reçu des témoignages sur des cas inexpliqués qui pourraient correspondre à un vol de magie ?

L'archiviste semble attendre la suite, avant de soupirer.

— Rien de plus précis ?

Face à notre silence, elle interpelle un autre sorcier.

— Evan, est-ce que tu peux accompagner ces messieurs jusqu'aux affaires en attente ?

Celui-ci râle un peu. Il a une vingtaine d'années, des pommettes hautes, un anneau accroché à son arcade sourcillière et l'arrogance de la jeunesse. Il décroise péniblement ses grandes jambes, contourne son bureau encombré, puis va récupérer une sphère lumineuse enchantée d'une étagère avant de nous ouvrir la voie à travers la pénombre des archives.

— Suivez-moi. Et ne touchez à rien.

Au bout du premier rayonnage, les étagères s'articulent magiquement. Elles se déplacent devant nos pas, pour recréer une toute nouvelle zone d'archivage. Une petite table apparait en son centre. Il y dépose la sphère lumineuse, puis tourne ses grands yeux clairs vers nous.

— Nous y sommes, dit-il en faisant un grand geste autour de lui.

Harry lève un sourcil interrogateur, et moi-même je ne comprends pas ce que je regarde.

— Ce sont les affaires non classées de ces quatre derniers mois que vous vouliez consulter ? Les voici.

Je lève les yeux jusqu'au plafond anormalement haut pour prendre l'ampleur des dossiers en attente. C'est ridicule et humainement impossible à traiter. Sur la table de consultation, le jeune sorcier se penche et sort sa baguette.

— Vol de magie, vous aviez dit ?

Il prononce un sort en agitant sa baguette dans des mouvements complexes. Certains dossiers rangés sur les étagères se contentent de bourdonner. Aucun parchemin ne se déplace. Le jeune archiviste fronce les sourcils, rien de significatif visiblement.

— Vous êtes sûr de votre sort ? questionne Harry.

Comme il manque clairement d'empathie, j'interviens.

— Est-ce qu'on pourrait soumettre une recherche avec le critère "Créatures suçant du sang". Juste pour tester ?

— Bien sûr, répond le jeune homme, avec morve.

Il lève alors sa baguette, prononce une litanie de mots latins, et soudain plusieurs dossiers s'agitent, se débattent et quittent leurs rayonnages pour venir se poser lourdement, en pile sur la table d'études.

L'archiviste tapote les dossiers, en ouvre un.

— Principalement des soupçons d'attaques de vampires. Même si la plupart ne sera en réalité que des cas de vengeance à base de sangsues envoutées...

— Votre sort fonctionne donc ? le coupe Harry.

— Vous en doutiez ? répond du tac au tac le jeune documentaliste. Chacun son boulot. Je sais ce que je fais !

Il tapote du bout de sa baguette les dossiers qui repartent se ranger à leur place initiale.

— Je vous demanderai de ne rien emprunter à la main, ni de vous passer d'une aide extérieure, le risque étant évidemment de perdre un dossier...

Harry observe les hauts rayonnages, sceptique.

— Vous êtes sûrs que ce sont les dossiers en attente ? Pas les affaires résolues ?

Le type le dévisage un moment.

— Nous sommes dans les rayons des enquêtes en attente. Les affaires résolues sont dans une autre zone. Les fiches de suivi des créatures sous surveillance, encore ailleurs...

— Mais... c'est absurde, rien n'est résolu ici !

— Nous ne sommes très peu à travailler dans ce service. Et personnellement, je suis bénévole en parallèle de mes études. On fait au mieux, répond-il un peu agacé. Vous n'imaginez pas le nombre de cas qui n'aboutissent à rien, mais il faut tout de même les traiter. Les gens nous soumettent un signalement dès qu'ils croient voir un sasquatch dans leur jardin ou une joncheruine tourner autour de leurs gamins. Il y a donc un dossier pour chaque signalement, c'est la règle.

Je comprends mieux l'étendue infinie des rayonnages.

Le jeune sorcier s'impatiente.

— Si vous ne savez pas quelle créature vous recherchez, c'est évidemment plus compliqué, mais on peut croiser les critères. Lieux ? Dates ? Circonstances ? Les sorts de recherche sont un peu complexes, mais si vous me fournissez des éléments plus consistants, rien n'est impossible !

