Interlude

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Drago.

Damian Patel a toujours été dramatiquement élégant. Dix ans après, il n'a guère changé dans son trench-coat cintré et emmitouflé dans une écharpe grise en cachemire. Quand j'ouvre la porte, il penche la tête et esquisse un sourire, son charme toujours intact.

— Je t'en prie, entre.

Il me suit dans la cuisine, et tandis que je surveille mes casseroles et enchante la cuillère pour qu'elle remue lentement la sauce, il défait sa longue écharpe.

Il lance un regard à ce que je cuisine, jette un œil au jardin, puis revient s'appuyer sur le comptoir de la cuisine tout en observant le salon.

— Tu as refait la peinture des boiseries. C'est plus moderne tout en restant délicat, ça te ressemble...

Ses yeux rieurs sont aussi réconfortants que dans mes souvenirs. Je lui rends un sourire sans rien ajouter, alors il dépose un dossier sur le comptoir.

— J'ai ressorti les vieilles autopsies de ton affaire pour essayer d'en tirer des points communs...

Je me penche pour étudier les parchemins qu'il a annotés et quand il fait de même, je sens son parfum tout près. La même odeur qu'il y a dix ans.

— C'est infime, mais ça me fait penser à de la magie réparatrice. Peut-être un sort détourné, ou une créature médicomagique invoquée à mauvais escient...

Ses notes sont succinctes accompagnées de références et de points d'interrogations.

Lorsque je me redresse, je le surprends à m'observer. Un sentiment de culpabilité se déverse dans ma poitrine.

C'était si facile avec lui...

Il reste silencieux de longues secondes, ses yeux noirs rivés sur moi, puis il fait quelques pas dans la cuisine, se mord la lèvre, hésitant.

C'est une attitude qui ne lui ressemble pas.

Il a toujours foncé tête baissée et obtenu ce qu'il voulait. Quitte à se mettre à dos quelques médicomages émérites au passage. Il passe une main dans ses cheveux courts.

— Il y a ce nouveau salon de thé, près de Sainte Mangouste, tenue par deux soeurs jumelles... Il paraît qu'elles y font un chai latte à se damner. Si ça te dit de rattraper le temps, tout en potassant des bouquins sur la médicomagie réparatrice...

Son ton enjoué est contagieux, il a toujours été comme ça. À être moteur, à lancer mille idées de sorties, à me tendre la main quand j'étais au fond du trou, puis à me sortir des ténèbres d'un sourire.

Sa proposition est diablement tentante, mais je coupe court à ses attentes.

— Je vois quelqu'un, Damian.

— Oh...

Il détourne les yeux, joue l'indifférence, mais ses pommettes rougissent un peu.

Il triture le bout de son écharpe en cachemire, l'embarras ne lui va pas. Il hausse les épaules et très vite, un sourire reprend place sur ses lèvres.

— C'était un risque à prendre. Ca m'a fait plaisir de te voir hier, et quand tu as quitté le service, j'ai cru... j'en sais rien, que c'était peut-être ma seconde chance.

— Je suis désolé, Damian... C'était important pour l'enquête, et tu es le seul médicomage que je connaisse.

Il secoue la tête, chasse la tension d'un revers de main.

— Ne t'excuse pas, Drago. Je comprends. Et je ne veux pas du tout te mettre mal à l'aise. Je n'insisterai pas, promis.

Il fait quelques pas en arrière, enfouit ses mains dans les poches de son trench-coat.

— Ma proposition de t'aider sur la piste tient quand même...

Je sais qu'il est sincère.

On reste un moment à s'observer, mais il n'y a aucune ambiguïté, juste une affection partagée entre deux personnes qui se sont aimées, autrefois.

— Il a de la chance, celui qui partage ta vie. J'espère qu'il en a conscience.

Je retiens un sourire sarcastique, avant que la sonnette de la porte d'entrée retentisse de nouveau.

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