Chapitre 5

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Harry.

Je me masse la tempe pour faire passer la migraine qui pulse depuis ce matin.

Les fioles de Drago aident à apaiser la douleur lancinante, mais il reste toujours une aura désagréable qui a du mal à passer.

Au Bureau des Aurors, la journée a été pénible entre réunions interminables et formations administratives inutiles. Sans compter que je n'ai pas vu voir Drago aujourd'hui. C'est que je m'habitue à l'avoir à mes côtés au fil des enquêtes.

J'ai conscience d'avoir sur réagi la veille. La rencontre avec le Docteur Parfait Patel a remué tout un tas de craintes, mais Drago n'y est pour rien. Alors, au lieu de rentrer seul dans mon appartement trop grand, je transplane dans la rue où il vit avec Scorpius.

Les maisons résidentielles s'alignent avec leurs jolis escaliers bordés de bacs à fleurs et leurs paillassons bien propres. À l'angle de la rue, quelques commerces sont encore ouverts. Un fleuriste est en train de remballer son étal, un épicier réarrange son stock, un petit resto sort quelques tables sur le trottoir. Aussi, je fais un crochet dans la petite épicerie pour prendre une bouteille de vin.

En pressant la sonnette sur le perron de chez Drago, un doute s'empare de moi. Et s'il n'avait pas envie de me voir ? Et s'il se préparait à une soirée tranquille avec son fils, et qu'il préférait laisser le boulot au Bureau, ses prises de tête, et moi avec ?

Je n'ai pas le temps de cogiter davantage ni de tourner les talons que la porte s'ouvre sur Scorpius.

Le garçon est grand et élancé, des mèches blondes se battent sur son front, quelques taches de rousseur - sans doute héritées de sa mère - s'éparpillent sur ses pommettes. Il penche davantage vers le jeune adolescent que le petit garçon que j'avais déjà croisé auparavant.

— M. Potter ?

Avant que j'aie pu trouver une excuse décente pour battre en retraite, il ouvre la porte en grand et m'invite à entrer.

Je dissimule la bouteille de vin dans ma cape, m'essuie les pieds sur le paillasson tandis que Scorpius m'observe calmement.

— Est-ce que ton père serait dans les parages ?

— Dans la cuisine, répond-il en refermant la porte dans mon dos.

Au bout du couloir qui donne sur le séjour, la voix de Drago s'élève, mais aussi une autre voix masculine. Mon coeur se serre quand je la reconnais.

Ce foutu Patel est appuyé au comptoir de la cuisine ouverte, les yeux rieurs et ses cheveux parfaitement coiffés.

De l'autre côté du plan de travail, Drago en tenue décontractée, les manches relevées, hausse vers moi des yeux surpris.

— Harry ? Damian est justement venu déposer son rapport complété de l'autopsie, avec de nouvelles pistes auxquelles il a pensé...

Des parchemins s'étalent effectivement entre eux, mais je ne peux m'empêcher de m'imaginer le pire en les voyant tous les deux si complices dans la cuisine de Drago. Je prends sur moi et m'efforce de rester professionnel.

— Merci, Docteur. Même si j'imagine que ça aurait pu attendre lundi...

Il penche la tête dans un sourire agaçant.

— Je suis un addict du boulot. Une incorrigible obsession. Mais apparemment, je ne suis pas le seul à ne pas compter mes heures. Vous alliez bosser sur l'enquête ce soir ?

Je jette un oeil à Drago qui nous observe sans un mot. S'attend-il à ce que je déballe tout ?

Non, je viens voir mon mec, alors bas les pattes !

À la place, je me contente d'acquiescer, lâchement.

— Oui, je voulais avoir l'avis de Drago sur certaines pistes. En effet, l'enquête n'attend pas !

— Je te raccompagne, Damian ? propose Drago en faisant le tour du comptoir.

— T'embête pas, je connais le chemin !

Il prend congé d'un signe de tête, pose une main amicale sur l'épaule de Scorpius.

— Content de t'avoir recroisé, jeune homme !