Harry m'interroge du regard, mais effectivement sans plus d'informations à lui fournir, autant chercher un botruc dans des buissons mal taillés !

— Entendu, merci. Nous reviendrons avec plus de données.

Alors qu'il nous raccompagne vers les bureaux d'études à l'entrée du service, le regard du jeune sorcier s'attarde sur Harry, comme s'il le reconnaissait enfin. Quand il tire un bout de parchemin de son bureau pour le griffonner, le doute n'est plus permis.

— Si vous avez besoin d'aide, contactez-moi. Je suis disponible à toute heure, lui glisse-t-il avec un clin d'oeil peu subtil.

Harry empoche le morceau de papier et nous quittons les lieux, bredouilles.

*

En quittant le Service de Régulation des Créatures Magiques, je passe en revue le peu d'indices que nous avons depuis le début de l'affaire.

De la magie volée. Des sorciers laissés vides, comme des coquilles. Un schéma qui semble se répéter. Il y a finalement peu de choses épinglées dans mon tableau mental, pour l'instant. Rien qui n'appuie vraiment l'intuition de Harry qui penche pour des attaques d'une créature magique.

Pour avancer, il faudrait reprendre les bases, étudier les autopsies des différentes victimes, les croiser avec les affaires plus anciennes pour essayer d'en tirer des points communs. Peut-être même suivre la piste de Damian, sur un sort de magie réparatrice détourné...

Inutile de revenir au Service de Régulation des Créatures Magiques tant que l'on n'a pas davantage de matière.

Harry semble en être arrivé au même point.

— Il faut qu'on étudie les cas précédents.

L'idée ne semble pas le ravir.

— L'occasion de suivre la piste de Docteur Parfait. Génial !

Je soupire face à son sarcasme mais j'ai aucune envie de rentrer en conflit avec lui.

— Je suis sûr qu'il va adorer l'idée de te revoir...

— Ca serait déplacé de ta part de me faire une scène, Harry. Tu te fais draguer à longueur de journées, et je ne te fais aucune remarque...

— Parce que ça ne veut rien dire.

— Avec Damian, non plus.

— Vous avez passé deux ans ensemble !

Il jette un oeil au couloir pour vérifier que son éclat de voix est passé inaperçu.

Les sorciers vont et viennent en nous ignorant. Nous rejoignons les ascenseurs pour descendre au sas de transplanage du Ministère. Je jette un oeil à ma montre, si je ne traine pas, je peux encore repasser à Sainte-Mangouste pour débriefer avec Ugo sur les cours de la journée.

Quand on s'engouffre dans l'ascenceur magique, nous nous retrouvons de nouveau seuls.

— Il s'est passé quinze ans entre Poudlard et nos retrouvailles. Tu t'imagines bien que je n'ai pas vécu comme un moine tout ce temps.

— Non, mais...

— Tu es resté combien de temps avec Ginny ? Et tu as combien de plans culs dans chaque ville ? C'est injuste de m'en vouloir pour une relation passée !

— Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? J'ai le droit de trouver ça énorme !

— Nous sommes des adultes, Harry. On a tous les deux eu une vie avant aujourd'hui. On le savait et ça ne change rien...

— Sans compter que vous bossez ensemble ! ajoute-t-il sans même écouter mes arguments.

— Arrête un peu, on travaille à Sainte-Mangouste, dans des services opposés. On ne s'était pas revus depuis presque dix ans. Il n'y a plus rien entre nous, rien, nada, c'est du passé... Par Merlin, je ne devrais même pas avoir à me justifier !

— A voir comment il te regardait dans ta cuisine, j'en suis pas si sûr... Et s'il veut te récupérer, comment lui en vouloir ? Moi aussi, je ferai tout pour te récupérer dans ma vie.

Quand les portes s'ouvrent dans un ding sonore, il se tait.

Il avance entre les sorciers en masquant difficilement une grimace mais se frotte la tempe. Je devine que ses insomnies n'aident pas à calmer sa paranoia latente. Il est toujours plus irritable quand il lutte contre ses migraines.