Le garçon, qui suivait l'échange depuis le pas de la porte, se contente d'esquisser un sourire poli, me jette un oeil, avant de grimper les escaliers vers l'étage.

J'essaie de ne pas tendre l'oreille pour capter ce qu'il se dit entre Drago et Damian dans l'entrée, et je me pose sur un des tabourets de sa cuisine, sors la bouteille de vin mal calée dans une des grandes poches de ma cape et la pose nerveusement sur le plan de travail.

Quand Drago revient, il jette un oeil à l'étage où s'est réfugié Scorpius puis vient s'appuyer contre le frigo en croisant les bras, comme s'il attendait à ce que j'entame la discussion.

Je pourrais laisser passer, ne rien dire, jouer le gars sûr de lui et confiant qui se fiche qu'un ex vienne roucouler sous le nez de son amant. Sauf que j'y arrive pas. Alors je mets les pieds dans le plat.

— Pas très subtil cette histoire de dossier. Qu'est-ce qu'il voulait réellement ?

Je discerne un tressaillement amusé sur les lèvres de Drago, mais il se contente de hausser les épaules.

— Il voulait réellement partager ses idées, tu peux consulter le dossier. Il a rajouté des lignes à son rapport sur la façon dont la magie a été drainée... Et ensuite, oui, je reconnais qu'il a tâté le terrain.

Je serre les dents, prends le temps d'inspirer et expirer.

— Et qu'en dit "le terrain" ?
— Ledit terrain est plutôt flatté. Je suis plutôt un bon parti, tu sais, si on oublie la partie ancien mangemort. Je cuisine de bons petits plats, et surtout je ne fais pas crever les plantes !

Alors que Drago réussit à enrober sa franchise d'une pincée d'humour, je n'arrive pas à le prendre à la légère.

— Alors quoi, vous vous remettez ensemble ? J'ai pas eu le mémo...
— Bon sang, fais-moi un peu confiance, par Merlin !

Je me mords la langue.

Je lui confierai ma vie, j'ai une confiance aveugle en lui. Qu'il en doute me serre le coeur.

En revanche, je n'accorde aucune confiance aux manoeuvres du Docteur Parfait.

Drago soupire, fait quelques pas jusqu'au comptoir qui nous sépare, pose ses coudes sur le plan de travail et se penche vers moi.

— Oui, il a tâté le terrain. Mais je lui ai dit que je voyais quelqu'un, murmure-t-il un ton plus bas. Quelqu'un à qui je tiens beaucoup. Quelqu'un avec qui c'est parfois compliqué, mais avec qui j'ai envie de construire quelque chose.

Quand il me regarde de cette façon, je me sens comme le roi du monde. Celui qui a décroché le pompon, la personne la plus chanceuse au monde. J'ignore comment il se débrouille pour me supporter et garder intact ce regard amoureux qu'il pose constamment sur moi.

Souvent, la pression me submerge et l'angoisse de ne pas être à la hauteur de ses attentes me dévore.

— Tu lui as parlé de nous ?

— Je n'ai pas évoqué ton nom, ça ne le regarde pas. Mais il n'est pas idiot. Et je ne pensais pas te voir débarquer chez moi un vendredi soir. Qu'est-ce que tu fais là d'ailleurs ?

— J'en sais rien. Je voulais... m'excuser, être avec toi, partager cette bouteille... Désolé, c'était peut-être une erreur.

Il tend la main pour enlacer ses doigts aux miens.

— Ce n'est pas ce que j'ai dit. Tu es toujours le bienvenu à la maison, tu le sais.

Alors qu'il se penche pour m'embrasser, la voix de Scorpius s'élève du haut de l'escalier.

— 'Pa, t'as pas vu traîner mes chaussures de rando ?

— Certainement dans la buanderie. Et je parie que tu n'as même pas vérifié avant de demander !

Je me redresse pour mettre un peu de distance entre nous. Drago récupère ses lèvres, sa main et le réconfort qui allait avec.

— Je vais vous laisser tranquille...

— Reste. Scorp passe la nuit avec des copains. Et moi, j'allais bosser sur une potion, autant dire que tu sauves ma soirée !

— Trouvées ! lance le garçon du bout du couloir.

Il déboule dans le séjour, tentant de garder l'équilibre sur un pied, tout en essayant d'enfiler une chaussure sur l'autre, un sac en bandoulière en travers du dos. Drago l'aide à enfiler la manche de son sweat tandis qu'il sautille sur l'autre pied, la deuxième chaussure à la main.

— Je peux passer la cheminette seul, 'Pa, j'ai plus 6 ans !

— Ce n'est pas la question, c'est juste une forme de politesse d'aller saluer Mrs Bartlow et de la remercier de faire le chaperon pour la soirée.

Avant de filer vers le salon où se trouve la cheminée, Drago se retourne vers moi.

— Je fais un aller-retour rapide. Reste. S'il te plaît.

*

Je me retrouve soudain seul chez les Malefoy.

Si mon appartement est immense et froid, l'appartement de Drago est étonnamment chaleureux.

Une porte vitrée dans la cuisine donne sur une petite cour où les plantes ont clairement pris le dessus. L'agencement de leur cuisine est simple, mais fonctionnel, une poêle mijote sur le feu. Dans le couloir, l'escalier donne sur les chambres à l'étage, mais juste avant une volée de marches descend vers ce que je croyais être la cave. Je pousse le battant déjà entrouvert pour découvrir un atelier de potionniste installé dans l'entresol. La pièce est exiguë, mais l'aménagement s'avère optimal : des parchemins s'étalent sur le petit bureau, une potion que je reconnais trône sur son support de préparation, et des ingrédients dont j'identifie seulement la moitié s'entassent sur des étagères.

Dans un coin du bureau, des parchemins vierges sont méticuleusement rangés auprès d'une plume et d'un encrier.

Quand Drago descend les quelques marches pour me rejoindre, je lis du soulagement dans ses yeux.

Comme si c'était mon genre de déguerpir sur un coup de tête...

— Je croyais qu'il fallait lever le pied sur le boulot, je ricane en jetant un oeil entendu à cet atelier improvisé.

— "Fais ce que je dis, pas ce que je fais". Pas de jugement s'il te plaît, grimace-t-il.

— C'est la Memoriae Captiva ?

— C'est elle. On est en phase finale d'expérimentations, j'ai bon espoir que les tests de stabilisation donnent des résultats probants avant la fin du mois...

— Les précédentes phases d'expérimentations étaient plutôt encourageantes. Sans compter que ta publication a été très bien accueillie au Ministère.

Drago, adossé contre l'encadrement de la porte, hausse un sourcil.

— Tu lis mes essais ?

— Pas tous, mais celui-là oui. Il était très intéressant.

— Tu n'es pas obligé, c'est du jargon scientifique...

Clairement. Je l'ai à peine lu en diagonale, par pure curiosité et j'ai mis une semaine à arriver jusqu'au bout. Je n'ai peut-être pas l'intelligence universitaire du Docteur Parfait, mais je fais des efforts.

— Je m'intéresse à ce que tu fais, c'est tout.

Il esquisse une moue attendrie, puis me tend la main pour me ramener dans la cuisine.

*

Je pose mes fesses sur un le tabouret de l'autre côté du plan de travail pour regarder Drago s'affairer en cuisine.

Il soulève le couvercle de la poêle qui mijotait sur le feu, il trempe un bout de cuillère en bois qu'il porte à ses lèvres, ajuste l'assaisonnement. D'un geste de baguette, il enchante un couteau qui se met découper un oignon puis ciseler une gousse d'ail.

C'est toujours un ballet gracieux quand il est concentré à préparer un repas.

Quelques mèches échappées de sa natte lui encadrent le visage. Est-ce que je me lasserai un jour de prendre le temps de le détailler et le trouver toujours aussi beau ?

— Tu sais que je t'aime ?

Il lève la tête vers moi, hausse un sourcil. Un sourire amusé étire ses lèvres.

— Qu'est-ce qui t'arrive ?

— Rien. Je te le dis pas assez, c'est tout...