— Tu devrais rentrer te reposer, Harry. Tu veux que je te refasse des potions de sommeil ?

— Arrête de vouloir me réparer, bon sang !

Je me râcle la gorge et essaie de faire passer l'amertume que j'ai sur la langue.

Qu'il est détestable quand il est dans cet état !

— Je veux juste t'aider. Être là, pour toi. C'est ce que font les gens qui s'aiment....

A l'entrée de la zone de transplanage, les sorciers se font plus nombreux.

— Je dois rentrer au labo, Harry...

— Je t'accompagne.

Sans prévenir, il pose sa main sur mon épaule et nous fait transplaner jusqu'au Hall d'Accueil de Sainte-Mangouste.

Sur le trajet vers l'ascenceur qui mène à l'étage des Potionnistes, Harry garde le silence.

Qu'il prenne le temps de réfléchir à son comportement absurde, de mon côté je ne sais pas quoi dire de plus pour le rassurer.

A mon étage, il me suit dans les couloirs toujours sans prononcer un mot. Puis au bout d'un moment, il brise le silence.

— Je sais que tu m'en veux de réagir comme ça, Drago mais...

Je m'arrête au milieu du couloir pour planter mon regard dans le sien.

— Comme quoi exactement ? Dis-moi un peu...

— Comme un connard ? tente-t-il.

— Comme un jaloux irrationnel, je dirais !

— Je ne suis pas...

Je lève les yeux au ciel.

— Pitié, ne finis pas cette phrase, Harry.

Il s'adosse contre le mur, se frotte à nouveau nerveusement la tempe, jette un oeil pour s'assurer que notre conversation ne parvienne pas jusqu'à des oreilles trainantes.

— C'est juste... dur de t'imaginer vivre avec Docteur Parfait.

Il se mord la lèvre, rive son regard sur le bout de ses bottes.

— Parce que vous viviez ensemble, hein ? Il avait accepter d'emménager chez toi, lui ?

Mon coeur se serre quand je comprends son inquiétude.

Je l'attrappe par la manche, le tire dans une salle que je sais vide à cette heure, puis je prends son visage en coupe entre mes mains. Sa barbe est drue entre mes doigts, ses yeux verts derrière ses verres me fuient.

— Ne fais pas ça.

— Ca tourne en boucle dans ma tête ! Tu lui faisais des petits plats ? Il considérait Scorpius comme son fils ?

Je m'approche et colle mon front tout contre le sien pour essayer de calmer ses angoisses.

— Reste avec moi. Là, maintenant.

— J'y arrive pas, Drago. Je comprends pas. Il est aussi parfait que je suis chaotique. On n'a rien à voir. Comment tu peux vouloir être avec moi après avoir connu sa... perfection ?

— Tu le juges sans le connaître. Damian n'a rien de parfait, je t'assure. Il était même complètement à contre-courant de la médecine moderne à l'époque. Et il est tellement, tellement agaçant dans ses convictions quand il s'y met. Une vraie tête de mule dans son genre ! A croire que j'ai un type...

Je tente de dédramatiser la situation, mais vu la mine de Harry, ça ne fonctionne pas.

Mon pouce caresse doucement la base de ses cheveux.

— Harry, tu n'as rien à craindre. Je te le promets. Fais-moi confiance.

Il secoue la tête, me repousse un peu en détournant le regard.

— Je vous imagine bien tous les deux avec vos manières si délicates, drapés dans vos privilèges, insensibles au regard du reste du monde. Ça devait être plus facile à vivre avec lui...

Mon sang se glace, soudain.

J'ai pris l'habitude de gérer les angoisses de Harry, de calmer sa paranoia latente, de renvoyer ses piques, de désamorcer les conflits stupides qu'il provoque. Mais ma patience a des limites.

— Moi, privilégié ? Tu es sérieux ? Tu as une idée de ce que j'ai vécu à la sortie d'Azkaban ? Tout le monde voulait me voir exécuté alors que je venais justement de passer un an en enfer pour payer ma dette ! Moi, privilégié ? Tu te rends compte de ce que tu dis, Harry ?

Je le laisse en plan dans la salle de cours et remonte d'un pas rapide le couloir vers le Laboratoire des Potionnistes.