Je contourne le comptoir pour venir me glisser derrière lui et dépose un baiser sur la base de sa nuque.

Je dégage sa natte pour poser un autre baiser dans son cou puis un autre, et encore un autre.

Je passe une main sous son t-shirt, caresse ses reins avant d'emprisonner sa taille et poser ma tête tout contre lui.

Il prend le temps de déposer la cuillère en bois qu'il a encore en main, se retourne, et m'attire contre lui en m'entourant de ses bras. Il approche ses lèvres des miennes et m'embrasse avec une infinie patience que je ne mérite pas.

Son baiser est tendre, plein de promesses d'avenir auxquelles je veux désespérément m'accrocher quand les doutes me bouffent.

Puis, trop vite, il s'écarte, passe ses doigts dans ma barbe mal taillée dans une caresse.

— Tu nous ouvres cette bouteille de vin pendant que je finis de préparer à manger ?

Il vérifie ses casseroles, lance quelques sorts aux ustensiles de cuisine, puis descend la volée de marches vers son petit jardin. Leur cour intérieure est minuscule, mangée par la végétation, entre les plantes accrochées aux hauts murs, et les pots colorés dans lesquels poussent dans un chaos indescriptible des plantes qui me sont inconnues. Chacune d'elles a une petite pancarte avec des lettres délicates formées à la main, l'écriture de Drago.

Celui-ci tapote un arrosoir qu'il a rempli d'eau, puis l'enchante pour qu'il fasse le tour des pots de plantes. Dans un des coins, une cage assez grande accueille un hibou grand duc, posé sagement sur sa branche, en attente de courriers à envoyer. Malgré la saison automnale, il fait encore bon.

Alors que l'arrosoir enchanté poursuit seul sa tâche, Drago prend le temps d'aller jeter un oeil à quelques plantes, inspecter leurs feuilles, tâter leur terreau... Après quelques gestes délicats envers son jardin, il revient vers la volée de marches, nettoie d'un geste de baguette une petite table, tire deux chaises pliées qu'il dépoussière et fait léviter deux verres à pied depuis la cuisine.

Il retourne ensuite dans la cuisine et revient avec deux assiettes pleines qu'il dépose sur la petite table. Il s'y assoit, alors je l'imite et nous sers les verres de vin.

— C'est du poulet basquaise, précise-t-il en m'observant le nez penché dans mon assiette.

C'est un pan de sa personnalité que j'ignorais avant nos retrouvailles.

Il aime découvrir de nouvelles saveurs, je l'ai appris au fil des enquêtes. Où qu'on aille, il prend toujours le temps de goûter aux plats locaux et d'en apprécier les subtilités. Puis, il aime prendre le temps de cuisiner et d'essayer de reproduire les mets qu'on a dégustés. Ce qui me change clairement des boîtes de conserve que je mange quand je suis seul.

— Tu te nourris bien en ce moment ? demande-t-il comme s'il suivait le cours de mes pensées.

— Je me débrouille, merci, Maman, je riposte en levant un doigt provocateur vers lui.

En réalité, ces petits plats sont toujours divins et ce poulet en sauce, dont le nom m'a échappé, est un régal. Le vin que j'ai pourtant choisi au hasard roule délicieusement sur ma langue.

J'ignore si c'est la présence de Drago qui joue, mais ce cocon de verdure est comme un havre de paix. On s'y sent bien, à mille lieues de mon loft impersonnel. Ici, il a réussi à faire de leur maison, un endroit chaleureux et accueillant.

Je le détaille un moment puis bois une gorgée du vin rouge avant de prononcer les excuses que je lui dois.

— Je suis désolé, Drago.

— Je sais, murmure-t-il en posant sa paume sous son menton pour m'observer.

— Je suis désolé d'être aussi chiant, de rendre tout difficile. Parfois, je me dis que ça serait plus simple si on se barrait, loin de Londres...

Il avale une gorgée de vin, passe sa langue sur ses lèvres et penche la tête pour me répondre.

— Est-ce que dans ton plan de fuite, je peux emmener Scorp, mes étudiants et mes plantes ?

Il me regarde avec une patience que je ne mérite pas, un sourire tendre aux lèvres.

— C'est vrai que t'es bien installé ici...
— Je n'ai pas spécialement envie de quitter tout ça, Harry. Je me sens bien ici.

Je le comprends. Mais moi, j'y arrive pas.

Drago se lève pour contourner la table et venir s'asseoir sur une des marches, tout près de moi.

— Je sais que tu veux rester discret Harry, et je peux le supporter, je t'assure. On a l'habitude de rester discrets dans cette famille.

— Je veux pas t'infliger ça, le placard étouffant...

— T'inquiète. Tant qu'il est assez grand pour tous les deux, je saurai être patient...

Il pose sa tête contre ma cuisse, je passe mes doigts dans ses longues mèches échappées de sa tresse. J'aimerais pouvoir suspendre cet instant. Le silence s'étire, loin d'être désagréable.

— Tu veux rester cette nuit ? demande Drago du bout des lèvres.
— Pas sûr que ce soit une bonne idée.
— T'as les gamins ce week-end ?
— Seulement à partir de midi.
— Reste, alors. Je suis trop fatigué pour baiser, mais j'ai envie que tu restes. S'il te plaît.

Mon coeur se serre.

Moi aussi, j'ai envie de rester.

Je passe mes doigts dans ses mèches, inspire, expire, calmement.

— Ok, je reste.

Drago se hisse, un sourire aux lèvres, et vient me voler un baiser.

— Je finis de ranger la cuisine, va te mettre à l'aise ! Sers-toi dans ma commode pour la serviette de bain, pioche dans mes affaires si besoin, et je te rejoins dans un instant.

*

Après m'être douché, je me glisse dans le grand lit.

Les draps de satin sentent bon le propre. J'enfouis mon nez dans le coussin pour m'imprégner de l'odeur de Drago.

Quand il monte à l'étage et entre dans sa propre chambre, il s'arrête un instant sur le pas de la porte en me dévisageant.

Je me sens un peu ridicule dans l'ensemble en soie que je lui ai piqué, mais pas foutu de trouver un t-shirt simple qui aurait fait l'affaire. Je ne le reconnaîtrais pas même sous la torture, mais c'est diablement confortable !

— Quoi ?

Drago secoue la tête en souriant et s'avance enfin dans la chambre.

— Rien, tu vas te moquer.

— Dis-moi !

Il s'assoit sur le matelas à mes pieds et prend quelques secondes pour m'observer.

— Toi. Dans mon lit. Avec mes fringues. À la maison. Il y a des fantasmes plus intenses que de la simple baise et celui-là en fait clairement partie...

Je le tire par sa chemise et l'embrasse pour le faire taire.

Il rampe au-dessus de moi, répond à mon baiser, attrape doucement ma lèvre inférieure avant de m'embrasser de nouveau.

Puis trop vite, il s'affale à mes côtés et vient poser sa tête dans le creux de mon épaule. Les yeux clos, un autre sourire s'étire sur ses lèvres.

*

À l'aube, les lueurs matinales qui percent à travers les rideaux me tirent du sommeil.

J'entrouvre les paupières, mais je reste immobile à profiter du sentiment de plénitude et de repos insoupçonnés qui m'enveloppent. Sous la couette, les mollets de Drago sont chauds contre mes orteils, alors je réduis l'espace qui nous sépare, passe un bras autour de sa taille, me colle tout contre son dos et niche mon nez dans ses cheveux.

Et si le bonheur c'était juste de respirer son odeur de bon matin et profiter de la chaleur de son corps contre le mien ?

Il étire ses jambes, enlace ses doigts aux miens contre son ventre. Doucement, il émerge lui aussi du sommeil.

Je dépose un baiser à la base de sa nuque. Encouragé par un soupir de contentement, je poursuis mon réveil en picorant sa peau de baisers tendres depuis son omoplate jusqu'à la courbe de son épaule. Puis lentement, je dessers le lien de son bas de pyjama et faufile ma main entre ses cuisses. Quand il fait pivoter légèrement son bassin pour me faciliter l'accès à son entrejambe, ma main se fait douce sur son sexe endormi. En de lentes et patientes caresses, je le réveille et le fais durcir sous mes doigts.