J'ai envie de lui mettre mon poing dans la figure pour qu'il reprenne ses esprits. Sauf que je n'ai plus quinze ans et que je m'évertue à enseigner à Scorpius la non-violence.

Je me concentre sur mes respirations pour calmer la colère qui remonte dans ma gorge. Contre toute attente, Harry est sur mes talons.

Je l'ignore et traverse l'étage des Potionnistes en essayant de garder un semblant de contrôle. Je passe devant la Grande Serre, puis l'amphithéâtre des cours magistraux, les salles d'études se sont vidées, j'avise l'heure, j'ai raté la fin du dernier cours de peu.

Demelza, ma co-directrice, est dans son bureau avec quelques élèves, je lui renvoie son signe de tête.

Quand je m'engouffre dans mon atelier, Harry est toujours là.

Il se mord la lèvre, certainement conscient qu'il a dépassé les bornes. Je sais pertinemment qu'il ne va pas s'excuser. Il ne sait pas faire. Si je fais le dos rond la plupart du temps, cette fois, je ne veux pas le laisser croire que ça ne me touche pas.

— J'étais plus bas que terre à l'époque. A la sortie d'Azkaban, je me suis reconstruit avec l'aide des Greengrass. Puis en me raccrochant à Scorpius quand il est né. Mais quand je suis revenu à Londres, c'était l'enfer...

— Je ne voulais pas...

— Personne ne m'attendait Harry, je le coupe. J'ai du faire mes preuves, me battre pour me faire respecter. Damian a été là. Il a cru en moi, et même un peu plus, oui. Sans lui, j'aurais tout laissé tomber... Ça n'avait rien de facile !

Je me pince les ailes du nez pour me calmer.

— Être avec lui n'a rien à voir avec être avec toi.

Je me rends compte en la prononçant que ma phrase peut être interprétée de travers, et bingo, Harry y plonge directement !

— Si c'est si difficile d'être avec moi, je ne te retiens pas ! Je te l'ai toujours dit, si tu veux un mec stable et sans névroses, tu peux aller voir ailleurs !

— Bon sang, ne fais pas ça Harry...

— Quoi ?

D'un geste de baguette, je lance un sort de silence dans le bureau et les rideaux occultants se baissent dans un claquement sec.

— Jouer le martyr incompris qui est le seul à avoir souffert !

— T'as aucune idée de ce que j'ai vécu pendant et après la Grande Bataille...

— Parce que tu ne veux pas m'en parler ! Parce que tu ne me fais toujours pas confiance, tu es si... si...

Harry est sur le qui-vive, poings serrés, prêt à en découdre et poursuivre cette dispute qui ne rime pourtant à rien.

Je jette un oeil à la pile de devoirs interminables qu'Ugo a déposés sur mon bureau, et je soupire.

Pas certain qu'on résolve tous nos soucis ce soir, et cette tête de nœud n'est clairement pas disposé à faire des efforts aujourdhui.

— Ecoute, on va s'arrêter là...

Ses épaules s'affaissent, Harry se frotte le barbe, grimace un peu tout en évitant soigneusement mon regard.

— Ça ne pouvait pas durer, hein ? Toi et moi. C'était voué à l'échec dès le début...

Une main glacée se faufile autour de mon coeur.

— De quoi tu parles ? Je mets fin à cette conversation, avant de dire des choses blessantes que je ne pense pas. Pas à notre relation.

J'ai soudain la gorge serrée et un poids en fonte dans le ventre.

— Tu as si peu foi en nous pour croire qu'une dispute aussi stupide puisse me donner envie de me barrer ?

Face à moi, Harry a les yeux humides, mais il ne dit rien.

— Que tu puisses le penser, ça fait mal, Potter...

Un silence désagréable plane.

Je contourne mon bureau, m'installe dans mon fauteuil et attend qu'il dise quelque chose. Mais rien ne vient.

— Tu devrais y aller. J'ai cette pile interminable de parchemins à corriger pour demain. On en reparle plus tard, si tu veux bien.

Et c'est sans un mot qu'il quitte mon atelier, les larmes aux yeux, me laissant le coeur en vrac... 

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