Des soupirs de plaisir s'échappent des lèvres de Drago, les yeux encore clos, alors je m'affaire à le mener lentement jusqu'au bord du précipice. Quand il ne tient plus, il s'arque entre les draps, ses orteils se recroquevillent contre mes mollets et je récolte sa semence entre mes doigts.

Tandis qu'il reprend ses esprits, je nettoie son entrejambe avec un pan du drap, m'essuie la main avant de venir me lover tout contre lui. Il a les paupières lourdes de celui qui vient d'émerger et les pommettes rougies de celui qui a pris son pied.

— Je pourrais m'y habituer. À me réveiller auprès de l'homme que j'aime...

Je me réfugie contre son flanc pour masquer la rougeur qui s'étend sur mes joues. C'est dur de rester impassible quand il sort des choses comme ça.

Sa peau est chaude et rassurante tout contre moi.

— J'aime aussi ça. Me réveiller à tes côtés. Et puis, ça faisait longtemps que j'avais pas aussi bien dormi...

— Tu sais ce qu'il te reste à faire.

Drago tourne la tête vers moi, passe ses doigts dans mes cheveux.

— Ma proposition tient toujours. Tu pourrais, tu sais, t'installer ici...

Mon ventre fait un looping incontrôlé, et la panique enfle dans ma poitrine. Il semble le percevoir puisqu'il se reprend.

— Ou venir passer quelques nuits de temps en temps pour commencer. Le tiroir que je t'ai proposé est toujours disponible...

Je m'écarte un peu de sa peau chaude.

— Ça serait trop...

— ... sérieux ? Il me coupe. Ça fait des mois qu'on baise ensemble Harry. Ce n'est pas sérieux pour toi ?

Je me frotte les yeux, essaie de calmer l'angoisse qui menace.

Comment lui expliquer que j'en ai envie, vraiment. Mais que c'est encore compliqué pour moi.

— Et qu'est-ce qu'on dirait aux enfants ?

— Tu peux garder ton appart pour les accueillir, si c'est trop tôt pour leur en parler.

J'ai beau tourner notre situation dans tous les sens, je ne trouve pas de solution facile.

— Et si on s'installait dans un quartier moldu, loin des paparazzi sorciers ?

— Tu ne peux pas fuir constamment, Harry.

Soudain, un petit hibou tapote le carreau de la fenêtre et Drago se redresse entre les draps.

— Si tu as honte qu'on soit ensemble, je préfère que tu me le dises clairement...

Le petit volatile se met à taper frénétiquement au carreau, mais quand Drago se lève, je le retiens par le poignet.

— C'est pas ça. Laisse-moi y réfléchir encore un peu...

Quand il quitte le lit pour aller récupérer la missive, sa natte s'est défaite et sa chemise mal reboutonnée laisse apparaître des courbes de peau blanche que je ne me lasserai jamais d'explorer. Il intercepte mon regard et lève un sourcil amusé.

— L'avantage à dormir ici, c'est que tu pourrais profiter plus souvent du spectacle qui a l'air de te plaire...

Je lève les yeux au ciel contre cet argument effectivement imparable.

— T'as pas idée à quel point t'es beau, bordel !

Il sourit tout en parcourant le parchemin.

— C'est un hibou du labo, je dois répondre. Mais ne file pas sans rien dire, Potter.

— Comme si c'était mon genre, Malefoy.

Drago ricane de nos éternelles piques, mais il revient se pencher au-dessus du lit pour déposer un baiser sur mes lèvres.

— Je suis sérieux. Reste encore un peu, d'accord ?

Je le retiens par le menton pour faire durer son baiser avant de le relâcher à contrecœur.

— C'était pas mon intention. Je vais d'ailleurs nous préparer le petit-déj' pour te prouver ma bonne foi !

Tandis que Drago descend pour répondre au parchemin, je profite encore quelques minutes des draps imprégnés de son odeur et je réalise que moi aussi, je pourrais m'habituer à ce genre de réveils.

*

Dans la cuisine ouverte, je fouille dans les placards pour en sortir des oeufs et de quoi toaster le pain, puis du thé à la bergamote que Drago apprécie tant, et du café pour me réveiller.

Tandis que je fais frire des tranches de bacon dans la poêle, la voix inattendue de Scorpius s'élève du petit salon.

— C'est moi 'Pa ! Mrs Bartlow a eu une urgence à son travail ce matin, on a dû rentrer plus tôt que prévu...

La voix se rapproche du couloir, des chaussures sont balancées au sol, un sac et une veste valdinguent sur le sofa du séjour.

— Elle nous a un peu poussés dans la cheminette, mais ça tombe bien, j'ai cette maquette enchantée à préparer pour le cours d'Histoire de la Magie. Tu te souviens que tu m'as proposé de m'aider ? Autant commencer tôt...

Avant que j'aie pu décider comment et par où m'enfuir, Scorpius passe une tête dans la cuisine. Il s'arrête sur le pas de la porte, un sourcil relevé.

— Je termine une lettre et je viens Scorp ! lance Drago depuis son atelier dans l'entresol.

Au lieu de tourner les talons, Scorpius s'avance dans la cuisine et se hisse sur l'un des tabourets hauts de leur comptoir, juste face à moi. Je me frotte la barbe, essaie de trouver une stratégie de fuite décente, mais comme Scorpius se contente de m'observer en silence, je tente la conversation.

— Une maquette enchantée ? Ça a l'air sympa...

Il se contente de hausser les épaules, tend la main pour se servir un jus d'orange puis tire un mug vers lui.

— Je te sers quelque chose ? je lui demande.

— Du café. Noir et serré

Alors que je me saisis de la petite cafetière, je lui jette un coup d'oeil.

— Ton père te laisse boire du café ?

L'ombre d'un sourire passe sur ses lèvres.

— J'ai treize ans, bien sûr que non ! C'était un test pour voir si vous êtes aussi nul que le dit Al...

— Oh, je vois...

Scorpius tend la main pour se servir du lait et du cacao, puis mord dans la tartine grillée que je venais de préparer pour Drago. Pendant qu'il mâche sa bouchée, il me détaille sans discrétion.

— Alors, vous et Pa'...

— On travaille ensemble, je le coupe.

Il lève à nouveau un sourcil qui le fait terriblement ressembler à Drago.

— En pyjama ? Je ne suis plus un gamin, donc... vous et 'Pa, est-ce que ce n'est pas un conflit d'intérêts ?

— Qu'est-ce que tu sais des conflits d'intérêts ?

Scorpius plisse les yeux.

— Je sais que vous travaillez ensemble et qu'il vous estime beaucoup. Je sais aussi que vous êtes influent. Je vous ai vu dans un classement de Sorcières Magazine. Vous êtes presque toujours dans les trois premières places, alors que 'Pa, jamais. Pourtant c'est le meilleur...

Il mord dans son pancake en poursuivant son observation, alors je me réfugie derrière ma tasse pour fuir son jugement.

— Je suis d'accord, ton père est bien meilleur que moi. Ces classements ne riment à rien...

— Al dit que vous vous cachez sous une carapace.

Quand je relève les yeux, Scorpius me fixe sans ciller, en attente d'une réponse.

— Il dit ça ?

Je passe décidément trop peu de temps avec mon fils.

J'ai conscience que notre relation est compliquée en ce moment et qu'il m'en veut pour à peu près tout, mais savoir qu'il se confie à un ami sur ce qu'il me reproche me serre le coeur.

Scorpius continue de mâcher sa bouchée, lentement, sans me quitter du regard. Comme s'il essayait de percer la surface et de déceler ce qui se cache sous l'image du Grand Harry Potter.

Je ne suis pas certain de supporter longtemps ce regard désappointé, alors je cherche comment me défiler de ce face-à-face embarrassant.
Mais soudain, Scorpius repose son mug sur la table et s'étire.

— Al est le garçon le plus intelligent de l'école, mais parfois il peut être vraiment bête comme garçon. Comme quand il pense pouvoir tenir tête à ces brutes de Devis et Burt...

— Albus a des soucis à l'école ?

Scorpius hausse les épaules.

— Al intervient parfois sans réfléchir, juste parce qu'on dit un vilain truc sur vous. Moi, je dis que parfois les problèmes d'adultes devraient rester leurs problèmes. Al n'est pas d'accord...

Qu'Albus ait des soucis à l'école à cause des ragots qu'on raconte sur mon dos ne fait que renforcer mon sentiment d'être un mauvais père.

Je suis sur le point de lui demander davantage de détails, quand Drago débarque dans la cuisine avec son parchemin qu'il finit de rouler. Son regard fait un va-et-vient entre son fils et moi, avec une pointe d'inquiétude.

— Scorp, tu n'as pas parlé d'une maquette enchantée à préparer ?
— Si, j'allais y aller, 'Pa !

Tandis que Drago sort dans la petite cour pour aller accrocher la missive à la patte de son hibou, Scorpius descend de son tabouret, jette un regard vers le jardin avant de se penche au-dessus du comptoir.

— Est-ce que vous rendez mon père heureux ?

Je déglutis face à la question sans détour.

Sous ses traits d'adolescent, il a le regard vif et intelligent de celui qui cherche à protéger son père.

— Lui me rend heureux.

Il tique et fronce le nez.

— Évidemment, 'Pa c'est le meilleur. Mais vous, est-ce que vous le rendez heureux ? Al dit que vous alternez constamment entre tristesse et colères. 'Pa mérite d'être heureux. Je ne veux plus le voir triste, entendu ?

Je hoche lentement la tête sous cette mine sévère malgré sa jeunesse.

— Je vais faire de mon mieux...

Scorpius se redresse, tend la main pour prendre un dernier pancake.

— Bien.

Sur le pas de la porte, alors que le pancake est déjà englouti, il se retourne vers moi.

— Vous savez quoi, vous n'avez pas l'air si nul que le dit Al...

Avant que j'ai pu répondre quoique ce soit, il disparaît dans les escaliers, et Drago me rejoint enfin.

Il passe ses mains sous l'eau et s'installe à mes côtés pour se servir une tasse de thé.

Je refais cuire quelques pancakes que je dépose dans son assiette. Il me remercie d'un sourire au-dessus de sa tasse.

— Ton fils est déroutant. Il te ressemble physiquement, mais rien à voir avec qui tu étais à son âge...

— Encore heureux !

Il trempe les lèvres dans son thé, prend le temps de savourer le goût fort de la bergamote puis repose sa tasse.

— C'est un bon gamin. Qui grandit beaucoup trop vite !

— Vous êtes très proches.

Ce n'est pas une question, c'est flagrant. Ils ont une complicité que je peine à établir avec James ou Albus.

— Ça a été rien que nous deux assez vite.
— Et Astoria ?

Drago hausse les épaules, comme le faisait à l'instant Scorpius rendant leur ressemblance d'autant plus flagrante.

— Astoria n'était pas faite pour être mère. On lui a mis la pression pour perpétuer la lignée de sa famille, mais elle a détesté sa grossesse, détesté son enfantement, détesté allaiter. Les premiers mois ont été difficiles entre elle et Scorpius, elle ne ressentait pas ce fameux instinct maternel dont tout le monde lui parlait. Elle l'a aimé évidemment, à sa façon, mais le rôle de mère ne lui convenait pas. Dès qu'elle a pu mettre de la distance en voyageant pour son travail, elle a passé plus de temps ailleurs qu'avec nous. Je ne lui en veux pas, elle n'était pas heureuse, mais ça a été très vite rien que Scorpius et moi. Juste nous deux.

Le regard de Drago est fier et protecteur quand il parle de son fils. Il a une assurance et une confiance que je n'ai pas, et que je lui envie. Il a tellement changé en quelques années, il est devenu bien plus sûr et mature que moi.

Ce rôle de père lui va bien, ça le rend encore plus beau à mes yeux.

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